Le Catalabo n’analysera pas ASM – USAP (29 – 23)
par La Boucherie

  • 28 March 2012
  • 39

Par Gregory Le Mormeck

Aujourd’hui, comme à mon habitude j’aurais pu revenir sur le match entre l’ASM et l’USAP et vous faire un compte-rendu plein de vérité, de justesse, de bonne foi et de commentaires techniques, qui aurait une nouvelle fois prouvé que je ne suis pas qu’un médiocre rédacteur de la Boucherie mais aussi un mec incompris et alcoolique, qui préfère les parties de manivelles de premières lignes aux grandes envolées de 3/4.

De ce match, je ne dirai pas grand-chose, si ce n’est que voir que le public auvergnat est encore plus débile que le public catalan, me rassure. Oui, entendre le « meilleur public de France » autoproclamé, huer, insulter, et gueuler contre les joueurs catalans et l’arbitre m’a rappelé que nous n’avons pas le monopole de la connerie.

Ne comptez pas sur moi pour vous parler du contexte de ce match, ni du film de ce match, ni des joueurs, ni de quoi que ce soit d’autre.


« Tao et JP Perez ont rivalisé de jolis gestes techniques »

Je ne dirai pas que dès les deuxièmes minutes de jeu, une violente bagarre a éclaté sur le terrain entre joueurs de bonne famille, qui coûta à Charles Géli un carton jaune absolument imaginaire et un jaune écarlate (comme le plan de notre président) à Lionel Faure, ni que Florian Cazenave, le pin’s Catalan, a failli rentrer chez lui en kit. Je ne raconterai pas la façon dont « l’excellent » Mr Marchat a tenu la rencontre, avec justesse et précision sur toutes ses décisions. Je n’analyserai pas le jeu catalan, encore moins le jeu clermontois. Je ne parlerai pas de l’énorme faute de Jamie Cudmore sur le premier essai clermontois, qui va gentiment désintégrer un joueur à vide. Je ne dirai pas que l’essai de Geoffrey Michel est magnifique, non, car j’ai trop peur du sort que se réserverait Jérôme Porical en lisant ces quelques lignes.
Je ne raconterai certainement pas la façon dont le merdeux m’insupporte, tellement il fait la pleureuse sur tous les regroupements uniquement pour justifier le fait qu’il soit aussi long à sortir les ballons des regroupements que Caucaunibuca à rentrer des îles Fidji après un été gastronomique. Je ne remercierai d’ailleurs pas David Mélé de lui avoir marché dessus comme on écrase une vieille gauloise.


« Non sérieux arrêtez de dire que je me la pète, ça me gêne. »

Je ne donnerai pas mon avis sur le sort de ce pauvre Jean-Pierre Perez qui chute maladroitement, déséquilibré, en perdant ses appuis, en trébuchant, sans aucune volonté aucune, sans même le faire exprès, et qui se prépare à tomber lamentablement sur le sol, jusqu’à ce que ce vil personnage de Regan King se décide à venir mettre sa tête sous le genou de notre vaillant 3ème ligne avec la volonté manifeste de le toucher à la rotule. Oh non, je ne m’énerverai pas sur sa citation ni sur sa suspension, ni sur son carton jaune .


« Cette image a été retouchée par un supporter Clermontois »

Je ne parlerai pas de l’évolution du score qui a permis à tous les supporters de l’USAP d’y croire jusqu’au bout. Revenu à égalité 20 partout, je ne dirai pas que « l’excellent » Mr Marchat a tenu son rôle à la perfection en sanctionnant les Catalans à chaque fois qu’ils sont rentrés dans le camp adverse. Je ne vous raconterai pas qu’une fois le point de bonus défensif en poche, les Clermontois ont eu, sur la dernière action du match, l’occasion de creuser l’écart un peu plus et surtout d’enlever ce précieux point défensif à l’USAP. Je vous laisserai le plaisir de voir comment ils ont préféré taper en touche pour, dans un geste de grande mansuétude nous laisser le point, ou par péché d’orgueil, ou par grande connerie, ou par peur, ou bien simplement par consigne de Serge Blanco, s’écriant au loin : « Laissez leur, laissez leur, je voudrais bien que les Bayonnais touchent le fond » ; allez savoir.

Toujours étant, vous saurez sûrement mieux que moi que le match a fini sur le score de 29 à 23, permettant ainsi aux Catalans de ramener un point de ce déplacement et rappelant à l’ASM qu’ils ne sont pas intouchables, et de montrer que David Skrela est le meilleur 10 français, c’est effrayant.

Non, moi aujourd’hui je veux vous parler DU GESTE du match ou plutôt d’après-match. Oui ce geste qui a arrêté le temps pendant quelques secondes tel un mirage, une hallucination collective pour tous les spectateurs et les téléspectateurs. Ce geste d’après-match est presque indescriptible. Imaginez, je ne sais pas, la rareté d’une titularisation de Vincent Debaty, mélangée avec un placage manqué de Thierry Dusautoir, avec l’image d’une pub de Sylvain Marconnet pour un yaourt Taillefine, le tout assaisonné avec l’incertitude d’un match de Nicolas Laharrague et d’une passe d’Aurélien Rougerie. Le cocktail le plus improbable et le plus dangereux de toute l’histoire du Taupe 14.

Mesdames et Messieurs, ce qui va suivre est insoutenable, âmes sensibles s’abstenir :


Ne frottez pas vos yeux, n’appelez pas votre médecin, rappelez vos enfants, ceci n’est pas un montage, tout ceci est vrai.

Durant la semaine, je n’ai pas cessé de rappeler que ce match était doublement important à regarder. Premièrement le résultat allait conditionner encore une fois le maintien de l’USAP dans l’élite. Deuxièmement, il s’agissait surtout de voir la dernière confrontation officielle entre Jamie Cudmore et Gregory Le Corvec.
Avouons le tout de suite, la confrontation sanguinaire à laquelle tout le monde s’attendait n’a pas eu lieu.
D’abord, Gregory Le Corvec était remplaçant et il n’est rentré qu’à la 67ème minute de jeu. Jamie Cudmore, lui, a joué tout le match mais ils ne se sont que peu croisés durant les 13 minutes qu’ils ont eu en commun sur le terrain.
Pourtant les pronostiques étaient lancés sur le moment de l’affrontement. Ici à la rédac (oui on rêve notre vie un peu), le chef lui-même m’avait demandé de l’argent pour qu’il puisse parier avec nous. (Une sorte d’avance « sur prêt d’intérêt que je te dois déjà m’avait-il dit »… bref)

Et pourtant, vous connaissez la suite désormais, rien de violent, bien au contraire. Sur le coup de sifflet final, les joueurs des deux équipes se serrent la main et tous les regards sont évidemment tournés vers ces deux joueurs. On se dit que Le Corvec, effectuant sa tournée d’adieux, va forcement se présenter face à son ennemi de toujours. Tout le stade retient son souffle, moi-même devant la télé, je prends la peine de lâcher ma huitième bière, le temps s’arrête, les oiseaux se taisent (Morgan Parra aussi), les deux hommes s’approchent, se jaugent du regard, s’approchent encore, puis se serrent la main façon copains de 30 ans, se rapprochent encore un peu plus, s’accolent et se congratulent par de petites tapes dans le dos en se parlant et en rigolant, incroyable.

Que se sont-il dit ? Quelle phrase assassine ou pas a pu sortir de cette rencontre ?
Ici à la Boucherie Ovalie, nous avons en exclusivité, reçu un enregistrement audio de la conversation. Toute la rédaction est en effervescence, les plus éminents spécialistes de la violence sur les terrains nous implorent de ne pas divulguer cet enregistrement. Pierre Camou lui-même fait jouer son réseau pour que cela n’arrive pas. Et pourtant nous avons bien décidé de vous faire part de ce qu’il s’est dit lors de ces terribles quelques secondes :

Jamie Cudmore : « Alors connard, j’en ai fini de voir ta tronche de cake sur le terrain ? »

Gregory Le Corvec : « Me faire traiter de connard par un mec comme toi, c’est un compliment tronche d’érable »

Jamie Cudmore : « Allez serre moi la paluche papy, je voudrais pas que tu nous fasses une crise »

Gregory Le Corvec : « C’est bien parce que toutes ces années tu m’as bien fait poiler avec tes grands gestes et ta gueule de Bogdanov »

Les deux en même temps : «  On se boit une suze ? »

S’en suit un éclat de rire collégial qui restera dans les annales.

La Boucherie Ovalie ne regrette en aucun moment la diffusion de cette conversation.
Elle regrette seulement d’avoir assisté à la triste fin du plus beau couple de guerriers du Daube 14.


« Le plus beau geste tendre depuis le bisou de Thompson sur Ledesma »