Retour sur Australie – Fidji (28-13)par Ketchup-Mayol 29 September 2015 7 Par Ketchup-Mayol, Certes, il s’est écoulé plusieurs jours entre ce match Australie-Fidji. Et un match contre l’Uruguay, qui ne compte pas vraiment tellement c’était évident que les Sud-Américains allaient se faire bouffer, comme d’habitude. Mais niveau réactivité et efficacité, ça nous place quand même encore largement au dessus de Martin Castrogiovanni (oui, pour une fois on va foutre la paix à Jean-Marc Doussain). Australie-Fidji, donc. Une fois de plus, la réputation des Français ne s’est pas démentie, quel que soit le résultat de toutes façons on fera la gueule. Deux victoires en deux matches, dont une bonifiée ? Les pisse-froids vont quand même trouver motif à scandale. C’est bien connu, le Français, c’est un Italien qui fait la gueule. Pourquoi parler de la France pour un compte-rendu de match entre l’Australie et les Fidji, me demanderez-vous ? Parce que finalement, après lecture de la presse australienne, il semblerait que nous n’ayons pas le monopole du verre à moitié vide. On a du mal à croire que l’Australien, qu’on imagine beau gosse, bronzé, musclé à force de faire du surf et d’étrangler des crocodiles à mains nues, puisse être le Français de l’hémisphère sud. Pourtant, c’est avec une tiédeur et un scepticisme très gaulois que le public kangourou a accueilli la prestation de son équipe nationale lors de son premier match de Coupe du monde. Les Australiens tentent de pousser le mimétisme jusqu’à copier la #FrenChattitude Pourtant, tout oppose ces deux équipes : alors que la France assume son statut d’outesaïdeur, sachant que de toutes façons, on n’a droit qu’à un match mythique par compétition et que ce serait con de le claquer face à la Roumanie ou le Canada, l’Australie fait partie du trio des favoris. Le vainqueur du 4 Nations 2015 vient avec des ambitions. Mais les victoires des deux équipes sont néanmoins accueillies avec la même circonspection. Le film du match La différence de niveau entre les deux équipes était évidente sur le papier, mais histoire d’en rajouter un peu, les Fidjiens se remettaient à peine du match d’ouverture de la compétition face à l’Angleterre cinq jours auparavant. On a bien pensé les faire jouer avec leurs lacets noués ensemble, mais ç’aurait sans doute été un poil trop voyant. Les Australiens quant à eux disputaient leur premier match, et tout au plus pouvaient-ils faire valoir qu’ils étaient en rodage, les pauvres. Les surprises se sont accumulées en début de match. Une mauvaise, d’abord, Waisea se retrouve blessé au bout de deux minutes de jeu, et c’est une sale nouvelle de plus pour le Stade Français qui n’en demandait pas tant. Mauvaise nouvelle également pour le MHR qui du coup va se trouver privé de Nagusa appelé à sa place – peut être l’occasion pour Julien Malzieu de retrouver le terrain. Mais malgré tout, pendant 15 minutes, les Fidji ont fait jeu égal avec l’Australie. Encore plus incroyable, les Fidjiens se sont offert le luxe de leur tenir tête en mêlée, et même d’avancer sur un groupé pénétrant comme des Racingmen. Après le Japon et le jaune de McCaw, une inspection circonspecte des cieux s’imposait pour vérifier qu’il n’allait pas tomber de la merde. Evidemment, depuis l’exploit du Japon contre l’Afrique du Sud, tout le monde se prend à rêver que le petit tape le gros et nul doute que des petits malins se frottaient déjà les mains d’avoir misé leur PEL sur les fantasques îliens. Le Petit Poucet fidjien contre l’Ogre Wallaby ! Mais hélas, c’était sans compter sans le pragmatisme et le métier des Australiens, en particulier du duo de choc de la troisième ligne Pocock-Hooper, duo surnommé POOPER (qui pourrait se traduire par « usine à chocolat », classe). Et c’est là qu’on se demande pourquoi on n’a jamais eu l’idée d’en faire de même en équipe de France. Ca aurait de la gueule, le duo PICAUTOIR : quand tu les croises, ça picote. Malgré un nom évoquant davantage le bruit d’une balle de ping-pong qu’un road train australien, un maul projetait par deux fois David Pocock dans l’en-but fidjien en l’espace de cinq minutes. Il faut dire que les Fidjis jouaient à 14 suite à l’expulsion de Campese Ma’afu, le frère du valet de parking du RCT. Quand de retour de la mi-temps, le futur co-équipier de Jefferson Poirot, Sekope Kepu, marque un essai tout en puissance, on pense que la messe est dite et que les Fidjiens vont passer le reste du match à jouer à la crapette sur le bord du terrain. Mais le Fidjien est opiniâtre, il s’accroche. Le demi-d’ouverture Volavola va s’illustrer balle en main en plantant un essai et le pied de Nadolo finit par ramener son équipe à 12 points… malgré des progrès certains, le jeu d’occupation et l’animation au pied des Fidjiens reste médiocre. Il faut dire à leur décharge que comme me l’expliquait Pierre Villepreux, c’est très douloureux de taper pied nu dans une noix de coco, et on comprend donc aisément qu’outre leurs facilités anatomiques, ils préfèrent jouer à la main. Moment WTF du match: les deux équipes refont le “Guernica” de Picasso en flashmob Tant et si bien qu’à la 69ème minute survient l’inexplicable. Les Australiens obtiennent une pénalité, et comme de vulgaires Toulousains, choisissent de prendre les trois points au lieu d’aller chercher le quatrième essai synonyme de bonus. Et ce sera là leur dernière occasion. Les Fidji vont mettre les barbelés jusqu’au bout tandis que les Australiens se retrouvent à 14, et le match se termine par une victoire Wallaby, 28-13. A l’instar du public français, les Australiens vont faire la moue après cette victoire. Pourquoi avoir joué petit-bras ? Ce point de bonus manqué ne fera-t-il pas la différence dans cette poule de la mort ? Tout ça n’a sans doute pas d’importance. De toutes façons, pour rafler la première place, il faudra déflorer la rose et faire dégorger le poireau. Quant aux Fidji, qui n’ont que très peu d’occasions de progresser en se frottant aux meilleures équipes, nul doute qu’ils attendent néanmoins avec impatience leur tour de participer à la tournante sur l’Uruguay. Les Australiens respectent ces valeureux Fidjiens