Ketchup-Mayol revient sur France-Italiepar Ketchup-Mayol 12 February 2016 13 Par Ketchup-Mayol, France-Italie… France-Italie… FRANCE-ITALIE ! Quelle chance d’avoir une affiche pareille en match inaugural de ce 6 Nations 2016. C’est vrai, quand on y songe : quel intérêt y aurait-il à débuter par l’intensité d’un Crunch et se condamner ainsi à un long anticlimax, une sorte de d’éjaculation précoce rugbystique après laquelle on attendrait honteusement de savoir qui de nous, de l’Écosse ou de l’Italie récupèrerait la cuillère de bois… Non, France-Italie, on passe par la case « préliminaires », histoire d’être en condition pour attaquer les choses sérieuses. On attendait beaucoup de ce France-Italie. D’abord pour mettre fin au suspense insoutenable de savoir qui remporterait le trophée Garibaldi, qu’on ne saurait décrire autrement que par le terme aussi vague qu’évocateur de ‘zigouigoui’. Un trophée tellement moche que l’on peut décemment se demander si les Italiens – ce peuple au goût si sûr – ne font pas exprès de perdre régulièrement contre nous. “Ma che cazzo cos’è questa merda?” (mais que diantre est cette chose ?) Ensuite, c’était le S01E01 de l’ère Guy Novès et tout le monde attendait de voir ce que l’équipe de France largement remaniée pourrait faire sous la houlette du sorcier aux trois doigts (non, on parle bien de rugby, pas de Donjons & Dragons). Guy réussirait-il à nous redonner de l’envie, après quatre mornes années de Ouin-Ouin ? De l’avis général, les résultats l’équipe du ‘Colonel’ furent mitigés, ou, selon l’expression consacrée, « bien, mais pas top ». L’équipe A XV new look, maillot new look. Certains l’ont trouvé très classe. D’autres moche. Perso, il m’a fait penser aux dessins de coloriage que mes gosses laissent traîner un peu partout à moitié finis. Avec le départ de son capitaine emblématique, c’est donc Guilhem Guirado, qui a pris du galon. A lui de mener une équipe largement remaniée qui incorpore pas moins de quatre Bleus bleus : le colosse clermontois Paul Jedrasiak (j’aurais aimé voir PSA le qualifier de ‘puceau’, tiens), Sébastien Bézy (celui qui a réussi, le Toulousain, pas le Briviste), le ‘Bastareaud-mais-en-mieux’ Jonathan Danty et Virimi Vakatawa le Septiste. Associés à des revenants comme Hugo Bonneval, Lauret et Plisson, un match contre une équipe d’Italie également remaniée (mais bon on s’en fout c’est que des faire-valoir pour Sergio Parisse) semblait le parfait entraînement sans trop de risques. Mais c’est oublier qu’on peut se blesser avec des balles à blanc. La première mi-temps Les Italiens ne sont pas venus pour huiler les paninis : ils mettent la main sur le match d’entrée et en moins de temps qu’il n’en faut à Matthieu Lartot pour faire un jeu de mot sur Gori, ils se procurent une occasion d’essai vendangée par Sarto qui nous illustre parfaitement l’expression provençale des « mains de pàti » (se prononce pAAA-ti ). Si le Fidjien est funambule, l’Italien est jongleur. L’épisode illustrera la fébrilité de nos Bleus en défense : par trois fois ils vont se faire trouer et éviter l’essai in extremis, parce qu’heureusement en face, ce sont des Italiens. Une minute plus tard, Canna claque un drop et ouvre le score. Peu après, Bézy a l’occasion d’égaliser. Le duo Lartot-Galthié nous gratifie des statistiques exceptionnelles du Toulousain avec l’effet chat noir qu’on leur connaît : le ballon passe à côté. Qu’à cela ne tienne, une minute plus tard, Vakatawa va inscrire le premier essai du match. Nouvel échec de Bézy pour la transformation. Caramba, encore raté. On a du mal reconnaître nos Bleus. Ils ont perdu en densité physique – d’ailleurs, notre joueur le plus dense le futur Anglais Lewis Picamowlz sort au bout de 15 min. Mais ils ont gagné en mobilité. En un quart d’heure, on a de quoi faire une vidéo de passes françaises deux fois plus longue qu’en quatre ans de Saint-André. Tiens puisqu’on en parle, c’est un des rares rescapés de l’Age of Ouin-Ouin, Damien Chouly, qui va planter le deuxième essai français un peu avant la mi-temps. Oui, le capitaine clermontois est à la conclusion d’une action ayant nécessité opportunisme, vista et quelques passes. Un véritable cauchemar éthylique pour les inconditionnels du Petit Guildford Illustré. WOPUTAIN TRIPLE CUL-SEC LES MECS ! Sébastien Bézy, le Wunderkind du Top 14 peaufine ses stats avec un 100 % à côté. Une petite échauffourée entre Parisse et Maestri sera le dernier événement notable avant la mi temps. Elle nous permettra néanmoins de découvrir les coulisses des effets spéciaux de la pub Numéricable avec Slimani, Papé et Plisson. Bilan à la mi-temps : 10-8 Le plus : Les deux équipes prennent le match au sérieux. Il y a du jeu, des essais, les deux équipes ont laissé des points en route. C’est un match indécis, et très équilibré. Le moins : MAIS C’EST L’ITALIE, EN FACE, BORDEL ! Deuxième mi-temps : Il n’y a beau avoir qu’un seul Toulonnais sur le terrain, la reprise est un superbe hommage aux secondes mi-temps du RCT de la saison dernière. En l’espace de 5mn, Canna, qui jusque-là avec huit points laissés en route n’était pas vraiment à la noce, va passer une pénalité et planter un essai. Et là, on commence à se dire qu’équipe rajeunie, remaniée, premier match de l’ère Novès et tout ça, une défaite à domicile face à l’Italie, ça la foutrait sacrément mal. Qui mieux que le Stade Français pouvait sauver le Stade de France ? Bonneval marque un essai transformé par Plisson. Mais au moment où les Français commencent à mettre la main sur le match, ils se font pénaliser et repassent derrière au score. Mais Plisson réussit une pénalité excentrée de 50m, et dans les coeurs, l’espoir renaît : et si Jules était enfin ce Grandisse providentiel que les prophètes du rugby tricolore ne cessent d’annoncer ? Il ne reste plus que cinq minutes à jouer, la France ne mène que de deux petits points. L’Italie campe dans le camp tricolore et fait des petits tas dans l’espoir d’obtenir une pénalité. Pas de faute, paaaaas de faute. Le temps s’écoule, et l’on se demande qui va craquer le premier dans ce bras de fer où la partie se gagne ou se perd. Et là encore, le Stade Français sauve la patrie en danger. Est-ce l’orgueil, l’énervement, la fatigue ? Sergio Parisse tente le drop. Dans un film, on aurait eu un ralenti sur une musique de Vangelis, le ballon aurait mis une plombe pour approcher les poteaux et l’on aurait vu les visages inquiets ou pleins d’espérance des joueurs hagards. Mais on était sur France 2 donc on a à peine eu le temps de se remettre de la surprise de la tentative qu’elle avait déjà échoué. Et c’est après cette action, de celles qui font de toi soit un con soit un héros du propre aveu du protagoniste, que se termine ce match sur le score de 23-21. – Non sérieux les mecs, vous le voulez pas ? Damien ? Wenss ?– Ah non, c’est toi le capitaine, c’est toi qui le ramènes… Le bilan (ou le passage Rugbyrama) Il est à la fois plaisant et inquiétant. Plaisant, parce qu’avouons-le, après les quatre dernières années, c’était agréable de voir des mecs faire autre chose que péter tout droit. Inquiétant, parce qu’une Italie diminuée nous a tenu la dragée haute et que si elle avait gagné, on aurait difficilement pu crier au scandale. Les avants : Bon. Yannick Bru est toujours entraîneur des avants, on va donc éviter les jugements à l’emporte-pièce et risquer de se faire placarder dans les vestiaires lors d’un prochain match. On ne peut pas dire qu’ils aient concassé leurs adversaires en mêlée et auront réalisé moins de turnovers que leurs adversaires. Guirado aura essuyé pas mal de critiques parce qu’il n’a pas été étincelant, mais il a été le meilleur plaqueur, n’a lancé qu’une seule pizza, et pourtant, c’était l’Italie en face. Il a probablement évité des ennuis à Maestri lors de son altercation avec Parisse. On notera les débuts prometteurs de Paul Jedraziak et de Jefferson Poirot. La charnière : OK, Bézy est passé à côté de son match au pied, mais pour le reste il a plutôt assuré. Il va falloir être costaud mentalement en espérant que le sélectionneur le retitularisera tout de suite, sinon, c’est des coups à se mettre le doute. En comparaison, Plisson a brillé comme le bon élève qui intervient tout de suite après le cancre. Mais bon, expérience du niveau international ou pas, les coups de pied qu’il a passés n’étaient pas évidents, et surtout ils étaient d’une importance capitale. – Bon, élève Bézy, au coin ! Qui veut buter ?– Moi, m’sieur ! M’sieur, je sais ! Les arrières : Qu’ils aient été corrects ou dégueulasses, de toutes façons ils ont été éclipsés par Vakatawa, dont on connaissait les qualités offensives, mais qui a su démontrer qu’en plus de franchir la ligne, crocheter les adversaires, faire des offloads de Harlem Globe Trotters et marquer des essais, il savait aussi plaquer. Bonneval n’a pas volé son essai non plus. Deux essais d’ailiers en équipe de France ?! Dans le même match ? Si Méd Max fait un match correct, la paire de centres Fickou-Danty ont manqué de punch. Et surtout, la défense en première mi-temps a été perméable. Bref, le pilote de ce reboot du XV de France laisse un peu sur sa faim. Faut voir comment les scénaristes vont dépoussiérer un peu la franchise. Les intentions sont là, donc on va voir si a dynamique va prendre dans les prochains épisodes.