[VI Nations 2015] Le Stagiaire analyse France – Pays de Galles (13-20)par Le Stagiaire 02 March 2015 27 Par Le Stagiaire, Il fut un temps où même une défaite du XV de France apportait son lot de bonnes nouvelles. Contre les excès de confiance trop fréquents chez les tricolores, une défaite était l’assurance d’une remise en question salutaire et d’un sursaut d’orgueil excitant pour tous les observateurs. Plus l’humiliation était importante, plus la révolte était belle. C’était le temps des amphétamines et des titularisations de David Marty. Le temps où le visage des joueurs à la sortie des vestiaires nous faisait déjà trépigner d’impatience et d’excitation. Regards absents, mâchoires crispées, poings serrés, Marseillaise chantée à tue tête… Le mot « cerveau » était temporairement rayé du dictionnaire. Et il est bien là, le drame d’aujourd’hui. Le XV de France traverse une période sombre. On évoque les problèmes de calendrier, les problèmes de formation, les problèmes de politique avec les joueurs étrangers. On cherche à l’extérieur ce qui tue petit à petit le rugby français sans même se rendre compte qu’il se meurt de l’intérieur. Après la défaite en Irlande, on espérait que le vent de la révolte soufflerait toute la semaine à Marcoussis. Mais il n’en fut rien. Le ciel était gris et nuageux, sans la moindre once d’espoir de voir apparaître une éclaircie. Comme un symbole®, on aurait pu se croire en Écosse. Pas le moindre coup de tonnerre, pas d’orage et encore moins d’éclairs dans les yeux. Même pas un petit pet d’Atonio pour faire bouger une bouclette de Yoann Huget. Nous avons eu le droit à des mines déconfites, résignées, nous affirmant que le mot d’ordre pour la réception du Pays de Galles était de prendre du plaisir. Même Pascal Papé était plus convaincant lorsqu’il prétendait que son coup de genou sur Heaslip était involontaire… Au final, le XV de France enchaîne avec une deuxième défaite en trois matchs au bout d’une nouvelle rencontre soporifique. Contrairement à ce que l’on nous avait annoncé et ce que l’on aurait pu espérer, il n’y a eu ni effusion de joie, ni révolte. Juste quinze mecs avec un maillot bleu sur le terrain, errant désespérément en essayant de trouver le chemin de l’en-but adverse. Pas de leaders, pas de cohésion, pas d’identité, pas de stratégie. Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est que l’équipe de France a gommé ses principaux défauts. Fini le manque de régularité, finis les excès de confiance. La mauvaise, c’est que l’équipe de France a aussi perdu toutes ses qualités. Elle est devenue prévisible, sans panache, régulière dans la médiocrité et son niveau de confiance est tellement bas qu’à force de nous pencher pour le chercher on va finir par tomber sur Romain Teulet. La compo : Le film du match : Comme d’habitude, on commence par les hymnes. Ils sont chantés a capella, de la manière la plus simple qui soit, sans artifice ni ornement, comme une combinaison du XV de France. Brice Dulin est en pleurs car il trouve que la Marseillaise c’est nul, il aurait préféré chanter du Bruno Mars. S’en suit une minute d’applaudissement en hommage à Bernard Marie, premier Français à avoir arbitré une rencontre internationale. Dites-vous bien qu’un jour on devra peut-être tous applaudir Craig Joubert pendant une minute. Je pense qu’il sera d’accord avec nous pour espérer que ce soit le plus tard possible. 3ème minute : Ben Arous prend sa chance au grattage et obtient une pénalité. Il confirme à ce moment-là qu’il est le joueur le plus technique de l’équipe avec Bastareaud. Flippant. 4ème minute : Offensive française sur un lancement de jeu. Les courses se croisent, les joueurs font des faux appels, bref : il y a plus de trafic en milieu de terrain qu’entre Castres et Colombes. Fofana vient s’empaler sur un Gallois qui n’avait rien demandé et l’arbitre siffle un écran logique. On constate au passage que même lorsqu’il n’a pas le ballon et pas de défenseur en face, Fofana est maintenant incapable de trouver un intervalle. La petite patte Patrice Lagisquet, probablement. 6ème minute : Les Gallois enchaînent mais la défense française semble bien en place. Taofifenua est finalement sanctionné pour une faute. Leigh Halfpenny passe la pénalité. C’est de toute évidence un complot toulonnais contre la France. 10ème minute : Sur un de ses premiers ballons, Rémi Lamerat perce mais est rattrapé par une cuillère. Touché sur l’action, sa blessure sera à priori moins grave que la fracture de l’orgueil qui touche tous les joueurs du CO depuis le début de la saison. Notre brillant plan qui consistait à faire passer Mathieu Bastareaud pour Uini Atonio sur le banc afin de prendre les Gallois par surprise à la soixantième s’effondre puisqu’il est obligé de rentrer pour suppléer Lamerat au centre. 12ème minute : Les Bleus sont dans les 22 mètres adverses. Camillo Pez fait une diagonale pour Huget qui monte au filet et smash le ballon dans le camp gallois. L’arbitre siffle en-avant tandis que sur le banc français, on s’active pour expliquer à Yoann Huget qu’il dispute un match de rugby et pas un match de beach volley. Le Toulousain profite d’un temps mort pour enlever son maillot de bain et ses lunettes de soleil. 2005, Médard et Huget déjà très complices s’entraînaient à jouer au volley-ball au centre de formation du Stade Toulousain. 17ème minute : Toujours dans les 22 gallois, Camille Lopez tente une autre diagonale, cette fois-ci pour Sofiane Guitoune. Mal dosé, le ballon atterrit dans les bras de North, décidément impossible à déboussoler, qui marque l’arrêt de volée. Heureusement, l’arbitre revient à l’avantage pour un hors-jeu gallois et Lopez ouvre le compteur des Bleus. 3 partout, le Stade de France lance une ola. 23ème minute : Dulin remonte un ballon. Analyse de Fabien Galthié : « Il les aime ces ballons ! ». Est-ce qu’on a déjà seulement vu un arrière s’arrêter de jouer en plein milieu d’une action en disant « Bof, non, je l’aime pas ce ballon en fait » ? 25ème minute : Pénalité manquée par Lopez. Halfpenny quand il regarde Camille Lopez après une pénalité 27ème minute : Mauvais rebond qui manque de tromper l’arrière français. Voilà donc un exemple de ballons que Dulin n’aime pas ? Des ballons donnés au pied et qui ont des rebonds capricieux. Va falloir penser à le prévenir que c’est emmerdant s’il veut continuer à jouer arrière. 29ème minute : Les Français enchaînent les fautes de mains et les Gallois enchaînent les temps de jeu. Nouvelle faute tricolore au sol, trois points de plus pour le Hobbit de la rade. 33ème minute : Bonne offensive française. Camille Lopez crée le décalage et se prend pour Tom Brady. Il envoie une belle passe sur Huget qui s’était bien démarqué. Le Toulousain va derrière la ligne mais l’arbitre revient logiquement à l’en-avant. Si les coups de genoux dans le dos et les en-avant étaient autorisés au rugby, le XV de France serait probablement le grand favori de la prochaine Coupe du monde. Comme quoi ça se joue vraiment à des détails. 37ème minute : Nouveau ballon gratté par Ben Arous. Les Bleus obtiennent une pénalité dans la foulée. C’est manqué pour Camille Lopez, plus CATALAN que jamais. On en reste à 6-3. Sur son canapé, Pascal Papé engueule Hugo Bonneval. 42ème minute : De retour des vestiaires, probablement galvanisés par un discours dont PSA a le secret, les Bleus obtiennent une nouvelle pénalité. Cette fois c’est Parra qui s’y attelle bien que ce soit un bandeau qui lui enserre la cuisse. Il manque son coup de pied et en voyant Teulet rapporter le tee sur le banc, on commence sérieusement à se demander si ce staff est maudit ou s’ils sont tous profondément nuls. 49ème minute : Les Bleus semblent un peu mieux en ce début de seconde période et obtiennent une nouvelle pénalité. Camille Lopez la passe. C’est la fête du côté de Mauléon où des farandoles s’envolent, flambant aux feux de la Saint-Jean alors que des jolies filles pétillent dans les bras de Gilian Galan. MOI KAN CAMILLE FINI PAR RÉUSSIR UNE PÉNALITÉ 52ème minute : La joie est de courte durée puisqu’une nouvelle faute de Tao permet aux Gallois de rajouter trois points et reprendre la tête. 54ème minute : Le moment où PSA change la moitié de l’équipe est enfin arrivé. On nous annonce les remplaçants tellement bons qu’ils doivent aller chercher la victoire. Une victoire que les titulaires, c’est-à-dire les mecs meilleurs qu’eux, ne sont pas capables d’obtenir pour l’instant. Ça c’est de la stratégie mon pote. 58ème minute : IL A TOUCHÉ LE POTEAU ! IL A TOUCHÉ LE POTEAU ! Biggar, sur un drop. Après vérification de Fabien Galthié, en fait ça ne rapporte pas de points. Dommage. 61ème minute : Trois minutes plus tard, c’est toujours Biggar qui fait le show. Après avoir bourré Bercy, il bourre tout un pays en allant inscrire un essai en coin. Sur la transformation, Halfpenny glisse (l’avantage c’est qu’il ne tombe pas de haut) et manque la transformation. Ça fait 14 à 6. 62ème minute : Dulin et Tillous-Borde se gênent à la retombée d’un ballon. On n’a même plus envie d’en rire. 64ème minute : Debaty est pénalisé. En même temps c’est normal, le mec a été remplaçant toute sa carrière, on peut pas lui en vouloir d’avoir pris l’habitude de rentrer par le côté. 68ème minute : Premier miracle, les Bleus enchaînent plus de trois temps de jeu. Deuxième miracle : ça marche et après une belle séquence, Dulin se jette le long de la ligne de touche et aplatit. Lopez transforme ce qui ramène le score à 17-13. 69ème minute : Beaucoup de supporteurs français ressentent ce sentiment étrange. D’un côté, l’évidente envie de voir leur équipe faire un come-back magnifique et s’imposer dans les derniers instants, et de l’autre, le souhait que cela n’arrive pas de peur que cela permette au staff de masquer les 70 minutes qui viennent de s’écouler. 70ème minute : Pour une des premières fois du match, la mêlée du XV de France est mise en difficulté. L’arbitre siffle une pénalité contre les Bleus, évidement au pire moment. Ça passe et les Gallois reprennent 7 points d’avance. 72ème minute : En-avant français. 76ème minute : En-avant français. Le XV de France a pourtant tout misé sur l’attaque en fin de match. 78ème : RÉMI TALÈS ARRIVE LANCÉ. LA FURIA AVEYRONNAISE EN ACTION. (En-avant). 79ème : Les Français remontent le ballon. Fabien Galthié annonce la balle de match, ce qui annonce une merde à venir. La théorie se confirme puisque le ballon est enterré (au sens figuré, même s’il est vrai qu’Atonio aurait pu s’asseoir dessus). 80ème : Fin du suppli… du match. Les joueurs : En première ligne, Ben Arous a encore été précieux dans les rucks. Guirado et Slimani ont été peu en vue dans le jeu. Point positif tout de même, la conquête a été plutôt solide. En deuxième ligne on a peu vu Maestri (malgré ses 11 plaquages), au contraire du grand Tao qui s’est fait remarquer en étant pénalisé deux fois. Une chose est sûre, la relève de Pascal Papé dans ce secteur est assurée. “Alors, tu la vois ?” “Non, il y a rien ici, c’est tout noir !” “Putain de dignité… On la retrouvera jamais à ce rythme-là” En troisième ligne, Dusautoir et Le Roux se sont enfin montrés complémentaires puisque le capitaine français a abandonné son poste en défense (seulement quatre plaquages contre 16 pour le Roux). Ce sacrifice lui a permis d’être d’avantage disponible en attaque, où il a montré de belles choses pour un mec qui n’avait jamais réussi à attraper un ballon avant ce match (plusieurs avancées et deux offloads). À leurs côtés, Chouly peine toujours à convaincre. Actif en défense, son apport offensif a été à peu près similaire à celui de Rémi Talès, en ayant joué 60 minutes de plus, c’est vous dire. Quand on aligne déjà deux joueurs comme Dusautoir et Le Roux, on peut se demander quel est l’intérêt d’avoir un numéro huit de son profil. Dans tous les cas, si on en croit les propos de PSA dimanche en conférence de presse, il est probable qu’il fasse partie des joueurs écartés pour le prochain match. En tant que spécialiste de la touche, il reconnaîtra probablement que c’est pas le meilleur timing pour sauter. La charnière n’a une nouvelle fois pas brillé. Très bons en club quand ils jouent ensemble, Parra et Lopez ont été en difficulté et n’ont pas vraiment réussi à prendre le jeu à leur compte. Mais si le problème ne vient pas des joueurs, de qui peut-il venir ? Il pourrait être intéressant de poser la question à Patrice Lagisquet, porté disparu dans les médias depuis le début du tournoi. Au final, Lopez a enchaîné les mauvais choix (notamment une obstination stérile à jouer au pied par-dessus) et Parra n’a pas réussi à prendre le jeu à son compte comme un Yachvili pouvait le faire en son temps. Les paris sont ouverts pour le prochain match où Parra sera potentiellement forfait et Lopez passé à la trape. Pourtant, Camille a déclaré qu’il était content de son match. Et quand il est content, c’est nous qui vomissons. Philippe, si tu nous lis, mise sur une association Michalak – Trinh Duc. Ils joueront peut-être avec des béquilles mais ce n’est pas un problème quand on voit le rythme imposé par l’équipe de France à ses adversaires, et en plus les supporters qui les réclament en vain seront contents. “OUPS ! lol” Au centre, Rémi Lamerat n’a joué qu’un petit quart d’heure avant d’être remplacé par Mathieu Bastareaud. Des rumeurs disent que Fofana jouait à ses côtés, mais personne n’a été en mesure de nous le confirmer. Aucun ballon ou presque n’est arrivé jusqu’à l’aile, ce qui a poussé Huget et Guitoune à venir s’intercaler dans la ligne, tels des pop-ups proposant d’acheter des Velux sur le site du Rugbynistère. À l’arrière et malgré son essai, Dulin n’a pas été vraiment à son avantage. On espérait tenir le nouveau Jean-Luc Sadourny, hier on a plutôt eu le droit à la réincarnation de Nicolas Brusque. Le Bilan : Ouin-Ouin nous promet un grand ménage pour le prochain match. Fini les « starlettes » et les gros nuls (qu’il a lui-même sélectionnés au passage, il serait temps de le prévenir). On a de toute manière l’impression que cette fin de tournoi n’intéresse plus grand monde. Une humiliation de plus ou les prémices d’un rachat à Rome ? Un baroud d’honneur à Twickenham ou une fessée qui ne surprendrait plus personne ? Peu importe. Les dés semblent jetés, et quels que soient les deux derniers résultats de ce tournoi, le XV de France ira à la prochaine Coupe du monde en Angleterre avec une équipe expérimentale et sans certitudes. Une équipe qui a perdu quatre ans et qui pourrait se cramer pour les deux années à venir en cas de traumatisme à l’automne. La question que l’on est en droit de se poser, c’est de savoir si c’est vraiment rendre service à certains joueurs qui ont définitivement un rôle à jouer dans le futur (Atonio, Goujon, Guitoune, Ben Arous, Plisson ou Lamerat) que de les envoyer au casse-pipe en Angleterre dans neuf mois. Foutu pour foutu, autant s’amuser et aller là-bas avec une équipe commando, composée de joueurs revanchards, de vieux briscards et de psychopathes. Parce qu’au fond, on rêve tous de voir Mas, Imanol, Rougerie, Mermoz, Trinh Duc ou Méla porter ce maillot bleu, enfin rouge, une dernière fois. Et aller, enfin, soulever cette putain de Coupe du monde sous le regard dégoûté des Anglais battus sur leurs propres terres en finale. France-Pays de Galles en une image