Le Hachis de zèbre, par Guy Novès
par La Boucherie

  • 20 December 2009
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Aujourd’hui, la rubrique Fourchette dans les Yeux accueille un invité de marque, en la personne du présentateur du Journal des Mauvaises Nouvelles et Manager du Stade Toulousain, Guy Novès. Fin gourmet à ses heures,  il nous propose ici une recette méconnue, mélange des cultures corréziennes et occitanes.

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Muni du stylo que lui a prêté l’agent 007, Guy Novès s’apprête à faire exploser le siège de la LNR. Mais avant cela, à table !

On m’a fait remarquer dernièrement que le ton de mon Journal des Mauvaises Nouvelles était trop pessimiste. Certains personnes seules en cette période de fêtes, m’ont même informée qu’elles attendaient vivement ma prochaine chronique afin de pouvoir passer à l’acte.

Ayant déjà sur la conscience le suicide de nombreux clermontois après la finale de 2008, j’ai décidé de mettre de l’eau dans mon vin et d’apporter une contribution positive à ce site. Pour cela, je vais à mon tour vous proposer une recette de cuisine « Le hachis de zèbre à la toulousaine ».

Ingrédients :
1 zèbre de Corrèze
1 dose de vinaigre bien aigre
1 soupçon de rancœur personnelle
Persil
Œuf
Parmesan
Purée de pomme de terre
Des larmes de Guy Novès


Ustensiles :
De la répartie
Un poil d’indifférence
Un hachoir, pour terminer le travail.

Ceux qui me connaissent un peu, savent que je suis un adepte de la chasse lors de mes temps libres. Je vous conseille donc, pour vous assurer de la qualité de votre viande de zèbre, d’aller abattre vous-même l’animal. Pour cela, nul besoin de vous rendre en Afrique: je vous conseille la réserve naturelle de Brive en Corrèze, qui est incontestablement le meilleur endroit en France pour chasser le zèbre. Attention toutefois, depuis quelques années, beaucoup de ces bêtes sont en réalité importée d’Angleterre… ici, nous avons bien besoin d’un vrai zèbre de Corrèze. Vous prendrez soin de faire fuir les animaux venant d’outre manche en leur lançant des cuisses de grenouilles. Dégoutés, ils déguerpiront avec leur démarche dédaigneuse et hautaine si caractéristique. Une fois que vous aurez isolé les animaux corréziens, préférez  un animal relativement âgé et en fin de vie. C’est comme pour le vin : la viande n’en sera que plus savoureuse.

Ne vous inquiétez pas si vous n’êtes pas initié à la chasse. Celle-ci ne sera pas bien compliquée. Le zèbre de Corrèze est certes gaillard, mais ce n’est pas un animal très intelligent. Sa compréhension du monde et son niveau d’analyse semble se limiter aux couleurs de son pelage : il ne voit les choses qu’en noir ou en blanc. Son absence totale de nuance et de recul vous permettra de vous jouer facilement de lui. Si vous êtes d’un tempérament joueur comme moi, vous pourrez même le provoquer à l’aide de petites piques savamment dosée. Le zèbre, connu pour son caractère impulsif, partira au quart de tour et tentera de vous charger. Mais vous éviterez aisément sa pitoyable attaque. Epuisé par son effort, le vieil animal se trouvera à votre merci, tout penaud. Tâchez de l’achever dignement pour mettre fin à une misère qui dure déjà depuis trop longtemps.

Dépecer l’animal ne sera pas non plus difficile. De constitution fragile, ses os se briseront avec une étonnante facilité. Vous pourrez ensuite les donner à manger à votre chien, où dans mon cas personnel, à Trevor Brennan. Vous risquez d’être déçu par la maigre quantité de viande que vous glanerez : en effet,  sachez le, comme certaines chroniques de l’Equipe.fr, le zèbre de Corrèze a rarement beaucoup de contenu.

Munissez-vous d’un hachoir pour couper votre viande. Si ses os semblaient être en verre, ici ce sera une autre paire de manche. Le vieux zèbre est généralement aigri par le poids des années, et cela s’en ressent sur la viande, dure et sèche. Pour faire passer l’effort plus facilement, mettez vous dans une atmosphère de travail adéquat avec un best of de Patrick Sébastien et engueulez-vous avec votre femme et vos enfants pour recréer l’ambiance d’un conseil d’administration du CA Brive. A la fin, envoyez votre fils au coin, que vous aurez préalablement décoré de posters de soldats tombés au front comme Olivier Magne ou Laurent Seigne. Enfin, dîtes à votre fille de 14 ans qu’Alexis Palisson ne sortira jamais avec elle, car une différence d’âge de 2 ans est un obstacle insurmontable durant l’adolescence.

Pour le reste, préparez le tout comme un hachis Parmentier classique, je vous invite à consultez vos livres de cuisine où à fouiller sur le net pour plus de détails, je ne vais pas vous refaire le détail. Notez tout de même que le zèbre corrézien est une viande particulière, qui ne plaira pas au plus grand nombre. Des restaurants ayant proposé ce plat du coté de Toulouse, Paris ou de Lyon, ne l’ont gardé sur la carte du jour que très peu de temps. Même les anglais, réputés pour leur mauvais goût, n’ont pas vraiment apprécié son goût aigre. Finalement, elle ne semble faire l’unanimité que dans sa région d’origine, et je ne cacherai pas que moi-même, je prends plus de plaisir à la chasse qu’à la dégustation. Cependant, il ne faut pas mourir idiot, et en cette période de fêtes, cela constituera un bon geste de mettre en valeur cet animal délaissé depuis plusieurs années déjà, et désespérément en recherche d’attention.

Bonne fêtes, et bon appétit.

Guy Novès.