L’édito de David Reyac’ : “Rendez-nous les hommes, les vrais”par La Boucherie 29 September 2019 % Depuis le Japon où il couvre la Coupe du monde, notre correspondant David Reyac’ a un coup de gueule à faire passer. Et attention, il est fort de café. Au pied du Mont Fuji, nous ne sommes rien. Cet immense roc a vu défiler devant lui des milliers d’années sans pouvoir réagir autrement que par ses quelques éruptions spectaculaires. Pourtant, en ce début du mois de septembre, je crois bien qu’il n’avait jamais vu pareille chose. Une trentaine de gamins s’amusaient à se tweeter des messages sur un bruit de fond (je ne vais pas dire musique, ce serait faire trop de mal à de grands artistes comme Johnny), répétant un seul mot qui ne fait clairement pas partie de la langue de Molière : “Pouky”. J’avais honte. Honte que ces jeunots représentent si mal la France dans un pays où le respect est roi. C’est donc ça que les Nippons retiendront de notre patrie ? Du vacarme, des coupes de cheveux plus travaillées que les plans de jeu et des célébrations d’essais incompréhensibles ? Les spectateurs locaux ont-ils une idée de l’existence de l’immense Général de Gaulle? Ou bien se contenteront-ils de taper “toka” sur Internet pour y voir un Cotorep bloquer une autoroute ? Ces mioches ont-ils mesuré les répercussions que leur comportement va avoir sur le tourisme en France ? Avez-vous vu le toupet avec lequel ce garnement boit du café sur une autoroute française ? Entre nous, on sait tous ce qui a manqué dans leur éducation : c’est la peur. La peur de l’instituteur et de sa règle en métal, la peur du père et de la marque rouge qu’il laisse sur le postérieur d’un enfant qu’il cherche à éduquer. La peur du pouvoir. Ces gens-là n’ont jamais craint les forces de l’ordre, bien au contraire, ils les défient. Or, sans ordre, la société n’est plus. Ce constat est triste, mais il est réel. Cette nouvelle génération est en train de tuer notre monde. Hier, devant mon steak de Kobe et bercé par la musique rock et les guitares saturées, mon esprit se mit à vagabonder. Je n’ai alors pas pu m’empêcher de songer à ce qu’un vegan penserait de moi. Ainsi, ils ne contrôlent pas nos actes, ils contrôlent nos pensées. Alors quelle sera la suite ? Quelle triste publicité feront ces joueurs dans 4 ans, au sein de notre beau pays ? Chantera-t-on encore la Marseillaise avant chaque match ? Ou bien la remplaceront-ils par un autre bordel auditif produit par un sans-talent autotuné ? Joueront-ils encore en bleu ? Ou bien feront-ils voter la couleur du maillot sur Snapgram ou autres Instachat ? Ou que sais-je encore ? Voilà un joueur qui, bien qu’il ne soit pas né sur notre sol, savait représenter les valeurs du rugby français. Regardez moi ce regard, cette détermination ! Je ne sais pas s’il est déjà trop tard pour changer tout cela, mais quand je vois cette culture japonaise, où le remerciement est un signe de ponctuation et où les écoliers sont en uniforme, je me demande quelle étape nous avons manqué dans l’évolution de notre nation. Pour conclure ma pensée, je me contenterai de citer un de ces hommes que notre pays ne fait plus, pour mon plus grand malheur : “Ça manque de tripes, c’est à vous faire regretter l’époque de Georges Marchais”.