Pierre Villegueux analyse Toulouse – Stade Français
par Pierre Villegueux

  • 02 November 2011
  • 13

Ça y est. C’est fini. Il va falloir s’y faire : après deux mois de bonheur rugbystique, la Coupe du Monde est bien terminée. Le retour à la normale est dur à encaisser. Imaginez que vous venez de passer deux mois aux Bahamas avec votre maîtresse. Et là, d’un coup, vous devez rentrer chez vous, dans la grisaille parisienne et dans votre HLM minable. Votre régulière vous attend. Elle n’a pas changé : elle a mauvaise haleine, les jambes qui piquent, les cheveux gras, bref, elle ressemble à Cédric Heymans au réveil. Vous avez connu les meilleures parties de jambes en l’air de votre vie pendant ces deux derniers mois, et vous devez vous réhabituer à votre triste quotidien : des ébats laborieux, sans envie, hachés, interminables. Et bien retrouver le Top 14, c’est la même chose, sauf qu’en plus Eric Bayle est là pour commenter les actions, et franchement, même les simulations de votre femme sont plus agréables à l’oreille.

En allumant ma télé ce samedi après midi, je suis tout de même rassuré de constater que je ne suis pas le seul à être en plein bad trip. Le Stade Ernest Wallon (oui, ces ploucs parisiens n’ont même plus le droit au Stadium) est complètement mort – bon ça c’est habituel, à part quand les stadistes sont à 5 mètres de la ligne d’en-but et que le public commence à scander « tou-lou-sain ». Mais cet après midi, on sent vraiment une lassitude particulière dans le public, puisqu’ils n’ont même pas vraiment l’énergie pour siffler les buteurs adverses, pour une fois. Finalement, les seuls à avoir eu le droit à une réaction auront été les champions du mo… finalistes français, présentés avant le match. « Le retour des héros » qu’ils disaient. C’est sûr qu’il faut un sacré héroïsme pour vivre pendant 4 mois avec Fabien Barcella qui vous chante des chansons de Patrick Sebastien au petit déj’. En tout cas, le speaker n’a pas oublié de préciser que Thierry Dusautoir était le meilleur joueur du monde, pour bien flatter l’égo des Toulousains, déjà convaincus qu’ils possèdent le meilleur club de rugby de l’univers.

Le contexte était donc parfait pour des Parisiens dont plus personne n’attend rien (même pas le nouveau maillot) cette saison : des Toulousains qui s’en foutent – après tout c’est juste un des 30 matchs qu’ils doivent gagner en attendant de jouer la finale – un public anesthésié, de la pluie, une première ligne toulousaine en carton. Même Canal n’avait plus l’envie de survendre ce match, le Clasicon, Choc des Stades, Capitole contre Capitale ou je ne sais quel terme à la noix qu’ils avaient l’habitude de nous répéter ad nauseam il y a quelques années. Eric Bayle boude, il n’a jamais su se remettre du départ de son « El Mago » sur lequel il aimait tant se tripoter les cordes vocales. Thomas Castaignède, lui, s’emploie à nous rappeler à quel point cette équipe parisienne est minable, puisqu’elle a pris 30 points lors de tous ses déplacements cette saison.

Contexte idéal donc pour ces Parisiens, équipe typiquement latine (mi-française, mi-argentine, mi-décérébrée) et qui est toujours meilleure quand on l’annonce au fond du trou. On a donc presque eu une rediffusion de la finale France – All Blacks sur la pelouse du Wallon avec une équipe qui a le ballon 80% du temps et qui domine en conquête, mais qui perd à la fin. Il faut dire que si les Parisiens ont eu des ballons, ils n’ont eu aucune occasion d’essai. Les Toulousains non plus d’ailleurs, mais ils en ont mis deux quand même.

Pas grand chose à dire sur ce match donc, qui avait quand même un petit parfum de Coupe du Monde, vu tous les tirs au but ratés des deux côtés. Le résultat final satisfait tout le monde : les Toulousains qui ont encore engrangé 4 points, les Parisiens qui décrochent un bonus inespéré et qui vont encore croire avoir eu ce « déclic » qu’ils attendent depuis 4 ans. Sauf que la semaine prochaine ils reçoivent les Clermontois, invaincus au Stade de France depuis 2 ans, et qui comme les Toulousains, semblent avoir cette capacité à gagner des matchs en jouant seulement 7 minutes sur 80. Putain de millionnaires.

 

 Le meilleur club de l’univers et ses alentours proches :

Lionel Beauxis : Après avoir testé des arrières au style plutôt classique (Clément Poitrenaud, Gareth Thomas, Cédric Heymans, Maxime Médard…) Guy Novès a décidé de péter un câble en titularisant Yoyo le relanceur fou à l’arrière. L’ancien pourisien a fait du bien avec son jeu au pied et a fait une passe sautée judicieuse sur l’essai de Donguy. Pour montrer son intégration parfaite à l’effectif toulousain, il a pris soin de rater la moitié de ses coups de pieds. Michalak et Skrela ont trouvé leur successeur.

 Timoci Matanavou : A réalisé une presqu’interception qui a définitivement convaincu les Parisiens de ne pas essayer de se faire de passes.

 Florian Fritz : 5 minutes de jeu et aucun carton jaune. En progrès.

 Yannick Jauzion : On ne s’était pas rendu compte qu’il était entré en jeu avant sa superbe passe volleyée sur le second essai. Jauzion quoi.

 Yves Donguy : C’était bien de marquer un essai ? Maintenant y’a Clerc et Médard qui reviennent… on se revoit pendant les 6 Nations.

 Luke McAlister : Match anonyme de Luke, qui s’est contenté de passer les plats et qui n’a jamais pesé sur le jeu, en plus de faire un beau 0/3 au but. En même temps il faut le comprendre, savoir qu’il ne sera jamais champion du monde alors que Stephen Donald, Colin Slade et Aaron Cruden le sont, ça a dû lui filer un sacré coup.

 Nicolas Vergallo : On connait beaucoup de très bons joueurs de clubs nuls en sélection nationale. Vergallo réalise la prouesse de faire l’inverse en étant très bon avec les Pumas et insignifiant à Toulouse.Mais c’est normal, la concurrence est bien plus rude à Toulouse avec Nicolas Bézy et Jean Baptiste Elissalde…

 Gillian Galan : L’homme au boxer Blanche de Castille a-t-il pu échanger ses sous vêtements avec Rodrigo Roncero à la fin du match ? On lui souhaite.

 Yannick Nyanga : Rien que parce qu’il porte des marcels en interview, j’espère que Philippe Saint André ne le reprendra pas en Équipe de France.

 Yoann Maestri : Il a fait moins de 7 fautes dans les rucks ce qui est toujours une très belle performance pour lui.

Gurthrö Steenkamp : Le nouveau jouet de Guy Novès. Il est sud-africain, il fait 140 kilos et il a la même tronche que le Troll dans le Seigneur des Anneaux. Pour signaler ses débuts, il a empalé son compatriote Mosterrt sur la pelouse. On attend avec impatience le combat en cage contre Vosloo.

 

 Les pourisiens :

Paul Sackey, Paul Williams, Martin Rodriguez, Francis Fainifo : Le premier qui touche un ballon a perdu.

 Felipe Contepomi : Contrairement à Vergallo, Felipe joue avec Paris comme avec les Pumas. Dans les vestiaires avant le match, il chiale sur « Life is Life ». Sur le terrain, il se sacrifie pour la capitale, fonce tête baissée dans des intervalles qui n’existent que dans son cerveau dérangé et termine souvent en pièces détachées. Au bout de 10 minutes de jeu, il avait déjà la cuisse bandée, le crâne ouvert et un casque seyant pour empêcher son liquide céphalo-rachidien de couler sur la pelouse. Il nous fait un peu penser au Chevalier Noir de Sacrée Graal, qui n’abandonne jamais, même après avoir été amputé de tous ses membres. On lui pardonnera donc son petit « oubli » en fin de match. Puis il y a pire à venir pour lui : bientôt il se rendra compte qu’il a signé au Stade Français et pas au Racing…

 Julien Dupuy : D’après FééBuse une équipe de rugby n’a besoin que d’un cerveau pour 15. Julien Dupuy illustre à la perfection cette théorie et il ne risque pas trop d’être concurrencé par Byron Kelleher dans le domaine.

 Sergio Parisse : En fait Parisse est un malin, il décide sciemment de jouer dans des équipes pourries pour s’assurer de toujours ressortir du lot.

 Antoine Burban : Antoine Burban ne joue que 5 matchs par saisons mais il les joue toujours très bien. Un peu comme Dan Carter, avec un salaire plus raisonnable.

 Tom Palmer : Gros match du seconde ligne anglais. On attend avec impatience le retour de Pascal Papé avec qui il formera le duo parfait bon flic / méchant flic qui fout des tartes en garde à vue.

 Scott Lavala : Un très beau patronyme pour évoluer au Stade Français.

A la semaine prochaine pour un compte rendu de Stade Français – Clermont, si Ovale Masqié arrive à m’avoir des places gratos.