Campagne de sensibilisation : Non à l’abandonpar Pastigo 10 June 2014 33 Par Pastigo, L’été approche. Le soleil, la glacière, une plage pleine des 30.000 autres cas sociaux dépensant leur SMIC à ne rien foutre, bref le rêve de tout un chacun n’est plus qu’à une poignée de dodos. Mais comme chaque année de nombreux drames ordinaires vont se jouer dans l’ombre et nos plus fidèles compagnons en seront les victimes. Il était si mignon, jouant à la balle quand on l’a découvert la première fois au fin fond d’une cambrousse. On a tout de suite craqué pour ce petit être attachant, déjà débordant d’amour pour son futur foyer. Il nous a de suite suivi, confiant, fidèle, ne vivant que pour recevoir une caresse satisfaite. On lui a promis une niche confortable, une place parmi les siens, il a finalement fini au fond du garage sans jamais entamer l’absolue dévotion pour ses maîtres. On lui a promis de toujours s’occuper de lui. On lui a laissé croire qu’il aurait un jour sa place sur le canapé. Puis l’été arrive. Il nous embarrasse, qui va le garder ? Il ne se doute de rien, adulant celui pour qui il donnerait tout. Alors on part, en silence. On laisse une place dans le coffre à notre Joueur Espoir et, quand personne ne regardera, on l’abandonnera sur une route de ProD2. C’est ainsi tous les étés, en Auvergne plus qu’ailleurs. Il a amusé les gosses, il nous a séduit en finissant champion à peu près tous les ans, mais il faut bien admettre qu’il nous coûte plus qu’il ne rapporte. Soyons raisonnables ! Autant nos bonnes grosses vaches à lait en Première sont rentables, à remplir les cuves du Stade chaque semaine, autant ce jeune tout juste pubère devra finir à l’abattoir bien avant d’assurer le même rendement. Abandonnons-le. Qui va nous juger ? Tout le monde s’en fout de toute façon. Lui et les autres. Plus sérieusement, cette introduction visant à utiliser des chiots mignons à la place de nos traditionnels .gif de chats et jouer sur votre corde sensible visait à retenir votre attention, car j’ai une annonce à faire. J’ai décidé de me proclamer Président de l’ASM (et également responsable du management et de la communication, voulant quand même servir à quelque chose). Alors évidemment, je devine qu’une question vous perfore tout à coup. Pourquoi ? Et bien je dirais parce que. Mais aussi : Quand on dispose d’un budget équivalent au PIB du Gabon, d’un stade plein d’une ferveur quasi débile, d’infrastructures propres à entraîner des cosmonautes de la NASA et qu’on se plante lamentablement année après année, on peut supposer qu’on est une moule cuite. De fait, compte tenu des résultats et des moyens à disposition, il est fort légitime de supposer qu’à défaut de faire mieux, n’importe qui ne ferait pas pire. Ce n’importe qui, c’est moi. Aussitôt une seconde question vous troue, et c’est bien normal. Pourquoi moi ? Et bien parce que j’ai eu l’idée en premier. Barrez-vous. Les choses étant désormais claires et admises, il est temps de vous présenter les grandes lignes de mon projet. Tout d’abord je vais entamer une grosse tranche de travaux visant à étudier les statistiques. Les statistiques c’est un point névralgique du rugby moderne. On étudie chaque chiffre, chaque résultat, on les compare, les oppose, on en tire des enseignements et on organise nos choix et nos stratégies à partir de ces réflexions. Chaque joueur, chaque temps de jeu, sont autant de centaines de données statistiques à prendre en compte. J’applique alors immédiatement ma directive phare : Les statistiques j’en ai rien à foutre. Déjà parce que statistiquement on est triple Champions d’Europe et au moins dix fois Champions de France, j’aurais tendance à penser que ce seul argument suffit à prouver que les statistiques c’est de la merde. Clairement, le premier qui m’apporte un tableau excel sur les taux de réussite d’un jeu au pied par rapport à une relance finira consultant pour le XV de France. Car je le dis, on s’en fout qu’un choix soit statistiquement correct, je veux qu’il soit rugbystiquement acceptable. Ces statistiques sont d’ailleurs un frein idéologique à mon second projet phare : faire monter des jeunes. L’objectif est simple, à chaque poste je veux un jeune pour un vieux. Un vieux qui apporte son expérience, un jeune qui apporte son envie. Je serai inflexible ! Alors j’en vois déjà au moins un (avec un gros nez et un prénom de DJ des 80’s) qui va me répondre que c’est pas avec des puceaux qu’on va gagner des Coupes d’Europe ou des Brennus. Tu as raison Jean-Marc. Rappelle moi d’ailleurs, tu as gagné combien de trophées ces 4 dernières années avec ta troupe de vieilles stars ? Evidemment qu’on va se planter imbécile ! On va ramasser grave. A peu près comme ton équipe, au final, mais pour moins cher. On va peut être même lutter pour le maintien la première année. Par contre dans 3 ans, plutôt que de te voir chercher une nouvelle génération de vieux des tropiques pour remplacer la précédente qui n’aura encore rien ramené, peut-être bien qu’on aura créé un groupe de fanatiques suicidaires et désormais expérimentés. Et là vois-tu, ça devient intéressant. Pourquoi tu crois qu’on se fait déboîter la race par un club de bouseux comme Castres en phase finale, alors qu’ils sont STATISTIQUEMENT à la ramasse ? L’envie Jean-Marc, l’envie. Bah oui, parce que quand tu vas récupérer un All Black alcoolique pour le prix de 10 Espoirs, tu crois quoi ? Statistiquement il a marqué bien plus d’essais qu’eux dans le IV Nations, c’est un fait. Je comprends que tu te fasses berner cependant, c’est pas évident. En effet, qui peut deviner qu’un mec vivant à l’autre bout du monde ne fasse pas carrière dans le but de soulever un jour le Brennus sous les couleurs de l’ASM ? Je te le dis Jean-Marc. On peut dominer des phases régulières avec des statistiques, on ne gagne pas un trophée sans envie. L’amour du maillot Jean-Marc, l’honneur, la fierté, le groupe. Ton Sivivatu, il était statistiquement pas mal, mais pour 40€ de plus il est prêt à devenir Aveyronnais. Alors que tes petits jeunes… ils s’arrachent la gueule dans l’indifférence générale et te ramènent un trophée par an dont tout le monde se fout. Ils sont prêts à crever pour te le ramener, juste contre une caresse. On pourrait leur dire qu’on ne les paye pas, et qu’on exposera leur cadavre Place de Jaude s’il ramènent le bouclier des grands, ils le feraient. L’envie elle est là Jean-Marc. Et puis l’envie de les voir aussi remarque, tu sais ceux qui payent pour voir tes joueurs et se les geler huit mois de l’année au Michelin, ça te parle peut être plus. Mais fier de toi, tu vas rétorquer : « Bah oui, mais Toulon ? Hein ? » Bah non. Déjà pour eux la question ne se pose pas, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent monter des jeunes ils n’en ont pas. D’autre part, t’aurais mieux fait de te taire puisqu’à Toulon ils ont réussi l’exploit. Je ne parle pas du doublé hein, je parle de donner l’envie à des mecs gavés de titres bien plus prestigieux et qui situaient la France quelque part en Asie il y a seulement 3 ans. Et en ayant réussi ça, ils montrent également que toi par contre tu as foiré comme il faut. A ta décharge c’est pas facile. A mon avis c’est même miraculeux, et c’est ce qui les a fait gagner. Comme on y arrivera pas, ne nous leurrons pas, arrêtons de nous obstiner à vouloir être des Toulonnais foireux où on va finir comme des Racingmen et ça Jean-Marc c’est la porte ouverte à une guerre civile en Auvergne. C’est ça que tu veux Jean-Marc ? C’EST ÇA QUE TU VEUX ? Voilà Jean-Marc. J’arrive en septembre, envoie un mail à la Boucherie pour les détails, que je connaisse le numéro de ma place de parking. Moi ou un autre si tu préfères, n’importe qui en fait. Bisou !