Dans les yeux d’un bleu #5 : Alexis Palisson
par Le Stagiaire

  • 12 October 2011
  • 6

Alexis Palisson partage sa chambre avec Cédric Heymans, et ça se voit.

Comme vous le savez, la Boucherie a des yeux partout. Et dans une démarche de “responsabilisation du groupe”, Marc Lièvremont a décidé de laisser à ses joueurs l’opportunité de s’exprimer s’ils le veulent afin de raconter leurs journées passionnantes, et ce, sans qu’il n’ait aucun droit de regard. Après Lakafia, Parra ou encore Estebanez, la Boucherie s’est procuré le dernier billet d’Alexis Palisson, qui, pour l’occasion, a lâché son Skyblog pour venir s’exprimer. Un regard pur et innocent sur le groupe France, il faut avoue que ça fait du bien. Jugez par vous même…

Ce matin, on a déménagé. On a changé d’hôtel, maintenant on est en plein centre-ville d’Auckland. Dans le bus (le vrai, pas Nicolas Mas), Jean-Marc, qui était en pleine forme, a joué le rôle du guide touristique au micro. Il nous a raconté tout plein d’anecdotes sur la ville, son architecture et son histoire. On était tous fatigué et un peu saoûlé, mais personne n’a rien osé dire. On voulait pas le vexer et puis il avait l’air très enthousiaste de son rôle dans le groupe. Enfin faut reconnaitre qu’il est drôlement cultivé Jean- Marc. D’un autre côté, depuis qu’il est arrivé, il passe plus de temps à lire le Guide du Routard que le livre de jeu. Mais tout ça n’a pas l’air de perturber le coach, alors bon… D’ailleurs il n’a appris la présence de Jean-Marc qu’avant-hier. Je les ai surpris pendant une réunion avec le staff. Ils buvaient des bières (le même pack que la semaine dernière on aurait dit) et griffonnaient des trucs sur le tableau blanc de la salle de vidéo. Ca faisait bizarre de le voir utiliser ce tableau. Depuis notre arrivée, il avait surtout servi à marquer des bêtises pour embêter Damien. « Damien fayot » ou « Damien porteur d’eau » étaient celles qui revenaient le plus souvent. Personne ne s’était dénoncé, mais on avait tous reconnu la signature de Maxime Médard. Un gros « W » et une trace de griffure. Moi j’ai tout de suite compris. Le « W », c’est le « M » de Maxime à l’envers. On me la fait pas. Je suis abonné au supplément détective du Journal de Mickey quand même…

Bref, les coachs étaient là et ils se demandaient « quelle connerie ils pouvaient bien inventer pour surprendre les Gallois ». Jo, qui préparait le café dans son tablier de cuisine violet (enfin fushia selon ses dires) «C’est moi le chef» a proposé de mettre Jean-Marc à l’ouverture. Emile a explosé de rire et Marc s’est levé de sa chaise en catastrophe. De ce que j’ai compris, il n’était pas content que personne ne l’ait prévenu de son arrivée. «J’avais promis d’envoyer un texto à Guy pour lui dire qu’on l’avait bien reçu», qu’il a dit. «Je vais encore me faire pourrir». J’ai pas entendu la suite parce que je voulais pas qu’on me surprenne à espionner. C’est très malpoli ma mère m’a dit. Et comme dirait Raphaël : «Moi, je veux pas d’histoire…»

En arrivant dans le hall de l’hôtel on a croisé les Anglais, l’équipe qu’on a battue le week-end dernier. Ils nous faisaient des gros yeux, ils avaient pas l’air contents. Moi j’ai évité leurs regards pour pas me faire embêter. Mais tout le monde ne m’a pas imité. J’ai même vu Imanol faire semblant de caresser la moustache qu’il avait rasée quelques jours avant en passant devant eux. Je crois qu’il ne les aime pas beaucoup. Et vu le regard que lui a rendu Mike Tindall, ça doit être réciproque. Heureusement une femme de chambre est passée au même moment et ça a distrait le capitaine anglais. Moi j’ai filé dans ma chambre et j’ai mis à charger ma Nintendo DS pour le retour de l’entraînement. J’avais oublié la veille, et Pistache, mon chien sur Nintendog n’avait pas mangé depuis deux jours. En plus, il fallait se rendre chez le vétérinaire trois fois par semaine sinon on perdait une vie. Quand Yoann était encore là et qu’il jouait avec moi, il oubliait tout le temps. Peña, son caniche niveau 24, l’avait appris à ses dépends.

Ensuite, on a filé à l’entraînement. Il pleuvait beaucoup. À vache qui pisse comme dirait mon grand-père. Dans le fond du bus, la nouvelle coupe de cheveux du coach suscitait de nombreux débats. Surtout entre Aurélien et Dimitri. Trop rétro pour un mois d’octobre selon le premier et au contraire très avant-gardiste selon le second. Moi ce genre de débat, je préfère pas m’en mêler. En plus j’y connais rien. J’ai bien fait la couverture de Têtu, mais j’ai surtout accepté pour faire plaisir à ma copine. Elle rêvait de rendre jalouses ses copines. Enfin si j’avais su que je me mettrais tout un pays à dos, j’y aurais réfléchi à deux fois. Surtout que bon, celles qu’elle prétend être ses copines, c’est les mêmes qu’elle critique à longueur de journées, se plaignant à moi comme si je pouvais y faire quelque chose. J’y peux rien moi si Lucie a refusé de mettre le nom d’Aurore sur son DM (Devoir Maison) de maths et qu’elle s’est retrouvée au milieu de la dispute. Enfin comme dit mon père : «T’inquiète pas, c’est des histoires de gonzesses, tout ça. Toi ce qui t’intéresse, c’est de faire tourner la tête à ton vis-à-vis, pas celle des filles en tribune».

Malgré les conditions, tout le monde s’est bien défoncé à l’entraînement. Faut dire qu’avec l’annonce de la compo pour le Pays de Galles demain, tout le monde veut se montrer. Bien sûr, certains n’ont pas grand espoir, mais sur un malentendu ou un besoin de dernière minute… Après tout, pas moins de six joueurs étaient ménagés aujourd’hui. Certes, c’est un terme qui veut plus dire grand-chose mais, comme dit le coach : «Cette coupe du monde, on la gagnera à trente». Alors on se tient prêt. Moi, je me fais pas trop de soucis pour ma place quand même. J’ai été à la hauteur sur mes deux derniers matchs, non ? Ma mère, elle, dit que oui.

Un peu plus tard, Jean-Marc a proposé de me briefer sur la situation géo-politique du Pays de Galles mais j’ai refusé poliment. Ils passaient Jumanji sur NRJ 12. Je pouvais pas rater ça.

Avant de me coucher, j’ai quand même eu ma mère au téléphone. Elle m’a rassuré pour l’annonce de la composition, m’a demandé si j’avais bien mangé et m’a rappelé qu’elle m’aimait fort. Un coup de fil de maman quoi. Elle me manque drôlement je dois l’avouer. Bien sûr, je me retiens de lui dire. Je suis un grand garçon maintenant. Et puis qu’on gagne ou qu’on perde samedi, il nous reste deux semaines à passer ici. Alors, tant qu’à faire, on va tâcher de gagner, sinon Marc va encore craquer, dire des méchancetés sur nous à la télé et finir par se raser les poils du pubis pour se les coller à la place de la moustache. Une telle histoire ça serait vraiment la honte devant mes copains de classe… Surtout que cette année je change de classe. Je vais à Toulon. Il parait qu’il fait souvent beau là-bas et que je pratiquerai mon anglais en rencontrant des nouveaux camarades de plein de pays différents. Par contre, on m’a déjà prévenu que le directeur était pas commode. Ca me fait un peu peur, mais je me dis que ça peut pas être pire que celui des Choristes. Si ?

Oh, mince, il est déjà 21h30. Vite, je vous laisse je dois éteindre.

Bonne nuit, faites de beaux rêves.

A.P