Où regarder un match du VI Nations ?par La Boucherie 09 March 2019 6 Le saviez-vous ? A la Boucherie, on accepte tout le monde. Genre vraiment tout le monde, comme le laisse suggérer le profil de certains rédacteurs de l’équipe. En fait, pour être publié sur le site, c’est simple : il suffit de nous envoyer un texte drôle. Et c’est justement ce qu’a fait Thomas, qui nous donne quelques conseils pour trouver un endroit où regarder le Tournoi des VI Nations. Parce qu’il reste quand même deux matches, et le plus drôle est à venir. Bonne lecture ! C’est cette période de l’année où les jours se rallongent trop lentement. Las, les raclettes et les vins chauds ne réchauffent plus si bien le cœur, tout le monde reste mater Netflix chez soi après les excès des fêtes, les projets de vacances au ski se sont envolés loin de votre compte épargne vide. Vous n’avez pas trouvé de mec/meuf pour passer l’hiver au chaud et votre occupation habituelle du week-end – traîner avec votre bande de 40 mecs/meufs vaguement costauds en prétendant faire du sport – tombe littéralement à l’eau. En effet, les terrains aux airs de banquise qui font scrac sfrac ou de rizière qui fait sploutch sploutch sont déclarés impraticables un dimanche sur deux, alors que c’est là, quand c’est que le terrain est « bien meuble » – marécageux – que c’est le mieux. Enfin, c’est ce que m’ont toujours dit les vieux piliers reconvertis de la mêlée au comptoir du club house. Cette période, c’est celle du Tournoi, ode proustienne à la nature cyclique du temps et à l’éternel recommencement nietzschéen (je n’ai aucune idée de ce que je raconte). Le Tournoi, preuve définitive du génie commercial du peuple britannique, véritable pieds de nez aux concepts marketings du sport moderne à l’ère des Champion’s League, NBA et autres Coupe du Monde de Football à 48. Oui, il est possible de remplir des stades et des pubs dans un déluge de livres sterling avec un sport au règlement victorien, un logo MS Paint Rouge Vert Bleu et 6 équipes dont 4 alimentées par le même Etat à l’avenir douteux, accompagnées de 2 nations de neuneus qui aiment la bouffe pour faire le nombre et égayer les banquets. Le béni tournoi est là. Il vous berce. Il occupe vos samedi après-midi, moment bâtard de la semaine. Il fait prétexte à boire plus de bière sur des plages horaires plus étendues. Pendant 1 mois et demi, il y aura une quantité disproportionnée de rugby sur la télévision publique et de la lecture pour égayer le lundi matin. Dans un mois et demi, les beaux jours reviendront et le tournoi vous laissera sortir de votre hibernation en déposant un baiser sur votre bidou rebondi, comme un vieux camarade veille sur votre carcasse saoule en attendant les premiers métros. Mais il y aura des embûches. Des non initiés chercheront à vous gâcher ce moment, à vous traîner dans leur hiver ordinaire, sans buée sur les vitres et sans gaillards aux joues rougies et aux oreilles décollées. On vous empêchera de regarder le match ou à peine moins pire, on vous imposera de mauvaises conditions. Des choix s’exposeront à vous. Passons les en revue ensemble. Pendant une soirée Vendredi 21h. L’oubli classique: vérifier que le match n’est pas déplacé à un créneau de télé. Pas de bol, il y a une soirée, un anniversaire, des collègues, peu importe, il faut y être. Vous faites abstraction. Du regard en coin de votre partenaire alors que vous essayez de caler votre téléphone contre un verre. Ou de votre target qui essaie mollement de s’intéresser à votre sport mineur ringard. Vous les oubliez. Vous avez trouvé un copain. Chance. Il s’y connaît, il est sympa et fait quelques bonnes vannes. il vous aide à gérer les normies qui posent des questions sur Chabal et France – All Blacks 2007. ça change du relou de la dernière fois qui bouclait sur “les Fidjiens en équipe de France” et que “ça envoie plus de jeu en Fédérale 1“. Le frigo est plein d’IPA de hipsters, il n’y plus qu’à gérer votre débit pour éviter d’être trop bourré à 22h et donc de traiter Owen Farrell de “toy boy qui fait la page centrale de WaffenSS Magazine” trop fort devant des gens que vous ne connaissez pas assez. Le déplacement Malgré l’attrait évident d’un weekend dans le doux hiver romain, vous voulez voir un vrai match de rugby dans un stade vibrant et humide comme un sexe de femme. Vous êtes donc dans les îles Britanniques. Vous ne ressemblez à rien dans votre cape de pluie et vos pompes Quechua, les probabilités de s’encanailler ce soir avec des autochtones aguicheuses sont faibles, mais vous ressentez un peu de la satisfaction de l’aventurier qui a bien étudié son terrain. Le B&B est potable, le papier peint moche fait partie de l’expérience. Votre bande hétéroclite mêlant famille, coéquipiers, amis, collègues et supporters rencontrés dans l’après midi au pub a fière allure. Vous êtes intouchables. C’est ce que vous croyiez jusqu’à la 4ème minute et la première montée défensive de Yoann Huget. Dans le train Ce petit Italie – Pays de Galles que vous n’aviez pas prévu de regarder se rappelle à vous alors que vous rêvassiez mollement le regard perdu dans les vallons meusiens sur la route de chez Mamie. Béni soit le XXIe siècle et les réseaux 4G qui marchent mieux que le Wi-Fi. Au fond, la perspective de regarder Sergio Parisse tenter des enchaînements petit par dessus/drop n’est pas si déplaisante. Au Stade de France A chaque fois. Chaque année. Les anciens du clubs du Paulo, le CE à Didier Planchard de la Sogé, Clément et Camille qui ont eu des places pour Noël. Vous debriefiez sans conviction la dernière journée de BeIn Cup et ce petit 3/4 gallois de Newport ou Llanelli qui bouge bien. “Eh au fait, je vais voir France – Irlande, il reste une place, Foquart peut plus venir, ça te chauffe ?“. Le piège. On parlait rugby, impossible de refuser sans passer pour un thermo-connard snob : “Ouais grave ça peut me chauffer“. Non. Mensonge. Tu mens. Ca te chauffe pas du tout, au contraire tu es méga-froid, congelé à l’idée d’aller voir une défaite encourageante dans le vent polaire entouré de supporters apathiques. Bon, c’est même pas si cher. J’accepte avec un sourire hypocrite et je commence à me préparer mentalement pour le RER of Shame au sons des 5 supporters Irlandais bourrés qui ambianceront la rame. Chez ses parents L’ambiance était bonne. Ta petite soeur a décidé de se mettre à bosser à la moitié de l’année de Terminale, ton petit frère a commencé à comprendre qu’il pouvait rentrer de soirée à 6h plus discrètement, résultats immédiats : les parents sont moins stressés. Tout le monde a repris du rôti et des haricots, tu as apprécié le vin pour une fois que t’avais pas la gueule de bois. Défoncé à la mollesse du dimanche aprem, tu ne te rendras pas compte avant plusieurs minutes que tu es train de mâchouiller le reste de glaçage qui colle à ton doigt. Un Ecosse – Irlande remuant se termine en attendant de tester notre médiocrité face à l’Italie. Le beau-frère footeux commence à te poser de fausses questions innocentes sur la Coupe du Monde à venir. Peine perdue, tu es un pacha, imperturbable. Avant une soirée Samedi, fin d’après midi. Rassemblement chez le Guigui avant une grosse soirée dans la coloc de Mathilde. Match à la maison, on se prend à rêver d’accrocher les Anglais ou les Irlandais. Le coeur y est parce qu’il faut bien. A peine la bise claquée et le palier franchi, tel Kassovitz dans le Bureau des Légendes, tu captes instantanément des signes indiquant une mission à hauts risques. Une clameur t’accueille. Le salon est bien rempli : …5, 6, 7, 8 camarades, déjà forts guillerets. Le son du frigo qui s’ouvre s’accompagne d’une symphonie de “cling cling” dans le bac à bières. Le breuvage jaune dans le gobelet de Rémi est fort opaque. Le match commence, ça joue bien. Les packs de 1664 s’enchaînent facilement. C’est une victoire inespérée ! C’est trop rare, il n’y aura pas de modération ce soir. “La flemmeuh de se faire à manger, y aura à bouffer là bas normalement, on décolleuh” balance l’hôte des lieux. Tu te souviens que sur le coup, tu avais acquiescé avec enthousiasme et englouti ton pastis yaourteux. Après une soirée Il n’y a pas de match du 6 nations le samedi matin. Sois ton after a bien trop duré, sois l’excès de substance t’as fait oublié que c’est le mois de juillet et que tu es devant un match du Four Nations. Bonne astuce pour le USA – Tonga de cet automne cependant. Au pub Finalement, le lieu idéal à défaut des autres plans. On boira de la pression, et on essaiera d’impressionner des inconnus en balançant ses meilleures punchlines à la cantonnade. On branchera peut-être un anglais de passage pendant la pause clope. Mais où aller ? N’allez pas au Bombardier, c’est chiant, c’est moche, c’est trop cher, les bières sont tièdes, la rive gauche c’est ringard et les bonnes places sont déjà prises, je suis arrivé il y a une heure pour réserver la place à mes potes. N’allez pas au Highlander, c’est chiant, c’est trop cher, c’est petit, les bières sont tièdes, Saint Michel c’est le pire endroit de Paris et les bonnes places sont déjà prises, je suis arrivé il y a une heure pour réserver la place à mes potes. N’allez pas au French Flair, c’est chiant, c’est surcoté, les Triple Karmeliet tabassent trop fort, Pigalle ça craint c’est pleins de touristes et de putes et les bonnes places sont déjà prises, je suis arrivé il y a une heure pour réserver la place à mes potes. N’allez pas au Cork and Cavan’s, c’est chiant, c’est petit, ça parle à peine français, le canal saint martin c’est rempli de bobos qui aiment pas le sport et de sales jeunes qui prennent de la D, et les bonnes places sont déjà prises, je suis arrivé il y a une heure pour réserver la place à mes potes. Spécial Province : N’allez pas au Phoenix à Nancy, c’est trop cher, la moitié des gens regardent pas le match, l’autre moitié c’est des rugbyman en mousse d’école d’ingénieur, et les joueurs du NSR ont pris toutes les bonnes places.