Compte-rendu de Toulouse-Harlequins par Le Stagiaire
par Le Stagiaire

  • 19 December 2011
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Le dernier arrivé devra lire en entier la biographie de Sébastien Chabal

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans les films américains, il fait toujours un temps de chiotte dans les moments où doit se dérouler une bataille importante. Et bien cet après midi à Toulouse ça ne s’est pas vraiment vérifié, malgré l’importance du match qui devait se dérouler. (Quelle introduction foireuse quand même…).

Toulouse, plus grand espoir français pour cette nouvelle année de H-Cup, recevait les invincibles Harlequins (tellement invincibles qu’ils avaient justement perdu contre les Toulousains une semaine plus tôt). Les Français ont l’occasion en cas de victoire de composter leur billet pour les quarts de finale.

Et ça commence plutôt bien puisque dès la troisième minute, la mêlée anglaise se met à la faute et est sanctionnée par Mr Rolland (vous saviez que son père était français et sa mère irlandaise ?). Mc Alister ne se fait pas prier (contrairement à Pascal Papé) et ouvre le compteur Rouge et Noir. Hélas, sur le renvoi qui suit, Millo-Chluski s’emballe un peu (sûrement pour compenser toute l’énergie accumulée sur le banc pendant la coupe du monde) et comme pour montrer sa préférence pour 2012, effectue une sorte de plaquage cathédrale à la Marty dans un ruck et offre une pénalité en face des poteaux aux adversaires. Nick Evans transforme et remet les deux équipes à égalité.

Le match est donc lancé, même si Ibanez ne semble pas encore bien dedans puisqu’il nous gratifie d’une « phrase de coquette » en lieu et place d’une « phase de conquête ». Sur cette fameuse « phrase de coquette » (une mêlée en l’occurrence), les Anglais sont à nouveau pénalisés et offrent une belle pénalité à Mc Alister. Et pendant qu’il se prépare, c’est la première séquence jardinage de l’après midi. Tout le monde s’y colle, les joueurs, l’arbitre, les soigneurs, pour réparer l’agonisante pelouse du Stadium (habituellement réservée aux pousse-cailloux) qui supporte difficilement le combat que se livrent les seize avants de la rencontre. Les buteurs anglais ont tendance à rejeter la faute de leurs échecs sur les ballons, Mc Alister pourra toujours invoquer la pelouse pour expliquer les siens. Sa pénalité frappe en effet le poteau, premier échec d’une longue série à venir.

Dans les minutes qui suivent, la défense inversée et surtout agressive des Harlequins va mettre en grande difficulté les Toulousains pris sur toutes leurs tentatives d’envolées. Ils sont même pénalisés et après une incursion dans le camp des locaux, Evans dépose un superbe coup de pied près de la ligne de touche opposée. Brown, l’arrière anglais arrive comme une balle et subtilise le ballon pour aplatir sous les yeux d’un Médard très attentiste. Je pense d’ailleurs que c’est lui qui a dû prendre la plus belle photo de l’essai et qu’il peut la vendre à prix fort à l’ensemble des rédactions sportives du pays. Cette action lui aura en tout cas permis de battre Clément Poitrenaud sur ses deux points forts : la photographie et la bourde d’arrière (quoique sur ce dernier point Clément reste imbattable avec celle de 2004). Bien sûr, les plus chauvins relèveront l’en-avant évident qui précède sur l’action ,mais ce n’est pas notre genre. Pas du tout. Même si l’en-avant est évident. Matthieu Lartot profite de la transformation pour nous rappeler que Nick Evans est un métronome au pied, ce qui aura bien sûr pour effet de lui faire rater. On en reste donc à 8-3. Il est fort ce Matthieu…

Mc Alister montre ensuite que son intégration est parfaitement réussie (et  la transition avec Skrela assurée) en ratant totalement son renvoi. Et le public toulousain peut ainsi se défouler en le sifflant un coup, passe-temps qui se faisait plus difficile à pratiquer ces derniers temps, Michalak étant en championnat inconnu en Afrique du Sud. Mais la confiance de l’ouvreur s’effrite (rien à voir avec le centre toulousain qui rentrera un peu après) et il rate dans la foulée une nouvelle pénalité. Les Harlequins de leur côté continuent leur sans faute dans le camp toulousain en inscrivant un nouvel essai. Sur une chandelle de Evans, Médard et Clerc ne se parlent pas, le rebond (par définition toujours favorable à l’équipe anglaise dans ce genre de situation) les trompe, et les visiteurs enchainent les passes avant contact pour parcourir les vingt derniers mètres qui les séparent de la ligne.

C’est à partir de ce moment de la partie que les Anglais, qui mènent donc de 12 points, vont jouer la montre. Même dans le championnat suisse (s’il existe), on n’a jamais vu ça. Les Toulousains ne lâchent rien pour autant et repartent à l’assaut sous l’impulsion d’un Florian Fritz qui vient de rentrer et qui se montre plus tranchant que jamais. Le tout reste très fébrile et en permanence pourri par les fautes à répétition des Harlequins, symbolisé par ce geste d’anti-jeu d’un soigneur qui va délibérément toucher la balle tout juste sortie en touche pour empêcher les Toulousains de la jouer vite.

Les rouge et noir ne sont pas loin d’inscrire un essai sur une nouvelle belle percée de Fritz mais Jauzion est tellement surpris de le voir faire une passe que la combinaison avorte en bout de ligne sur un en-avant entre la Joz’ et Jean Dridéal. La seconde fois sera la bonne, après un bon point de fixation, Dusautoir en position de demi de mêlée ouvre, la balle rebondit jusqu’à Bouilhou qui vient parfaitement attaquer la ligne et fixer le dernier défenseur pour offrir le 1er essai toulousain de la partie à Yoan Maestri. C’est maintenant sûr, Bouilhou est un meilleur centre que Yannick Jauzion.
Novès estime alors qu’on s’est assez marré à voir Mc Alister foirer les pénalités et il laisse le soin à Doussain de transformer l’essai. C’est chose faite (mais en même temps, même Michalak l’aurait mise celle là) et les Toulousains reviennent donc à cinq points lorsque l’arbitre Alain Rolland (dont la mère est irlandaise et le père français pour ceux qui ne le savaient pas) siffle la fin du premier acte.

La deuxième mi-temps reprend sur une tentative de drop foireuse de Maitre Luke qui a sur le coup franchement manqué de force puisque sa tentative échoue sous la barre transversale. S’en suivent des minutes plutôt animées, du moins les quelques secondes qui ne seront pas consacrées à des mêlées qui s’écroulent parce que les packs glissent sur la pelouse (ou ce qu’il en reste), et aux moments où ladite pelouse est réparée par toutes les personnes volontaires ou qui se trouvaient à côté au mauvais moment et qui sont donc enrôlées de force dans cette tâche ingrate. Les Anglais en profitent de plus pour gagner un maximum de temps, leurs avants se blessant à chaque action chacun leur tour, sans jamais que cela ne soit assez grave pour être remplacé évidemment.
Ils enchainent également les fautes qui permettent à Jean-Marc Doussain d’ajouter six points supplémentaires au compteur et pour la première fois de passer devant au score d’un petit point. Vexé, les Anglais doivent revoir le plan et sur une nouvelle (et une des rares) incursion dans le camp des champions de France en titre, inscrivent un nouvel essai. Sur l’action, Easter profite que la défense toulousaine soit un peu à l’ouest pour passer les bras et servir sur un plateau l’arrière Brown qui inscrit son deuxième essai de la rencontre. Evans transforme et lorsque les rouge et noir repartent à l’assaut sur le renvoi, ils se font à nouveau contrer puis sanctionner 30 mètres plus loin. L’ouvreur néo-zélandais des Harlequins ne se fait pas prier et enquille 3 points supplémentaires. Mc Alister n’était peut être pas le seul oublié du groupe All Black pendant la coupe du monde…

Les minutes passent et se ressemblent terriblement, les Anglais gagnant un maximum de temps et enchainant les fautes. Ils finissent d’ailleurs par être récompensés pour l’ensemble de leur œuvre, Easter allant passer les dix dernières minutes de la partie (ou presque) sur le banc de touche. Cela profite aux Toulousains qui marquent un essai de filou par Doussain et reprennent espoir à dix minutes de la fin. Ce dernier a même l’occasion de faire passer son équipe devant sur la transformation, extrêmement difficile. Pour le suspense dira-t-on, il ne le fera pas.

Les Anglais se décident alors à adopter un jeu qui les caractérise depuis si longtemps, c’est-à-dire pas de jeu du tout. Les locaux finissent par se mettre à la faute et Evans, tranquillement, met son équipe hors de portée de pénalité ou de drop. Le temps presse et les champions de France semblent de moins en moins sereins sur l’issue finale de ce match. Médard veut alors sauver le pays occitan tout seul et va s’enfermer sur une relance. La défense acharnée de ses adversaires sera sans pitié et l’arrière offre une opportunité supplémentaire à Evans de mettre les Toulousains à distance. Très appliqué (je dis ça parce qu’il a approximativement mis une minute à la taper), l’ouvreur la passe et les Harlequins prennent sept points d’avance.

Les dernières minutes seront ponctuées par des attaques charge de Picamoles qui ne seront pas suffisantes pour s’approcher de l’en-but adverse. On notera aussi qu’à nouveau un Anglais (un joueur cette fois ci) est intervenu sur la touche pour empêcher un Toulousain de jouer vite. La magie de combiner esprit de noël et esprit rugby sans aucun doute. Il sera réprimandé par un carton rouge qui l’obligera à aller voir les dernières minutes du match en tribune (soit 3 mètres derrière l’endroit où il était). Ce type de comportement est aussi surprenant qu’agaçant. Bientôt on va voir des supporters rentrer sur le terrain pendant les bagarres générales aussi ! Et pourquoi pas de la famille des joueurs tant qu’on y est ! Pfff, ces Anglais…

Après une ultime mêlée, Ugo Monye dégage en touche, Monsieur Rolland (qui a un père français et une mère irlandaise pour ceux qui n’auraient pas lu le début du texte ou jamais écouté un match de Matthieu Lartot) siffle le coup de sifflet final (si on ne compte pas ceux des supporters toulousains) et permet aux Harlequins de revenir dans la course à la qualification. Pour les Toulousains en revanche, il faudra continuer à lutter pour ne pas connaitre une très mauvaise surprise lors des prochaines journées.

Les bonus de Noël :
–          Matthieu Lartot connait ses classiques comme « Depuis le début » ou « Echappé ».
–          Picamoles portait un calecon à rayures noir et blanc.
–          Comme le prouve le match de Brown, on peut être un bon arrière sans avoir les cheveux mi-longs. Plus d’excuse pour Porical donc…
–          Comme le prouve le match de Médard, on peut avoir les cheveux mi-longs, jouer arrière et faire un mauvais match.
–          Matthieu Lartot a trouvé un slogan pour les anglais « Jeu de mains, jeu de Harlequins » (prononcez à la française). Ce n’était pas drôle la première fois. Ni la deuxième. Comme quoi, même le comique de répétition, ça peut foirer.
–          Fritz ne fait pas beaucoup de passes, on le répète assez souvent, mais les deux ou trois qu’il a faites aujourd’hui ont bien failli être décisives. Enfin juste failli hein…

–          Les footballeurs toulousains (enfin leur community manager) ont de l’humour