La chronique de Romain Moite #3
par Dr Didge

  • 08 April 2011
  • 3

Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+.

Le coup de blues de Romain

 

Pff, je suis crevé moi cette semaine ! J’ai envie de me mettre en grève pour lutter contre les cadences infernales qu’on nous impose. D’ailleurs, ce week-end, le gros Marcel officiait comme arbitre de touche de Clermont-BO. Et bien, il s’est rompu le ligament croisé antérieur du genou et, ça, personne n’en a parlé ! Domingo par-ci, Domingo par-là et le Marcel, niet ! Il s’est fait ça tout seul en suivant Ledesma sur une action le long de la touche : il a voulu éviter le piquet des 22 et crac ! Marcel était à terre en se tenant le genou. J’ai tout de suite compris quand je l’ai vu. C’est sûrement l’excès de fatigue, le surmenage ou alors le burn-out des arbitres. Il était très fatigué Marcel, limite déprimé. Ben oui, il faut dire qu’on est sur le pont tous les week-ends. Une journée type, dans la vie d’un arbitre, commence avec la réception d’avant-match, généralement dans un bon restaurant avec repas à l’œil (et moi quand on m’invite, je me lâche, question de principe). Si le président du club m’invite au Flunch, vous pouvez être sûrs que son équipe va être un peu plus sanctionnée que d’habitude. Ensuite, on court comme des dératés pendant tout un match en essayant de rester lucide alors que notre estomac nous envoie des signaux d’alerte car il n’arrive pas à digérer la nourriture qu’on vient d’ingérer. Le tout sous les sifflets d’une bande de zouaves qui passe son temps à trouver des noms d’oiseaux que personne ne connaît. On n’est pas des pervenches tout de même ! Et nous, on n’a pas droit à l’erreur. Un joueur qui fait un en-avant, son entraîneur lui fait les gros yeux et ça passe. Nous, si on prend une mauvaise décision, on en entend parler toute la semaine dans les journaux, sur le blog d’Internet ou par les spécialistes. Après le match, on finit avec une réception pendant laquelle l’alcool coule à flot jusqu’au bout de la nuit. Pas étonnant, avec un tel rythme, qu’il se soit pété le Marcel.

Le régime diététique de l’arbitre : « Allez, une petite entré vite fait pour se mettre en appétit ! Hé, Léon ! Tu nous remets un bouteille de ton p’tit Bergerac ?»

Mais bon, heureusement qu’on a nos petits trucs pour garder le moral. Par exemple, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on est plusieurs à avoir lancé une sorte de concours cette année. L’idée est assez simple, il faut avoir mis au moins une fois un carton jaune à Pascal Papé avant la fin du TOP 14, sinon on est tenu de mettre sa tournée à tous les autres au banquet des arbitres de fin de la saison. Pourquoi Papé, vous me direz ? Et pourquoi pas ? En fait je ne me rappelle pas trop pourquoi on l’a choisi, j’étais trop bourré. Peut-être parce qu’il joue au Stade Français et qu’on n’aime pas les parigots. Ou alors parce qu’il fait des fautes en pensant que personne va le voir sauter par-dessus un ruck ou tenir des joueurs sans ballon. D’ailleurs, j’étais ce week-end arbitre de touche du match Toulon-Stade Français à Mayol avec mon pote Seb Minery comme arbitre de champ. On s’est bien marré et, en plus, il faisait beau sur la rade. Seb s’est tout de suite mis à l’abri en mettant un jaune à Papé car il s’est accroché avec Chesney. Rien de bien méchant, mais c’était l’occasion à saisir. Il a ensuite demandé à un parisien d’enlever son bras de sous le ballon alors qu’il était déjà dans l’en-but pour qu’un toulonnais puisse marquer tranquillement. C’est osé quand même. Il a même réalisé la performance de faire un hat-tricks sur ce match, alors que c’était seulement la deuxième fois qu’il arbitrait une journée de TOP 14 ! Chesney en a pris un sur la même action que Papé et un autre petit jaune à Parisse en fin de match pour sanctionner l’ensemble des fautes parisiennes. Il va aller loin ce petit Seb. Il ne lui a manqué qu’un carton rouge dans cette partie. J’ai même vu qu’il avait longtemps hésité à le mettre à Papé, mais il n’a pas osé. Je mets ça sur le compte de l’inexpérience. Moi je ne me serais pas gêné, surtout qu’un rouge pour Papé, c’est une tournée générale des copains le soir même.

« Tu la connais Chris celle du Belge qui arrive au paradis ? » « Ha, ha, ha, t’es con Pascal, tu vas encore nous faire remarquer ! »

Romain Moite