La boîte à mème du rugby amateur

La boîte à #MemeMehrtens du rugby amateur,

 

Quoi de mieux que cette periode d’Halloween pour faire remuer un mort ? Non je ne parle pas de Sofiane Guitoune qui se remet à jouer en 2021. Mais du site. Oui la Boucherie a toujours un site, et cet article essaiera de justifier les quelques euros dépensés auprès de notre hébergeur, dont les serveurs à l’instar d’un vulgaire Jonathan Sexton connaissent régulièrement des pannes de son et lumière.

 

En revanche, nous allons faire l’exploit de publier quelque chose sans regarder de matchs, ni rédiger d’articles.

Des images, quelques mots mais pas trop. Voici ce qui pourrait définir le phénomène internet “Mème”.
Idéal pour les cerveaux fatigués, il convient aux rugbymen amateurs et même aux anciens piliers All Blacks.

Avec 10 ans de retard, la Boucherie se penche sur le sujet.
Tout part d’un ordre de notre ancien chef.

 

 

“Chef ! Oui, Chef !”

 

 

Un peu comme Guazzini au Stade Français, on a plus vraiment de raison de l’écouter mais son avis compte car il detient probablement des photos de ses anciens employés nus.

Pour l’occasion et puisque le Top14 est aussi passionnant qu’un film primé au festival de Cannes, penchons nous sur le rugby amateur.

Trêves de palabres, place aux images.

(En cas de plainte, merci de vous adresser au groupe Facebook “Neurchi de Rugby”. Ils sont responsables de cette dérive. En plus on dirait des fans de Kaamelot. Désolé pour les fautes d’orthographes, l’auteur est rugbyman.)

 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 


 
 

 
 

 
 

 
 

 
 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 


 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 

 

 

 

Le mystère des protèges-tibia

 
 

Depuis des années notre belle Ovalie ne cesse de nous surprendre. Le rugby moderne est en effet maculé de mystères en tout genre dont certains n’auront peut être jamais de réponses.
Quel fut le secret d’invisibilité de Richie McCaw ?
Pourquoi Trinh-Duc n’a t’il jamais eu sa chance en bleu ?
Qu’est ce que l’inertie ?
Où se trouve Oyonnax ?
Brunel doit-il demander à Galthié pour aller aux toilettes ?
Qui court plus vite que Kolbe ?
 

Depuis quelques semaines, une autre énigme capitale vient secouer le microcosme rugbystique. Mais où sont donc passés les protège-tibias ?
 

Alors qu’ils étaient la norme il y a quelques années, ils sont désormais portés disparus dans le paysage rugbystique. Professionnels et amateurs boudent-ils ces protections jadis recommandées ? Ils ont même disparu des traditionnels rayons rugby en boutique.
Est-ce pour nous distinguer de nos cousins manchots du ballon rond chez qui ils sont obligatoires ? Peut-être bien.
Ou bien est ce par pur esthétisme ? Michalak et Deylaud, chaussettes baissées auraient-ils lancé une mode « mollets apparents » ?
Il est vrai que la disparition progressive des chaussures montantes bouts coqués et des crampons 22mm coniques a favorisé l’extinction des protège-tibias.
Pour autant, ils ont évité l’amputation de bon nombre de joueurs après qu’on leur ait sauté dessus à pieds joints suite à un léger hors-jeu dans un ruck.
 

Peut-être que justement tout part de là, on ne saute plus sur les joueurs hors-jeu. On ne peut plus faire la « police tout seul ». Le stamping est désormais stigmatisé et puni. Il réglait pourtant beaucoup de situations. Effectivement, quand « tout ce qui est par terre est de la pelouse » on traîne moins du mauvais côté des rucks. Désormais une fois hors-jeu, on ne risque plus qu’une simple pénalité, tout au plus un carton.
 

Alors effectivement la peur a changé de camp. Le soutien offensif qui défendait corps et âme le ballon et les centimètres gagnés tremble désormais de se faire prendre par le représentant de la Poste s’il égratigne un mollet qui traînait par là. Plus besoin de se protéger quand on sait qu’on ne risque plus rien.
Les protège-tibias sont donc eux aussi victimes de cet aseptisation de l’Ovalie. Cette Ovalie où les bouchers sont aujourd’hui montrés du doigt. Je m’engage donc aujourd’hui : On veut le retour des crampons coniques et des protège-tibias.
 

 

“Fallait pas être hors-jeu !”

 

Confessions intimes : deux Catalans se livrent

 

En hiver, période sombre, il faut s’occuper des personnes vulnérables et en danger. À la Boucherie, on se soucie de nos bouchers supporters de l’USAP. C’est important de prendre des nouvelles de gens en difficulté. L’AG et GLM ont préféré rester anonymes afin de ne pas subir les quolibets. Comme nous respectons leur douleur, il en sera de même pour cette décision. Le coming-out catalan n’est pas chose facile. Ils ont malgré tout accepté de nous donner leur point de vue sur leur club chéri à l’agonie.

 

Tout d’abord, bonjour. Merci de nous accorder un peu de temps. Pouvez-vous nous expliquer comment devient on supporter de l’USAP ?

 

L’AG : Avec une bonne dose d’autodérision, le goût des causes perdues d’avance, par refus de la facilité, une farouche volonté de se dissocier des masses hurlantes : tous ces principes qui forment le socle du Davidmartysme, religion aujourd’hui tombée en déshérence mais qui domina l’Occident du début du XXème siècle.

 

GLM : Quand on naît à l’ombre du Canigou, bercé par les embruns de la Têt, les Dieux de l’ovalie te filent le choix entre la peste et le choléra. En gros, soit tu choisis de devenir supporter du feu XIII Catalan, soit de l’USAP. La croix est toute aussi lourde à porter entre un sport anonyme et l’autre qui ne l’est pas assez. Du coup ce sont tes gènes qui prennent le dessus. Les miens m’autorisaient seulement à être plus con en dehors des terrains que dessus, du coup c’est tout naturellement que le XV a pris le dessus sur le XIII. Et puis l’USAP, ce n’est pas un club de rugby, c’est un centre social. Gamin, on m’emmenait à Aimé Giral, centre névralgique de la ville où se retrouvaient des gens de tous horizons, à demi-saouls, beuglants des obscénités sur les prétendues mœurs des adversaires, de l’arbitre et de leurs mères, quémandant à des Moscato et consorts de leur montrer le cul, ça marque un gamin à vie ce genre de truc.

 

Après de longues saisons de purgatoire en ProD2, comment abordiez-vous le retour en Top14 ?

 

L’AG: Avec un immense soulagement. Les gens qui ne sont pas allés en ProD2 depuis longtemps ne peuvent pas imaginer le cauchemar qu’est ce championnat. Comme dans le film 6ème sens, la moitié des clubs qui y évoluent ne savent pas qu’ils sont déjà morts et l’autre moitié sont des créatures de Frankenstein, amoncellement hétéroclite de morceaux de joueurs qu’un président fou tente d’amalgamer avec du pognon. Au début, ils bougent, mais on sait tous que ça ne durera pas.
Il faut quand même imaginer que chaque saison, Bayonne et Montauban sont des prétendants à la montée. Alors qu’en ce moment, le leader c’est Nevers… On trouve aussi des clubs comme Soyaux-Angoulême, Vannes ou Provence Rugby. T’imagines ? Le club n’a tellement pas d’identité qu’ils se sont sentis obligés de préciser le sport qui est pratiqué par l’équipe ?

 
La ProD2 c’est un estomac : si tu y restes trop longtemps, les sucs gastriques réalisent leur processus de décomposition et tu finis éjecté par le sphincter qui t’envoie en Fédérale 1 (ou plus bas si le mec qui s’occupait du budget a passé son BTS Comptabilité dans la même école que le comptable de la FFR).
Avec un peu de chance, un refoulement peut t’expulser par le haut, vers le Top 14. Mais forcément, tu es beaucoup moins sexy que lors de ton dernier passage.

 

GLM : C’est bien d’aborder la question sous l’angle août 2018. Après deux mois bien trop courts à me bourrer la gueule pour fêter le titre, j’étais content qu’on retrouve enfin notre place. Je dis “la nôtre” parce qu’on manquait à tout le monde. Les gens devaient en avoir foutrement marre de se moquer du folklore toulonnais. Du coup on a repris ce qui nous appartenait, la place d’amuseur public. Nous on est moches, on sent mauvais, on parle fort, on fait griller sur des ronds-point (de rien pour l’idée les gilets jaunes), et en plus on aime ça. Sportivement, après les matchs amicaux on était champions d’Europe, alors franchement pour tous les supporters la saison était déjà pliée. Voyez-vous LE CATALAN est fier mais il a peu de mémoire, du coup le Turboboulard a pris le pas sur la raison. L’excès tu l’aimes ou tu le quittes.

 

Quel est votre bilan de la saison en cours ? 

 

L’AG : Pour l’instant, je pense qu’une certaine régularité mathématique se fait jour dans le parcours de l’équipe. On est dans la constance, dira-t-on.
Derrière le bilan comptable mitigé (euphémisme poli), il faut savoir que l’USAP est l’équipe du Top 14 qui a le plus fort taux de possession (on est les Belges du Top 14), celle qui joue le plus de ballon, la deuxième équipe qui se fait le plus de passes etc… On tient le ballon mais il y a une inefficacité chronique, on ne marque jamais. C’est révélateur d’une équipe qui n’y arrive pas, dans laquelle il manque tout ce qui gravite autour de la notion de finisseur (la gestion des fins d’action, la patience pour prendre des points quand on peut, la lucidité dans les moments de moins bien).
Et puis certaines lacunes défensives criantes n’aident pas.

 

GLM : Force est de constater que ça ne se passe pas vraiment comme on le voulait. Après 13 matchs pour tout autant de défaites c’est la régularité qui prédomine certes. Maintenant la seule chose qui l’explique n’est pas rugbystique malheureusement. Mon comparse s’étend à chercher des raisons qui n’existent pas en faisant fi de la vox populi. En effet, tout est de la faute des arbitres.

 

Depuis toujours, les facteurs ont une aversion particulière pour le Sang, l’Or et le Bleu Azur qui marquent notre tunique. Alors non l’USAP ne doute pas, ses supporters non plus d’ailleurs, mais toi le supporter du Connacht ou de l’ennemi septimanien, dis-toi bien que quand tu viens te garer aux abords de notre stade pour venir supporter ton équipe de faces de pains sucés, s’il manque un rétroviseur ou deux jantes à ta bagnole quand tu y reviens, c’est qu’il n’y a pas de hasard.

 

Enlever les grilles autour du terrain à Aimé Giral, était-ce vraiment une bonne idée ? 

 

L’AG : Oui. Le projet initial consistait à enlever les grilles tout autour du terrain pour les installer devant la ligne d’en-but catalane. On les changeait de côté à la mi-temps, ça donnait de l’emploi dans un département économiquement sinistré et seule notre indiscipline chronique aurait donné des points à nos adversaires : tout le monde était gagnant ! Je ne dis pas qu’on aurait gagné davantage de matches à domicile car on fait un paquet de fautes et d’en-avants mais on aurait au moins limité les essais encaissés…

 
Paul Goze, président de la Ligue Nationale de Rugby, a refusé. Soi-disant que ce serait “contraire aux valeurs de l’éthique et du sport”. Venant du mec qui s’est barré comme un voleur en 2012 en laissant une ardoise qu’on ne voit même pas en Cerdagne, ça ne manque pas de piquant.
Et puis c’est bon pour le tourisme, principal pourvoyeur de devise des Pyrénées-Orientales. Le Catalan, être farouche qui habite la plus belle région du monde, souffrait d’une image de rustre inhospitalier.
Cette saison de l’USAP montre que la Catalogne est une terre accueillante, dont les habitants se révèlent cordiaux avec les étrangers de passage, leur apportant toute l’aide requise dans la réalisation de leurs projets sportifs.

 

GLM : Oui je suis d’accord, c’était une super idée. On avait d’abord pensé à en mettre de plus hautes pour contrer les velléités d’un public de plus en plus chaud ou à carrément mettre des barbelés mais finalement je trouve ça bien. Je vois ça du côté des supporters adverses, ça doit être plaisant.

 

Je m’explique : tout le monde a vu Jurassic Park ? Et bien c’est pareil : visiter des réserves sauvages c’est tout de même plus attrayant que des zoos. Imaginez un instant ce supporter du Métro 92 qui, n’hésitant pas un instant à braver le danger, vient passer son week-end en pays catalan et se retrouve à Aimé-Giral. Déjà il y voit des supporters, ce qui pour ce grand benêt constitue une première. Ensuite les voir en semi-liberté comme ça, errer dans les allées, titubants, hurlants, se rassemblant avec leurs congénères c’est terriblement pittoresque trouve-je. Bref non, c’est bien qu’il n’y ait plus le grillage, les joueurs peuvent désormais menacer directement les spectateurs du pesage, ça calme et les uns et les autres.

 

Si vous récupériez la présidence du club, quelles seraient vos trois premières mesures ?

 

L’AG : Je compulserais de manière exhaustive tout ce qui se dit sur le club, ses joueurs et dirigeants sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, commentaires de Rugbyrama, forums). Et je pense que ça entraînerait une telle aversion pour le genre humain que je me suiciderais en m’immolant sur un bûcher de Bescherelle.

 

GLM : Je commencerais par m’entourer d’une solide équipe. J’entends par là des gens qui connaissent l’histoire de ce club et ses valeurs ancestrales. Moi président, je nommerais David Marty Manager Général du “cluP” à vie. Moi Président, je nommerais Jean-Pierre Perez entraîneur de la défense et préparateur mental à vie. Moi Président, je ferais revenir Marc Lièvremont et je le licencierais aussitôt (juste pour mon plaisir personnel). Moi Président, je nommerais Marius Tincu et Michel Konieck entraîneurs des avants. Moi Président je bannirais à vie le concept même des ¾ parce qu’il faut bien l’avouer ça ne sert à rien. Moi Président, si tant est que nous étions obligé par le règlement fédéral de présenter des joueurs dit « arrières » sur la feuille de match, je nommerais Didier Sanchez entraîneur de cette ligne. Pour finir, moi Président, je nommerais Christophe Porcu à la tête du centre de déformation.
Ça fait plus de 3 mesures mais je t’emmerde.

 

Comment prédisez vous la fin de saison ?

 

L’AG : Paraphrasant la Catalane Dani, comme un boomerang. La première victoire constituera un déclic pour un groupe, un peuple qui n’y croyait plus jusqu’alors. S’en suivra alors une série de 10 victoires consécutives qui effacera des tablettes l’infamante litanie de défaites originelles. Et l’USAP jouera sa place dans les 6 lors de l’ultime journée, à Ernest-Wallon.

 

GLM : À l’image du championnat, je l’imagine longue et dure. (Oui CMB)
Je mise sur une place de 13ème devant Toulon qui dès l’année suivante prouvera à tout le monde que la PRO D2 c’est vraiment de la merde grâce à son équipe Jonah Lomu qui marquera 100 points de moyenne par match.
Cela nous offrirait donc un barrage contre Nevers que l’on gagnera parce que bon faut pas déconner non plus : tout monde nous déteste mais là c’est Nevers quoi. Personne n’a envie d’aller là-bas, ne sachant même pas le pointer sur une carte.

 

Pensez vous que l’USAP a un avenir au haut niveau ?

 

L’AG : Les récentes prolongations de joueurs et du staff montrent en tout cas qu’il y a un avenir pour le club, quelle que soit l’issue (même funeste) de cette saison. Après, peut-on considérer le Top 14 comme du haut niveau ? L’entretien conjoint accordé par Rivière et Lanta à l’Equipe de ce samedi nous laisse à croire qu’un projet se structure sur le long terme et que cette saison n’est qu’une péripétie dans l’histoire du club.

 

GLM : La question rhétorique de mon comparse trouve tout son sens cette saison. Peut-on dire que le XV de France battrait l’USAP ? Rien n’en est moins sûr. Alors mélanger haut niveau et Top 14 reste un risque que je te laisse libre de prendre. Après je reste persuadé qu’on a notre place quelque part. Au rugby je ne sais pas, mais on est super forts pour faire parler de nous, alors en politique peut-être ou sur des ronds-points.

 

Indépendance loupée, USAP bon dernier, Kendji n’a gagné qu’un seul NRJ Music Award… pourriez-vous nous donner un conseil pour remonter le moral des Catalans ?

 

GLM : Encore une fois l’arbitrage ne nous a pas été favorable sur ce terrain-là non plus. Rappelons que cette fois-ci l’arbitre a fini au placard, comme quoi tout espoir est permis. Concernant cette blague douteuse et terriblement raciste à laquelle tu fais allusion, je te ferai remarquer que ceux qui connaissent un peu notre région te parleront de Balbino Medelin et de sa célèbre chanson Perpignan plutôt que d’un Périgourdin gominé.
Pour les conseils, rien de plus simple, la proximité entre les putes et l’alcool pas cher fait déjà de nous des imbéciles heureux, il suffit d’insister sur l’un ou l’autre.

Dix secondes dans la tête d’un ouvreur

 

Ça y est, cette mêlée c’est la bonne ! C’est le premier vrai lancement exploitable. Depuis mon drop d’engagement il y a 5 minutes, je n’ai quasi rien eu à me mettre sous la dent. J’ai bien eu deux trois ballons dans notre camp, mais bon, il faut respecter les consignes : « on va jouer chez eux ! ». J’ai donc tapé violemment dans cette balle, loin très loin. Qu’on se rapproche de ce fameux « chez eux », ce lieu magique où il est enfin permis de « jouer ». Comme si le rugby pouvait être ludique uniquement loin de notre en-but.

 

Mais cette fois-ci, c’est pour moi. L’ailier adverse devait avoir lui aussi trop hâte de jouer, il a fait un vulgaire en-avant. Il nous a offert la première munition. Une mêlée, proche de leurs 22, décalée sur les 15. Le lancement idéal.

 

Les gros se rapprochent les uns des autres, ils s’emboîtent comme des legos. Je les regarde à peine, ça ne m’intéresse pas et je n’y comprends rien. J’espère juste que l’arbitre ne sifflera pas. Tout ce que je veux, c’est que cette balle m’arrive. Mon 8 me jette un regard, presque suppliant, je le comprends, lui aussi il la veut cette balle. Il veut partir lâcher les chevaux pour aller chercher mon vis-à-vis. Mais non, désolé mon ami, ça sera pour une prochaine, celle-ci, c’est la mienne.

 

J’entends déjà mes centres qui trépignent, des soldats impatients : « On fait quoi ? ». Je leur fais un signe de la main, pour leur demander d’attendre. Je les connais, ils ne remettront pas en question mon choix. Ils veulent juste connaître sur quelle mélodie ils commenceront leur ballet offensif. Ils n’ont besoin que d’un mot : le nom de la combinaison.

 

On en a une demi-douzaine. On les a répétées des heures durant comme des danseurs travaillent leur chorégraphie avant le grand soir. Mais moi je ne suis pas le danseur étoile, je ne suis pas là pour briller, mais pour faire briller. Je suis le chef d’orchestre. Je dois choisir la partition, impulser le rythme, gérer le tempo, les accélérations et surtout m’adapter. M’adapter à mon public, cette défense adverse, afin de la toucher en plein cœur. Déchirer ce rideau.

 

Les ailiers et l’arrière chuchotent : « Alors ? ». N’ayez crainte, je vais trancher. J’ai juste besoin de regarder nos adversaires. Comment sont-ils placés ? Comment vont-ils monter ? Lequel a l’air confiant ? Lequel doute ? Je tente d’avancer dans le temps, de voir la future faille dans ce mur en face de moi.

 

« FIDJI ! »

 

Je l’ai annoncé assez fort, pour que mes coéquipiers les plus proches l’entendent. Demi de mêlée et centres surtout. Le téléphone arabe fera le reste. À cet instant, je me coupe des autres, je dois tout jouer sous mon casque. Les flèches vues et revues sur le tableau sale du vestiaire se dessinent en pointillés sur le terrain. Je visualise les courses de chacun de mes coéquipiers de derrière. Comme des comètes qui ne doivent en aucun cas se percuter. Et moi au milieu de tout ça, balle en main, qui doit choisir laquelle servir. Cette étoile qui filera vers les poteaux.

 

« FLEXION ! »

 

L’arbitre me sort de ma bulle en annonçant les commandements en mêlée. Il faut que je me place, vite. Tous les autres derrière moi se caleront selon ma position. Je dois être en profondeur, pour prendre mon ballon lancé mais pas trop. Chaque mètre perdu est précieux. Se faire arrêter sans avoir gagné le moindre mètre est une honte ultime. Je dois prendre de la largeur. C’est vital, il faut que je m’éloigne de cette mêlée et surtout de cet animal féroce qui me regarde la bave au lèvre. Il n’a qu’une envie, me croquer. Le flanker est la hantise de tous les ouvreurs, ce prédateur mi-homme mi-loup se nourrit principalement de côtelettes. Bien des demis trop confiants se sont fait avoir.

 

Je dois donc m’écarter de ce tas d’avants mais pas trop. Il faut que je m’adapte à mon compère de la charnière. Enfin surtout à sa passe. Afin de lancer mes esthètes de derrières, il me faut une offrande de sa part. Si la balle finit par terre, tout est fichu.

 

« JEU ! »

 

Le ballon est introduit, j’entends les gros grogner, pousser. Allez, dépêchez-vous ! Il me faut cette balle. Tous les trois quarts ont les yeux rivés sur ce combat auxquels nous ne sommes pas invités. Pendant ce temps je prépare mon départ. Je fléchis mes appuis, la jambe extérieure devant, toujours. Ça me permet de moins partir en travers. C’est important que je parte droit. Si je dévie, toute la combinaison dévie.

 

La balle a bien été gagnée, elle est dans les pieds du troisième ligne centre. Il décale sa jambe pour le demi de mêlée, pour ne pas le gêner. Avant de se baisser, le neuf me regarde, il veut mon feu vert. Je tends les mains vers lui. Comme pour attirer ce ballon vers moi. Je lui donne une cible. Il se baisse, pose les mains sur la balle. Je démarre. Sa passe fuse.

 

« SORTIE 10 »

 

C’est le demi adverse qui donne le feu vert pour la défense, désormais je suis la cible à abattre. La balle arrive, la passe est tendue et vrillée. Avant de penser à quoi que ce soit, il faut penser à l’attraper. Ne pas la dégueuler bêtement. Je sens le cuir taper contre ma main extérieure, la rotation ramène automatiquement la balle vers moi. Mon autre main vient sécuriser la prise. Enfin, j’ai ce fichu ballon ! Je vais enfin pouvoir jouer.

 

“Fidji”, ai-je dit. Sur ce lancement, il faut que je me rapproche de cette ligne d’avantage et donc de cette défense. Parce que le rugby, c’est simple, le coach le répète tout le temps : « Celui qui gagne, c’est celui qui avance. ». Eux veulent nous faire reculer et nous, nous voulons avancer. Cette ligne d’avantage est une ligne de front qui bouge à chaque temps de jeu. Chaque mètre grappillé est une bataille de gagnée. Cette mêlée est notre première grande offensive, celle qui doit les marquer pour la suite du match. Notre point fort sera justement notre stratégie collective et je suis le général en charge du plan de bataille. Mais un général qui va sur le front. Je ne veux pas devenir ce gradé bedonnant qui reste loin des hostilités tout en distribuant des ordres à 10 mètres des combats, celui qui ressort propre du terrain.

 

Mais bien évidement, je ne dois pas foncer bille en tête, droit vers un sacrifice idiot. Je dois absolument garder ce ballon à deux mains, afin de laisser de l’incertitude sur mes choix à venir. Durant les deux secondes qui viennent, je dois surtout ouvrir les yeux et analyser. Je suis surtout là pour ça. Chercher les brèches dans cette défense.

 

Pendant ce temps, même sans les regarder, je sais que mes coéquipiers ont initié leurs courses. C’est mon deuxième centre qui lance le bal, il doit passer devant son premier centre et venir me chercher au près. Vite, très vite ! Si je le sers, c’est pour qu’il aille perforer une des zones les plus friables : la zone du 10. Mon 12, lui, va s’éloigner de nous, il doit étirer cette défense, ou même mieux, contourner les centres adverses. Il se retrouvera dans ce paradis des gazelles, ces grands espaces : le Large ! Il y retrouvera les accrocs à la vitesse : notre arrière et l’ailier. Puis il y a le plus dangereux de tous, l’ailier petit côté, le fourbe caché depuis le début derrière la mêlée qui doit surgir au dernier moment entre les centres.

 

Au près, au centre ou au large. 13, 11 ou 12. Le choix me revient, mais il dépend de la défense.

 

Tout en avançant, je regarde mon vis-à-vis, il est toujours à mon intérieur. C’est un prudent. Il n’annoncera à sa défense de glisser qu’après ma passe. Il ne regarde que moi et je sens qu’il ne me lâchera pas. À côté de lui ses centres sont serrés, alignés, ils ont calé leur montée sur la sienne. Encore plus à l’extérieur, leur ailier est à plat. Pour l’instant ils sont bien organisés, bien à plat. C’est à nous de les désordonner.

 

Mes centres se sont mis en action, leurs courses se croisent, je le vois dans l’hésitation en face. Ils défendent en zone évidemment et vont devoir échanger d’adversaire. La défense collective est avant tout une question de confiance, chaque joueur doit sentir son voisin et ne pas se désunir. Moi je suis en face et je scrute l’erreur à venir. Je dois trouver le maillon qui lâchera et fera exploser cette chaîne.

 

La voici, cette erreur. Le second centre adverse voit mon 12 s’écarter, il prend peur. Il craint de se faire déborder. Il veut anticiper ma passe et monte en pointe pour couper les extérieurs. Ma passe est armée et je vois arriver à toute allure mon 13 qui vient rentrer. Il m’appelle de toutes ses forces.

 

« BALLE ! »

 

Nous ne sommes qu’à quelques mètres de la défense. Mon bras intérieur lance le mouvement, je pousse le ballon avec la paume, je donne de la vitesse au ballon et lance la rotation avec mon poignet puis mes doigts. La balle quitte mes mains. La trajectoire est rectiligne, mon 13 tend les bras, il est tout proche, il voit la balle s’approcher… mais elle passe juste dans son dos, mon 12 est loin, il ne l’aura jamais, et le deuxième centre adverse anticipe déjà une passe à rebond.

 

C’est là qu’il arrive, exactement où et quand il faut. Mon ailier petit côté lancé à pleine vitesse ! Il entre dans la balle sans ralentir et perfore entre les centres, cet espace imprenable vole en éclat. Ils doivent juste sentir le vent passer et quand ils se retournent, c’est trop tard il ne verront plus que son dos.

 

Maintenant qu’il a franchi, le temps ré-accélère. Désormais tout va trop vite pour moi. Je le vois s’éloigner de moi et fondre vers la ligne d’en-but. Il va arriver face à l’arrière. Bien sûr, je devrais le suivre, aller l’aider. Je connais l’adage : « Dernier passeur, premier soutien. », pourtant je trottine, je suis devenu spectateur. Il est le chat, le 15 est la souris. Je sais qu’il va le croquer.

 

Durant les secondes à venir, c’est à lui de faire le bon choix, c’est sous son crâne que les solutions se dessinent. Il a des coéquipiers qui viennent se proposer autour de lui. Mon ailier a pris sa a décision, il feinte la passe, accélère et s’enfuit aplatir sous les poteaux. Un essai en première main ! Le Graal pour une ligne de ¾ !

 

Je lève les bras, des coéquipiers vont enlacer notre ailier. En retournant nous placer, il vient me taper dans la main et me dit : « Bien joué ! ». Il a raison, nous avons bien joué. Putain, ce que j’aime ce jeu.

« Vas-y, mets-toi à l’aile… »

On a tous connu un Dylan.

 

Nous sommes fin septembre, Dylan a 15 ans, il fait son premier entraînement de rugby dans le petit club de sa ville. Personne ne sait trop ce qu’il fait là. Il a un short trop long, des chaussettes blanches de tennis et des moulés que son cousin lui a prêtés. Il imite les autres pendant l’échauffement, systématiquement devant le ballon lors du touché, il ne pige pas non plus grand chose aux exercices qui s’enchaînent. Après une heure durant laquelle il est totalement paumé, le coach divise le groupe en deux. « Kevin chasuble, Jordan non… » etc. Il termine par Dylan, visiblement ennuyé l’entraîneur finit par lui dire :

 

« Vas-y, mets-toi à l’aile ! »

  Continue reading “« Vas-y, mets-toi à l’aile… »”

Un samedi soir au Stade de France

 

Le Samedi 2 juin 2018, il s’est passé un événement majeur dans ma vie de Roubaisien, le rêve de tout provincial. J’ai passé la soirée au stade de France !
Départ 16h pour être sûr de ne pas arriver en retard, j’ai la pression vous comprenez, je ne quitte pas souvent les Hauts de France… Et puis, ma Clio ne roule pas bien vite malgré le Spoiler à l’arrière et mes jantes brillantes recouvertes de papier Kinder Surprise. J’ai demandé la route à mon oncle JC le camionneur, c’est pas compliqué, il faut prendre l’A1 et c’est tout droit. Sur le trajet les paysages bucoliques s’enchaînent : à gauche des champs de patates, à droite des champs de betteraves à sucre.

 

Au bout d’une bonne heure ça se met à bouchonner, mais bon, tonton JC m’avait prévenu, c’est parce que les Parigots, ils savent pas rouler. Comme je veux pas trop me faire remarquer, je fais comme les autres voitures à côté de moi, je klaxonne et je râle.

Et là, enfin, à la sortie d’un tunnel, je l’aperçois ! Il est immense ! Encore plus grand que le vélodrome de Roubaix ! Le Stade de France ! Je prends la première sortie et je me retrouve dans ce quartier de Paris appelé Saint-Denis. C’est sympa, ça me rappelle vraiment Roubaix sauf que le canal de Saint-Denis est plus grand et plus sale que le notre. Le problème, ce sont tous ces policiers qui m’empêchent de m’approcher du stade pour me garer.

Impossible de trouver un parking, même celui du Mc-Do est payant : 20€ les jours de match ! En plus ils ne vendent même pas de Fricadelle ni de Bicky dans leur baraque à frites fixe. Je finis par laisser ma voiture en double file à 3 km du stade, dans un autre quartier appelé Auberviliers. Ils sont pas capables d’avoir un grand parking comme celui d’Auchan Leers dans cette ville…

 

Bon, maintenant, il va falloir que je retrouve le stade. Je me balade au hasard dans les rues durant de longues minutes jusqu’à ce que je tombe sur un groupe de mecs qui portent des maillots Kipsta. Decathlon, c’est de chez moi, je me sens en confiance, je les suis. Ils ont l’air encore plus perdus que moi, ils prennent tout en photo : “Oh une maison à trois étages ! Oh un feu tricolore ! Oh du bitume !“. Je comprends vite que ce sont des gens de la campagne. J’aime bien les bouseux, ça me rappelle ma classe verte à Hazebrouck en CE2 avec Madame Vandenbusch. Bref, une heure de marche plus tard, on tombe sur le stade, pas facile pour ces gars là de se repérer dans ce décor urbain, il y’a pas tant de choses en Aveyron !

 


“Mangeons ici, c’est tellement dépaysant !”

 

Approcher de cette arène n’est pas chose facile. Pour passer, on doit d’abord se faire tripoter par un gros monsieur barbu qui sent le tabac, ça me rappelle les fêtes de familles à côté de mon tonton. Je quitte les bouseux qui sont bloqués par un policier, il refuse de les laisser s’approcher du stade avec leurs fourches et leurs brouettes. « On aurait dû les laisser dans le tracteur ! » râle l’un d’eux.

J’arrive alors dans une zone bizarre où plein de mecs saouls en bleu chambrent d’autres mecs saouls en bleu. Avec leurs accents étranges, je comprends un mot sur deux. Il y a des gens maquillés aussi. Tout compte fait, on dirait le carnaval de Dunkerque mais sans la pluie. Je vois l’heure avancer, je ne tarde donc pas et je me dirige vers la porte d’entrée du stade. On me tripote encore une nouvelle fois afin de me laisser accéder à l’escalier qui mène à ma tribune, deux fois en une si courte durée, ça fait bien longtemps que je n’avais pas eu autant de succès.

 

Bon, il faut désormais que je trouve ma place. Bloc E14 Rang 35 Place 22. J’ai toujours été nul en bataille navale. Après avoir tourné 20 minutes, un stadier finit par m’accompagner jusqu’à mon siège. Je suis plutôt bien placé, mon voisin a un maillot vert et jaune avec une antilope dessus, ça fait beaucoup rire ses deux copains. Je suis assez content de mon siège, je suis bien assis. Quand je vois le carré devant moi, il n’y a même pas de quoi s’asseoir ! Il y a personne d’ailleurs. Normal, qui achèterait un billet sans place avec siège ?

 


Pas un chien !

 

Même pas le temps de faire causette qu’un mec en costard descend déjà sur la pelouse et se fait siffler par la moitié des spectateurs. Je comprends pas trop, il avait l’air cool, il était là pour serrer des mains et sourire. Quand c’est Miss France personne ne râle. Entre temps, le carré devant moi se remplit, ils ont certainement vendu les places moins chères car les gens ont dû venir avec leurs propres chaises. Mon voisin me dit que c’est l’amicale des anciens champions du monde 1995. Il doit me mentir la coupe du monde c’était en 1994 et 1998. Un gros monsieur apparaît ensuite sur l’écran géant, on dirait un acteur de la Casa de Papel sous cortisone. Il chope un micro et avec un accent que je connais pas, il beugle et massacre la Marseillaise à cappella. On se croirait dans la légion étrangère.

 

Tout s’agite autour de moi, je suis un peu perdu et ne sais pas où donner de la tête. Je perçois des coups de sifflets au loin. D’un côté j’entends un mec au nom de poule se faire traiter d’enculé et de l’autre un berbère, soi-disant riche, d’enfant de viol. Je crie comme mes voisins pour ne pas être en décalage. Une demi-heure d’insultes plus tard, j’ai la gorge aussi sèche que quand je travaillais dans les mines. Il me faut alors de la bière pour hydrater tout ça. Je compte me lever pour aller en chercher mais mon voisin en vert a visiblement déjà réussi à en trouver puisqu’il urine sur mes baskets Atemi. Je n’ose pas trop râler car ses deux potes ont l’air de trouver ça tordant. J’en profite pour lui demander où il a acheté les siennes. Il m’explique qu’il est possible de se faire livrer directement à sa place. Ni une, ni deux il arrache mon téléphone, me pose quelques questions simples comme mon adresse mail ou le numéro de ma carte bleue de la Banque Postale et l’affaire est jouée.

 

J’avais un doute sur ce type mais finalement non, il s’est pas foutu de moi. On me rapporte une bière directement à ma place 10 minutes plus tard, d’ailleurs ses amis et lui ont eux aussi commandé une bière. Ils tiennent même à trinquer avec moi par ce que “je suis pas un radin d’Auvergnat“. Je comprends pas trop mais ça doit être un compliment. J’ai reçu la facture un peu plus tard. 40€ la pinte… c’est 20 fois plus cher que dans notre Club House et chez nous c’est pas de la pisse dans un gobelet.

 

 

Je commence légèrement à m’ennuyer quand je ressens de l’agitation provenant de l’autre bout du stade ! Les gens se lèvent chacun leur tour et crient tout haut “OLA !“. C’est marrant c’était aussi le sponsor du RC Lens dans les années 2000 ! Je trouve ça magnifique. Au bout de quelques tours de stade, je chope le tempo et me joins à cette joie collective. Quel bonheur ! Je siffle au passage les fainéants devant moi qui ne daignent même pas lever leurs fesses de leurs fauteuils à roulettes. Incroyable ce manque de respect !

Quand tout le monde en a marre de se lever, l’euphorie générale s’estompe et je retombe dans l’ennui. Mon voisin qui lui, a l’air d’avoir vraiment picolé, passe son temps à râler et dire que le pinard est mauvais. Pourtant il tourne à la bière depuis bientôt une heure et demie. Plus le temps passe, plus il paraît dépité. Il doit avoir l’alcool triste.

 

Je pense que je dois m’endormir un peu car je me fais réveiller en sursaut par une moitié du stade (celle qui sent le purin) qui hurle de joie. C’est la frénésie la plus totale, ils sont en extase devant un vieux bout de bois ! La simplicité de ces gens-là c’est beau à voir, ils étaient déjà heureux de découvrir du macadam tout à l’heure. Mon voisin lui s’est barré en pestant, il dit qu’il y avait encore trop de juifs dans son équipe et qu’ils étaient nuls.

Tout à coup la lumière s’est éteinte et un petit bonhomme est sorti d’une scène. Je l’ai reconnu sur les écrans géants, c’était le mec de The Voice ! Pas le chauve, ni celui qui ressemble à Lorenzo Lamas dans le Rebelle mais le troisième, celui que tonton JC dit qu’il est à poil et à vapeur. Il a chanté durant un quart d’heure, il nous a demandé de danser. On passait un bon moment, pourtant les fainéants de devant n’ont encore fait aucun effort pour se joindre à la fête. Puis ça a dégénéré quand ils ont fait éclater des feux d’artifices sur le toit du stade. Il y a eu une émeute dans la tribune des bouseux, on entendait crier “SORCELLERIE !!!“. Alors le petit bonhomme a arrêté de chanter et ils ont rallumé les lumières.

 


Des feux d’artifice comme sur la plage de Dunkerque un 14 juillet !

 

Et puis plus rien, tout le monde est parti… Alors j’ai fait pareil. J’ai marché une plombe pour retrouver ma voiture, j’avais pris un PV de 135€ parce que soit disant j’étais pas garé au bon endroit, puis j’ai roulé des heures pour rentrer à Roubaix. Pour être honnête, j’étais un peu déçu de cette soirée, je n’ai pas assisté au meilleur spectacle du monde qu’on m’avait promis. L’an prochain, je crois que je resterai avec ma cousine regarder Barbie et le secret des sirènes sur Gulli.

Survie : Passer les fêtes à côté de Tonton Rugby

Survie : Passer les fêtes à côté de Tonton Rugby.
 
 

Impossible de vous échapper, cette année c’est votre tour. Vous qui veniez uniquement pour faire autant d’excès qu’un Fidjien pendant la trêve, vous êtes pris au piège. La matriarche a étudié son plan de table des heures durant, aucune négociation n’est possible, vous êtes assis en bout d’assemblée à côté de Tonton Rugby. Si au moins, il y avait une petite nièce de l’autre côté, il aurait passé la moitié du repas à lui poser lubriquement une main sur la cuisse, hélas cette fois-ci, pas d’échappatoire.
 

Absente cette année, votre cousine n’a vraiment pas le sens de la famille.

 
Il est à peine 20h et il a déjà l’haleine plus avinée qu’un chroniqueur de Rugbyrama. Vous espérez toujours éviter les discussions rugby, mais non, avant même les petits fours il s’est auto-propulsé pleine bourre sur l’orbite des gros cons : « Alors t’as vu le Boxin’ Day ? C’était encore à chier ! ». S’en suit un monologue de comptoir qui vous bloque dans les cordes et vous assomme plus vite que la Clairette de Die tiède servie par mamie.
 
« Le Top 16, c’est plus ce que c’était, hein ? Même nous quand on jouait en Promotion d’Honneur en 1984, ça jouait mieux, c’est parce que nous, on jouait pas pour le fric ! Et puis franchement, si l’équipe de France est nulle, c’est à cause de tous ces étrangers dopés ramenés par Mohamed Boudjema au Racing de Toulon ! »
 
Il est hors de question d’écouter ce mélange de Pierre Salviac, Jean-Marie Bigard et Gilbert Collard jusqu’à la bûche glacée Picard, si vous ne voulez pas voir votre cerveau fondre comme celui d’un ouvreur irlandais. Pas de panique il existe quelques issues de secours pour sauver votre soirée.
 
Bourrez-vous la gueule :
Une fois alcoolisé tel un Ratini rue de la Soif, vous verrez, son discours vous paraîtra tout de suite plus supportable. Mais attention à la gueule de bois le lendemain. Vous découvrirez peut-être qu’il vous a fait signer une pétition pour le retour de l’essai à 4 points ou vous a fait prendre votre carte d’abonné pour un club moribond depuis des années comme Le FC Lourdes, l’US Tyrosse ou le Stade Toulousain.
 
Bourrez-lui La gueule :
Tâchez de remplir son verre aussi souvent que possible, tuez-le à coup de rouge qui tache. Votre soirée sera beaucoup plus confortable une fois que Tonton Rugby sera incapable d’articuler ou qu’il se sera endormi sur le plateau de fromage. Pensez juste à vérifier que le comateux n’avale pas sa langue quand vous servirez une seconde part de gâteau.
 
Pétez-lui la gueule :
Lui fracasser une bourriche d’huîtres en pleine face risque de légèrement casser l’ambiance, mais après ceci, il ne pourra plus vous dire que « Dans le temps, nous, on savait relever les mêlées ! » Bien sûr vous risquez d’être déshérité par votre famille, en revanche vous n’aurez plus à vous farcir ce dîner à la con l’an prochain.
 
Tentez de changer de sujet :
Tonton rugby a un avis sur tout, essayez donc de le faire dévier sur un autre sujet. Mais cela s’annonce risqué, évitez la musique si vous ne voulez pas l’entendre parler de Johnny avec une larme à l’œil, évitez les voitures si vous n’êtes pas intéressé par ses nouvelles jantes carbone sur sa Renault 19 Chamade et surtout évitez la politique si vous n’êtes pas prêt à entendre qu’il faut couler les bateaux de migrants en Méditerranée.
 
Déstabilisez-le :
Son socle de connaissances étant aussi large que les épaules de Sébastien Bézy, il n’est pas difficile de le sortir de sa zone de confort. Regardez-le droit dans les yeux, passez-lui une main dans les cheveux et dites-lui que vous êtes footballeur. Tonton Rugby, lui, il est PAPÉDÉ ! Hors de question qu’on l’appelle Tata Foot ! Selon toute vraisemblance, il devrait se décomposer et vous laisser tranquille quelque temps.
 
Offrez lui #LeMeilleurGuideDuMonde :
Tonton Rugby sera d’abord étonné de recevoir cet étrange objet cartonné rempli de pages barbouillées de lettres et d’images. Mais une fois le concept du livre assimilé, il se laissera piéger par la qualité de cet ouvrage et passera son repas captivé par tant de perspicacité. Le bonheur a donc un prix, 29,90 € aux éditions Marabout !
 

« Oh merci ! C’est un livre LIBRE DE TODO ? »

 
Mais il est possible que vous soyez capable de supporter ses diatribes sans avoir l’appétit coupé, peut-être même que vous le relancerez de bon cœur et rirez à gorge déployée à ses anecdotes grivoises de troisième mi-temps. Dans ce cas-là, présentez-vous aux prochaines élections de la FFR, vous êtes prêt pour supporter les buffets gargantuesques au côté des anciennes gloires du rugby français. Et oui, être Tonton Rugby, ça peut aussi être un job à plein temps.
 
 

Les mitaines de Brock James passent sur le Grill

 

Entretien réalisé le 03/09/2017 par John Pils, ivre.

 

Bonjour, avant tout pouvez-vous vous présenter pour les quelques ignares qui ne vous connaissent pas ?

 

Bonjour à tous. Eh bien nous sommes les mitaines d’un des plus grands ouvreurs du Top 14 : l’Australien Brock James. Nous sommes auprès de lui depuis son arrivée à Clermont en 2006. Nous avons tout partagé avec Brock, c’est une vraie relation de confiance.

 

Le rugby, était-ce une vocation pour vous ?

 

Oh non pas du tout. C’est venu sur le tard. Vous allez vous foutre de nous, mais dans le passé, on a tenté une carrière dans le cinéma. On a fait des petits rôles à droite à gauche. On a même eu notre petit succès quand on a joué les gants de Marvin, le casseur flotteur, dans Maman j’ai raté l’avion. Mais la mode des “mitaines” est vite retombée. Il a donc fallu rebondir.

 

Alors comment avez vous atterri autour des mains d’un rugbyman ?

 

Un jour, on a vu une annonce dans La Montagne : “Jeune Australien exilé cherche gants pour progresser dans le jeu de mains.”
On a d’abord cru à un truc dégueulasse à la Jacky et Michel, mais on était fauchées. Alors on a quand même répondu. On est tombées sur ce beau gosse doué avec ses pieds mais qui ne savait pas faire grand choses de ses mains. Nous ne connaissions rien au rugby, mais le challenge nous a tentées.

 

Et une dizaine d’années plus tard vous êtes toujours ensemble…

 

Et oui, nous le remercions pour ça d’ailleurs. Quand on y pense tout le monde se fout un peu de sa gueule à cause de nous. C’est vrai qu’il a autant le swag qu’un prof de techno à la retraite, mais il y a 10 ans, c’était tendance, les gamins des écoles de rugby voulaient acheter nos jumelles.

 

D’ailleurs, comment expliquez vous la disparition de vos consœurs sur les terrains ?

 

Nous avons effectivement de moins en moins de proches dans le top 14. Mais faut pas en vouloir aux joueurs, le jeu à la main, c’est plus vraiment la priorité dans notre championnat. Et puis l’autre ambassadeur des gants, c’était Yannick Forestier, il n’était pas vraiment vendeur. C’est un peu comme si vous demandiez à Brice Dulin de faire la promotion d’un sac à plaquages.

 

 

Brock et ses ex, en Australie

 

 

À l’aube de la retraite de Brock, quelle est votre plus grande fierté à ses côtés ?

 

Grâce à notre rencontre, on a pu côtoyer tellement de grands noms, de vraies stars. Le casque de David Skrela, les crampons 22mm spécial Rucking de Jamie Cudmore, la casquette de Vern Cotter et même la canne à pêche de Julien Malzieu.

 

Et un regret ?

 

Un regret ? Que Brock n’ait pas voulu allumer Delon Armitage après sa provocation. On serait volontiers allées s’écraser sur son nez. Mais bon, on s’en doutait, on n’était pas aux mains de Thibault Privat…

 

Nous le disions, Brock va bientôt raccrocher les gants, vous avez une idée de ce que vous ferez par la suite ?

 

Pour l’instant, c’est l’inconnu. Mais on se sent encore bien, on est pas prêtes à finir dans un conteneur Le Relais, alors on n’est pas contre une reconversion. Mais bon, faut trouver le bon créneau, si c’est pour finir gants dans les salles de musculation comme des vulgaires Domyos, vous imaginez la honte ?
Sinon on a pensé au vélo, mais on a peur de tomber sur du dopage, on vient d’un sport propre ça serait dommage de salir notre réputation.

 

Eh bien, un grand merci d’avoir accepté de passer sur le grill de La Boucherie et on croise les doigts pour votre après-carrière…

 

Tout le plaisir était pour nous. C’est toujours agréable de filer un coup de main à un blog qui démarre.

 

 

( Interview largement inspirée de l’excellent site sur le cyclimse “Dans la musette” )

Vers une fusion entre l’USAP et le RC Lens ?

Par John Pils, avec l’aimable aide de Davy Dora Doux,

 

 

D’après nos sources, le rapprochement de ces deux géants du passé est plus que jamais d’actualité. En effet les deux anciens champions de France qui visent depuis quelques années la remontée dans l’élite, comptent se servir de leurs expériences respectives pour redorer leurs blasons.

 

Le projet est très ancien : 1998. La même année l’USAP perd sa finale de Top 14 contre le Stade Français et le RCL échoue en finale de le Coupe de France contre le Paris-Saint-Germain. Alors que le président historique Gervais Martel épongeait son désespoir Rue de la soif à Paris, il croisa, accoudé au même bar, Alain Teixidor alors entraîneur de Perpignan. Vite réunis par un socle commun que sont les valeurs et l’alcool, les deux hommes avaient alors envisagé cette fusion plutôt ambitieuse.

 

C’est aujourd’hui près de 20 ans plus tard, alors qu’on la croyait oubliée tel un vulgaire coup d’un soir, que resurgit cette idée afin de permettre le retour vers le devant de la scène de ces deux monuments du sport français. Les points communs qui lient ces deux clubs sont si évidents que l’on se demande d’ailleurs pourquoi l’idée a mis tant de temps à émerger.

 

Comme dans la vraie vie, pas évident de distinguer le gitan du chti.

 

Ce qui frappe le plus, ce sont bien évidement les couleurs: Sang et Or ! Les maillots, faux jumeaux depuis toujours, sont arborés fièrement par les supporters des deux camps. Une légende raconte même que les ultras des deux clubs ont traditionnellement les dents jaunes et le teint rougeaud en hommage à leurs couleurs.
C’est également l’histoire récente des deux protagonistes qui les poussent à s’unir. Deux champions de France avec un socle de supporters solides qui ont plongé dernièrement dans le gouffre de la deuxième division. Pourtant il n’y a pas si longtemps, ils tenaient tête aux cadors européens et ont tout deux vécu une épopée mémorable. Si d’un côté on se gargarise encore de la victoire contre Arsenal fin des années 90, les Catalans quant à eux se souviennent forcément de la victoire 27 – 16 contre Trévise en 2009.

 

Afin de mener à bien ce projet, deux légendes sont aux manette s: Jean-Guy Wallemes et David Marty. Les hommes étaient fait pour s’entendre. Au delà de leur amour respectif du maillot, les joueurs ont trouvé un point commun fondateur : leur jeu de tête exceptionnel.
Ces leaders légendaires ont d’ores et déjà impliqué des anciens coéquipiers. Jean Pierre Perez et Tony Vairelles envisagent d’ouvrir un salon de coiffure, Cyril Rool et Gregory Le Corvec ont prévu une exposition au Louvre-Lens de leurs plus beaux cartons. On parle même d’un accord entre Dan Carter et Elhadji Diouf pour faire une salle des trophées communes. Les trophées de meilleur joueur du monde du Néo-zélandais auraient alors fier allure à côté des deux ballons d’or africains du Sénégalais.
Des bruits circulent aussi sur un duo de coachs historiques. Le Druide lensois Daniel Leclerc en association avec Jacques “Astérix” Brunel. Nul ne doute que la potion qu’ils concocteraient, serait un excellent cru !

 

L’amour des chiffres et la générosité des présidents permettra de boucler des budgets solides. Effectivement, avec les 20 millions promis par Mammadov et les 6 MILLIONS de François Rivière, c’en serait fini de la crainte de la DNACG.
Les supporters catalans seraient aussi les premiers gagnants. Fini le laborieux “Estaca”, ce chant compliqué et si peu rassembleur ! Ils pourraient entonner à la mi-temps un vrai hymne connu de tous : “Les corons”.

 

“On a le même maillot, on a les mêmes passions.”

 

Les offices du tourisme d’Occitanie et des Hauts-de-France sont sur le pied de guerre afin de saisir l’occasion en or. On sait que ces deux régions sinistrées par l’alcoolisme due à la proximité des frontières espagnoles et belges peinent à rayonner dans l’hexagone. C’est pourquoi dans les collèges des échanges sont déjà envisagés. Ces séjours sont toujours un bon moyen de travailler les langues étrangères.

 

Alors que Paul Goze a donné sa bénédiction à la condition que l’USAP promette de rajouter des fricadelles à la buvette, le Racing a lui commandé un concert de Kendji Girac pour clôturer sa saison en beauté ! Ce ne sont peut être que des petits signes mais les observateurs avisés n’ignorent pas qu’ils présagent de grandes choses !

 

Deux noms se dégagent pour illustrer ce nouvel ogre du sport français le “Club Amical Naissant à Ambition Large – Perpignan Lens Union Sportive” ou bien une “Entente Nouvelle Catalane Union Lensoise Expérience Sportive”. Quelle que soit son appellation, nul ne doute que ce club glanera vite de nombreux titres.