Retour sur Pau – La Rochelle (30-16)
par La Boucherie

  • 14 May 2013
  • 45

Par Etienne Dewallonie, 

how to get your ex back

Chers ami(e)s, bonjour les bouchers, salut tas de cons,

Je vais vous écrire au sujet de la Pro D2. Et je vous imagine râler : oh non les piliers gradub qui écroulent chaque mêlée et les trois quarts talentueux mais trop frêles pour espérer plus, faut pas déconner. Et en plus c’est un nouveau, ça va être à chier (avoue quand même qu’un dépucelage, ça t’excite un peu). En gros, vous vous en torchez, vous allez au mieux lire le premier paragraphe de cette bafouille et regarder les images si elles sont rigolotes, mais je vous le dis : méfiez-vous, vous allez retrouver certaines de ces équipes mal dégrossies en Top 14.
D’autant que là, c’est les phases finales pour l’accession. Et mon choix s’est porté sur Pau-La Rochelle. Etant un imbécile heureux d’être né quelque part, en l’occurrence dans le 1-7, c’est pour le Stade Rochelais que je frétille du sphincter. Au moins, je suis pas emmerdé quand je mate du Top 14, j’ai aucune préférence. 

(NDLR : C'est son premier texte sur le site donc nous vous invitons à l'insulter en commentaires, comme le veut la tradition)

Les équipes : 

La Section paloise a été longtemps une bonne équipe de l’élite (remember les débuts d’Harinordoquy et de Beauxis) et végétait depuis plusieurs saisons en Pro D2. Là, pour la deuxième année consécutive, ça rigole plus, ils sont candidats à la montée. L’équipe envoie du jeu, avec un pack solide, Kévin Boulogne et Frédéric Manca pour organiser et enquiller les points, et quelques Iliens qui font mal au buffet quand ils pètent. Entre autres, leur 9, Taniela Moa, un physique de talon… une barbe de leprechaun… des cheveux verts ; faudrait lui dire à force qu’il a pas signé au Connacht. Aussi de nombreuses rumeurs font état de l’intérêt d’un fleuron de l’aéronautique française pour devenir le sponsor en cas de montée ; mais ils exigent que le nom de la boîte soit associé à l’intitulé du club : donc la Section Dassault, c’est pas encore fait.

L’Atlantique Stade Rochelais est une bonne équipe de Pro D2, toujours dans les cinq premiers en fin de saison et forcément, ce qui devait arriver arriva, hop un coup en Top 14 en 2010-2011, un petit tour et puis s’en va. Gros pack, une ligne 10-12-13 qui a de la gueule (Fauqué, Grandclaude et Canale). Mais une certaine propension à être friable à l’extérieur, à se déconcentrer en défense et faire n’importe quoi en attaque, à se prendre des humiliantes branlées alors que l’objectif à chaque début de saison est d’aller voir au-dessus. Et je vous le mets dans le mille, 14 avril 2013, Pau reçoit La Rochelle : 40-25. Les Rochelais ont été longtemps à la deuxième place, ce qui permet de recevoir en demi-finale d’accession et ils se la sont fait mettre chez des concurrents directs lors des dernières journées, d’où 4ème place et demie à l’extérieur. Ça leur a bien foutu les boules et autre preuve que l’équipe est pas sereine : les coachs ont intronisé depuis un match un nouveau capitaine (déjà, pas gégé), un pilier de surcroît, de 23 piges et qui parle pas français. J’ai nommééééé Uini Atonio, NéoZ avec un génome samoan, qui fait dans les 145 kilos (véridique) et qui s’est fait tatouer Winnie l’Ourson sur un pec’ (encore véridique).

Le contexte : 

Pour la deuxième fois consécutive, Pau reçoit La Rochelle pour la demi d’accession. Ça commence à faire un peu comme Castres et Montpellier sauf que La Rochelle gagne jamais. Le gagnant va en finale pour le titre de deuxième de Pro D2 et un billet pour aller se faire fister à sec par les RCT, ASM, ST, CO, etc, l’année prochaine. Vu l’enjeu, les deux équipes développent des taux de testostérone qui influencent tous les comportements féminins à cent kilomètres à la ronde. Ça va être un match, un vrai. 
Pour nous le faire vivre quand on ne va pas au Hameau, on regarde Eurosport, la caste des Intouchables du rugby à la télé puisque leur fond de commerce repose sur la Pro D2, la Fédérale 1 (!) et l’Amlin Cup (!!!). Les filles se délectent de la présence du beau Garbajosa et moi je jubile de voir Charly Magne qui en pince un peu pour les Charentais-Maritimes. Super plans sur JBE, ancienne gloire du club monté à la ville, Vincent Merling, le prez rochelais fort de café et François Bayrou avec sa tête de nounours (béarnais évidemment). Je croyais avant que c’était lui qui faisait Bearnie, la mascotte du club. Moi je préfère le maire de La Rochelle, Maxime Bono qui est gay : ça fait plus hype. D’ailleurs il a annoncé prendre sa retraite politique et c’est jamais joli à voir quand un homosexuel se retire. 
Les deux équipes rentrent, le public se met à chanter l’hymne traditionnel de la Section depuis un an : la Honhada. On aura tout vu : une ballade irlandaise (O Waly Waly) remixée avec des paroles en français et un p’tit couplet en béarnais pour le terroir-caisse. Vous allez me dire, c’est toujours mieux que de plagier une chanson pop alboche des 70’s (spéciale kassdédi aux bleus et blancs de l’Av…).

Le match : 

La première mi-temps est indécise, chaque formation se nourrissant des erreurs de l’autre pour scorer. Dès l’entame, l’ASR se retrouve acculée dans ses 22 avec le ballon sans savoir quoi en faire.

northwest pharmacy

Ça fait jamais du bien de se faire acculer. Preuve en est, l’arrière rochelais se dit que ça sent mauvais et veut dégager la gonfle en touche. Contré, essai de Ramsey quasi entre les poteaux, 7-0 après 1 min 30. Je me dis que ça y est, ils ont fait la pire connerie possible, ça va les libérer. Macache. 
On assiste à une démonstration de maîtrise en terme de placage avec Jean-Phi Grandclaude casqué qui agrippe l’ouvreur palois (Boulogne) et ne trouve rien de mieux que d’appuyer de tout son poids sur une jambe en extension. Forcément, ça se tord et le petit Kevin joue sur une jambe pendant de nombreuses minutes. Au bout d’un moment, le staff palois se dit que ça pourrait être dangereux, certes pour le joueur mais surtout pour le rendement de l’équipe, et se décide à remplacer l’estropié par Manca.

Dès la 7: cartons jaunes pour Lafoy et Charlet, deux anciens coéquipiers qui se bastonnaient tranquillement. Ambiance.
Ça s’envoie sec dans les rucks, c’est fébrile, ça peut passer pour chaque équipe à chaque action. 16: mauvais contrôle de balle d’un Palois, l’historique Djebaïli récupère, ça enchaîne, petit coup de pied derrière la défense de la part de Fauquet, notre Rital chope le ballon et aplatit. 7-7. A la 16e, je fais mon Lartot et je me dis que c’est le tournant du match. Puis, Boulogne, qui a une jambe en lambeaux, claque un drop. Je réalise qu’il faut que j’arrête de me dire des choses, ce match défie toute logique.
L’ASR domine en mêlée et parvient à gratter quelques pénalités qui font gonfler le score à 10-13. Pas mal, ça. Mais la Section repart à l’assaut et bien leur en fait : l’ailier Radidi récupère un petit coup de pied à ras de terre et fait un tout droit sur Fauqué qui essaie de le tamponner sur la ligne d’en-but et se fait culbuter comme un cadet. On voit quand tout le monde se relève que l’ancien Montalbanais est pas très content.

Ensuite, c’est le moment pénible. Vous avez tous vécu des moments en famille quand un tonton un peu lourdingue mais qu’on aime bien fait une grosse connerie. Eh bien là, c’est Franck Jacob, pur produit rochelais, un deuxième ligne de devoir comme on dit, qui se prend un jaune pour un mauvais coup. Et forcément, ça chie pendant dix minutes. Pau domine, pilonne, lamine et passe deux pénalités. 21-13 aux citrons.

En deuxième mi-temps, Moa le 9 palois décide de pourrir toutes les sorties de balles sur les mêlées rochelaises. Qu’est-ce qu’il est dégueulasse ce con, mais il a grandement participé à tuer les velléités offensives de ses adversaires. Les Stadistes tentent un peu mais le déblayage décanille pas assez et il y a du turn-over commandé par l’arbitre, tandis que la dite Section est plus tranchante, n’en déplaise aux médecins légistes.

A l’entame des dernières vingt minutes, 27-16 pour Pau, les Rochelais frustrés commencent à s’énerver dans les regroupements. Ça va dégoupiller !
Et pas manqué, le reste est homérique.

L’homme par qui tout arriva est Johannes Petrus Wessels, remplaçant rochelais fraîchement rentré, un putain de Sud-Af qui s’était déjà signalé il y a quelques temps en prenant un rouge consécutif à un placage en l’air. Vous voyez tous le type de collégien tout gentil, tout blond, tout calme, mais quand on le cherche, il est capable de te planter un bic dans l’œil. C’est lui, le même qui est capable de rentrer sur un campus amerloc avec un arsenal supérieur à celui du corps expéditionnaire français au Mali et de buter tout ce qui bouge.
Les faits : suite à un petit coup de pied par-dessus la défense paloise, ça cafouille, Wessels essaie d’aller au contest et il se fait bloquer les bras par l’arrière, Acebes. Tout est normal. Mais il envoie direct un méga ramponneau dans la gueule du 15 qui ne réplique aucunement, preuve que c’est du sérieux et qu’il a vraiment mal. Un Palois tire le blondinet parce que, quand même, c'est pas cool ce qu’il a fait. Ça énerve tout le monde et la boulangerie est saccagée, ça balance des pains dans tous les sens.

Après coup, le téléspectateur avisé des joutes du Top 14 se rend compte de la subtilité de ceux qu’on considère généralement comme des psychopathes. Les Cudmore, Gorgodze, Botha, Papé et consort (de temps en temps) observent toujours un instant d’intimidation, de défi du regard, de petites chamailleries. On ne dégaine pas tout de suite comme pour savourer ces moments de confrontation.
Mais là, rien de tout ça, ça rentre dans le tas en deux secondes et ça mouline des bras. Souvent, pour une générale, dans chaque équipe il y a une moitié d’énervés qui avoinent dur et une autre moitié des mecs qui retiennent un coéquipier ou un adversaire pour calmer le jeu, ou qui se contentent d’attraper un vis-à-vis virilement en regardant dans les yeux avec l’air sérieux du gars qui pense « c’est moi qu’a la plus grosse ». Là, les quinze joueurs de chaque camp s’en donnent à cœur joie, sans retenue.

Et je suis surpris de me sentir mal à l’aise. Généralement, j’attends avec délectation les générales mais là, on n’a pas droit aux communes expressions d’agacement, ils y vont pour faire mal. Surtout les Rochelais. J’imagine ce qui se passe inconsciemment dans leur tête : « bon les gars, on sent qu’on va paumer, même si on essaie de jouer correctement, ça foire ; comme on est frustré, autant se faire plaisir et en tuer quelques-uns, histoire de les amoindrir pour leur finale et les retrouver l’année prochaine ».

En revoyant les images, je remarque Jordan Sénéca, talonneur rochelais rentré depuis peu qui envoie direct une droite au mec qui tirait Wessels, ce qui a tout fait partir en quenouille ; je crois même qu’il donne un pain à un partenaire (19ème seconde). Certains se calment, se rapprochent d’autres qui boxent encore, et rebalancent deux ou trois marrons. Le public s’excite en devenant très original « ici, ici, c’est la Section ». Au même moment, à Brive, Julien Caminati regrette que les dirigeants rochelais ne l’aient jamais contacté ; à Toulon, Bakkies Botha se tâte les poings en pensant aux excellents bizuths qui auraient pu monter.
Les stats : vingt secondes très intenses de baston, quinze qui sont pas mal ensuite ; le 15 palois s’est fait ouvrir le front car Wessels lui a envoyé un coup de poing strappé ; Wessels (ASR) et Solofuti (SP) prennent un rouge.

Le jeu reprend, mêlée ouverte, Romain Sazy le 3e ligne rochelais chambre, et quand c’est lui, Sazy des bulles. Nouvelle générale. Ça repart dans la même dynamique pendant dix ou quinze secondes et Fumat le Palois reste KO sur le terrain. Sénéca pour l’ensemble de son œuvre se fait sortir (rouge).
Pour les cinq minutes restantes, l’arbitre siffle en un quart de seconde à chaque mêlée ouverte ou fermée pour éviter toute nouvelle friction. Garba sur la touche fait le coup du mec outré « mauvaise image du rugby, c’est des sauvages ces types ». Et Olivier se magne d’ajouter que la frustration a fait sortir du match des Rochelais qui avaient montré de belles choses tout au long de la saison sur leur terrain.
Interviewé après match, David Aucagne l’entraîneur palois regrette qu’un contrat ait été posé sur Acebes, ce dernier ayant eu la bonne idée un mois plus tôt d’écraser avec ses genoux la tête d’un Rochelais. So what ?

Les joueurs : 

Tous ont été vaillants (je me mouille pas, y en a un bon paquet que je connais pas).
Mention spéciale pour le courageux Boulogne et son remplaçant qui n’en Manca pas beaucoup.
Aussi pour le barbu Sergio Valdes, rien que pour sa nationalité : un Chilien. (A La Rochelle, on a eu pendant un bail un capitaine allemand, Robert Mohr, donc là, on se moque pas)
Jordan Sénéca s’est idéalement placé pour devenir sparing partner de SBW.
Et salutations au travail appliqué du deuxième latte de l’ASR, l’Afrikaaner aux boucles d’or Cobus Grobler (qui a un sacré flair).

Conclusion :

Il y a pas mal d’équipes en Pro D2 qui rêvent de taquiner le Top 14. Leur ambition de faire une saison type Mont-de-Marsan 2012-2013, LOU 2011-2012, ASR 2010-2011, SC Albi 2009-2010, Stade Montois 2007-2008, FC Auch 2006-2007, RCT 2005-2006, est respectable. Mais il est difficile de venir déloger des équipes à plus de 15 millions d’euros de budget qui visent les phases finales. N’est-on pas mieux à rester bien au chaud en Pro D2, à se la coller tranquille contre Tarbes et Aurillac plutôt que de subir une saison usante et humiliante ? Hein, pas vrai ? (Discours du supporter infiniment déçu de l’élimination de son équipe qui essaie hypocritement de se la jouer philosophe)

Par ailleurs, je souhaite aux Palois qu’ils se fassent démonter par Caminati en finale.

Etienne Dewallonie (si tu arrives à trouver les origines ineptes de ce pseudo, c’est que tu t’intéresses au Stade Rochelais et à l’histoire médiévale, ou alors que tu as googlé comme un pourri)

zp8497586rq