Ecosse-France, ou l’avènement de la FRENCH CHATTEpar Pastigo 11 March 2014 30 Par Pastigo, On reconnaît une belle équipe à son âme. Ces grands noms dont la simple évocation inspirent naturellement une avalanche d’images, une signature. Pour autant les autres ont tendance à perdre leur identité, leur aura s’étiole dans une prodution usinée sans caractère propre. Les Blacks inspirent puissance, précision, efficacité. Les Irlandais inspirent puissance, précision, efficacité. Les Anglais inspirent puissance, précision, efficacité et sont très moches. En France on a dépassé ce stade depuis bien longtemps. Nous aussi on a été très bon partout, puis on a pris conscience que quand on n’a aucun défaut on n’a plus vraiment de qualités. Ca les autres ne l’ont pas encore compris, va falloir évoluer les gars, le monde avance. Alors le XV de France s’applique à travailler ses défauts avec un savoir-faire inégalé. C’est le principe des vases communicants, quand on améliore la conquête on néglige bien souvent l’attaque. C’est là qu’on est malin en France ! On a bien compris ce principe, améliorer un secteur de jeu demande du temps, de l’énergie, alors que les lois de la physique prouvent que si on sabote l’un des fondamentaux, c’est nécessairement son opposé qui progresse ! Le gain en productivité est phénoménal, d’autant qu’il n’y a même pas besoin d’être bons, ça colle à merveille à cet effectif des plus homogènes. C’est tout simplement génial, même si on peut émettre quelques critiques. Effectivement, le principe demande à être planifié et donc encadré par un staff organisé. Là on y est peut-être allé un peu fort, avec Lagisquet qui risque une crise d’épilepsie s’il relie plus de 2 points sur un paperboard. Pas mieux avec Ouin-Ouin, dont les bookmakers parient sur le nombre de suicides ratés qui ont précédé chaque allocution, de sorte qu’on l’imagine moins à la tête d’une troupe de dégénérés violents que derrière Loana la tête écrasée contre le rebord de la piscine dans une levrette frénétique. Quand on en oublie de se demander à quoi sert Jo Maso c’est quand même un signe. Ca manque de cohésion et on ne sait pas quelle stratégie de misérisation a été choisie. En réalité il n’y en a pas, le staff est juste complètement con et détruit tous les secteurs de jeu en même temps. C’est pourtant cette inaptitude à la maîtrise de la physique la plus élémentaire, associée à l’intelligence situationnelle d’un chevreuil dans un pare-choc qui transformera des débiles buvant leurs tubes à essais en prix Nobel de physique. Petite explication : Rappelons d’abord les bases du protocole français, qui consiste à faire baisser un niveau plutôt qu’à le faire augmenter. Imaginons maintenant que le staff décide de baisser le niveau « Plan de jeu », ce qu’il maîtrise à merveille. Automatiquement le niveau des autres tubes va augmenter. Mais imaginons que ce même staff est un scientifique dégénéré qui se greffe lui-même des phares de twingo dans un rire diabolique, et qu’il décide de faire baisser tous les niveaux en même temps. Que se passe-t-il ? La pression augmente. La capacité du staff de XV de France à détruire toute forme de matière étant sans limite, cette pression devient insupportable et doit s’échapper dans une détonation aussi brève que violente. Celle-ci prend la forme d’une énergie phénoménale et désormais caractéristique : LA FRENCH CHATTE Voilà donc notre nouvelle Signature. Résultat de la destruction méthodique de tout ce qui peut être considéré comme une qualité en rugby. Après ça qu’on ne vienne pas raconter que la Recherche en France se porte mal, parce qu’autant dire qu’une FRENCH CHATTE comme ça vient de mettre toute l’Europe du rugby sur le cul. Ce sont deux années de travail qui sont enfin récompensées. Là aussi on est hyper-efficace parce que si on était bon ça en aurait pris quatre. De plus, tout miser sur la FRENCH CHATTE permet de créer très facilement un profil-type de joueur. Profil type de joueur. (ici Yoann Huget) Nous l’avons vu, une explosion de FRENCH CHATTE se prépare et le phénomène ne peut être étudié sans mise en condition du milieu. Pour cela plusieurs solutions auront été préalablement mises en place. L’ambiance : Joli travail ! Un premier cas de FRENCH CHATTE a été validé face à l’Angleterre, bien aidé par une prestation misérable qui n’a pu que la mettre en valeur. D’entrée de jeu nous sommes devenus la Nation la plus détestable du Tournoi, dépassant même l’Angleterre auprès de tout ce qui est roux et voisin, c’est dire si on a frappé un grand coup. Contre l’Italie, il fallait éviter l’erreur grossière de la grosse branlée. On a galéré juste ce qu’il faut pour les rendre méritants et ensuite susciter le dégoût en produisant le minimum syndical pendant dix minutes. Le Pays de Galles va confirmer notre statut, surtout se contenter d’être tout juste médiocres partout sans risquer de déclencher un cas de FRENCH CHATTE, et bien confirmer aux yeux de tous qu’on est juste mauvais. Au dégoût vient donc s’ajouter un mépris certain, on est vraiment pas mal. L’Ecosse était clairement le tournant à ne pas rater. Une équipe d’agriculteurs qui s’entraîne en poussant des vaches, qui compte pour du beurre depuis plus d’une décennie, et qui se balance des foetus de brebis à défaut de pouvoir se payer des ballons, la tentation était grande de perdre lamentablement. L’Ecosse fut d’ailleurs la seule équipe à avoir saisi notre objectif, ce pourquoi elle a tout fait pour nous empêcher d’avoir l’air con en nous offrant un maximum de pénalités débiles juste en face des perches. Rien n’y fera, ils ont sous-estimé notre capacité à jouer comme des vieux poneys (avouons que nous fûmes nous-mêmes surpris, qui pensait pouvoir faire pire que chez les Gallois ?) et malgré tous leurs efforts ils se sont vus toute la partie en position de gagner le match. Mais quand il s’agit d’avoir honte comme jamais, la France dispose d’armes secrètes. La FRENCH TOUCHE : Parfois il faut savoir donner un coup de pouce au destin. On a beau être nul à peu près partout, ça ne suffit pas forcément contre l’Ecosse. La FRENCH TOUCHE est également le résultat d’un travail de plusieurs années, pour lequel il a d’abord fallu virer Servat. Ce fut long, mais on a fini par y arriver sous prétexte qu’être international passé 55 ans c’est pas sérieux. Ensuite il a suffi de faire confiance à la formation française. Illustration de la FRENCH TOUCHE La FRENCH TOUCHE fut clairement une des clés du match, bien qu’on arrive largement à être mauvais ailleurs celle-ci reste notre étendard. Aucune autre Nation n’atteint un tel niveau de maîtrise, de sorte qu’ils ne s’essayent même pas à la FRENCH TOUCHE et se contentent de touches quelconques. A noter que la FRENCH TOUCHE dispose encore d’une incroyable marge de progression, puisque toute la zone située derrière le lanceur n’a pas encore été exploitée. Un bel espoir pour l’avenir. Avec une FRENCH TOUCHE comme ça les joueurs n’ont même pas à se préoccuper de rater des lancements de jeu et peuvent entièrement se consacrer à être inexistants en mêlée et dans les rucks. Efficace. LA FRENCH MELEE : Voilà un point fondemental. En effet, plus on s’obstine à commettre des fautes et à gâcher tout ce qu’on fait et plus on se retrouve en position de FRENCH MELEE. Quand on joue contre l’Irlande, c’est facile. Suffit de les laisser faire. Mais contre l’Ecosse, toujours aussi surprenante quand il s’agit de faire pire, il fallait bien préparer sa FRENCH MELEE. Pour cela, la France a décidé d’intégrer ses propres commandements, il fallait y penser mais c’est génial. « Flexion, Touchez, Rien ! ». Et ça marche ! On recule ! Un quatrième commandement est parfois nécessaire pour peu que l’adversaire en fasse autant, à la guise de la première ligne qui peut laisser libre cours à son imagination en tombant, relevant, poussant en travers, etc… Voilà de quoi s’assurer aucun lancement de jeu, parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un relâchement ou d’une relance à première vue débile qui finit par marcher. Surtout qu’on a déjà bien à faire pour toujours choisir mollement les mauvais choix quand l’adversaire nous rend la balle au pied. Le pied justement, voilà également un outil majeur de la montée en pression d’une FRENCH CHATTE d’exception. Le nôtre tout d’abord : nous avons rendu dépressives une dizaine de charnières ces dernières années et nous ne pouvons que remarquer la qualité du travail accompli. Nous confirmons celui-ci en plaçant deux enfants au poste de 10 et de 15. Attention, ils vont finir par acquérir de l’expérience et il faudra que la presse les descende au plus vite avant qu’ils ne deviennent éventuellement bons en sélection. Mais notre pied ne fait pas tout, il faut également encourager celui de l’adversaire. Pour cela nous devons nous-même créer une situation nouvelle que les Anglo-saxons ont déjà nommé Kick&Lol. Le Kick&Lol ne fonctionne que contre la France. Les autres équipes doivent l’utiliser très prudemment, car l’adversaire doit disposer des qualités que seule la France réunit : – Ne plus avoir aucun amour-propre. – Disposer des lacunes motrices nécessaires à ne pas savoir joindre les mains. – Se percuter lamentablement, mais avec un style et une élégance capables de magnifier la prestation.> Du côté de l’adversaire la technique du Kick&Lol est relativement simple, bien que devant respecter les étapes de sa mise en œuvre. KICK : Quelle que soit sa position, un joueur doit balancer un coup de pied. Peu importe son poste, il est seulement nécessaire que le ballon finisse par rebondir dans l’en-but, de ce fait une bonne moitié de l’effectif est capable de réaliser un bon Kick&Lol. WAIT : Surtout ne rien faire ! C’est primordial ! Un joueur s’approche en trottinant de l’action et ne doit absolument pas y prendre part sous peine de faire échouer le Kick&Lol. LOL : Deux joueurs français (c’est un minimum, mais on suppose qu’ils seront bientôt capables de s’y mettre à 3, 4, …) se téléscopent en réalisant un triple loops et s’écrasent comme des merdes. Le joueur adverse n’a plus qu’à aplatir en marchant, mort de rire. C’est incontestable, en matière de Kick&Lol la France a une avance considérable. L’air de rien, et à force de travail, toutes les conditions sont réunies pour que nous assistions à une explosion de FRENCH CHATTE. Les niveaux de chaque secteur de jeu sont au plus bas et la pression est énorme, ne manque plus que le détonateur. C’est là qu’intervient la phase ultime du plan de jeu de Lagisquet, et surtout son absence. Nous avons retrouvé cette illustration dans les débris de la déflagration. Magique. Alors qu’on aurait pu se contenter de perdre mollement contre une équipe de miséreux, on montre aux yeux de tous qu’on mérite de se faire caillasser sur la place d’un vieux bourg dégueulasse, pour finir par voler une victoire et être haï pour tous ceux qui vendent l’image du rugby comme un sport juste et noble. Clairement sur ce Tournoi la France a passé un palier. Evidemment tout le monde annonce à juste titre une branlée mémorable face à l’Irlande, dont le match a été programmé juste avant celui de la France pour que ça saute bien aux yeux. Et c’est là que la France va encore sublimer son concept. Non seulement on ne va pas se faire maraver la gueule, mais en plus on va gagner. Salement. Dégueulassement. Archi-dominés. A coups de FRENCH CHATTE ignobles. On va tuer le rugby, parce que c’est notre destin. Tout ça pour quoi ? Parce que. Parce que de toute façon faut se faire une raison, on n’a aucune chance d’être bons. Alors quitte à être minables autant que personne n’en profite. Mieux, on entamera le Tournoi 2015 comme jamais. Aucun adversaire ne viendra pour le jouer, mais uniquement pour nous tuer. Nous. Rien que nous. C’est là la prochaine étape de notre consécration, et bientôt il n’en restera plus qu’un, trônant fièrement sur l’amas de cadavres des légendes d’antan, le fute couvert de pisse et une vuvuzela à la main. Les forces du Mal sont en route. Bientôt sur le rugby régneront mille ans de mollesse, d’en-avant, de mêlées écroulées et de passes en touche. Et dans un râle infame une banda dégueulasse vous fera souffrir mille tourments.