Rugby d’avant : la défaite la plus débile de l’histoire du rugby (H-Cup 98)par Thomakaitaci 01 May 2015 6 Par Thomakaitaci, Rugby d’avant : Finale de la HCup 1997-1998, la défaite la plus débile de l’histoire du rugby Samedi, peu avant 20h – voire plus tard, en cas de prolongations, de pénalités et de concours de la meilleure banda – l’ASM Clermont va peut-être enfin réaliser son rêve : égaler le grand CA Brive. Si les Auvergnats remportent la Coupe d’Europe, ils rejoindront leurs voisins paysans au palmarès : un titre et une finale imperdable mais perdue. Oui, parce qu’on se souvient encore assez bien de la défaite débile de Clermont en 2013 – c’était il y a deux ans, c’est encore un peu frais, même pour des cerveaux limités comme ceux des amateurs de rugby – mais qui se souvient de ce match, au Parc Lescure de Bordeaux (Jacques Chaban-Delmas n’étant pas encore mort à l’époque), le 31 janvier 1998. Cette finale de Coupe d’Europe jouée en plein hiver, fut le théâtre de la plus belle défaite débile de l’histoire du rugby français, et de l’histoire du rugby tout court. Alors, à l’occasion de la finale de ce weekend, à la Boucherie, on vous propose de vous la remémorer. Ça détendra l’atmosphère, ça fera rire tout le monde, sauf les Brivistes, mais on s’en fout, ils n’ont pas internet. Jeu Bonus : Sauras-tu retrouver Alain Juppé dans l’image ? Bordeaux, Parc Lescure, samedi 31 janvier 1998, C’est un évènement. Pour la première fois de l’histoire du rugby, une finale de coupe d’Europe des clubs se joue sur la bonne terre de France. A l’époque, le rugby était un sport encore confidentiel, le match n’allait pas attirer beaucoup de monde (on mesure le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui, donc). C’est donc dans le modeste Parc Lescure de Bordeaux que va se jouer ce troisième titre. Bon, en fait, ça tombe bien, parce qu’en fait Brive est qualifié pour la finale et qu’ils ont pu choisir le lieu du match. Pas fous, ils n’ont pas choisi le stade de Clermont. Il faut dire que Brive à l’époque, c’est pas des peintres, hein ! Champion d’Europe en titre après leur victoire en 1997 contre Leicester (28-9), ils ont accédé pour la seconde année consécutive à la dernière marche de la compétition. Pourtant, ils en ont chié : deuxième de leur poule derrière Bath, les Coujoux doivent passer par un barrage contre Pontypridd – quelques jours seulement après le fameux Brive-Pontypridd et sa troisième mi-temps de légende au bar Le Toulzac. Défaits à LA BAGARRE mais vainqueur sur le terrain (c’est ce qui compte finalement), les hommes de Patrick Sébastien accèdent aux quarts de finale, où ils battent les Wasps sur leur terrain. En demi-finale, au Stadium, après un match nul mais grâce à un nombre supérieur d’essais marqués (2 contre 1), ils éliminent Toulouse. Tout est en place pour un second titre consécutif. Mais avant cela, il faudra retrouver Bath, en finale. Sûrs de leur force, les Brivistes font même jouer Laurent Travers, unijambiste. Il y eut un temps où l’équipe de Brive n’était pas composée uniquement de Fidjiens et de Géorgiens. Il y eut même un temps où Arnaud Mela ne jouait pas. Il y avait même des internationaux français, et pas des moindres. Bon il y avait aussi Laurent Travers. En ce samedi ensoleillé, Laurent Seigne avait composé l’équipe suivante : Didier Casadeï, Laurent Travers, Richard Crespy – Eric Alégret, Yvan Manhès – Loïc van der Linden, François Duboisset, Olivier Magne – Philippe Carbonneau ©, Lissandro Arbizu – Sébastien Carrat, David Venditti, Christophe TITOU Lamaison, Jerôme Carrat – Alain Penaud. En face, Andy Robinson, le coach de Bath a aligné ses grands noms : Mike Catt, Andy Nicol, Jeremy Guscott, Ieuan Evans. Le rugby c’était mieux avant, mais ça ressemblait quand même beaucoup à ce que l’on connait aujourd’hui. Dans cette finale fermée à double tour, les téléspectateurs de France 2 doivent supporter et le concours de pénalité et les commentaires de Pierre Salviac. A ce petit jeu, Brive prend rapidement le large, profitant de l’anglophobie de l’arbitre écossais Jim Flemming. A la mi-temps, les noir et blanc mènent 15 à 6, grâce à cinq coup de pompes du grand, du très grand Titou Lamaison. Bath ne montre rien et les quelques spectateurs dans le stade qui ne se sont pas endormis ne voient pas comment ce match peut échapper aux Français. La seconde mi-temps commence par vingt minutes lénifiantes. A l’heure de jeu, Bath concrétise la seule action d’envergure du match, par un essai de Jonathan Callard, qu’il transforme lui-même. Les Anglais reviennent à 15-13. Brive, dans un excès d’ambition décide de tuer le match par un drop d’Alain Penaud (18-13). Cinq points d’avance, un quart d’heure à jouer, ne reste plus qu’aux Brivistes que de bien gérer la fin de match. Place au chef d’œuvre. Il a touché le poteau ! Essai ! Non… Bath revient d’abord à hauteur de ses adversaires grâce à une pénalité de Callard (18-16). On joue alors les arrêts de jeu – à l’époque, la fin du match est à la discrétion de l’arbitre qui laisse jouer autant qu’il le souhaite – Bath insiste pour percer la muraille corrézienne, en vain. A la 80e minute, l’ailier Adebayo envoie une grande chandelle de dépit dans les 22 mètres brivistes. Penaud réceptionne et met le ballon en touche, mais Yvan Manhès, le seconde ligne coujoux, dans un geste que n’aurait pas renié Julien Bardy ou Pascal Papé, vient percuter volontairement l’ailier anglais. Cette pure intelligence situationnelle oblige l’arbitre de siffler une pénalité, les bras ballant devant tant de bêtise. Callard passe le ballon entre les poteaux et Bath prend la tête pour la première fois de la rencontre (18-19). Le match aurait pu se terminer là, il n’aurait été que banal. L’arbitre Flemming décide de laisser une chance supplémentaire aux champions d’Europe en titre et ne siffle pas la fin du match. Sur le renvoi de Lamaison, les Anglais récupère le ballon et Callard dévisse son coup de pied. Il trouve une petite touche que l’arbitre décide de faire jouer. Sur le lancer de Travers, le pack de Brive forme un maul et commence à avancer. Les avants de Bath écroule le maul et Flemming siffle en faveur de Brive. C’est bon, Lamaison a le coup de pied de la gagne. Tout va rentrer dans l’ordre. Coup de théâtre, le coup de pied du buteur de l’équipe de France est trop court ! Un joueur de Bath récupère le ballon et le sort des limites du jeu. Flemming est sur le point de siffler la fin du match mais, deuxième coup de théâtre, il accorde une mêlée à 5 mètres aux brivistes, un joueur de Bath ayant fait rentré le ballon dans l’en-but. C’est bon, là cette fois-ci, tout va rentrer dans l’ordre. La mêlée blanche et noire domine son adversaire, Carbonneau sort parfaitement le ballon dans l’axe pour Arbizu qui n’a plus qu’à passer le drop en face des perches… A côté !! Tel un Brock James des grands jours, le demi d’ouverture argentin flanche au moment crucial. Flemming, devant tant de nullité, se résigne à siffler la fin du match. Andy Robinson exulte, Bath est champion d’Europe. L’Angoisse du buteur au moment de voir son drop se dérober C’est là le drame de l’ASM finalement. Dans tous les domaines, ils trouvent quelqu’un supérieur à eux. Dans la victoire, très souvent, mais même dans la défaite. Malgré de bonnes intentions et une créativité toujours plus grande pour inventer des défaites débiles, jamais ils ne pourront égaler cette défaite de Brive en finale de la HCup 1998. A moins que… Réponse samedi soir. Bonus : voici la vidéos des six dernières minutes du match. Vous ne pourrez les voir que si vous avez lu entièrement le texte ci-dessus. Faîtes attention, on donnera les noms des tricheurs à Manuel Valls.