Toi aussi deviens un vrai boucher ! (partie 2)par Mathieu Lourdot 12 June 2014 12 Par Mathieu Lourdot, avec le soutien de l’Affreux Gnafron. Lien vers la partie 1. Salut, jeune boucher ! Après la lecture de la première partie, tu as pu apprendre les bases du métier de boucher avec une préparation minutieuse et quelques techniques ancestrales. J’espère que tu as pu mettre en pratique mes précieux conseils, ce weekend lors des matches de phases finales de séries territoriales (si ton équipe est forte) ou lors d’un tournoi à 7 (si ton équipe est aussi mauvaise que le Stade Toulousain en ce moment). Pour t’illuminer de mon immense savoir, je serai épaulé par un autre maître tripier en la personne de l’Affreux qui tel le Yoann Huget, tout suant et rouge comme un Munsterman, est venu au soutien de Wesley Fofana avec une semaine de retard. Nous poursuivons donc ta formation avec un petit point sur le matos. En effet, le véritable boucher connaît l’importance du matériel. Tu ne débites pas une carcasse de bœuf avec l’opinel de papy (celui qui a servi à de multiples avortements avant la loi Veil). Donc au rayon matos, il te faut une bonne paire de crampons, de préférence coquée au bout même si la mode des pompes de couleur en plastoc chinois a tué la noble industrie du cuir épais renforcé à la pointe carrée. L’affûtage en biseau de tes crampons en 22 est une coquetterie obligatoire. Pour éviter le contrôle tatillon de l’arbitre dans le vestiaire, rien ne t’empêche de lui annoncer fièrement que tu joues en moulés. Même si on est en Ariège, fin janvier et que le terrain tient plus du marécage que du sol rocailleux. Subtilité ultime, on peut procéder à un changement de chaussures à n’importe quel moment entre l’inspection réglementaire et l’entrée sur le terrain. Pas vu, pas pris. Un première ligne digne de ce nom apporte une importance toute particulière à la tenue et au soin de sa chevelure. Comme Dimitri mais en plus rustique. Racé et élégant, il prendra soin de l’enduire généreusement de Dolpic en prévision des effusions charnelles des premières mêlées. Son homologue saura goûter à sa juste valeur cette délicate attention en lui manifestant sa désapprobation vigoureuse. A grands coups de boule. Les innovations technologiques et le souci de protéger le joueur ont conduit certains à se doter de protèges-tibias voire de coudières. La combinaison des deux reste un plaisir réservé aux esthètes du raffut. Il suffit pour cela d’adapter le licite (la coudière innocente) à l’illicite (le protège-tibia en acier renforcé camouflé dessous). Dans cette configuration le raffut coude en-avant (aka le PiKamol, plus fort que la douleur) devient une tentative d’homicide avec arme par destination. Henry Tuilagi (le Catalan!) et son célèbre plâtre, l’écu des temps modernes. Le casque est franchement inutile. Outre l’esthétique douteuse dudit objet posé sur la tête du boucher, il est aussi une invitation à se faire taper sur la gueule. Tout le monde se souvient du premier de la classe qui pensait éviter les bourre-pifs en arborant une paire de lunettes dite « culs de bouteille ». Si le jeune homme a désormais réussi et est devenu courtier en assurances ou vendeur de voitures d’occasions, sa carrière dans le mannequinat a été compromise par la forme de son nez que ne renierait pas Thibaut Privat et par son crane déformé par les amicales mandales administrées par ses camarades de classe. On lui préférera amplement le strap afin de retenir les oreilles qui a l’avantage de rappeler les bons vieux derbys à l’ancienne ou l’on passait plus de temps à se coller des mornifles qu’à se faire des passes. Le protège-dents est lui particulièrement déconseillé. En plus de gêner la respiration, il sera fortement handicapant au moment de mordre l’oreille de son vis-à-vis en mêlée. Il peut aussi s’avérer extrêmement dangereux. En effet, je ne vous cache pas que votre nouveau statut de boucher va attirer l’inimitié de l’adversaire qui risque fort de riposter. Or il se peut que ledit adversaire ait lui aussi lu ce guide ou qu’il ait appris au cours d’une longue carrière divers moyens de vous éclater la gueule. En cas de K.O, il se pourrait que vous avaliez le protège dents ce qui aurait le fâcheux désavantage de vous étouffer. Sécurité avant tout, oubliez le protège dents. (puis il est plus facile de gagner de l’argent aux feus rouges si il manque des chicots). Admire ton futur sourire. Il est maintenant temps de revenir aux différentes techniques que tu dois acquérir avant de devenir un maître équarrisseur. La Fourchette. Le gastronome ne peut se nourrir exclusivement avec les poings, c’est pour cela que la fourchette fut inventée. Cet objet, bien que devant servir uniquement aux plaisirs de la table, a été adapté au rugby à l’instar des tampons (car au rugby, les tampons, c’est pas dans la chatte). Pour réaliser une bonne fourchette, il est important de viser les yeux puis d’administrer une pression importante et constante sur les globes oculaires adverses. En règle générale, les compagnons d’infortune de la cible voudront défendre leur ami et risquent fort d’être courroucés. Attention à la riposte. Jeu de l’été : Neutralise cet affreux rouquin d’une fourchette avant qu’il n’ait le temps de riposter! Ce geste est lui aussi très mal vu du corps arbitral. Quand on sait qu’un joueur comme Schalk Burger a déjà été suspendu pour avoir administré une fourchette, ça a vite tendance à refroidir. Le tarif moyen pour un joueur français est entre 6 mois (Julien Dupuy) et 1 an (David Attoub). Donc si vous ne pouvez pas justifier d’une ascendance Celtique (la Bretagne ne compte pas) ou Anglo-Saxonne, abstenez vous. La Bagarre. Bien Sur cette vidéo, on note la technique impeccable, l’efficacité et la discrétion de Norman Jordaan. Le carton rouge échoit à ceux qui ont commencé mais le 9 Toulonnais s’est fait plaisir en couchant 3 bonshommes. Ce doit être ton modèle : rien ne sert de faire de grand moulinets, il faut frapper précis, fort et discret. Pas bien Dans cette vidéo, le grand con avec une chaussure noire affronte un cube Tongien. On note qu’après quelques mornifles, chacun regagne son vestiaire (le Français en pleurant comme une gonzesse). La bagarre débute sous les yeux de l’arbitre, discrétion 0. Ça brasse beaucoup d’air et peu de coups touchent leur cible. A l’arrivée, le corps arbitral met fin à cette franche accolade d’un carton rouge bien mérité au vu du manque d’aisance technique des protagonistes.