Pastigo revient sur ASM – RCT (9 – beaucoup)par Pastigo 04 December 2015 10 Par Pastigo, Le match de ce week-end, et plus particulièrement les conséquences de celui-ci sur l’équilibre de chacun, nous imposent dans l’urgence l’organisation de cette convention bouchère à laquelle nous vous remercions d’avoir répondu présent. A ce titre je réclamerai toute votre attention, bien conscient que la majorité d’entre vous a ouvert cette page dans l’idée de revoir Bardy prendre un carton. Je tiens à être honnête, cette présentation ne contient aucune image violente et imposera au lecteur – évidemment déçu – de prendre du recul. J’invite d’ailleurs, dès maintenant, ceux qui lisent ces mots depuis l’autre bout du salon à rejoindre ceux qui sont déjà partis. Nous allons donc aujourd’hui nous concentrer sur les fondamentaux d’une cohésion sociale optimale, en découvrant les clés de la gestion personnelle de l’échec. Le secret de cette réussite s’articule autour des piliers suivants : Gérer son stress Se préparer à l’échec pour l’accepter. Savoir en tirer le meilleur grâce la technique américaine de la résignation positive. Pour cela nous vous demanderons de vous munir d’un retro-projecteur, d’un type en cravate, et du viseur laser indispensable à toute présentation Powerpoint. Ceux qui seraient en slip, ou au travail, peuvent cependant continuer à ne rien faire. En préambule il semble important de bien définir le cas du jour, ce pourquoi nous commencerons par une analyse objective des événements. L’ASM s’est faite dégoupiller la chocolatine. Par l’ennemi juré, à domicile, en prime-time, avec bonus, sur un score fleuve et dans des conditions rendant toute la misère du monde plus supportable. Et avec un essai de Delon Armitage. Pris par l’élan, ceux dont la maison n’a pas logiquement pris feu doivent se demander si leur femme n’est pas partie ou pire, revenue. Enceinte de Delon Armitage. Les conventions veulent qu’il s’agisse là des bases acceptables à un constat d’échec. Échec collectif, échec individuel, échec en bois (ménager quelques séquences d’humour pour conserver l’attention du public). Même si Toulon avait été capable de battre n’importe qui, l’ASM aurait tout à fait pu perdre toute seule. Tous les voyants sont au vert, et le public peut entrer sans contrainte en phase de stress. Alors comment gérer ce stress ? « On a gagné ! » L’une des pistes les plus intéressantes pour apprendre à gérer son stress en milieu miteux est d’analyser le « On a gagné ! » et par extension son inévitable pendant « On a perdu… ». Faire face au paradoxe et l’accepter sera difficile, d’autant qu’il sera nécessaire d’être sobre. Un pari déjà perdu pour bon nombre de supporters, tentons de sauver les autres. Intégrons l’idée que non, on n’a pas gagné. Jamais (à ce stade l’auvergnat part avec une avance considérable). Tout tient dans le « On », tant il semble qu’en slip la bouche pleine de pistache, la télé aurait pu être éteinte que notre participation à la réussite de l’équipe n’aurait guère parue plus notable. Admettons le, « on » n’a rien gagné du tout. C’est dur puisqu’il faut accepter par là notre existence médiocre, loin des athlètes qu’on s’approprie pour ne pas avoir à les jalouser. Voilà, vous êtes prêts, alors tenons nous la main et répétez après moi : « Je suis une merde, je ne sers à rien, et « ILS ont gagné ». Je note que le stress n’est pas passé. Oui, mais si « Ils ont gagné », par extension encore on ne perd plus, « ils ont perdu » ! L’astucieux éléments de langage nous offre immédiatement 10 points Tisane-Douce-nuit et le stress diminue tout à coup. Le recul (les plus cons sont déjà sur l’autoroute) est alors notre allié salvateur. Car il faut être honnête, ce « on » n’a aucun sens, une entité chimérique et dégueulasse probablement née de l’union entre un bodybuilder et du gras de jambon. Ce « on » ne tient qu’au fait qu’il s’agit généralement de l’équipe la plus proche géographiquement de notre domicile. Domicile qu’on a choisi pour la plupart, là où on est né pour l’auvergnat. Les plus pénibles ne manqueront pas de noter que ce « on » a du sens. Qu’il représente l’union d’un peuple, sous une même bannière, luttant ensemble pour l’honneur de tous contre l’ennemi. Nous répondrons sobrement que l’union nationale et la parabole guerrière sont tout à fait à propos, tant mettre fin au nazisme et gagner 4 points dans un tableau Excel sont hautement comparables. Conseil pratique : l’erreur à ne pas commettre. On pourrait être tenté de couper le match dès qu’on sent que ça pue, pour se protéger de l’échec. C’est une erreur ! L’échec nous rattrape toujours, qui plus est en Auvergne où le rugby est la seule distraction pour ceux qui n’aiment pas la soupe. La bataille contre le stress est d’ores déjà gagnée, avec des conséquences qui vont bien au-delà de l’épanouissement personnel. Tout à coup, la raison pousse même les plus cons (et ils sont nombreux) à oublier de gueuler partout que la défaite de l’ASM « c’est la faute des étrangers de Toulon » qui n’ont même pas de valeurs. Notons qu’il s’agit probablement des mêmes qui pleuraient les forfaits de James et Cudmore, bons Français s’il en est. Au passage n’hésitez pas à claquer sans réserve celui qui répondra « Mais eux c’est des étrangers de chez nous ! ». Mieux encore, libérés de sa propre pression et de l’obligation de résultat à travers laquelle il se croit vivre, le supporter redevient spectateur. Les joueurs prennent à nouveau conscience qu’ils sont là pour assurer un spectacle, ce qui pourrait enfin nous libérer de ces longues séances de purges franco-stratégiques. Désormais protégés du stress nous avons déjà fait un grand pas vers l’acceptation de l’échec. Déjà parce que ce n’est plus le nôtre, et chacun sa merde. On ne donne pas un centime au clodo de Super U, ce n’est pas pour faire cadeau de notre compassion à des types plein aux as. L’échec est accepté dans la mesure où c’est toujours mieux quand ça arrive aux autres, d’autant qu’il rend les nôtres bien plus sympathiques, puisqu’à l’inverse de ces gros losers notre vie ratée les garde bien au chaud sous autant d’anonymat. Reste désormais à tirer profit de cette situation afin d’avancer. Là par contre, et compte tenu de la situation, cela demande une expérience certaine et une imagination sans faille. Pour ma part, et puisque nous sommes passés à table à la mi-temps en voyant venir la misère annoncée, le point positif que je retiendrai de ce match c’est le Bourguignon. Le Bourguignon, mets aussi long à mijoter que minutieux à préparer, offre une farandole de saveurs fines qui plus est s’il est dégusté chez quelqu’un d’autre, et donc gratuit. Vous n’êtes sans doute pas convaincus, ce pourquoi je préfère enchaîner sur la Pompe aux Pommes, dessert frais et convivial à partager entre amis. Vous l’aurez compris, tirer profit de l’échec est un voyage qui ne peut se faire que seul. C’est à vous de trouver en vous même les bénéfices d’une déroute, surtout si vous n’avez pas mangé de Bourguignon. En espérant que cette présentation (consultation ?) vous aura permis d’apprendre à maîtriser l’échec en milieu sportif, et plus particulièrement auvergnat, n’hésitez pas à relire vos notes et à vous entraîner chez vous. Notez que si vous manquez d’entraînement, l’ASM propose chaque année des stages de mise en échec au printemps basés sur la répétition. Pour notre prochaine séance, nous étudierons un échec courant : la faculté improbable de l’auvergnat à hurler contre le départ de Brock James, alors que le véritable échec est de ne pas être foutu de lui trouver un successeur en presque 10 ans.