La chronique de Romain Moite #7 Romain était l’arbitre vidéo du match de barrage Clermont – Biarritz. Fallait que ça tombe sur lui… Dans la tête de Romain Moite Note du 13 mai 2011 à 20:26, Stade Marcel Michelin, France. – Est-ce que l’électrode E478 est en place ? – Oui, c’est OK. – Et la E479 ? – C’est bon. Les gars du cyclotron viennent d’arriver avec leur nouvel isotope, on s’apprête à l’injecter. On passe à la phase d’activation ? – Oui, allons-y. J’active le processeur. J’ai loadé Epsilon. Préviens Romain que ça va commencer. – C’est bon, je lui ai dis. Il veut finir sa bière avant de commencer, tu crois que c’est gênant ? – Non, je ne pense pas. On utilise un marqueur radioactif qui ne trace pas l’éthanol. Mais dis lui d’arrêter après, j’ai pas envie qu’il soit trop bourré, je pourrais pas l’inclure dans le protocole FFR37. Dépêche-toi, la deuxième mi-temps vient juste de commencer. – Voilà, c’est bon, je commence les acquisitions. Attention, je branche l’amplificateur d’ondes. J’ai un bruit blanc. Attends, écoute ! Je crois que j’ai quelque chose ! « … Pu… Putain. Merde. Quelle bande de cons. Quand je pense que les gars de la FFR m’ont fait accepter ça. Camou m’a bien eu. Il m’a dit qu’il passerait sous silence certains faits qui se sont déroulés lors des dernières soirées. Et j’ai accepté qu’une bande de scientifiques à la mord-moi-le-nœud testent sur moi une méthode qui permet de lire dans les pensées. Révolutionnaire qu’y disent, des précurseurs, Romain Moite le Christophe Colomb des neurosciences. Foutaise ! Ils m’ont expliqué qu’ils veulent étudier les prises de décisions chez l’homme et ils se sont dit qu’un arbitre vidéo serait un bon sujet d’expérience. J’ai soif. Ca fait cinq minutes que j’ai bu ma dernière bière et j’ai encore soif. J’ai bien essayé de décrocher mais ma meuf s’est tirée à l’autre bout du monde, elle rêve secrètement de rencontrer Steve Walsh, j’en suis sûr. Je pourrais jamais lui pardonner. Je sais pas si ça marche leur machine mais ils ont l’air de drôlement s’exciter autour. Surtout le petit blond. Ca doit être le chef. En tout cas, je suis sûr qu’il est de la jaquette. Je sens ces choses là. C’est comme les embrouilleurs sur un terrain. » – Romain, c’est le petit blond qui te parle. Ca y est, ça marche, et n’oublie pas qu’on entend tout ce que tu penses ! « Hein, ça marche leur truc. Merde. Bon, je vais peut être me concentrer sur le match alors. Ca a repris depuis un petit moment en plus. Putain, j’ai soif. Ben, faut plus que j’y pense, mais je sens que je vais me venger sur le banquet. Il faudra pas venir se plaindre après si je ne peux plus me contrôler. Ca me rappelle un après match mémorable à Rumilly en fédérale 2. Il y avait cette petite brune… Non ! Il faut que je me concentre. Les Biarrots ont une défense de fer. Mais j’ai l’impression que Clermont joue un peu plus directement. Je sais pas si il va y avoir un essai. Peut être que les tarlouzes… Heu, non, désolé les gars, j’ai oublié que vous savez ce que je pense. Je veux dire peut être que les scientifiques se sont déplacés pour rien. Ils auraient mieux fait d’aller voir les arbitres du Super Rugby. » – Ha, essai de James, dit le petit blond. Peut être que l’arbitre va demander la vidéo ? – Non, regarde, il l’accorde directement ! – Mince, c’est pas pour cette fois alors. Mais je sens que la chance va tourner. « Pfff… Pas besoin de vidéo là-dessus. Ils n’y connaissent vraiment rien ces deux là. Des gratte-papiers qui mettent pas le nez dehors. Ca va se jouer aux pénalités, il n’y aura plus d’essai, que des picks and go jusqu’à la fin. Sont bizarres ces deux là quand même. Mais j’y pense, si ça se trouve, ils sont peut être ensemble ? » – Romain, tu peux te calmer et regarder le match ! « Ha oui merde j’ai oublié qu’ils me comprennent. Bon, ça semble devenir chaud pour les Biarrots. En tout cas, moi je suis tranquille ici malgré cet appareil que j’ai sur la tête. Il fait pas trop chaud, j’ai pas tous ces cons qui m’insultent et me demandent où est mon chien d’aveugle. Manque une autre bière quand même. Pis je peux pas changer de chaîne et regarder Palyboy TV, les deux zigotos vont s’en apercevoir et faire un rapport à Camou et à Mené, il faut que je reste sérieux. Tiens, Bosch va tenter un drop. Il le manque. » – Hé les gars, vous voulez pas m’apporter à boire ? Je me fais chier, là ! Vous êtes là ? » – Oui Romain, on va t’apporter ça. Hé, attends ! Essai de Clermont ! Non, il demande la vidéo ! Super ! Allez Romain, à toi de jouer ! « Merde de merde, j’ai rien vu. Bon les ralentis, heureusement ! Alors… Lapandry aplatit, c’est bon je vais l’accorder. Un autre ralenti. Ho, putain, c’est Bosch qui rentre un coup de pied à suivre de Murimurivalu dans son en-but, il tente d’aplatir et lâche le ballon, trop fort ces argentins ! C’est des truqueurs de toute façon. Mais non, en fait il aplatit pas, enfin si mais sur le pied de Murimurivalu. Enfin je suis pas sûr. J’ai besoin de revoir les ralentis. Image par image. Mouais, c’est pas plus clair. Il reste pas beaucoup à jouer et le BO est dans le rouge. Si je l’accorde, j’envoie les Clermontois en finale, c’est sûr ! En même temps, si j’accorde, la fédération va me féliciter car après on pourra pas dire qu’on avantage Blanco. Merde. Mais ça me fait penser, quel joueur ce Blanco quand même ! Je me souviens de ses essais dans le tournoi, c’est vraiment un des meilleurs joueurs que j’aie eu l’occasion de voir. C’est bizarre, j’ai pas l’impression qu’il puisse encore taper un par-dessus maintenant sans se déchirer. Si j’accorde l’essai, il va m’en vouloir. Je voulais lui demander une thalasso gratos tout à l’heure, ce sera niqué.” – Bon Romain, m’interpelle Jean-Luc Rebollal, je répète ma question, essai ou pas essai ? D’ici ça va trop vite, on n’est pas sûr. Dépêche-toi ! T’es encoure saoul comme une barrique alors qu’il est même pas dix heures ! – Ca va, une minute, j’ai juste besoin d’un nouveau ralenti ! « Bon allez il faut que je trouve une solution. Les ralentis ne m’aident pas. Il faut quand même que je choisisse, j’ai laissé passer trop de temps. Ma pièce ! J’ai la pièce de monnaie que le serveur m’a rendue hier soir. Sauvé ! Bon, je la lance. Pile, essai de Clermont et face, Biarritz. Tiens, je viens de m’apercevoir que je suis déjà allez de nombreuses fois en vacances à Biarritz mais jamais à Clermont. Bref, tout le monde doit m’attendre, il faut que je choisisse. Allez, si c’est pile, essai de Clermont et si c’est face, pour Biarritz. Je lance… Pile ! Je vais dire que Bosch a aplati sur le pied de l’ailier Clermontois et que l’essai est valable. Je fais ça pour la Fédération ! C’est un acte de bravoure, ils vont me féliciter, j’ai lavé l’affront. Et je vais pouvoir marchander le voyage en Nouvelle-Zélande pour la coupe du monde, all inclusive. J’ai toujours rêvé d’aller là-bas. Tant pis pour la thalasso, je valide. » – Jean-Luc ? – Oui ! – C’est bon, tu peux accorder l’essai ! … Essai de Lapandry, score final 27-17 en faveur de Clermont.
Exclusif : interview de Jean-Michel COMMANDO, préparateur physique de l’équipe de France. Une interview sportive. Forcément. Militaire de carrière, Jean-Michel COMMANDO est cadre technique national de la FFR en charge de la préparation physique de l’équipe de France. Un footing le matin, un œuf cru dans le ventre, c’est pour lui le meilleur moment de la journée. C’est juste après que nous le rencontrons, encore en sueur. Interview croisée. Jean-Michel Commando, l’homme qu’il nous faut pour transformer les joueurs en guerriers. La Boucherie : Bonjour Monsieur Commando, Marc Lièvremont a annoncé sa liste de 32 joueurs pour la prochaine coupe du monde. Vous êtes le préparateur physique de l’équipe de France, quel est votre réaction suite à la non-sélection de Sébastien Chabal ? Jean-Michel Commando : Bon, je vous préviens tout de suite, si vous être uniquement venu me voir pour parler de Sébastien Chabal, vous pouvez repartir de suite ! Je viens de me taper mes 10 bornes et à cause de toi, j’ai pas pu faire mes fractionnés. Allez, au revoir. Et pensez à aller au coiffeur si vous voulez faire quelque chose de votre vie. Disposez ! La Boucherie : Non, attendez, je suis stagiaire, heu… S’il vous plaît, je travaille gratos pour une bande de psychopathe, surtout si c’est leur chef, c’est le pire ! Jean-Michel Commando (il se calme, visiblement touché par mes propos) : Bon, d’accord. Pose tes questions bleu-bite. La Boucherie : Mer… merci monsieur ! Alors… quel est votre sentiment suite à l’annonce de la liste des joueurs pour la coupe du monde ? Jean-Michel Commando : La crainte. L’angoisse. La Boucherie : Heu, oui… (je frissonne), est ce que vous pouvez développer un peu. Jean-Michel Commando : T’es con ou quoi, bleu-bite. T’as vu la charrette d’éclopés que Marc a sélectionné ? Huits joueurs qu’on va devoir mettre en centre de rééducation dès le début de la préparation. Et qui doit faire des miracles ? Bibi. Et je vais faire quoi, moi. Je peux transformer un mou du genou en bête de guerre, je peux améliorer l’explosivité d’un pilard ou la vitesse pure d’un ailier, mais là !!! Vous vous rendez compte que la plupart des gars sont à remettre sur pattes. Et quand je dis ça, pour certains marcher sans béquilles en septembre se serait déjà un miracle. Tu me vois en stage à pousser des fauteuils roulants. Non, là, il est allé trop loin ! La Boucherie : Prenons le cas de Barcella, y a-t-il une chance pour qu’il puisse revenir à son meilleur niveau en Nouvelle-Zélande ? Jean-Michel Commando : T’es vraiment con, toi ! Au développer-coucher oui, c’est un des meilleurs. Mais sur un terrain de rugby, même pour courir après japonais radioactifs, il va être limite. Tu sais, p’tit, quand tu prends pendant 80 minutes 120 kg de viande tongienne lancée à la vitesse d’un scooter débridé ou que tu cours en bout de ligne après des ailiers Néo-Zélandais au bout de 20 temps de jeu, il faut avoir de la caisse pour tenir. Et pour ça, il faut du temps. Répéter les matchs de haut niveau. Il faut que le corps s’habitue. C’est autre chose que faire des haltères face à l’océan en écoutant la Pitchoulli. Déjà en 2009, Jean-Michel Commando avait fait du bon travail avec Fabien Barcella. Oui, enfin comme ça c’est pas flagrant. La Boucherie : Pourquoi ? Jean-Michel Commando (énervé) : Pourquoi quoi ? Tu suis pas ou quoi ? Mais dis-moi, t’as les yeux rouges toi, t’as fais quoi avant de venir ? J’aime pas les mecs aux cheveux longs, tous des drogués, à fumer de la saloperie de pschitt. L’effort, y’a que ça de vrai le trouffion. Tu veux savoir pourquoi Barcella peut pas revenir ? T’as déjà joué un match de rugby de haut-niveau ? Non, je crois pas vu ta tête. Ou alors sur ta Playstation. Le corps a une mémoire des gestes et il lui faut du temps pour récupérer ses sensations et sa tonicité. Il faut aussi oublier la blessure, c’est pas facile. Alors même avec des tests physiques très bons, le joueur peut ne pas avoir le rythme d’un match dans les jambes. Et je te parle pas des ¾ ! La Boucherie : Mhhh, oui, c’est ça (je masque le fait que je n’ai rien compris en enchainant par une nouvelle question). Les cas de Mermoz et Szarzewski sont-ils préoccupants ? Jean-Michel Commando : Tu me fatigues ! A ton avis ? Oui, même s’ils ont déjà posé les béquilles. Szarzewski a même déjà remis un short rose à fleurs. On a un peu plus d’espoir. De toute façon, c’est tout ce qui me reste, l’espoir… Sacré Marco, à trop vouloir se fâcher avec personne, il va finir par se fâcher avec tout le monde. Mais bon, on est des latins. On marche à l’émotionnel, à la peur. Et là, j’ai peur ! Donc je me dis que tout n’est pas perdu. La Boucherie : Pourtant, il y a d’autres exemples de joueurs blessés retenus pour la coupe du Monde [Juan Martin Hernandez avec l’Argentine, Juan Smith avec les Sudafs et les Australiens avec deux joueurs, Drew Mitchell et Rocky Elsom, NDLR] ? Jean-Michel Commando : Ouais mais eux ils en ont un ou deux, nous on a huit joueurs convalescents ou sur le billard à l’heure actuelle, ça fait le ¼ de l’effectif. Marcoussis est en passe de devenir un nouveau centre de rééducation à ce rythme là. Et les phases finales viennent juste de commencer ! La Boucherie : Quel sera le programme pour le groupe avant la coupe du monde ? Jean-Michel Commando : Greffer à chaque joueur un squelette d’adamantium. Non, j’ai eu l’idée de lester les béquilles de Barcella et l’atèle de Domingo. Ca les fera au moins travailler quand ils nous rejoindrons au self de Marcoussis. Mais je sais pas ce que ça donnera en situation contre les frères Francks ou Tialata. La Boucherie : Où allez vous aller pour la préparation ? Jean-Michel Commando : Au zoo de Thoiry. La Boucherie : Pardon ? Jean-Michel Commando : Ouais, c’est le seul endroit où on peut courir après des springboks et des wallabies sans se rendre ridicule. La Boucherie : D’accord, heu… Est-ce que je peux vous poser une dernière question ? Jean-Michel Commando : Non. Tu me fatigues, là. J’ai deux cents pompes à faire sur une main avant partir en rando. La Boucherie : Bon, alors merci Monsieur Commando. Jean-Michel Commando : Ouais, c’est ça, salut bleu-bite. Le stagiaire
La chronique de Romain Moite #6 Romain Moite, le meilleur arbitre de France en partant de la fin, revient sur les polémiques arbitrales, entre autres… La semaine des barbus et les phases finales. Ce week-end, j’ai regardé les matchs de la Coupe d’Europe chez moi, devant ma télévision, car j’ai besoin de me faire discret en ce moment. Lundi, j’ai appelé Mourad Boudjellal pour lui expliquer que j’avais un peu trop fait la fête avec Gavin Henson le soir de Toulon-Toulouse, qu’il n’y est pour rien dans la bagarre. Et j’en ai rajouté en lui disant que si il faisait quelque chose pour Gavin, je pourrais peut-être faire un effort d’arbitrage si je me retrouve à officier lors d’un match de Toulon. Il m’a dit qu’il allait réfléchir à la situation. Assez fièrement, j’ai raccroché le sourire aux lèvres, je me suis dit que j’étais un mec bien, au fond. Et puis grâce à Gavin, j’ai pu passer la soirée à parler avec des filles, ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Vous croyez que les groupies nous demandent des autographes à nous ? La dernière journée du championnat se rapproche à grand pas. La plupart des gens vont regarder les matchs en multiplex. On ne risque rien, pas trop de ralentis à charge sur le même match, on est tranquille ! Et puis j’ai remarqué que depuis quelques jours, le monde de l’ovalie fait front autour de nous après les réactions du grand barbu. Pas celui qui a été « inhumé » en mer par Obama, non, l’autre. Difficile de dire à la fois que le TOP 14 est le meilleur championnat du monde, et que les arbitres sont les plus nuls du monde. Du coup, pour continuer à vendre des places dans les stades, des abonnements à Canal+ et du temps pour les spots de pub, tout le monde nous défend, c’est vraiment le monde à l’envers ! Heureusement que les phases finales vont bientôt commencer pour qu’on puisse rééquilibrer la situation avec des décisions hasardeuses, car je dois vous avouer que ça me plait pas trop quand tout le monde nous soutient. J’ai tellement été habitué à me faire cracher dessus, ou à recevoir des objets contendants sur la tête, que ce revirement soudain de mentalité me fait un peu peur. Sinon, j’ai participé à un enregistrement-pilote des spécialistes de François Trillo pour remplacer Patrice Lagisquet la saison prochaine. Voilà comment, ça s’est passé : François Trillo : « Bonjour à notre nouveau spécialiste, Roman Moite, bien connu comme étant une des meilleurs arbitres de l’hexagone, et également chroniqueur sur internet. » Fabien Pelous (sourire) : « Oui, je le connais bien ! » Moi : « Bonjour à tous et merci pour votre accueil ! » Richard Dourthe (visiblement énervé) : « Si c’est lui le nouveau, je me casse, je me souviens d’un match avec l’Aviron… » François Trillo : « Calmons-nous Richard, voyons » Thomas Lombart : « Allez Richard, les arbitres sont indispensables, un peu de retenue » Richard Dourthe : « Allez vous faire voir ! » (il quitte le plateau). François Trillo : « Heu, oui… bon. Romain, vous allez me dire ce que vous pensez du niveau des arbitres français, qui sont dans l’œil du cyclone en ce moment suite aux déclarations de Sébastien Chabal. » Moi : « Lucien Mias disait (je lis discrètement ma fiche, j’ai pas envie d’improviser, je sais pas faire) « l’arbitre, c’est comme le vent et la pluie, il faut faire avec ». Je suis assez d’accord avec lui. Qui parmi vous a déjà essayé de prendre un sifflet sur un terrain ? Qui parmi vous a déjà essayé de prendre en une seconde des décisions qui auront parfois de grosses implications, tout en se basant sur un règlement abscond impossible à comprendre. Si vous me demandez combien de glaçons vous devez me mettre dans mon Ricard, c’est simple. Mais si vous me demandez qui est en faute sur la plupart des rucks, vous sifflez qui ? Hein ? Vous faîtes moins les malins, là ! François Trillo : « Pierre, une réaction ? » Pierre Villepreux : « Ben ça dépend du contexte situationnel de l’action en cours… Un ruck est licite lorsque que le joueur qui vient protéger le porteur de balle qui va au sol n’a pas un genou à terre et que son adversaire ne tente pas de le déséquilibrer en le poussant et qu’un autre n’arrive pas sur le côté – l’IRB est très clair sur ce dernier point – l’arbitre doit laisser le jeu se dérouler pour laisser l’avantage à l’équipe qui va le mieux profiter de la désorganisation créée par les nombreux temps de jeu favorisé par l’interprétation qu’en donnera le directeur de jeu, et c’est dans ce sens que les règles ont été élaborées pour permettre à chacun de prendre des décisions cohérentes. » Moi : « Mmhhhh (soupire). Oui, ça dépend. Enfin, je ne sais pas si j’ai bien compris ce que tu as dit Pierre. Mais bon, vous avez compris, je pense, pourquoi je suis devenu dépressif et alcoolique, ce jeu est impossible à arbitrer. Personne ne comprend vraiment les règles, même ceux qui les conçoivent. ». Je crois que je les ai scotché, ils étaient tous ébahis par ma répartie. François Trillo m’a dit qu’il m’appellerait pour me dire si on renouvellera l’expérience ou pas, en me tapant chaleureusement dans le dos. Richard Dourthe aussi m’a tapé dans le dos, mais moins amicalement, j’ai fini par le calmer en lui éclatant un magnum de champagne sur la tête. Romain Moite
La chronique de Romain Moite #5 Cette semaine Romain Moite s’est baladé sur la rade. Et il n’était pas seul. Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Romain part en virée avec Gavin Henson. Gavin Henson tente de suivre les pas de Sonny Bill Williams pour participer au mondial. Il vient d'ailleurs de se mettre à la boxe. De retour de Capbreton, nous avions reçu un appel de Pierre Camou. Je crois qu’il a entendu parler de notre petit week-end en Espagne et il nous a passé une sacrée soufflante. Du coup, on avait décidé avec Franck de se remettre à réviser les règles de l’arbitrage, d’autant plus que lui va officier pour Stade Français-Clermont au Stade de France devant les caméras de Canal+. Moi, je serai à la vidéo de Toulon-Toulouse au Stade Vélodrome. On va tenter de ne pas se faire remarquer pendant un petit moment. J’étais tout excité quand je suis arrivé à Marseille samedi matin. J’adore faire de l’arbitrage vidéo. En gros, on doit regarder le match dans une cabine vidéo qu’installent les techniciens de Canal. J’ai l’air conditionné, des chips, de la bière et j’ai accès à toutes les chaînes de Canalsat. Même les chaînes coquines payantes! Et puis dans le TOP14, on n’a pas trop de boulot niveau arbitrage vidéo. Je plains mes collègues du Super Rugby. D’ailleurs, j’ai longtemps pensé qu’il n’y aurait pas d’essai en deuxième mi-temps de ce Toulon-Toulouse et j’ai failli louper le ralenti du premier essai de Sackey. A ce moment là, j’étais parti à la buvette chercher des bières pour les techniciens et moi, c’était ma tournée. J’ai uniquement vu la fin des ralentis et il m’a semblé que les Toulonnais étaient sûrs d’eux alors j’ai accordé l’essai. Dans Jour de Rugby, ils ont dit que je ne m’étais pas trop trompé, ça m’a un peu rassuré. De toute façon, en général j’accorde un peu les essais au hasard. Je n’ai pas le temps de vérifier les règles dans mon manuel alors je me fie souvent aux réactions des joueurs. Et si j’ai encore un doute, je mets le son pour entendre ce qu’en pensent les commentateurs. Et puis si même eux ont du mal à trancher, je le fais à pile ou face. Et oui, vous voyez que ça ne s’improvise pas d’être arbitre, ça demande pas mal d’expérience pour trouver toutes les combines! Camou n’a pas appelé après le match. C’est plutôt bon signe. Et comme tout s’est bien passé et que j’avais envie de fêter ça, j’ai décidé de sortir sur Marseille le soir. Après un bon dîner, je commence ma virée par le vieux port en me disant que j’allais bien me faire des copains en route, je n’aurais qu’à leur dire que l’OM est la meilleure équipe de foot d’Europe pour me faire payer des coups. Dans le premier pub que je croise, je vois Gavin Henson, seul et bronzé, accoudé au bar. Je m’approche de lui et je me présente. Il m’explique qu’il veut relancer sa carrière à Toulon pour partir à la coupe du monde avec le Pays de Galles. Il me dit aussi qu’il a du mal à s’intégrer avec les autres joueurs du club. Je lui remonte le moral en lui disant qu’il est peut être suivi en ce moment même par une émission de télé-réalité anglaise et que les autres joueurs du RCT ont des missions secrètes à réaliser. Gavin me dit que c’est pas con et il nous recommande des pintes, visiblement rassuré. On continue comme ça de rade en rade, et Gavin séduit au passage quelques Marseillaises très mignonnes qui décident de nous suivre. J’avais plein d’à priori sur lui avant de le rencontrer mais c’est finalement un gentil garçon. Plus tard dans la soirée, alors qu’on décide de boire une dernière bière, on tombe sur quelques joueurs Toulonnais qui ont manifestement décidé de fêter leur victoire jusqu’à tard dans la nuit. Gavin va les voir pendant que je parle à une des filles qui nous accompagne. Elle s’appelle Marine. Et alors que je commence à voir que ma nouvelle connaissance est conquise, j’entends des cris et je manque de me prendre un tabouret de bar dans la tête. Je m’aperçois très vite que Marine n’a pas eu cette chance et qu’elle gît par terre. Je me dis que ce soir je dormirai encore seul et je décide de faire les premiers gestes de secours : je pars reprendre une bière fraiche. Gavin me rejoint alors que je finis mon verre et me tire par le bras vers la sortie. Il est en sang et il est manifestement très pressé. «Come on Romain, il faut sortir d’ici, quick !?». Je lis la peur dans ses yeux et je décide de le suivre. Je ne sais pas très bien pourquoi, mais j’ai toujours eu du mal à prendre des décisions par moi-même. Le psy me dit que c’est à cause de ma mère. Bref, une fois calmé, Gavin me raconte qu’il est allé voir ses nouveaux coéquipiers pour leur parler d’homme à homme de sa situation. Et avant d’avoir pu commencer, ils l’ont tous chambré sur le fait qu’il s’épile les poils du pubis sous les douches après chaque match. Et là, émission de télé-réalité ou pas, il a vu rouge et leur a sauté dessus. Il pleure à grosses gouttes, il me dit qu’il se dégoute et il s’inquiète pour son fond de teint. C’est à ce moment que son portable sonne, il me dit la voix tremblante que c’est Mourad. Je lui fais un signe de la tête, comme pour lui dire que je comprends, et je pars la tête basse en direction de mon hôtel. Quelques chose me dit que mon portable aussi n’allait pas tarder à sonner. Et que Pierre Camou allait bientôt vouloir me parler.
La chronique de Romain Moite #4 Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Week-end en Espagne Ce week-end, on était de repos. On en a profité pour se faire inviter par Alain Rolland pour aller voir Perpignan-Toulon à Barcelone. Je l’ai trouvé un peu tendu à la réception d’avant-match Alain, surtout après qu’il ai discuté avec Paul Goze. Mais, sur le match, rien à redire, c’est vraiment l’un des meilleurs d’entre nous. Deux cartons jaunes et un déséquilibre dans le nombre de pénalités accordées. Pal mal. C’est le quota minimum en H Cup pour un pro comme lui. Le soir, on en a profité pour visiter un peu Barcelone. Alain nous a emmenés dans des coins que Goze lui avait fait découvrir la veille. On a ensuite rejoint Wayne Barnes dans un bar à tapas sur la Rambla. Il allait officier sur BO-Toulouse le lendemain et il en a profité pour se changer les idées en venant nous voir. J’ai parié un pack de Heineken avec Francky que Wayne et ses airs de premier de la classe allait être saoul avant nous. A peine arrivé, je salue tout le monde et je m’empresse de passer commande. « Six Ricard, s’vous plait ! ». Le serveur s’approche. « Ricard, que lo que Ricard, cabron ! » me dit-il dans son dialecte. Manifestement, les autochtones ne comprennent pas le français, j’aurais dû m’en douter. Finalement, je prends des vodkas. « Con zumo de naranja ? » me demande cet abruti de serveur. Je mets la main sur un carton rouge mais je la retire immédiatement de ma poche, je ne veux pas faire d’esclandre. Dans le doute, j’acquiesce. “Oulala, je me sens pas très bien moi. Bon allez, j’accorde cet essai à Nyanga et je rentre me coucher !” Wayne nous raconte une fois de plus le ¼ de finale de la dernière coupe du monde. On la connaît par cœur, son histoire. Lui nous certifie qu’il n’y avait pas en-avant. On l’écoute sans rien dire car on voit bien que ses yeux ne brillent pas seulement à cause de la vodka. Quel grand sensible, moi j’aurais été fier de me distinguer à sa place. Je recommande plusieurs tournées avec Alain, qui avait manifestement besoin d’évacuer la pression… et quelques euros en poche. Je trouve que Wayne commence à ne plus être très frais, ce qui peut se comprendre vu les doses de vodka que servent les Espagnols. Je fais un clin d’œil à Francky. La soirée commence bien ! Dimanche matin, après un réveil difficile, on décide de déposer Wayne à Anoeta. C’était presque sur notre chemin car nous avions décidé de passer voir le gros Marcel à Capbreton. Il entame là-bas sa rééducation après son opération du genou. Malheureusement, le voyage était un vrai calvaire. Wayne nous a obligés à nous arrêter de nombreuses fois pour aller vomir. Il était blanc comme un linge et il s’inquiétait de plus en plus à mesure qu’on se rapprochait du stade. Le blondinet disait à longueur de temps qu’il regrettait d’avoir autant bu, qu’il avait peur de croiser Novès et qu’il n’arriverait pas à prendre la moindre décision en moins de cinq minutes. A un moment, Francky a tenté de le rassurer en lui disant que d’expérience, tout se passerait bien, surtout après une bonne aspirine. On a laissé Wayne à l’entrée du stade, quelques minutes avant le coup d’envoi. Il a vomi et il est entré, sans nous saluer et visiblement énervé. Bon, je crois que cette fois on ne pourra pas entrer voir le match gratos, on a fait ce détour par Anoeta pour rien. Arrivés à Capbreton, on retrouve Marcel qui se porte comme un charme. Les bières lui manquent un peu, c’est sûr, mais il nous dit qu’il a Canalsat dans sa chambre et que le personnel est sympa. C’est à ce moment que le portable de Franck sonne. C’est Wayne. J’ai l’impression que son match ne s’est pas très bien passé et qu’il nous en veut de l’avoir fait trop boire hier soir. Excédé, Francky crie dans le micro de son portable « Wayne, il y avait bien en-avant en 2007 et il n’y a que toi qui ne l’a pas vu, asshole ! » et il raccroche brusquement son portable, visiblement énervé. Je souris en tapant dans le dos de Marcel et je lance : « T’inquiètes pas mon gros, on t’en a amené des bières… et c’est Francky qui offre ! ». Romain Moite
La chronique de Romain Moite #3 Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Le coup de blues de Romain Pff, je suis crevé moi cette semaine ! J’ai envie de me mettre en grève pour lutter contre les cadences infernales qu’on nous impose. D’ailleurs, ce week-end, le gros Marcel officiait comme arbitre de touche de Clermont-BO. Et bien, il s’est rompu le ligament croisé antérieur du genou et, ça, personne n’en a parlé ! Domingo par-ci, Domingo par-là et le Marcel, niet ! Il s’est fait ça tout seul en suivant Ledesma sur une action le long de la touche : il a voulu éviter le piquet des 22 et crac ! Marcel était à terre en se tenant le genou. J’ai tout de suite compris quand je l’ai vu. C’est sûrement l’excès de fatigue, le surmenage ou alors le burn-out des arbitres. Il était très fatigué Marcel, limite déprimé. Ben oui, il faut dire qu’on est sur le pont tous les week-ends. Une journée type, dans la vie d’un arbitre, commence avec la réception d’avant-match, généralement dans un bon restaurant avec repas à l’œil (et moi quand on m’invite, je me lâche, question de principe). Si le président du club m’invite au Flunch, vous pouvez être sûrs que son équipe va être un peu plus sanctionnée que d’habitude. Ensuite, on court comme des dératés pendant tout un match en essayant de rester lucide alors que notre estomac nous envoie des signaux d’alerte car il n’arrive pas à digérer la nourriture qu’on vient d’ingérer. Le tout sous les sifflets d’une bande de zouaves qui passe son temps à trouver des noms d’oiseaux que personne ne connaît. On n’est pas des pervenches tout de même ! Et nous, on n’a pas droit à l’erreur. Un joueur qui fait un en-avant, son entraîneur lui fait les gros yeux et ça passe. Nous, si on prend une mauvaise décision, on en entend parler toute la semaine dans les journaux, sur le blog d’Internet ou par les spécialistes. Après le match, on finit avec une réception pendant laquelle l’alcool coule à flot jusqu’au bout de la nuit. Pas étonnant, avec un tel rythme, qu’il se soit pété le Marcel. Le régime diététique de l’arbitre : « Allez, une petite entré vite fait pour se mettre en appétit ! Hé, Léon ! Tu nous remets un bouteille de ton p’tit Bergerac ?» Mais bon, heureusement qu’on a nos petits trucs pour garder le moral. Par exemple, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on est plusieurs à avoir lancé une sorte de concours cette année. L’idée est assez simple, il faut avoir mis au moins une fois un carton jaune à Pascal Papé avant la fin du TOP 14, sinon on est tenu de mettre sa tournée à tous les autres au banquet des arbitres de fin de la saison. Pourquoi Papé, vous me direz ? Et pourquoi pas ? En fait je ne me rappelle pas trop pourquoi on l’a choisi, j’étais trop bourré. Peut-être parce qu’il joue au Stade Français et qu’on n’aime pas les parigots. Ou alors parce qu’il fait des fautes en pensant que personne va le voir sauter par-dessus un ruck ou tenir des joueurs sans ballon. D’ailleurs, j’étais ce week-end arbitre de touche du match Toulon-Stade Français à Mayol avec mon pote Seb Minery comme arbitre de champ. On s’est bien marré et, en plus, il faisait beau sur la rade. Seb s’est tout de suite mis à l’abri en mettant un jaune à Papé car il s’est accroché avec Chesney. Rien de bien méchant, mais c’était l’occasion à saisir. Il a ensuite demandé à un parisien d’enlever son bras de sous le ballon alors qu’il était déjà dans l’en-but pour qu’un toulonnais puisse marquer tranquillement. C’est osé quand même. Il a même réalisé la performance de faire un hat-tricks sur ce match, alors que c’était seulement la deuxième fois qu’il arbitrait une journée de TOP 14 ! Chesney en a pris un sur la même action que Papé et un autre petit jaune à Parisse en fin de match pour sanctionner l’ensemble des fautes parisiennes. Il va aller loin ce petit Seb. Il ne lui a manqué qu’un carton rouge dans cette partie. J’ai même vu qu’il avait longtemps hésité à le mettre à Papé, mais il n’a pas osé. Je mets ça sur le compte de l’inexpérience. Moi je ne me serais pas gêné, surtout qu’un rouge pour Papé, c’est une tournée générale des copains le soir même. « Tu la connais Chris celle du Belge qui arrive au paradis ? » « Ha, ha, ha, t’es con Pascal, tu vas encore nous faire remarquer ! » Romain Moite
La chronique de Romain Moite #2 Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Romain Moite a vu Crusaders-Sharks ce week-end et il n’est pas content ! Comme tous les dimanches soirs, on s’est retrouvés avec des copains pour regarder le match de ligue 1 et l’équipe du dimanche. Ben oui, on préfère regarder du foot plutôt que du rugby à la télé. Au foot, on peut se lâcher et insulter l’arbitre, ça défoule. D’ailleurs, dès qu’on peut, on va au Parc des Princes avec les copains. Mais ce dimanche, on a été très déçus, il y a eu du TOP 14 en prime time. Enfin bref, on est quand même restés ensemble, on a bien rigolé et on n’a pas vraiment suivi le match. En deuxième partie de soirée, quand on a commencé à être tous un peu bourrés, on est tombé sur un truc hallucinant. Un match de l’hémisphère Sud. Crusaders-Sharks. Aucun d’entre nous n’avait jamais regardé un match du super 15, parce qu’on s’en fout un peu à vrai dire. Mais quand j’ai vu ça, j’ai failli m’étouffer en mangeant mes bretzelles. Quelle honte ce match ! Quel spectacle pitoyable ! Au début, je n’ai pas voulu croire que c’était du rugby à 15. Mais j’ai reconnu le Gavin Henson de l’arbitrage, Steve Walsh. Quelle tête à claques celui-là. Il se donne l’air d’un jeune premier avec sa peau cramée par les U.V. et sa tignasse permanentée. Il aurait pu à coup sûr jouer dans une mauvaise sitcom comme « Amour, Gloire et Beauté ». Et bien sûr ce match, on peut dire qu’il a fait la grève du sifflet. Alors c’est ça l’arbitrage de l’hémisphère sud ? Déjà que je le trouvais laxiste le Steevy, mais là, j’en suis resté sans voix un petit moment. Alors, bien sûr, ça jouait de tous les cotés, il y avait des séquences à 43 temps de jeu, très peu de jeu au pied et tout le monde était content. Tout le monde sauf nous, on ne peut pas se satisfaire de cet arbitrage beaucoup trop libéral. Steve n’a sanctionné ni les hors-jeu, ni les fautes dans les zones de rucks, ni même le jeu dangereux. Du coup, Sonny Bill Williams en a profité pour assommer un des joueurs de son équipe qu’il ne devait pas trop aimer. Mais bon, sur ce coup, j’aurais aussi laissé jouer car l’action était belle, il venait tout juste de sécher Kankowski sur un placage haut quelques instants auparavant. Et puis surtout, imaginez qu’on en vienne à arbitrer comme ça chez nous. Comment voulez-vous que nous, on puisse tenir tout un match à ce rythme là ? J’ai regardé le gros Marcel, c’est lui qui avait l’air le plus dépité, il n’a pas dit un mot pendant toute la partie. Parce que nous, jusqu’à maintenant, on avait une bonne combine pour être toujours au plus près de l’action. L’idée, c’est de siffler toutes les fautes possibles, question d’éthique aussi. Mais forcement, ça ralenti aussi le jeu et ça avantage les équipes très solides sur les fondamentaux avec un bon buteur, mais pas les équipes rapides et joueuses. On passe notre temps à faire des mêlées, des touches, des renvois et des pénalités. C’est un rythme qui nous convient bien. Et puis, comme dit Marcel, si même en arbitrant comme ça on est dans le rouge, on siffle même quand on n’est pas sûr qu’il y ait une faute. Ca permet d’arrêter le jeu, et puis ça met un peu d’ambiance dans le stade aussi. Moi, j’adore faire ça avec l’équipe qui reçoit, je rigole bien. En tout cas, nous, ça nous a fait un vrai choc de voir ce match. Comme si le monde venait de changer, sous nos yeux, là, ici et maintenant. Au coup de sifflet final, on s’est tous regardé. Et je crois qu’on s’est tous posé la même question. Comment va-t-on arbitrer les matchs à l’avenir ? Et, à plus court terme, comment va être arbitrée la coupe du monde en Nouvelle-Zélande ? Alors qu’on était tous un peu dépités, Franck nous a une nouvelle fois remonté le moral dans un élan de lucidité assez troublant vu le nombre de Guiness qu’il s’était enfilé, en nous disant que la prochaine grande star du mondial ne sera pas Sonny Bill Williams, Quade Copper ou Dan Carter, mais plutôt un acteur qui sera encore plus déterminant sur le cours du jeu : l’arbitre. Et avec sa tronche de beau gosse, ça risque bien d’être Steve Walsh ! Et vous, vous en pensez quoi ? Romain Moite
La chronique de Romain Moite Un nouveau chroniqueur sur le site de la Boucherie ! Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Une belle journée de championnat Ce samedi, je me suis régalé. J’ai été l’arbitre de touche du match Perpignan-Bayonne. Un match viril et pas correct, comme je les aime. Je dois dire que j’ai pas été déçu. Comme d’habitude, ça allait trop vite pour voir ce qu’il se passait, j’ai d’ailleurs signalé aucune faute de la partie. Et puis, il faut aussi dire que c’est quand même super compliqué avec ces nouvelles règles. Déjà que les anciennes… D’ailleurs avec les copains, on en rigole beaucoup. Le gros Marcel dit souvent qu’elles sont de plus en plus incompréhensible et que la plupart du temps, il prend ses décisions au pif. Il a raison Marcel, moi je fais pareil. Mais bon, je crois qu’on fait tous comme ça de toute façon. Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu de générale comme celle-là en TOP14. Je me prenais à rêver d’être à la place de David Marty, tel un condor survolant un ruck pour allumer Remy Martin à coup d’uppercut. En plus, je ne peux pas le sentir ce grand blond. Il ne se passe pas un week-end sans qu’il vienne mettre sur le cul un de mes collègues dans cette fameuse « zone arbitre ». Le jour où je le vois arriver sur moi, je crois que je lui mets un placage cathédrale des familles dont il se souviendra longtemps. Enfin bref, j’ai quand même profité de la dernière générale pour lui glisser discrètement quelques gifles en faisant comme si je le séparais des Catalans. Personne ne m’a vu sur le moment, j’ai pas mal d’expérience maintenant. Par contre, j’étais tellement excité que j’ai complètement oublié que Canal+ filmait le match. Mais, apparemment, on ne me voit pas sur la vidéo. Un peu plus tard, j’ai croisé Thomas Lièvremont dans le couloir des vestiaires. Il est marrant avec sa sucette. Je suis allé le voir avec une petite idée derrière la tête. Je lui ai dit que Christophe Manas racontait à ses joueurs que son ancien coéquipier avait pour habitude de se cacher pendant les matchs à castagne. Ca n’a pas loupé, Thomas s’est emballé et il est immédiatement allé le brancher. Il ne supporte pas qu’on lui parle de ça. J’ai bien rigolé. Après cette belle après-midi, je suis allé retrouver les copains au pub en début de soirée. J’ai immédiatement remarqué un vieux clodo qui remettait des feuilles griffonnées à un mec masqué en collant violet. Il m’a semblé l’avoir déjà vu quelque part ce clodo, mais je ne me souviens plus très bien où. Franck était là, il venait d’arriver de Biarritz. On était tous déçus du match du XV de France mais il nous a vite remonté le moral en nous racontant comment il avait validé un essai avec deux en-avants successifs cet après midi. On a tous été épatés. Je crois que c’est le meilleur d’entre nous. Deux en-avants, c’est pas mal quand même, il a mis la barre bien haute cette fois encore. Après, il nous a raconté sa discussion avec Berbizier. A l’écouter, le nerveux de Colombes aurait été encore plus furieux contre lui que contre Christophe Berdos l’année dernière. Ce qui est certain, c’est qu’il sait bien raconter les histoires, Franck. C’est à ce moment-là que j’ai payé ma tournée. Plus tard dans la soirée, on a commencé à le chambrer sur sa condition physique. Franck, il est vite dans le rouge. Mais, à sa décharge, il faut bien avouer qu’il y a du rythme sur les matchs du TOP14. Et encore, on peut s’estimer heureux de ne pas arbitrer le Super 15. A la télé, ça ne se voit peut être pas trop, mais sur le terrain je peux vous dire qu’on n’arrive pas tout le temps à suivre. C’est pas évident pour nous, surtout qu’on n’est pas trop des sportifs à la base. En tout cas, j’ai bien dormi ce soir là. Et peut être un peu trop bu aussi, comme à chaque fois que je revois les collègues. Je crois même avoir rêvé de mettre un carton rouge à Remy Martin. C’était une belle journée de championnat. Romain Moite
Diaporama de janvier 2011 Pendant qu’on bosse le diapo, y’en a qui se la coulent douce… Michalak a des fourmis dans les jambes, il vient juste de reprendre les entraînements avec opposition Prétentieux !!! Parfois des mini ballons pourraient suffire… Mais heu, c’est pas moi, moi je suis gentil… Bienvenue à Secret Story ! Si vous souhaitez éliminer Yachvili, tapez 1 ; pour Dupuy taper 2… La prochaine fois, je réfléchirais à deux fois avant de dire du mal d’Ovale Masqué. Je crois qu’on tient enfin notre 10 pour la coupe du monde ! Ah bon ?? Ils se dopent les Sud-Af ??? Déçu d’avoir raté le dernier match du XV de France, Benjamin Fall se reconvertit dans le lancé de Fidjiens. Centre, arrière, ouvreur… Il est encore temps de fuir avant qu’on ne me repositionne au talonnage ! Après le calendrier et le maillot panthère voici la nouvelle tenue du Stade Français pour la saison prochaine… “Moi j’étais là, et c’est lui qui a plongé, vous avez du vous planter” “C’est ça, prends moi pour un con !” Le secret du succès du XV du trèfle enfin dévoilé : la franche amitié masculine ! Allez-y madame poussez, je vois la tête ! Le triangle d’attaque du XV de France en train de peaufiner son jeu ultradynamique quelques heures avant France-Australie. “Seigneur, je me vouerai tout entier à la noble quête dont Vous m’honorâtes. Mais avec l’équipe de romanos que je me promène, on n’est pas sorti des ronces” Non, mais arrêtez de me harceler, je vous ai dit que je ne reviendrai PAAAS !!! A force d’entendre les commentaires foireux de Delpérier, mon tympan a cédé ! Deux jeunes fans japonaises du Stade Français félicitent Max pour son Prix du meilleur dirigeant de club au Hachoir d’Or. Au lieu de rire bêtement vous feriez mieux d’écouter mes conseils, sinon vous finirez tous comme Nicolas Jeanjean. Bien joué les gars, mais on a une question: c’est qui le 21 ? Vexé par les remarques de Marc Lièvremont sur son poids, Matthieu Bastareaud décida de quitter le rugby pour revenir à sa passion première : le catch. Après sa mise sur le banc Cedric Heymans prépare sa reconversion ; “Le foot ? Je suis prêt !” L’équipe du Racing après visionnage du match contre Toulon… Sébastien Chabal est formel. Les joueurs de l’EDF ne disposent pas d’assez de temps de jeu pour comprendre le plan de jeu de Marc Lievremont. Merci aux membres de la boucherie !
Traille en 10, vous y croyez vous ? Lièvremont prie pour faire les bons choix et tente par tous les moyens de gagner du temps avant la coupe du monde. Il fait diversion en commentant la qualité nutritive des hamburgers du Mc Do qu’ingurgite Bastareaud, les qualités de finisseur de Clerc ou les crochets de Poitrenaud. « Anne, ma sœur Anne… ». Qu’à cela ne tienne, nous ne commenterons pas les choix douteux de Lapinou mais plutôt le coup du sort que lui offre la blessure de François Trinh-Duc. Le contexte. Pas de champion du monde sans grand ouvreur (souvenez-vous de Fox, Larkham, Wilkinson ou Lynagh). Traille revient de blessure et semble vouloir se faire une place à l’ouverture du BéééééééOooooooo. Est-ce qu’il a les capacités de devenir le grand dix que toute la France attend depuis longtemps avec le maillot bleu marine frappé du coq ? Même s’il n’a pas vraiment le physique d’un sumo, il s’échappe rarement avec ses 1m94 et plus de 100 kg sur la toise. Ce fils de bonne famille (son père René était au FC Oloron un grand chasseur… de 10) n’est pas du genre à mettre des fourchettes même quand ses adversaires le surnomment le Desman des Pyrénées (un insectivore semi-aquatique vivant près de Pau appelé également rat à trompette à cause de la forme de son museau et de sa coiffure en brosse). Son jeu au pied est long et précis, il pèse sur les défenses par ses prises d’initiatives et rassure ses coéquipiers par sa seule présence et son expérience. Traille en 10, vous y croyez vous ? En tout cas, les Anglais se l’arrachent ! La concurrence. Plutôt rude, surtout que Marco semble accorder toute sa confiance à Trinh-Duc dont il est fan du jeu au pied. Malheureusement, le petit François s’est blessé et il est indisponible pour voir de près Quade Copper manier le tyran ovale en novembre. Derrière Trinh-Duc, il y a plusieurs prétendants. Beauxis et Wiesniewski ont 20 ans de moyenne d’âge et manquent d’expérience pour leur laisser les clés du camion France. Skrela est un bon défenseur mais il n’en a pas assez dans le comité de sélection. Michalak est parti en Afrique du Sud et n’est toujours pas revenu. Lamaison est lui à cours de forme et Gourcuff joue au foot. Traille en revanche à l’avantage de réunir pas mal de points forts de ses concurrents (la puissance du jeu au pied de la Box, les plaquages de la Skrel’, la gestion de Wis et les prises d’initiatives de Trinh-Duc) sans leurs points faibles (je vous passe la liste, vous n’avez qu’à vous abonner au Midol ou au Monde du Rugby). Sa complicité avec son compagnon d’arme à Aguiléra, le Yach, peut aussi être un atout si ce dernier est du voyage en All-Blackie. Ses points faibles. Tout le monde se souvient d’une action précise dans le monde du ballon ovale. Masqué par le drapeau de touche et surpris par un rebond capricieux, Damien laisse Lewsey aplatir dans l’en-but français quelques minutes après le début d’une demi-finale douloureuse lors de la dernière coupe du monde. Mais « Try », comme l’ont depuis surnommé les supporters de la Rose, n’est heureusement que très rarement coutumier de ces petites poitrenades. En revanche, un sélectionneur pourrait être tenté de le mettre sur le banc plutôt que dans la peau d’un titulaire, comme Mick Catt en 2003 chez les Anglais, car il peut couvrir à peu près tous les postes des lignes arrières en cas de coaching. Damien est un boucher digne de ce nom, on lui réserve une place de choix à la rédaction… Verdict. Damien Traille a tout pour s’imposer à l’ouverture en bleu. Il peut être un patron et un grand frère des lignes arrières avec l’ami Jauzie le Toulousain. Malgré cela, Lapinou lui réserve peut être une place à côté de Chabal sur le banc, dans un rôle d’impact-player à faire rentrer en cours de match à la place de Trinh-Duc si un nuage noir arrive, de Jauzion si il se claque, ou de Bastareaud si il n’arrête pas les hamburgers.