Compte-rendu de France – Angleterre U20. CHAMPIONS DU MONDE !par Ovale Masque 19 June 2018 5 Juin 2018. Castres est champion de France de rugby. L’USAP revient en Top 14. Bernard Laporte n’est toujours pas en prison. Serge Simon est toujours médecin. Le XV de France est en si bonne santé qu’il était à deux doigts de défiler sur les Champs Élysées après sa défaite héroïque de seulement 13 points contre les All Blacks. Heureusement, au milieu de ce tableau digne des meilleurs films post-apo, il y a les Championnats du monde des moins de 20 ans ! Mais si vous savez, cette compétition qui a lieu tous les ans et, en général, le temps que vous soyez au courant qu’elle a débuté et qu’elle est diffusée sur France 4, les Français sont déjà éliminés. Mais cette année la donne est différente, puisque nous pouvons compter sur une génération particulièrement douée. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils jouent bien. Ils ne sont pas encore abimés par le TOP 14, ses 32 ruptures des ligaments croisés par saison, et ses 18 protocoles commotions par mi-temps. Il parait même qu’on les aurait vu réussir à jouer des surnombres ! Et puis ils ont un gros atout : celui d’évoluer à domicile, puisque la FFR a décidé d’organiser ces Championnats du monde en France (enfin plus précisément dans toutes les villes de France où le Front National a fait plus de 25% au premier tour des présidentielles, donc à Béziers, Narbonne et Perpignan). Les Bleuets se sont assurés d’avoir le soutien de leur public en renvoyant plein d’étrangers à domicile lors de leurs parcours : d’abord les Sud-Africains en phases de poule, puis les Néo-Zélandais en demi-finale. Mais un dernier obstacle se dresse sur leur route : l’Angleterre. Affronter nos pires ennemis en finale, au lendemain d’un exploit contre les Blacks en demi-finale, devant notre public et alors qu’on part favoris, n’importe qui possédant un peu de culture rugbystique sait que ça pue un peu du cul. D’autant plus que les rosbeefs ont un palmarès impressionnant dans les Championnats du monde U20, avec 6 finales et 3 titres, et qu’ils nous ont battus il y a quelques mois dans le Tournoi des VI Nations, déjà à Béziers. Cependant, il y a une statistique qui joue clairement en notre faveur : aucun joueur formé à Clermont n’est présent sur la feuille de match. La compo Le film du match : Ici vous allez trouver un compte rendu approximatif des faits marquants de ce match. Ça ne va pas être très intéressant mais il y a un gros point fort par rapport au replay de France 4 : vous n’aurez pas les commentaires de Sylvain Marconnet. 3ème minute : Les Anglais se mettent à la faute dans leur camp quand Jordan Joseph gratte un ballon au sol. Louis Carbonel se charge de la pénalité et réussit facilement ce que Trinh-Duc avait raté en 2011 : un coup de pied de 50 mètres en face des perches en finale. 6e : Première mêlée du match. Les Anglais se font emporter jusqu’en Corrèze. Ils en profitent pour y acheter une maison, comme tous bons Britanniques qui se respectent. 12e : Première belle action anglaise avec Marcus Smith qui passe les bras pour son centre, repris à seulement 10 mètres de l’en-but. Mais après Woki, c’est Jordan qui vient gratter le ballon et récupérer une pénalité. 13e : Première Marseillaise du match, au cas où on aurait oublié qu’on est en France. 17e : Nouvelle pénalité pour la France après un ballon porté. Carbonel la passe, 6-0. 20e : Encore une bonne séquence des Anglais, qui récupèrent une pénalité en face des poteaux. Le public hue, au cas où on aurait oublié qu’on est à Béziers. Smith réussit son coup de pied, 6-3. 22e : Après une action confuse, Ntamack tape un coup de pied à suivre et se fait faucher par un plaquage aux jambes WWE-style d’un pilier anglais. Après avoir revu l’action à la vidéo, l’arbitre décide de donner une simple pénalité. Ouf ! Au moins si on perd, on pourra dire que c’était un complot arbitral, comme la veille à Wellington. 23e : La réalisation repasse en boucle ce plaquage ce qui permet à Sylvain Marconnet et à Hélène Archilla-Marcudy de caser environ 12 fois le mot « attentat ». Du coup on a l’impression d’avoir zappé sur BFM. 25e : Mêlée en faveur des Français à 5 mètres de l’en-but. Les Anglais se font à nouveau enfoncer, mais Joseph prouve qu’il n’est pas du tout prêt à jouer au Racing en décidant de jouer la balle à la main plutôt que d’attendre l’essai de pénalité. Heureusement, après plusieurs temps de jeu, Maxime Marty le-pas-catalan réussit à passer les bras pour Cameron Woki qui aplatit en coin. Ce n’est pas transformé, 11-3. 30e : Les Anglais continuent de tenir le ballon et d’imposer des longues phases de jeu. Ils récupèrent une pénalité mais Marcus Smith se foire à 40 mètres en face des perches. 36e : Plaquage à retardement de Ben Curry qui est sifflé par l’arbitre. Évidemment, le public connaisseur et courtois de Béziers applaudit chaleureusement l’homme au sifflet pour cette décision pleine de bon sens. En tout cas, Carbonel la passe, 14-3. 40e : Encore une séquence à 122 temps de jeu de la part des Anglais, qui, à défaut d’être géniaux, récitent leur jeu proprement. Malgré la bonne défense française, ça finit par craquer avec un essai d’Olowofela, servi en bout de ligne par une passe qui a l’air un peu en avant mais bon c’est l’inertie tu vois mais bon ta gueule tu vois. Bonne nouvelle et spoiler : on a gagné le match donc on n’a pas eu de débats de 3 jours sur cette action sur Twitter. Smith loupe la transfo, ça fait 14-8 à la pause. On touche presque pas un ballon, mais on marque sur notre unique occasion et notre buteur enquille, tandis que celui des Anglais se chie dessus sous la pression : c’est le monde à l’envers, c’est parfait ! 42e : La 2e période débute parfaitement avec le n°9 anglais qui dévisse complètement un dégagement dans ses 22. Derrière, les Bleuets obtiennent rapidement une nouvelle pénalité et ça fait trois points de plus presque sans rien faire. Merci, c’est gentil. 17-8. 52e : 152ème faute du XV de la Rose après une mêlée. 20-8. 56e : Devinez quoi ? Les Anglais se font démonter en mêlée et Carbonel rajoute trois points. 23-8. LE FRENCH FLAIR EST DE RETOUR. 62e : L’arbitre finit par avoir pitié et accorde une pénalité en mêlée aux British. 23-11. 67e : Encore une pénalité pour la France, après un maul cette fois. 26-11. 72e : Rory Brand est entré à la mêlée et on sent très vite qu’il va devenir notre nouvelle tête à claques favorite dans le futur, ne serait-ce qu’à cause de sa coupe de cheveux et sa gueule de méchant gosse de riche tout droit sorti de Kingsman. Après une percée de ce dernier, les Anglais partent sur une série de pick and go et réussissent enfin à marquer l’essai. 26-18, jusque-là c’était trop facile, on va enfin pouvoir flipper un petit peu ! La bonne tête de major de promo à l’académie des FDP. 74e : Même pas ! Juste après le renvoi, les Anglais se font pénaliser dans leur 22. Après quelques temps de jeu, Carbonel tape astucieusement à suivre et Seguret va aplatir dans l’en-but. 33-18, nique le suspense et les fins de match à la Clermontoise, ces jeunes Français sont des ennemis du lol. 78e : Les Anglais marquent encore un essai juste pour pouvoir dire qu’ils en ont mis un de plus que nous. Mais c’est trop tard, score final 33-25. LA FRANCE EST CHAMPIONNE DU MONDE ! Et croyez-moi, je pensais pas avoir l’occasion d’écrire cette phrase un jour dans un compte-rendu de la Boucherie Ovalie. Louis Carb-O-nel pic.twitter.com/tzU6oaLuJT — greub🐑 (@greub1) 17 juin 2018 Owen Farrell fait la même chose, il se fait traiter d’enfant de nazi pendant 5 ans. Mais là c’est un Français donc ça va ! Les puceaux : C’est une finale gagnée, donc tout le monde a réussi son match. C’est la RRRrrrrrègle. Dans une partie qui s’est surtout jouée sur la conquête et la défense, les gros ont été à l’honneur. Toute la première ligne bien sûr, Demba Bamba en particulier, son explosivité et sa puissance faisant de lui une sorte de Batmobile humaine. En seconde ligne, on a beaucoup vu Killian Geraci, probablement parce qu’il est très roux, ce qui aide à briller quand on joue à ce poste aussi ingrat. Jordan Joseph était surveillé et un peu moins en vue offensivement que pendant la demi, mais il a tout de même eu une grosse activité, tout comme Cameron Woki qui était partout sur le terrain. Mention spéciale également à Antonin Berruyer : c’est pas que je l’ai trouvé particulièrement bon mais tout le monde parle toujours des deux autres, du coup je le cite pour pas qu’il soit trop triste. Derrière, Arthur Coville a fait son match de patron malgré quelques déchets au pied. Louis Carbonel a sorti un 7/8 face aux poteaux et a eu une bonne inspiration en fin de match, il n’en fallait pas plus pour que le Midol parle déjà de futur Jonny Wilkinson. Bonne chance avec ça, hein. Maxime Marty le-pas-catalan n’a pas touché des tas de ballons mais a su faire la différence sur le premier essai français. À l’arrière, Clément Laporte a été très bon, comme tout au long du tournoi. Mais l’homme du match et de la compétition, c’est peut-être ce bon vieux Abdoul le playmobil pirate. Il aura été présent tout du long, immobile, silencieux et inutile, mais marrant. Un peu comme Jo Maso à la grande époque du XV de France. Le vrai héros de ce Mondial Les points à retenir de ce match : — Les Bleuets ont pratiquement fait le match parfait en marquant sur tous leurs temps forts et défendant très bien dès que le bateau commençait à tanguer. On ne sait pas si c’est de la maîtrise ou si ce sont les Anglais qui se sont suicidés en faisant 12000 fautes, mais pour une fois qu’une équipe internationale française gagne un match important sans un grand coup de FRENCH CHATTE ©, c’est à souligner. — Ces jeunes ne sont absolument pas prêts pour le Top 14. Ils n’arriveront jamais à s’habituer à un rythme aussi lent. — Comme chaque année, cette compétition nous permet de découvrir le nouveau troisième ligne formé à Massy qui va signer au Stade Français ou au Racing. — C’est quand même plus facile de bien jouer au rugby quand on humilie tout le monde en mêlée. — Du coup, World Rugby a un ou deux ans pour changer les règles et faire en sorte que Demba Bamba soit pénalisé 8 fois par match comme Rabah Slimani. — On ne le répétera jamais assez, mais évoluer au sein d’une équipe de Pro D2 pour avoir du temps de jeu fait beaucoup de bien aux jeunes. La preuve avec Arthur Coville et Demba Bamba. — Cette victoire permettra à tous les Jean-MichelLeRugbyCéMieuxQueLeFoute de s’insurger sur Twitter parce que le journal de 20h ne s’ouvre pas sur le titre des Bleuets et que l’Équipe préfère parler de la dernière coupe de cheveux de Neymar. Gardez-en sous la semelle quand même, la Coupe du monde ça dure un mois. — Cette victoire permettra à tous les Jean-MichelJaiLaSolutionPourSauverLeRugbyFrançais de dire que c’est la faute du Top 14 / des étrangers et pas de la formation qui se porte très bien (alors qu’ils affirmaient probablement l’inverse il y a 6 mois). — On a hâte de voir qui parmi ces 30 joueurs suivront les pas des champions du monde U21 2006 comme Guirado, Beauxis, Chouly, Ouedraogo, Medard, Mermoz ou Jean-Baptiste Peyras-Loustalet. — On a aussi hâte de voir qui va finir comme Florian Cazalot, Aurélien Béco, Yann Fior, Gregory Puyo, Camille Fourt Arteaga, Christophe ClaracMermoz ou Jean-Baptiste Peyras-Loustalet. Oui je suis allé chercher leurs noms sur Wikipedia, moi non plus j’avais aucun souvenir d’eux. Voici peut-être le principal obstacle sur la route de la progression de cette équipe des U20. Merci à Peir Lavit, Greub, John Pils et Pêche pour leur aide.