VI Nations 2014 : Compte rendu de Pays de Galles – Francepar l'Affreux Gnafron 01 March 2014 26 Par l’Affreux Gnafron (et Pierre Villegueux) « Entre la douleur et le néant, c’est la douleur que je choisis. » William Faulkner (et le comité de rédaction quand s’est soulevée l’épineuse question de la pertinence d’un compte-rendu de ce Galles-France.) Et comme à la Boucherie, on sait mettre à profit les compétences de chacun, c’est un supporter Perpignanais qui a eu le redoutable privilège de revisionner la dernière prestation des hommes de PSA. Rien de mieux en effet qu’un expert en humiliations et déroutes sportives pour se replonger dans ce Gallico-saucisse infâme. [En hommage au bilinguisme d’Alain Rolland, (saviez-vous d’ailleurs qu’il parle parfaitement le français par le truchement de son père natif de l’Hexagone ?) et à l’anglophobie viscérale de la rédaction, ce compte-rendu sera expurgé de tout anglicisme, à l’exception notable des noms propres et du nom sale de ce jeu de rugby. On veut bien être con et faire un clin d’oeil à Patrick Montel (avec l’orbite droite car avec la gauche il peut pas, strabisme oblige) on ne va pas traduire snowboard par planche à neige.] Préambule On perçoit parfois, à tort, le Gallois comme un être doux et paisible, incapable de la moindre cruauté et qui se bornerait pour seule activité barbare à la pratique d’une langue encore plus incompréhensible que l’euskara. Et bien il n’en est rien amis lecteurs et le decorum précédant ce funeste Galles-France en attestera bien mieux qu’une longue démonstration. Pour mieux déstabiliser la toute jeune charnière adverse, à peine 23 ans de moyenne d’âge, le Gallois n’hésitera pas à jouer sur les terreurs de l’enfance en plongeant nos jeunes coquelets dans une obscurité totale. Auraient-il surmonté cette peur du noir qu’une pétaradante pyrotechnie prenait le relais. Elle ravivait chez le jeune Jean-Marc et son aîné Yoann le souvenir de ces terribles nuits d’orages ariégeoises quand, blottis au fond de la grotte du Mas d’Azil, ils se demandaient en compagnie des anciens si la fin du monde était arrivée. Surfant sur les méthodes les plus sournoises, l’hôte ajoutera même à cette privation sensorielle une musique de discothèque digne des pires instants de Guantanamo. Suprême insulte, le naufrage tricolore fut ainsi annoncé par les guitares de nos Daft Punk nationaux. Elle est quand même impressionnante, cette entrée de Warburton La compo Le massacre Après l’hymne traditionnel dans lequel les autochtones proclament leur amour de la patrie, du poireau vinaigrette et de l’enfilage de moutons, les choses sérieuses commencent enfin. Un caractère sérieux qui aura semble-t-il échappé à l’Equipe de France puisqu’elle décide de se saborder très rapidement. Pour un peu, on se serait cru à Toulon. Une première pénalité encaissée dès la trentième seconde de jeu permet à ce diable de métronome © de futur Toulonnais © justement (petite dédicace aux lecteurs qui liraient cet article avec le Petit Guildford © Illustré sous la main) d’ouvrir la marque. Les Français auront résisté moins d’une minute aux assauts adverses, un hommage à la ligne Maginot qui mérite le respect et l’admiration. Monsieur Rolland, qui connaît pourtant la chanson, inaugure alors une longue litanie de fautes françaises tantôt stupides, tantôt inopportunes mais trop souvent tentables pour le petit Halfpenny (6 sur 11). Un « arbitre qui nous a souvent porté chance » selon l’inénarrable seizième homme français ; on aurait dû se méfier. Une succession de coups de pied nous rappelle que nous sommes bien vendredi soir et que pour le beau jeu, il faudra attendre samedi après-midi et cet Angleterre-Irlande qui nous fait encore saliver. A peine le temps pour Jules Plisson d’être contré par Gethin Jenkins (oui le pilier, pas la doublure de Sinok qui butait sous le nom de Neil à l’époque) et nous atteignons le premier moment tragi-comique de la partie. Les touches défensives françaises sont une occasion rare d’assister à la réintroduction d’une espèce en danger dans son biotope naturel. Ainsi, les plus observateurs d’entre vous auront remarqué le positionnement de Jean-Marc Doussain dans le couloir des 5m, à la place habituellement dévolue au talonneur. Pendant de trop fugaces instants, le demi de mêlée retrouve une place qui aurait pu être la sienne si les Dieux du Rugby Toulousain ne s’étaient pas penchés sur son berceau. Durant ces transferts psychanalytiques, Dimitri Szarzewski se voit alors chargé de la couverture de l’intérieur de son ouvreur, dont les garanties en défense peuvent parfois être sujettes à caution. Cette touche galloise est donc l’occasion pour Jamie Roberts de prendre le centre du terrain malgré le double placage de Plisson (qui reste au sol sur l’action) et Bastareaud. Dans un élan d’une audace folle, le soutien est présent et la libération ultra-rapide, le ballon file sur l’extérieur où un intervalle est habilement trouvé grâce à une remise intérieur qui élimine Huget, et Halfpenny, le long de la touche, se voit contraint de poursuivre au pied. Fort heureusement, notre arrière-garde composée de Dulin et Doussain veille au grain. Dudu et Doudou sont dans le bateau mais Doudou tombe à l’eau, percute Dudu et qui c’est qui reste pour aplatir ? George North bien trop content de passer par là. L’essai est transformé, le Pays de Galles mène 8-0 et nous ne jouons que depuis 5 minutes. Joie, enthousiasme, allégresse. Et pour ne rien gâcher, le Grand Schtroump a fait une faciale à Nicolas Mas. Face à cet essai casquette, les coqs caquettent (d’ordinaire le privilège des poules) et les Gallois enchaînent les temps de jeu comme à la Morgan parade. Dépassé par la vitesse et l’engagement des adversaires, le capitaine Pascal Papé montre l’exemple et commet une faute grossière des 50 en face. Halfpenny aggrave la marque et on voit mal comment la France pourra se tirer d’une situation bien mal engagée (11-0). C’est alors que le célèbre French Flair tente une timide incursion dans ce Millenium pourtant cadenassé. Après environ 126 mêlées spontanées (pas d’anglicisme, souvenez-vous) d’une lenteur à faire pâlir d’effroi un escargot neurasthénique, la première action dangereuse française viendra d’un « ballon chipé » (quelle règle à la con) gallois. Doussain oublie de transformer le jeu, North ne le perd pas, se jette sur l’occasion et le ballon qui file ensuite vers l’extérieur pour un essai en contre de… Yoann Huget suite à un bon pressing de Papé et une superbe passe de Nyanga. Encore un essai chanceux, inespéré et totalement injustifié, se réjouissent les nombreux supporters tricolores. Malheureusement notre Grand Timonier Roux commet un en-avant dénoncé comme tel par la vidéo, ce qui ne l’empêchera pas de récriminer auprès du seul arbitre anglo-saxon francophile depuis la retraite de Monsieur Spreadbury. C’est probablement ce qu’on appelle l’intelligence situationnelle. La première mêlée de la partie permet de faire souffler les organismes pendant deux bonnes heures minutes. Il se murmure d’ailleurs que l’IRB songerait à utiliser les interminables temps morts de cette phase de jeu pour diffuser de la publicité à la télévision, ainsi que des spectacles de majorettes sur les terrains. Elle aboutit sur un bras cassé puis une pénalité française et l’ouverture du score des Bleus par Jean-Marc Doussain (11-3). La mêlée tricolore semble bien en place, enfin un motif de satisfaction ! Pas totalement semblerait-il, car Mas est ensuite pénalisé sur la mêlée suivante par un 14-3 lapidaire. Pascal Papé l’avait pourtant prévenu de ces devineresses paroles « Fais gaffe à Jenkins! »; à moins qu’il ne se fut alors adressé à l’arbitre.. Non content d’envoyer des parpaings à la main, Doussain montre qu’il peut aussi en balancer au pied et rate de peu la touche sur une pénalité des 35m en face. L’heure est grave et la stratégie française se résume à obtenir des mêlées après les lancers en touche non-règlementaires de notre talonneur. Un coup gagnant qui permet de gagner puis transformer une pénalité par l’intermédiaire de Plisson (14-6), qui rappelons-le est le 4ème buteur de son club derrière Jérôme Porical, joueur désormais connu pour avoir été le bourreau du Lusitanos XV en Amlin Cup. On parvient à la demi-heure de « jeu » et ce seront les derniers points tricolores. Malgré les innombrables exhortations de Monsieur Rolland à dynamiser le jeu français, ses « jouez ! » ne trouvent que peu d’écho dans les rangs français. La réaction la plus significative étant la protestation officielle de Patrice Lagisquet devant cette tentative éhontée de travestir l’esprit du XV de France. De guerre lasse, l’arbitre en vient à accorder une mêlée aux Celtes sur une libération encore plus lente qu’un épisode de Derrick. Deux pénalités plus tard et une mêlée sur notre introduction perdue, la mi-temps est sifflée sur le score de 20 à 6. Dominés dans les duels, le jeu au sol, et profondément indisciplinés, les Bleus doivent leur plus grosse percée à Nicolas Mas, fringant pré-retraité héraultais. Une « alerte enlèvement » du petit Jo Franssé est diffusée à la mi-temps entre la météo et la bande-annonce de la Vérité si je mens 2 mais avec cependant peu d’espoirs de le retrouver rapidement. On retrouve par contre la tête du petit Jean-Marc Doussain, détachée de son corps, au milieu du vestiaire. Elle sera enterrée sous la pelouse à la fin du match, hors de portée de Morgan Parra et des journalistes sportifs. Après tant de souffrances, cet interlude ‘à la jonquille’ vous apportera bonheur et réconfort De retour des citrons, le discours motivant et fédérateur de Philippe Saint-André semble avoir porté ses fruits. Chargé de la ré-animation du jeu tricolore, Machenaud bénéficie d’un surcroît d’activité de son paquet d’avants et tente de dynamiser ce qui peut encore l’être. Bien aidés par des Gallois qui se contentent de gérer, les centres français gagnent enfin leurs duels et assurent la continuité des actions. Ou alors, ils se coupent d’un soutien qui semble manquer totalement de repères collectifs et s’offrent aux bras carnassiers d’une troisième ligne adverse impériale. Bastareaud échoue à transmettre la balle à 5m de l’en-but adverse et sur la mêlée qui suit, Jenkins et Mas sont invités à aller écrire au tableau noir « Je n’userai plus d’artifices ni de stratagèmes répréhensibles en mêlée ». Et c’est très long en cymrique. Le carton jaune de Jenkins fait beaucoup de bien à la mêlée galloise qui récupère deux pénalités d’affilée. A moins que ce ne soit celui de Mas. Ou la rentrée de Debaty à droite. Voire un ensemble des trois. Une bonne prise d’intervalle de Fofana main-main avec Bastareaud procure un léger frémissement d’inquiétude dans le Millenium. Mais Pascal Papé se charge de le transformer en frissonnement de plaisir en expédiant une passe qui se voulait être pour Bonneval à l’arbitre de touche. L’occasion pour le Capitaine du XV de France d’engueuler copieusement son coéquipier de club. L’Equipe de France, c’est comme une entreprise, même quand c’est le patron qui fait une connerie, il y a toujours un petit jeune qui vient d’arriver pour ramasser à sa place. Restons dans le thème « cadre coupable de fourvoiement » avec le carton jaune récolté par Louis Picamoles sur une faute pas évidente du tout, à sa décharge. Impuissant et agacé, le Toulousain manifeste avec véhémence sa désapprobation dans une attitude profondément contraire aux valeurs du rugby ©. Il gagnera ainsi le redoutable privilège de participer à la défaite de son club à domicile contre Perpignan. Cette période d’infériorité numérique profite aux Gallois qui remettent la main sur le ballon et lancent Roberts entre Plisson et Bastareaud. Lauret veille au grain mais Warburton parvient à s’extirper d’une mêlée spontanée pour aplatir de son seul pouce préhenseur sur la ligne française. L’Hercule au Poireau vient ainsi parachever son match d’une exceptionnelle intensité par une action de classe (27-6). Dire qu’il suffisait d’aligner Vincent Clerc pour que le capitaine gallois perde tous ses supers-pouvoirs et ses moyens exceptionnels… La fin de match sera l’occasion pour Fabien Galthié de se lancer dans l’incantation infructueuse avec un « Je sens qu’ils vont marquer » qui ne sera suivi d’aucun effet. Ca va commencer à faire cher en scooter pour l’ancien Columérain. “Patrice, je crois qu’ils ont compris notre plan de jeu et qu’ils ont trouvé comment le contrer”. Le jeu et les joueurs (par Pierre Villegueux) : « Si on portait des maillots noirs, tout le monde nous trouverait géniaux » (Patrice Lagisquet) Nicolas Mas : Le jeune pilier droit avait souhaité franchir un cap en quittant l’USAP pour une équipe prétendante au Bouclier de Brennus. Malheureusement il s’est montré encore un peu tendre en mêlée face à l’expérimenté Gethin Jenkins. Le joueur de Cardiff a profité de son année à Toulon pour consommer presque autant d’herbe que Doc Gynéco en 10 ans (à la différence près qu’il l’ingérait directement par voix orale). Il a sans doute également un peu appris à tricher : il aurait été dommage de ne pas découvrir les grandes traditions françaises. En dehors de cela, Mas a peut-être fait son meilleur match depuis longtemps dans le jeu, où il s’est montré aussi perforant et rapide qu’un trois quart centre (du moins, un trois quart centre comme Mathieu Bastareaud). Dimitri Szarzewski : Ces dernières années, Szarzewski avait pris l’habitude d’être nul quand l’équipe de France était plutôt bonne, juste pour le plaisir malsain de la tirer vers le bas. Désormais, on constate que Szarzewski se montre assez bon quand son équipe est complètement nulle – ce qui explique donc sans doute pourquoi il est aussi fort au Racing. Thomas Domingo : Le nain jaune a plutôt bien emmerdé Adam Jones dans l’exercice de la mêlée, au point de lui provoquer un fou-rire de pucelle condamnant à tout jamais l’idéal de virilité que représentait jusque-là le fougueux pilier des Ospreys. Pascal Papé : Une gueule d’Irlandais, une bouche d’Argentin et une technique individuelle de Géorgien. Un formidable représentant du rugby pratiqué en Top 14, finalement. Yoann Maestri : Quand on ne voit pas un seconde ligne, on a tendance à dire que c’est probablement parce qu’il a fait un bon match. Mais sur ce coup, on a beaucoup vu Ball et Charteris, et on est certains qu’ils ont été bien meilleurs que Maestri. Wenceslas Lauret : Le rappeler comme titulaire pour un tel match après plusieurs semaines en dehors des terrains était un peu curieux, surtout en arguant qu’il serait utile pour « gratter les ballons ». Lauret est un découpeur dans la même veine que Dusautoir ou Le Roux, mais pour ce qui est du jeu au sol, c’est pas encore McCaw, Pocock, ou même O’Mahony. Yannick Nyanga n’a pas vraiment ce profil non plus, et dans ce genre de matchs réservé aux guerriers, il n’aura pas eu l’occasion de faire ce qu’il aime faire, comme percer sur 30 mètres pour rien car il n’y a pas de soutien. Dommage, avec une seule fulgurance, il aurait pu ravir le talent d’or à Brice Dulin. Louis Picamoles : Il est assez drôle de constater que la grande majorité des admirateurs de Picamoles sont les mêmes qui qualifiaient Sébastien Chabal de « gros bourrin qui enterre tous ses ballons, quand il ne les lâche pas au contact ». Picachu est un joueur précieux quand il avance. Quand il n’avance pas, il devient assez inutile, voire même encombrant. On a pas vraiment mieux en France, certes, mais le prochain commentateur de Rugbyrama qui le qualifiera de « meilleur N°8 du monde » mérite très clairement la peine de mort après avoir vu ça. Jean-Marc Doussain : Vainqueur du Grand Prix « Frédéric Michalak » du bouc-émissaire 2014, on serait presque tentés de défendre le pauvre Jean-Marc, qui a déjà suffisamment dû souffrir dans sa vie en portant un prénom aussi ridicule. Oui, c’est vrai, les Français reculaient sur les impacts. La mêlée était dominée. Ses avants n’ont pas fait grand chose pour lui offrir des ballons rapides. Cependant, personne ne l’obligeait non plus à tenir une conférence de presse à chaque sortie de regroupement. Gueuler sur ses avants et faire des grands gestes pour leur dire où se placer, histoire de se persuader qu’on est bien le patron, c’est bien mignon, et il pourrait certainement avoir un grand succès s’il se lançait dans une carrière d’imitateur de Dimitri Yachvili. Mais il ne faudrait pas que cela serve de cache-misère non plus. Personne ne l’obligeait à trottiner ou à envoyer des passes trois mètres au-dessus de la tête de ses camarades, si ce n’était pas dans le vide. Le plus triste dans cette affaire c’est que cette performance était assez prévisible : quiconque a regardé le petit Jean-Marc la saison dernière avec le Stade Toulousain savait à quoi s’attendre, puisqu’ils se rappelleront qu’il s’était alors lancé dans une grande compétition avec Luke Burgess pour désigner le demi de mêlée le plus lent de France. Certes, il a bien terminé l’année en faisant un bon match en Nouvelle-Zélande – même si on se demande encore comment il a pu faire partie de cette tournée. Certes, cette saison, il a signé quelques bons matchs…principalement comme N°10 (la double confrontation face aux Saracens, notamment). Plutôt que de l’accabler, il faudrait donc se demander ce qu’il foutait là, encore plus après ses deux matchs déjà très moyens contre l’Angleterre et l’Italie. On lui souhaite tout de même de rebondir après cette performance vidéo-gaguesque qui nous a furieusement rappelé la naissance et l’enterrement simultané de la carrière de demi de mêlée de Mauro Bergamasco en 2009. Jules Plisson : Il a trouvé une belle touche en première mi-temps, puis s’est débarrassé du ballon sans jamais mettre le trio arrière gallois sous pression. Toujours une belle tendance à l’air-plaquage, ce qui à long terme risque de faire de lui le Beauxis blond plutôt que le nouveau Jonny Wilkinson. Il s’est quand même ressaisi en seconde période où il fut plutôt correct. Mathieu Bastareaud a raté quelques plaquages sur Jamie Roberts qui l’a pris de vitesse à deux reprises. Offensivement, il a tenté d’avancer, souvent en vain. Notons quand même quelques bonnes passes – dont une qui lance Fofana en plein intervalle – ce qui a permis de rassurer Guy Novès : Oui, Bastareaud est toujours meilleur que Yann David, qui ne sera pas rappelé avant la fin du Tournoi. Wesley Fofana a le N°12 dans le dos et annonçait dans la presse vouloir devenir un créateur, en s’inspirant de son coéquipier Regan King à Clermont. C’est con : c’est systématiquement Bastareaud qui touche tous les ballons en position de premier centre – comme s’il suffisait d’être black et d’avoir un gros cul pour être le nouveau Ma’a Nonu. Du coup, on n’a pas trop vu Wesley en dehors de sa percée. Yoann Huget / Brice Dulin / Hugo Bonneval : Solides sous les chandelles, ils ont eu de l’envie et ont été plutôt à leur avantage sur leurs rares ballons. Au niveau de la bataille capillaire, les boucles noires de Yoann Huget ont paru bien plus souples et rebondissantes que celles d’Adam Jones, un peu ternes. Et dire que si Rado jouait à Toulouse, il serait international. Le staff : Depuis cette saison, le Midol décerne des étoiles aux arbitres. Encore quelques années et je suppose qu’ils en donneront aussi aux entraîneurs. Moi, je ne vais pas me risquer sur ce terrain là, puisque je considère encore que Philippe Saint-André, Yannick Bru et Patrice Lagisquet connaissent quand même le ballon ovale bien mieux que moi (même si quand j’entends Fabien Galthié commenter des matchs, je me pose des questions sur les connaissances rugbystiques de certains techniciens réputés). Je remarquerai tout de même qu’en 3 ans, le XV de France n’a pas progressé, voire même qu’il a régressé. Et surtout qu’il n’a aucune identité de jeu, aucune ligne directrice qui se dégage. En Irlande, Joe Schmidt est à peine arrivé qu’il a déjà imposé sa patte, on reconnaît le jeu du Leinster – même si c’est sûrement plus facile quand tu sélectionnes 12 joueurs du Leinster. Stuart Lancaster a débuté sa carrière en même temps que Ouin-Ouin, il a viré tous les vieux et n’a eu besoin que d’une poignée de matchs pour créer une équipe qui ne ressemblait en rien à celle de Martin Johnson. Même Jacques Brunel, avec un réservoir de talents bien limité, a réussi à faire évoluer le jeu de l’Italie. Jeu qui qui est désormais bien plus sympa à regarder que le notre. Alors certes, le staff de Ouin-Ouin n’a peut-être pas une génération formidable et les meilleurs joueurs du monde à sa disposition – mais les autres nations européennes non plus. Par contre, il a obtenu un temps de préparation supplémentaire pour les rencontres internationales (ce que Laporte et Lièvremont n’ont jamais eu). En ce début de Tournoi, on pouvait imaginer que nos victoires un brin chatteuses étaient susceptibles de créer une dynamique de groupe, de permettre aux joueurs d’enfin se lâcher. Et pourtant, toujours rien. Toujours un jeu indigent, toujours aucune profondeur derrière, pas de combinaisons, pas de vitesse, je vais pas énumérer tout, tout le monde l’a vu, même Richard Escot. Je ne veux donc pas accabler les entraîneurs, moi qui n’y connais rien en bon Jean-Michel SupporterDerrièreMonEcran, mais quand on se compare sans aucun complexe aux All Blacks après une pauvre victoire contre l’Italie (voir la formidable citation de Lasgiquet plus haut), et qu’on rejette tout sur le dos des joueurs/des clubs/du jeu pratiqué en Top 14 dès qu’on perd un match, vu de l’extérieur cela laisse tout de même une curieuse impression. Certains joueurs ont été mauvais, et en plus de ça ils ont une attitude douteuse. Mais celle du staff ne paraît pas vraiment irréprochable non plus et la remise en question, ça marche aussi dans les deux sens. Le rugby a toujours été un sport relativement incompréhensible, mais depuis qu’il est professionnel, il est devenu bien plus complexe encore. Et au niveau international, attendre que les joueurs fassent preuve de la fameuse « intelligence situationnelle » (non mais, vous avez vu la gueule de notre capitaine ?) ou prier pour que le fantôme du French Flair © vienne nous sauver à la 78ème minute paraît un peu illusoire. La finale de la dernière Coupe du monde était déjà un petit miracle qui a permis à tout le monde de se dire « Bon ben, vous voyez, tout va bien !» pendant quelques mois de plus. Au final, on se demande si les Tonga ne nous auraient pas fait une petite faveur en nous éliminant dès les phases de poule… Rappelons d’ailleurs qu’en 2015, on se retrouvera dans le même groupe que l’Irlande et l’Italie, deux équipes qui progressent plus vite que nous et qui nous battent déjà régulièrement. Autant vous dire qu’il y a de quoi s’inquiéter, presque autant qu’un demi de mêlée à poil et voyant arriver vers lui l’ensemble de la famille Tuilagi armée de machettes. Néanmoins, je compte quand même sur le charismatique Philippe Saint-André, qui a fait preuve de son savoir faire au cours des années, pour redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard. Bon en fait j’y crois pas du tout mais on m’a demandé de faire une conclusion optimiste pour que les lecteurs ne se suicident pas. D’ailleurs, voici le gif d’un fourmilier jouant du AC/DC en guise d’au revoir.