La Coupe du monde 1987
par La Boucherie

  • 13 February 2014
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Après avoir connu un début d’année très actif avec presque un article posté par jour (imaginez si en plus, ils étaient de qualité) l’équipe rédactionnelle de la Boucherie Ovalie accuse le coup. Extenués, nous avons décidé de prendre environ 6 mois de vacances bien méritées. En attendant, nous réactivons tout de même la section « Les apprentis bouchers » , qui vous permet à vous, les sans talents, de nous envoyer des textes et d’espérer être publié sur ce magnifique site qui n’a pas connu un seul bug depuis 4 jours (record en cours).

Le gagnant du jour s’appelle Copareos, il est supporter de l’ASM (à croire que cela pousse à avoir de l’humour) et il a décidé de nous parler de la Coupe du monde de 1987. 1987, une bien belle année puisque c’est celle qui a vu naître nos deux Chaifres Ovale Masqué et Damien Try, qui viennent d’ailleurs d’être élus « Hommes les plus sexy du monde derrière leurs écrans » par Picsou Magazine. Mais on s’éloigne un peu du sujet. 

 

La coupe du monde 1987

Nous sommes en 1987. Le rugby n’est alors qu’un sport amateur avec des Valeurs ©, des vraies. Les joueurs sont alors aussi bourrés que les supporters et on aperçoit çà et là des plants de pommes de terres aux quatre coins des terrains. Cela peut paraître rustique, certes, mais on s’en fout puisque l’important c’est qu’après s’être mis des doigts (dans les yeux) et des poings (dans le visage), les joueurs se retrouvent chaleureusement au cours d’une troisième mi-temps fraternelle et joviale.

Cette année-là, le paysage du rugby français n’est pas le même, car il est AMATEUR. Pas de club de mercenaires, pas de scandale pour le transfert d’un pilier « 100% catalan » vers la ville voisine, pas de combat à coups de millions pour recruter un joueur quelconque, non. Rien à voir avec aujourd’hui, puisque le champion de France 1987 n’est autre que… Toulon qui bat le… Racing Club de France et qui succède donc… au Stade Toulousain. Bon, c’est vrai que ça change pas beaucoup en fait. Mais on s’en fout, parce qu’avant c’était mieux.

Ainsi, en ce 2 mai 1987, jour de sacre pour Toulon, ça sent la fin de saison, et les vacances méritées pour tous les joueurs. Tous ? Non. Un cortège d’irréductibles Gaulois se préparent à partir pour la patrie de la fougère (la Nouvelle-Zélande si tu es tombé sur ce site par hasard) pour y disputer la première Coupe du monde de rugby à XV de l’Histoire. Dingue, non ?

 

Contexte

Pour participer à cette compétition, il faut une invitation. 14 équipes ont donc été conviées par la Nouvelle-Zélande et l’Australie, co-organisatrices puisqu’apparemment à l’époque déjà c’était pas possible de faire une coupe du Monde de rugby dans un seul pays. Et déjà, comme ça, sans prévenir, avant même que le premier match ne commence, une polémique : l’Afrique du Sud n’est pas invitée, à cause de l’Apartheid qui y sévit. Ca la fout mal, parce que c’est quand même ce pays qui par son vote a décidé du lieu de cette première Coupe du Monde. C’est pourquoi dans un élan de racisme, une invitation leur a été envoyée. Mais Mandela étant encore en prison et le peuple n’étant donc pas à la recherche d’une preuve d’unité, il n’y a aucune raison de remporter ce trophée. Ils refusent donc d’y participer.

 

Match d’ouverture​

La compétition débute le 22 mai 1987 par un choc : Nouvelle-Zélande – Italie. On assiste alors à une véritable surprise puisque l’Italie, contre toute attente, l’emporte sur le pays organisateur. Non, je déconne, victoire 70-6 des All Blacks. Pour la petite anecdote, le sifflet utilisé pour cette rencontre est le même que celui utilisé pour le premier test match entre la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre en 1905 et pour la dernière finale olympique de rugby à XV à ce jour, en 1924. Depuis, il a été décidé que ce sifflet serait utilisé pour le match d’ouverture de chaque coupe du Monde. Ne vous étonnez donc pas si une épidémie de peste frappe le Royaume-Uni en 2015.

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Owen Farrell hésite à la question : « Si une coupe du Monde de rugby a lieu tous les quatre ans, en quelle année a eu lieu la deuxième coupe du Monde ? »

 

La France

La France hérite d’un groupe plus composé de peintres que de joueurs de rugby. En effet, en affrontant l’Ecosse, la Roumanie et le Zimbabwe, le Coq n’aurait pas dû avoir de problèmes pour sortir de la poule. Mais le souci, c’est que la France vient de réaliser un Grand Chelem lors du dernier tournoi des Cinq Nations. On ne voit donc pas pourquoi les Bleus remporteraient tous les matches, car cela parait trop simple. Il y a forcément un piège.

Alors, n’exagérons rien, ce n’est pas le Zimbabwe qui va poser problème (victoire 70-12), ni même la Roumanie, plus apte à voler les poules qu’à les disputer (victoire 55-12). Vous l’aurez donc compris, la France va buter sur l’Ecosse, et cela semble logique. En effet, bien que la France ait battu le XV du Chardon 27-22 trois mois auparavant, les deux équipes font match nul 16-16 lors d’un test match quelques semaines avant cette coupe du Monde. Alors une défaite semble inéluctable. Mais voilà, il y a des jours comme ça où le destin ne veut pas s’abattre, et la France mène 20-16 à la 79ème minute suite à un essai transformé de Serge Blanco qui, je vous le rappelle, pouvait apparaître comme le sauveur à une époque. On se dirige droit vers une victoire des Bleus. Mais rassurez-vous, à la 84ème minute (si, si), la France encaisse un essai en coin et concède le match nul 20-20 puisqu’un essai valait encore 4 points en 1987.

La France termine donc en tête à égalité de points avec l’Ecosse, mais elle obtient la première place grâce à un nombre supérieur d’essais inscrits pendant la rencontre entre ces deux équipes (encore une fois, merci Serge). Cela permettra donc aux Français d’éviter la Nouvelle-Zélande en quart de finale et de se frotter aux Fidjiens, quart de finaliste bien qu’ayant perdu contre l’Italie.

En quart de finale, la France dispose des îles Fidji sur le score de 31-16 et se qualifie pour les demi-finales où elle affrontera l’Australie, qui a battu l’Irlande 33-15. A noter que les Anglais ont été éliminés par les Gallois 16-3, ça fait toujours plaisir.

En demi-finale, la chose est toute autre. Car non seulement c’est une Australie en grande forme qui se présente en face, mais en plus le match a lieu à Sydney. Je vous laisse donc imaginer le scénario. Mais grâce notamment à un Didier Camberabero réalisant un sans-faute au pied et égalisant à la dernière minute, la France arrache une prolongation. C’est alors que le monde va découvrir le “French flair”. Je parle du vrai ici, celui qui consiste à faire une multitude de passes et à oser. Pas celui qui se résume en un rebond chanceux retombant sur Yoann Huget. On assiste donc à une action qui paraitrait brouillon aujourd’hui mais qui se révèle salvatrice quand Serge Blanco (encore lui) aplatit le ballon en coin. Camberabero aura même le culot de transformer cet essai et la France l’emporte 30-24.

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Qui lui dit que Biarritz va se déplacer à Bourg-en-Bresse l’an prochain ?

La finale : France – Nouvelle-Zélande

Nous arrivons donc au moment fatidique, celui que le monde entier du rugby attend, le choc entre la France et la Nouvelle-Zélande. L’ambiance d’avant-match est la même que pour les demi-finales. On sait que c’est l’équipe qui joue à domicile qui va écraser l’autre. Nous sommes donc le 20 juin 1987 (et non pas le 23 octobre 2011), le capitaine est Daniel Dubroca (et non pas Thierry Dusautoir) et le match a lieu à l’Eden Park d’Auckland (ça, ça n’a pas changé) où il s’agit pour les Français de vaincre une équipe qui a passé ses dernières semaines à écraser ses adversaires les uns après les autres.

La France tient bon et n’est menée que 6-0 à la mi-temps. Mais alors qu’elle est revenue à 6-3 au retour des vestiaires, l’ouragan noir se met en place et deux essais sont encaissés en trois minutes. Les Français paraissent fatigués de leur demi-finale et perdent finalement 29-9 avec malgré tout un essai de Berbizier à la 84ème minute, pour montrer qu’ils se sont battus jusqu’au bout pour les Valeurs ©.

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« J’ai eu peur, j’ai cru qu’ils allaient nous niquer la fête ces cons de Français! »

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« Coucou les Auvergnats, nous aussi on est finalistes. »

 

La Nouvelle-Zélande est donc la première nation à remporter la coupe du Monde de rugby et son capitaine David Kirk devient le premier à brandir le trophée Webb Ellis. Les Bleus échouent en finale mais on leur prédit déjà une victoire dans les prochaines coupes du Monde. Ah, s’ils savaient ce qui les attend…