Julien Laporte passe sur le grillpar Copareos 14 July 2018 % Ce dimanche, la France va jouer une finale de Coupe du monde, et l’arbitre ne sera même pas Craig Joubert. Mais manque de bol, ça ne sera pas du rugby, et ça se devine facilement en voyant que les Champs-Elysées se sont colorés en bleu-blanc-rouge après la victoire des Bleus en demi-finale. Du coup, on s’est dit qu’il serait sympathique de faire un petit parallèle entre le football et le rugby à travers le regard d’un joueur professionnel qui joue dans une ville qui n’a d’yeux que pour le ballon ovale : Clermont-Ferrand. Et en plus, Julien Laporte, défenseur et capitaine du Clermont Foot 63 en Ligue 2, aime bien le rugby, et Lionel Beauxis. Son avis ne peut donc qu’être intéressant. « Vous inquiétez pas les gars, on joue en Ligue 2. Je vais foutre un gros coup de pied devant et on verra bien ce qu’il se passe. » Bonjour Julien, tout d’abord est-ce que tu peux te présenter ? Parce que quand on tape ton nom de famille sur Google on tombe soit sur un président de mafia ou sur un autre défenseur de football, qui lui a été acheté 65 millions d’euros par Manchester City. Je m’appelle Julien Laporte, je suis né le 4 novembre 1993 à Aurillac, dans le Cantal. Un pays de rugby, forcément. J’ai fait la plupart de ma formation là-bas avant de partir pour le Clermont Foot, encore un pays de rugby. Sa vie, son œuvre Est-ce que tu es de la famille à Bernard ? Qu’on sache si on doit arrêter cette interview dès maintenant pour pas être assassiné par un tueur à gages. Non, pas de soucis de ce côté-là. Tu joues au foot. T’es un homosexuel refoulé ou assumé ? J’assume complètement. T’as déjà fait la bagarre pendant un match ? La vraie bagarre, non. Des petites poussettes mais on reste des footeux. T’as quand même déjà pris un carton rouge ? Un seul, à Nîmes la saison dernière. On gagnait 1-0 et on perd 3-1 derrière, génial. Est-ce que c’est difficile pour un joueur de foot de trouver un nouveau coiffeur quand il change de club ? Est-ce que vous vous refilez des adresses pour pas avoir une teinture, des mèches ou un brushing foireux ? Oui, ils se passent le filon les nouveaux qui arrivent. Y’a pas de soucis, on sait qui il faut éviter. On a même un coiffeur qui vient au stade de temps en temps. Vu qu’on est entre nous, tu peux le dire, est-ce que ça fait si mal que ça de se prendre un coup de latte dans les tibias ou est-ce que vous exagérez pas un peu quand même en vous roulant par terre ? Je suis défenseur, donc je vais te dire qu’y en a quand même beaucoup qui en font trop et qui se roule par terre pour rien. Ils en rajoutent souvent. Après, y’a aussi des gros contacts, mais c’est souvent des tacles qu’on maîtrise pas trop. Justement en tant que défenseur, quelle vision t’as de Neymar ? Il est horrible parce qu’il provoque clairement le mec en face de lui. C’est-à-dire qu’il te chambre, et en plus il faut pas le toucher. Il cherche le contact. Quand il se fait « écraser » par un joueur mexicain en Coupe du monde, tu vois que même son coéquipier Coutinho est mort de rire. Est-ce que tu as un tacle dont tu te souviens encore ? C’est toi qui l’a mis ou tu l’a pris ? Y’a une fois où j’ai éclaté la bouche à un gars sans faire exprès. C’était pas vraiment un tacle, mais j’ai levé le pied pour attraper le ballon et lui a voulu mettre une tête, du coup je lui ai un peu fait mal. Il est parti aux urgences juste après l’action. C’était juste avant Noël et ça lui a un peu gâché les fêtes. Ça s’est passé comment vos relations après ? T’as fait comme Vakatawa avec Ezeala ? Non, d’ailleurs je lui ai pas offert mon maillot. On est restés en contact, il a été super gentil. Il l’a pas trop mal pris. Tu es aussi passé par le club de football d’Aurillac dans ta jeunesse. Est-ce que c’est une passion pour toi de jouer dans des villes qui se foutent totalement de ton sport ? J’ai pas eu le choix, je suis né là-bas. Après Clermont s’est intéressé à moi donc j’y suis allé, pour la proximité, et pour faire des études aussi. Ah, parce que t’as fait des études aussi ? Oui, on est pas que des cons. J’ai une licence de droit et une autre d’économie. Après j’ai dû arrêter parce que je pouvais plus cumuler tout ça avec le foot. Mais y’a pas mal de clichés sur le joueur de foot de ce côté-là, on peut aussi faire des études comme les mecs au rugby. Et y’a beaucoup de joueurs de foot qui font des études ? Y’en a pas tant que ça non plus parce que les carrières commencent bien plus tôt que dans le rugby, où tu signes généralement ton premier contrat pro à 23 ans, ce qui te laisse plus de temps pour avoir un diplôme. Par exemple j’avais un coéquipier, qui voulait faire des études à 17 ans mais à qui on a dit « soit tu fais des études, soit tu fais du foot ». On n’a pas forcément le temps de tout faire. C’est une bonne situation, ça, défenseur au Clermont Foot ? Être un joueur de foot à Clermont-Ferrand Ça fait quoi d’être joueur de foot dans une ville de rugby ? Ben rien, on est inconnus. Enfin pas tout à fait non plus hein, mais on sent que l’ASM est un club énorme, et l’engouement qui l’entoure fait qu’on peut pas exister à côté, ou alors à une toute petite échelle. C’est surtout des enfants qui m’interpellent dans la rue parce qu’ils jouent au club ou qu’ils viennent aux matches. Et ça te laisse quel sentiment de voir le Michelin rempli chaque week-end pendant que l’affluence au foot n’est que de quelques milliers de personnes ? C’est assez marrant ça. Par exemple en septembre dernier notre match contre Lens a été décalé le lundi à 21 heures. Et ce week-end là y’avait Clermont-Racing en Top 14. J’y étais allé et en voyant les tribunes pleines je me disais qu’il y’allait bien avoir certains d’entre eux au stade le lundi, et finalement il n’y avait que 3 500 personnes présentes. C’est dommage parce que c’était un bon match, mais on n’arrive pas à attirer plus. Maintenant, on le sait, surtout moi qui suis là depuis huit ans. Mais cette saison quand même l’ASM a fait une saison dégueulasse alors que le Clermont Foot a joué la course à la montée, est-ce que t’as vu une évolution au cours de la saison ? Oui, c’est clair. On a eu des affluences de 7 000 personnes en fin de saison. C’est déjà bien pour Clermont-Ferrand, faut pas en demander trop. Et surtout les gens ont pris plaisir à venir nous voir. Mais ça se limite pas au club. Par exemple dans quelques jours y’a Saint-Etienne – Marseille en amical, et y’a eu que 7 000 billets qui ont été achetés pour une capacité de 12 000 places. Du coup, toi qui aimes les challenges, quand tu vas faire les courses, est-ce que tu choisis systématiquement la caisse avec le petite vieille qui met trois plombes à trouver sa monnaie devant pour voir si tu sortiras avant ceux qui font la file – de 10 articles ? Non quand même, je prends la caisse de – de 10 articles, faut pas abuser. Ce mercredi soir tu as participé à un 0-0 contre Rodez en amical. Est-ce qu’on peut dire que c’est une fin en soi ? Sur le coup non, parce qu’en plus on a fait du travail physique derrière. Faut pas oublier que c’était un match de pré-saison et qu’on a pas joué 90 minutes. C’est quand même un rêve de gosse. J’ai eu des moments compliqués où je ne jouais pas, mais c’est important de voir le bon côté des choses. Je me lève le matin pour jouer au foot quand même. Quand je compare ça à mon père qui est agriculteur et qui se lève tous les jours à 6 heures, je me rends compte de la chance que j’ai. Est-ce que ta famille a été réticente vis-à-vis de tes envies de devenir footballeur professionnel ? Pas du tout, ils étaient super fiers de ça. Depuis tout petit on savait que c’était mon rêve et que c’était possible. En plus ma famille proche adore le football donc y’a pas eu ce dilemme avec le rugby, contrairement à la famille de ma mère où ils jouent tous au rugby, à Saint-Cernin, en Fédérale 3. Mais je suis resté dans le foot et je crois que c’est pas plus mal quand on voit mon physique. T’as été entraîné par Corinne Diacre, première femme à faire ce métier dans un club professionnel masculin en France, comment ça s’est passé ? Y’a eu aucun souci de ce côté-là. On a eu des désaccords sur les idées mais ça n’avait rien avoir avec le fait que ce soit une femme. Y’a même pas eu d’histoires avec les joueurs adverses, ni avec les entraîneurs, à part une fois face au Paris FC quand l’entraîneur a dérapé, mais il s’est vite excusé derrière. Après c’est vrai que notre sport est très médiatisé donc certains avaient peut-être plus peur de dire une connerie. Comment se passent les relations avec les joueurs/le club de l’ASM ? Maintenant les deux clubs ont un centre de formation commun, donc je pense qu’à l’avenir les relations seront encore meilleures qu’aujourd’hui. Sinon de notre côté on se croise parfois, notamment sur des actions organisées par nos clubs, mais sans plus. Certains se voient en dehors parce qu’ils sont amis dans la vraie vie, mais c’est pas mon cas. Vous allez voir des matches de l’ASM ? Moi j’y vais assez souvent, quand nos calendriers le permettent. J’étais notamment au dernier match de Rougerie contre Toulouse. On y va parfois ensemble avec quelques coéquipiers, mais c’est jamais en tant que joueurs du Clermont Foot. Et à l’inverse, est-ce que les rugbymen viennent vous voir jouer aussi ? Ca arrive, par exemple contre Sochaux, j’étais suspendu et j’ai suivi le match avec Arthur Iturria et Yohan Beheregaray. Camille Gérondeau est venu aussi, parce qu’il connait Joseph Lopy (milieu de terrain de Clermont Foot qui a signé à Orléans pour la saison prochaine, NDLR). Là aussi ils ne viennent pas en tant que joueur de l’ASM. Et ils s’y connaissent un peu, notamment Morgan Parra. Le saviez-vous ? Pour fêter son but contre la Belgique, Samuel Umtiti s’est inspiré de la gestuelle de Julien Laporte quand il fait des passes. Sa vision du rugby Tu supportes un club en particulier ? L’ASM et le Stade Aurillacois bien sûr. Après mon club de cœur c’est Saint-Cernin. C’est le rugby vrai, c’est d’ailleurs là-bas que j’ai commencé à aimer ce sport. Je vais voir ces trois équipes quand je peux. J’ai été voir Aurillac-Montauban récemment et ça avait été exceptionnel : un match pourri pendant 75 minutes dans le froid, et pendant les 5 dernières minutes ça a été en générale sur générale. La Pro D2 quoi, je m’étais régalé. En parlant de rugby amateur, on remarque beaucoup que les clubs de campagne ont du mal à former une équipe parce que les jeunes joueurs partent pour travailler ou étudier, est-ce que c’est pareil dans le foot ? Ah oui c’est pareil. À Aurillac on avait une bonne génération, mais on s’est tous éparpillés aux quatre coins de la France pour diverses raisons, et encore c’est une grande ville. Saint-Cernin se débrouille pas mal par contre de ce côté-là en arrivant à garder ses jeunes dans l’équipe première. C’est quoi ton meilleur souvenir de rugby ? La finale de la Coupe du monde 2011, même si c’est triste. Je me souviens m’être levé à 9 heures pour regarder le match. C’est aussi cette génération qui m’a fait aimer le rugby. Même s’ils étaient décriés, qu’ils ne jouaient pas très bien, comme pour cette victoire 9-8 contre le Pays de Galles à 15 contre 14, ils sont quand même allés en finale, un peu comme la France au foot cette année d’ailleurs. Ils ne sont peut-être pas exceptionnels, mais ils procurent des émotions aux gens, et ça c’est génial. Et en plus j’avais la haine parce qu’on s’était fait volés par Craig Joubert. Et ton pire souvenir de rugby ? Je dirais la finale de Coupe d’Europe 2013 contre Toulon. J’étais place de Jaude en plus. Et tu penses quoi de cette fameuse « ambiance rugby » dans les stades ? C’est clair que c’est pas pareil. Au foot on a aussi plein de matches où tout se passent bien hein, on a juste de temps en temps des mecs qui se prétendent supporters et qui viennent poser des problèmes dans les tribunes. Mais ça c’est juste dû au fait que le foot est le sport le plus médiatisé en France. Dans l’ensemble j’ai jamais eu de soucis, ça reste bon enfant. Par contre j’ai déjà vu les supporters d’Ajaccio envahir le terrain pour aller voir leurs joueurs après qu’on ait gagné 2-1 là-bas. En plus c’était mon premier match professionnel. Tu as déjà été tenté par le rugby ? Vers 12/13 ans, oui. Sauf qu’après j’ai été pris au Pôle Espoirs de foot et la question a été réglée. J’avais des potes qui pratiquaient le rugby, notamment Jean-Philippe Cassan qui joue à Aurillac aujourd’hui, et ça me tentait bien d’essayer aussi. Mais j’aimais trop le foot pour le quitter. Si tu devais jouer au rugby, à quel poste te verrais-tu ? Demi d’ouverture, celui qui maîtrise le jeu. C’est un poste capital et on a vu avec l’ASM cette année à quel point la présence de Lopez était cruciale. T’es défenseur en Ligue 2, ça fait quand même un beau potentiel de boucher au rugby. T’es sûr que tu veux pas t’y mettre ? Non, je reste au foot. Après dans mon sport y’a quand même plus de coups qu’on ne le pense hein. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus marqué quand j’ai commencé à jouer en seniors. Surtout en Ligue 2, où c’est un jeu assez direct. Ça mailloche pas mal. Les pousse-cailloux vs. Les gros bourrins Que penses-tu de la rivalité footballeur/rugbymen ? Entre les joueurs y’a forcément une séparation, surtout quand t’es jeune, comme par exemple entre ceux du Stade Aurillacois et ceux du Football Club Aurillac. Et même physiquement on n’est pas fait pareils. Dans la société on sent plus cette différence parce que le foot est plus médiatisé, voire parfois jalousé. Ça reste le seul sport qui permet de nous réunir spontanément sur les Champs-Elysées. Justement, pourquoi est-ce que le football est le seul sport qui peut te remplir l’avenue des Champs-Elysées en dix minutes ? Parce qu’il procure des émotions ! On le voit avec Macron qui est à fond dans le truc pour avoir la paix pendant un moment. Tu la ressens clairement cette médiatisation à outrance. Par exemple Hugo Lloris était très critiqué avant la Coupe du monde et maintenant tu vois plein de montages où il est comparé à la Muraille de Chine. Tout est disproportionné dans le foot. Moins en Ligue 2 bien sûr, même si t’as des clubs comme Lens où tu peux voir une certaine ferveur. Au rugby les gens sont beaucoup plus détachés du résultat. Ça se voyait après le quart de finale de Coupe d’Europe perdu par l’ASM contre le Racing cette année. Y’avait de la déception mais la vie continuait. Les gens buvaient des coups et passaient à autre chose , même s’ils étaient tristes. Ça fait quoi d’être un millionnaire qui court derrière un ballon ? Alors déjà je suis pas du tout millionnaire. C’est une fausse image qui est renvoyée ça. On gagne bien notre vie, j’ai pas à me plaindre. Mais ce préjugé je le ressens même autour de moi. C’est pas facile à l’accepter, mais c’est comme ça. Ce que je gagne à 24 ans c’est inespéré. J’essaye de rectifier cette image à travers mon investissement dans les associations par exemple. Quand tu vois qu’Anne-Sophie Lapix fait cette réflexion sur les millionnaires y’a un mois et demi et que maintenant elle se montre avec le maillot de l’Equipe de France, je trouve ça ridicule. En plus les gens qui tapent sur les footeux ne comprennent pas que cet argent vient de leur passion et des droits TV que ça génère derrière. Et si n’importe lequel d’entre eux avait le talent pour jouer au foot et qu’il avait un contrat devant lui pour en vivre, il signerait sans réfléchir. C’est marrant aussi de voir que dans le rugby certains joueurs sont bien mieux payés que des joueurs de football de deuxième voire de première division, mais on n’entend jamais ce genre de discours contre leur salaire. Tu ressens une injustice par rapport à ça ? Non, parce que le rugby est en train de se développer et qu’il prend le chemin du foot. On aura certainement payé les pots cassés d’ici là. Maintenant on voit même des transferts arriver dans le rugby et c’est assez intéressant à observer. En effet, les joueurs commencent à partir avant la fin de leur contrat dans le rugby, alors que jusque-là ils attendaient que celui-ci aille à son terme. Or dans le foot ça fait un moment qu’on voit ça, est-ce que tu regrettes que ça existe ? Non. Parce que ça nous permet d’avoir une sécurité de l’emploi, mais il y a des opportunités qui ne peuvent pas se refuser et ça serait dommage d’être bloqué par son contrat quand ça nous arrive. Y’a aussi une autre caractéristique du marché des transferts au rugby, c’est que les joueurs peuvent signer à n’importe quel moment pour un autre club, en tant que joker médical ou pour la saison suivante. T’aimerais bien que cela soit aussi possible au football ? Au foot on peut juste faire ça dans les 6 derniers mois de son contrat, et encore c’est juste un accord signé, pas un contrat formel. Mais je préfère qu’on ait des périodes de transferts car sinon ça serait la pagaille toute l’année. Qu’un joueur soit sollicité en pleine saison ça peut gêner la vie du groupe, et ils parlent même de réduire la période de transfert hivernale, ce qui n’est pas une mauvaise chose à mon avis. Est-ce qu’on peut parler de valeurs du football ? Et si oui, est-ce que c’est juste pour faire genre comme au rugby ? Oui. Les footballeurs ont souvent une mauvaise image de petits cons qui se foutent de tout, mais c’est faux. On est éduqués, on se comporte bien. On fait des actions avec les Restos du Cœur et même si c’est le club qui nous demande de le faire, on s’investit à fond là-dedans. C’est vrai que ça chambre beaucoup dans le foot, mais ça reste quand même globalement une bonne ambiance avec des gens simples. Y’a toujours des cas particuliers mais ça reste marginal. Dans le rugby pro, l’alcool semble être une institution. C’est loin d’être le cas dans le foot pro. Est-ce qu’il est présent ? Vous faites de grosses soirées parfois ? Ça nous arrive de faire des soirées oui. Pas tous les week-ends, certes, mais ça arrive. Par contre on n’a pas le rituel de la bière d’après-match. C’est très rare. J’en ai juste bu une après le dernier match de la saison dernière pour oublier la déception d’avoir raté la qualification en play-offs de Ligue 2. Quel aspect du rugby aimerais-tu voir dans le football ? Le fait qu’à la fin du match les joueurs se serrent tous la main et oublient ce qui s’est passé pendant le match. J’ai vécu quelques retours houleux aux vestiaires et c’est dommage parce que ça ne donne pas une bonne image de notre sport. Alors qu’au rugby ils se saluent tous même s’ils se mettaient sur la gueule encore deux minutes avant. Quel aspect du football aimerais-tu voir dans le rugby ? Les supporters. L’ambiance rugby est sympa mais c’est des spectateurs. Y’a pas de chants et ça serait bien de retrouver ça dans le rugby. La vidéo vient d’arriver dans le football, au rugby elle fait encore débat plusieurs années après sa mise en place, quel est ton avis là-dessus ? Je trouve qu’elle est bien mieux utilisée au foot qu’au rugby. Quand on voit qu’en Top 14, les arbitres remontent jusqu’à deux minutes en arrière pour regarder l’action, ça casse le truc, c’est trop long. Alors qu’au foot, si on en reste vraiment à ces quatre faits de jeu (carton rouge, hors-jeu, pénalty, but marqué), c’est vraiment utile. On n’en aura pas en Ligue 2 pour des raisons techniques malheureusement, mais on voit que ça empêche même des joueurs de tricher, comme Romelu Lukaku contre le Panama qui va voir l’arbitre pour lui dire qu’il n’y avait pas faute sur lui, et donc éviter de se prendre un carton pour simulation. Il reste l’appréciation humaine bien sûr, mais ça fait avancer les choses. Par rapport à l’arbitrage, on entend souvent les gens comparer le foot et le rugby vis-à-vis du comportement des joueurs envers l’arbitre. C’est quoi ton ressenti ? Là aussi ça arrive dans le rugby. Je vois que les joueurs parlent de plus en plus à l’arbitre autour des mêlées etc. Certes les mecs partent à dix mètres, mais le réflexe commence vraiment à apparaitre dans le rugby. Malgré tout, j’aimerais bien que cette règle des dix mètres existe au foot aussi. Même si c’est pas un jeu d’occupation comme le rugby, ça peut changer beaucoup de choses d’avoir un coup franc à 25 mètres au lieu de 35. Il faut quand même garder l’échange avec l’arbitre, mais quand c’est intempestif il faut sanctionner l’équipe. Voire mettre un carton blanc qui fasse sortir le joueur 10 minutes s’il s’est mal comporté. Mais bien le différencier du carton jaune qui sanctionnerait une faute sportive. Parce qu’en tant que défenseur, je sais ce que c’est de prendre un jaune, et j’ai pas spécialement envie de sortir 10 minutes à chaque fois que j’en prends un. Au football, il n’y a qu’une seule règle pour le hors-jeu, et en plus elle est simple. Au rugby on en a plein, et elles sont toutes compliquées. Est-ce que tu penses comme nous que c’est pour ça que le foot est si chiant à regarder ? Non, le foot n’est pas chiant à regarder. Mais c’est vrai qu’au rugby y’a des règles assez complexes. Y’a des situations où tout le monde crie « faute » dans le public sans vraiment savoir pourquoi. Quand je suis au stade ça m’arrive de demander autour de moi pourquoi l’arbitre siffle et là chacun à sa version des faits. Etre arbitre de rugby c’est quand même super compliqué. La vidéo peut les aider mais il ne faut pas en abuser. Le rugby étant encore plus macho que le football, à quel siècle vois-tu une femme entraîner en Top 14 ? Franchement ? Jamais. Je suis pas sûr qu’on le voit de notre vivant. Pour toi c’est qui le grandisse du foot, actuellement ? Y’a de moins en moins de vrais numéros 10 au foot. Y’a de plus en plus d’ailiers qui repiquent intérieurs et qui frappent sur leur bon pied, comme Lionel Messi ou Mohamed Salah. Le seul vrai numéro 10 qui me vient en tête, c’est Özil. Et il n’a pas fait une super saison. Y’a Modric aussi, même s’il ne joue pas vraiment à ce poste-là. Les questions à la con Pro D2 ou Ligue 2 ? Ligue 2. Perdre plusieurs finales ou ne jamais en jouer ? Perdre plusieurs finales. AC Ajaccio ou USAP ? Joker. Lionel Messi ou Lionel Beauxis ? Lionel Messi, quand même. C’est le Graal. J’adore Beauxis et tout ce qu’il s’est passé avec lui cette saison, qu’il soit revenu sur le devant de la scène, c’est marrant. Et il a un super jeu au pied. Max Allister ou McPetitjean ? Petitjean. McAllister m’a déçu cette saison avec l’ASM. Gentleman qui joue à un sport de brute ou brute qui joue à un sport de gentleman ? Gentleman qui joue à un sport de brute. Ton prono pour le match de dimanche à 17h ? 2-0 pour la France. Un premier sur contre et un deuxième ensuite. Non pas celui là, on parlait de celui entre les Sharks contre les Jaguars. J’en ai aucune idée. Merci Julien. De rien, maintenant faut que j’aille chez le coiffeur.