France – Angleterre, la French Chatte ©par Pierre Villegueux 07 February 2014 27 « Tout ça, c’est grâce au Top 14, le meilleur championnat du monde. » (Paul Goze) « C’est cher, quand même. » (Eric Bayle) « Ouin, ouin, ouin ouin ouin ! » (Philippe Saint-André, euphorique) « C’était nul » (Pierre Berbizier) « J’ai pleuré » (Yannick Nyanga) « Très beau match, en plus j’étais super bien placé !» (Maxime Médard) « Huget… Fickou… on dit merci qui ? » (Guy Novès) « Le doublé est possible. » (Yoann Huget) « C kel chaine » (Jean-Michel Cequelchaine) France – Angleterre, la French Chatte ©. Par Pierre Villegueux, Personne ne viendra me contredire : globalement, la vie, c’est assez naze. Si si, je vous assure, regardez la vôtre par exemple. La vie est naze, sauf quand il y a le Tournoi des VI Nations. Parce que vous pouvez nous bassiner tant que vous voulez avec le #MeilleurChampionnatDuMonde, la H Cup, le Super Rugby, Isabelle Ithurburu même la coupe du Monde : rien de tout ça n’aura jamais la saveur d’une après-midi de Tournoi. La nostalgie y joue sans doute un rôle non négligeable : dans notre inconscient, le Tournoi est lié à jamais à des images, des sensations, des odeurs. Par exemple, celle de l’haleine houblonnée d’un supporter irlandais s’apprêtant à vomir sur vos chaussures dans les toilettes d’un pub blindé. Le Tournoi, c’est une vieille dame toujours bandante, qui a su résister aux assauts du temps. On remarquera d’ailleurs qu’il s’agit de la dernière compétition à ne pas avoir cédé à cette mode ridicule des « bonus » – ce qui fait d’ailleurs bien les affaires du XV de France, qui n’a plus marqué deux essais dans le même match depuis 1999. Bref, le Tournoi, c’est le rugby vrai, celui qui n’a pas encore été sali par le professionnalisme et par Christian Jeanpierre. Et cette année, on attaque directement avec la meilleure partie : le Crunch. Le Crunch, c’est ce moment génial où tous les gars comme moi peuvent s’assumer au grand jour, et se permettre d’être complètement racistes en toute impunité. On peut les traiter de tout : rosbifs, laiderons, tricheurs, connards, enculés de leurs mères…. personne ne s’en offusquera ! Imaginez la même chose avec n’importe quelle autre nationalité ou communauté : impossible. Sauf peut-être avec les Asiatiques, qu’on peut maltraiter aisément sans que personne ne dise rien. D’ailleurs Ouin-Ouin ne s’en prive pas en torturant psychologiquement François Trinh-Duc depuis de longs mois. Mais oui, en France, nous haïssons les Anglais. Pourquoi ? Difficile à dire. Certains vous parleront de la grande Histoire. Mais de manière générale, je connais assez peu de Français se sentant proches de Jeanne d’Arc, à part peut-être Henri Guaino qui entretient encore des conversations fréquentes avec elle. C’est peut-être de la jalousie, alors ? C’est vrai qu’ils ont Paul McCartney, Mick Jagger et les Monty Pythons, alors que nous, nous avons Johnny, Michel Sardou et les Chevaliers du Fiel. Mais au moins, on se rattrape avec notre bouffe et nos meufs, d’une qualité bien supérieure. Alors pourquoi les détestons-nous ? Leur arrogance ? Leur manie de toujours chercher à coloniser la moitié de la planète ? C’est vrai que sur ces points-là, nous sommes particulièrement bien placés pour critiquer. Non, en fait, le problème avec l’Anglais, c’est son hypocrisie. Au moins, le Sud-Africain n’affiche aucune ambiguïté, lui. Lorsque tu le regardes dans les yeux, tu peux très clairement lire « Je vais te tuer, te démembrer, brûler tes restes, violer ta femme et incendier ta maison ». On sait tout de suite à qui on a affaire. L’Anglais, il est plus vicieux. Il se donne des airs de gentleman. Te serre la main avec un grand sourire méprisant. Il est insupportable. Il a même inventé le terme de « fairplay », ce qui est finalement aussi cocasse qu’apercevoir Mourad Boudjellal à un meeting du Nouveau Parti Anticapitaliste. Bref, l’Anglais est un être malhonnête et fourbe, point. Il est même capable d’être dominé de la 30ème à la 78ème minute d’un match et de le gagner miraculeusement en inscrivant un essai de pute venu de nulle part, c’est dire…. Bon, ne nous le cachons pas, le fait qu’ils soient très laids joue aussi pour beaucoup. L’Equipe de France : Ouin-Ouin entame la 3ème année de son mandat avec un objectif des plus ambitieux : enfin réussir à gagner un match contre une équipe classée avant la 17ème position du classement IRB. Pour ça, notre leader charismatique a réussi à obtenir 15 jours de préparation supplémentaires pour le Tournoi. 15 jours, ce n’est sans doute pas suffisant pour apprendre à nos trois-quarts à jouer un surnombre, ou encore pour expliquer à Jean-Marc Doussain qu’il n’est pas un talonneur et que c’est bien à lui de sortir les ballons derrière les regroupements, si possible en moins de 45 secondes. Mais c’est déjà mieux que rien et on peut espérer quelques progrès dans le jeu français, où l’on a du mal à trouver un semblant de ligne directrice depuis 3 ans 7 ans 10 ans toujours. Niveau composition, on notera aussi que Ouin-Ouin a fait preuve d’audace pour la première fois de sa vie depuis 1992 – il avait alors traversé en dehors d’un passage piéton lors d’une troisième mi-temps de légende, terminée au petit matin, sous les coups de 23h22 – en titularisant Norman de Norman fait des vidéos au poste de demi d’ouverture. On ne sait pas trop ce qu’il vaut en matière de rugby, mais les jeunes l’aiment bien alors après tout, pourquoi pas. Au pire, son échec permettra le 783ème retour en sélection de Frédéric Michalak, qui est un peu le Freddy Krueger de l’Ovalie : il revient toujours et à chaque fois le film est toujours plus lamentable. Pour le reste, c’est du classique, en dehors de la présence controversée d’Alexandre Flanquart au poste de seconde ligne. Flanquart, c’est un jeune homme au physique agréable et présentant la particularité de savoir lire, ce qui le rend à mon avis indigne de revêtir un maillot qui a été auparavant porté par Thibaut Privat. Enfin je suppose que ça aussi, c’est l’évolution du rugby… à ce rythme-là, vous verrez qu’on finira par voir des centres faisant des passes. Regarde Jules, grâce à cette Delorean nous allons pouvoir remonter en 2002, à l’époque où le Stade Français avait 5 sélectionnés en Equipe de France ! L’ennemi : Comme on peut s’y attendre de la part d’un homme qui porte une coupe de cheveux militaire depuis bientôt 20 ans, Stuart Lancaster est un homme qui apprécie la stabilité. Depuis son arrivée à la tête du XV de la Rose, il a imposé son équipe type, qu’il a assez peu modifiée au cours des saisons. Mais en raison d’une épidémie de Benjaminfallite foudroyante et de la méforme de certains joueurs, ce bon vieux Stuart s’est retrouvé obligé de proposer une équipe assez expérimentale, notamment derrière une paire de centres inédite et la titularisation de trois débutants, Luther Burrell, Jonny May et Jack Nowell. Devant, le meilleur pilier du pays, Alex Corbisiero (jusqu’à hier, Pastigo pensait qu’il était argentin) est absent et pour le remplacer Joe Marler, qui devra prouver qu’il est plus qu’un formidable joueur de diabolo à la fête de l’Huma. La charnière Care – Farrell n’est pas non plus extrêmement rodée, notre tête à claques favorite ayant le plus souvent joué en compagnie de Lee Dickson ou Ben Youngs, pendant que le brave Danny tentait de préserver sa virginité anale dans les cellules de dégrisement de la banlieue de Londres. Cette équipe a du talent, certes, mais elle semble inexpérimentée et prenable. C’est donc assez logiquement qu’elle va nous donner une leçon de rugby pendant 1h. L’Anglais peut également être séducteur. Ici, Chris Robshaw tentant d’imiter Mike Phillips tentant d’imiter Derek Zoolander. Le film du match : Je ne sais pas si certains d’entre vous sont familiers avec le concept de la routourne cher à nos amis footballeurs, mais s’il existe vraiment, ce qui est sûr c’est que les Anglais se le sont pris en plein dans la gueule pendant 20 minutes samedi dernier. Après un an et demi d’en-avant à 2 centimètres de l’en-but, d’essais refusés à la vidéo, de 2 contre 1 joués par Vincent Debaty, bref après un an et demi de tartine qui tombe toujours du côté de la confiture, la chance a enfin souri à nos Bleus qui en l’espace de 20 minutes ont marqué des essais tellement chatteux qu’on aurait presque cru que c’est Ouin-Ouin qui contrôlait les rebonds du ballon avec une petite télécommande depuis les tribunes. Cela dit, quand on sait que le XV de France a découvert l’utilisation des GPS 5 ans après l’équipe nationale de Géorgie, il y a peu de chance que ce soit le cas. Et comme un symbole ©, l’homme à la conclusion de ces deux essais n’est nul autre que Yoann Huget, cet anti-Vincent Clerc ultime, le genre de mec capable de faire des percées de 80 mètres et de lâcher le ballon dans l’en-but, juste pour l’amour de la lose. Deux essais chanceux, d’autant plus qu’ils sont entrecoupés par une grosse séquence de jeu anglaise dans nos 22. Mais ils viennent tout de même d’une entame stratégiquement réussie des Bleus : le trident arrière anglais est à la rue et Jules Plisson en profite allègrement en distillant des coups de pied judicieux dans le fond du terrain. On entend alors déjà Mathieu Lartot s’extasier devant ce nouveau « Grandisse » au physique improbable, qui réussit l’exploit de faire 40 kilos et d’avoir quand même un double menton. Notre nouveau wonderboy passe même près d’offrir le troisième essai à Maxime Médard, qui malheureusement était en pause clope le long de la ligne de touche à ce moment-là. Quand le Français se retrouve devant un problème, que fait-il ? Il continue à faire toujours la même chose, car il est souvent un peu con. Ce qui est chiant avec l’Anglais c’est que lui est capable de s’adapter en cours de partie. Après avoir réglé son petit souci de couverture défensive, le XV de la Rose va alors reprendre petit à petit le contrôle de la partie. Ce que font les Anglais n’est pas révolutionnaire, mais ils le font bien : des sorties de balles rapides, des lancements de jeu fluides, des joueurs qui avancent à l’impact – on croyait pourtant pouvoir dominer physiquement nos adversaires, comme cela avait été le cas lors des rencontres franco-anglaises de H Cup cette saison. Mais de toute évidence, la présence de 23 joueurs JIFF sur la feuille de match nuit beaucoup au rendement de notre XV de France. « C’est vrai que les Anglais ont réagi, mais la vitesse de concrétisation des Français a été beaucoup plus rapide ». Toi aussi raconte n’importe quoi à la télé en profitant du fait que 99% de la population ne comprend de toute façon rien à ce sport. La France aura donc à peu près bien joué pendant 20 minutes : c’est certes peu mais c’est déjà plus que pendant l’intégralité du Tournoi 2013. Les Anglais monopolisent le ballon et se rapprochent fatalement de notre en-but. Enflammé par son début de match, Yannick Nyanga tente de vérifier s’il a gagné un niveau et acquis la compétence « cape d’invisibilité » chère à Richie McCaw, en s’étalant en plein milieu d’un ruck pour empêcher Danny Care de sortir le ballon. Malheureusement, la réponse est non. Le demi de mêlée des Harlequins, ce petit club méconnu, fait alors preuve d’audace en jouant vite la pénalité. Quelques secondes et une montée en pointe ridicule de Louis Picamoles plus tard, et Mike Brown hérite du ballon pour aller marquer après avoir facilement effacé Yoann Huget. Owen Farrell rate ensuite un drop pour bien rappeler à tout le monde qu’il est plus proche du nouveau Andy Goode que du nouveau Jonny Wilkinson, et la mi-temps est sifflée sur le score de 16 à 8. Un avantage qui ne tiendra pas bien longtemps puisque dès le retour des vestiaires, les Anglais investissent à nouveau nos 22 mètres. Care s’échappe au ras d’un regroupement et aplatit avant la ligne. N’étant pas un joueur du Stade Toulousain, l’essai lui est logiquement refusé. Farrell réduit néanmoins le score sur pénalité, et quelques minutes plus tard, Luther Burrell franchit cette fois bien la ligne, après un bon travail de Billy Vunipola et une nouvelle montée biarrote de la défense française. Cramés, les Français ne réagissent pas. Care continue son one man show et tape un petit drop de pute sur un avantage successif à une nouvelle faute de Nyanga. Ça fait 21 à 16 et un beau 18 à 0 pour les Anglais en deuxième période. Pour vous remercier d’avoir lu jusqu’ici, nous vous offrons cette image rare et quasiment introuvable sur le net. Oui, c’est bien ce que vous croyez. Les Bleus n’avancent plus, ils ne touchent plus un ballon, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il y a déjà eu plus de temps de jeu effectif dans ce match qu’en une demi-saison de Top 14. Heureusement, il nous reste notre arme fatale : les en-avant. Ceux-ci nous permettent en effet de récupérer des mêlées, seul secteur où l’on domine nos adversaires, et donc de rester à peu près dans le match grâce à deux pénalités de Doussain et Machenaud. Les Anglais ont pourtant plusieurs occasions de tuer le match, mais ils préfèrent les vendanger magnifiquement, comme lors de cette touche à 5 mètres de la ligne où Tom Youngs se prend pour Tolofua en envoyant un missile sur la Corée du Nord. Si on ajoute à cela le fait que Stuart Lancaster décide subitement de sortir son meilleur joueur et son stratège à 20 minutes de la fin du match, on commence à se dire que les supporters anglais devraient troquer leur « Swing low, sweet chariot » (d’ailleurs sifflé par un public du Stade de France toujours aussi con) par un beau « Ici, ici, c’est Montferrand ». La suite vous la connaissez. La pelouse du Stade de France va connaître un moment terrible, plus terrible encore qu’un concert d’Indochine, avec ce hold-up français et cette victoire arrachée sur un essai de 80 mètres. Dimitri Szarzewski va ainsi devenir le premier joueur français depuis Philippe Sella à parvenir à jouer un surnombre correctement, avant que Gaël Fickou n’enclenche le mode “bullet time” pour mettre une feinte de passe au ralenti à Alex Goode – on suppose que jeter un bâton sur la piste d’athlé aurait également suffi à détourner son attention. Au final, la France l’emporte donc sur le fil, 26 à 24. La presse s’enflamme et parle déjà de Grand Chelem, puisque c’est bien connu, les Gallois et les Irlandais sont des tocards, et il est parfaitement impossible que l’on puisse perdre contre une équipe aussi faible que l’Italie. Nouvelle image rare et quasiment introuvable : Maxime Médard sur un terrain de rugby, en train de faire semblant d’être utile. La Ouin-Ouin’s army : La première ligne a fait son boulot habituel : Thomas Domingo a tordu son vis à vis, Nicolas Mas a rappelé qu’il était un grand espoir susceptible de vite devenir titulaire à Montpellier et Benjamin Kayser a été solide en touche même s’il n’a avancé sur aucune de ses charges, mais il a une bonne tronche et c’est un bon gars alors on ne lui reprochera pas. Szarzewski a peut-être réussi son meilleur match en Bleu depuis 2006, ce qui veut probablement dire qu’il sera titulaire au prochain et qu’il le loupera complètement. Slimani et Forestier ont également aussuré sur leur rentrée, permettant de décrocher une pénalité précieuse. Pascal Papé a fait du Pascal Papé en pourrissant tout ce qu’il touche, y compris les ballons de son équipe. Flanquart a été assez déroutant avec son profil de « seconde ligne mobile », qui lui a notamment permis de sauver un essai. Mais il n’a donné de coups de poing à personne et n’a fait aucune faute stupide, ce qui peut donc légitimement être considéré comme une déception par rapport aux standards imposés par Yoann Maestri. Bernard le Roux a plaqué à tour de bras pendant 40 minutes, tout en prenant soin d’éviter de toucher le ballon – sans doute par peur qu’il explose ou quelque chose comme ça, il faut dire qu’au Racing il n’a pas l’habitude d’en voir beaucoup. Remplacé par Antoine Burban, qui était chauve. Yannick Nyanga a été omniprésent, en attaque comme en défense, même s’il a coûté 10 points avec deux fautes stupides. Une performance vraiment encourageante pour ce joueur qui devrait malgré tout retrouver le banc, en club comme en sélection, après le retour de blessure des références mondiales que sont Fulgence Ouedraogo et Grégory Lamboley. Louis Picamoles a globalement été dominé par Billy Vunipola, qu’il avait pourtant mangé il y a quelques semaines lors du match entre Toulouse et les Saracens. Notre Picachu national a quand même (un peu) avancé sur quelques charges et il a même tenté des passes après-contact, mais il semble tout de même loin de son niveau de l’année dernière, même s’il ne faudrait sans doute pas le dire de peur de déclencher l’ire du lobby toulousain et de tous les Jean-Michel Franchouillard qui pensent qu’il est meilleur que Kieran Read. Jean-Marc Doussain est un joueur mutant, perdu quelque part entre le demi de mêlée, le demi d’ouverture et le champion d’haltérophilie. Il mesure 1 mètre cube, ne ressemble pas à grand chose mais est capable de renverser un pilier. C’est spectaculaire mais on préférerait quand même qu’il s’occupe de sortir les ballons : plusieurs fois, il était absent pour le faire. Au niveau de la célérité et de l’inspiration, il a souffert de la comparaison avec Danny Care. Machenaud a apporté un peu plus de tranchant sur sa rentrée, bien aidé par le contexte, même si l’on relèvera de très beaux moments d’intelligence situationnelle lorsqu’il décide de rendre les ballon aux anglais DEUX FOIS entre la 78ème et la 80ème. On en vient finalement à regretter ce bon vieux Morgan Parra. Morgan, c’est comme cette ex qu’on arrive jamais à oublier : elle était chiante, elle était conne, mais on a beau en avoir testé plein d’autres depuis, on a jamais vraiment trouvé mieux. Jules Plisson a été bon pendant 20 minutes, quand il s’est appliqué à faire ce qu’on lui demandait de faire avec sérieux. Il s’est un peu perdu par la suite. Il a tenté de jouer proche de la ligne, comme il le fait avec succès en club, mais la très agressive défense anglaise ne le permettait pas vraiment. Son jeu au pied en seconde mi-temps n’a pas servi à grand chose d’autre qu’à se débarrasser du ballon. Fofana – Bastareaud : C’est une bonne idée d’associer un mec qui court très vite avec un gros bourrin. Seulement quand ils sont constamment servis à l’arrêt, ils deviennent vite assez inutiles. Globalement, les deux paires de centres se sont neutralisées sur ce match. Gaël Fickou a fait une belle rentrée et beaucoup feront sans doute de lui le sauveur du rugby français, nonobstant le fait que malgré son grand potentiel, il est encore un peu vert et assez moyen à Toulouse, où il s’est fait piquer sa place par la paire de centres Clément Poitrenaud – Yann David. Oui, vous avez bien lu, Yann David. Gaël Fickou, le Pépito Elhorga blanc. Yoann Huget a comme d’habitude été très présent en attaque, où son envie débordante et son style de labrador épileptique apportent un peu de panache à la ligne de trois-quarts. Si ses essais sont chanceux, il dépose quand même Alex Goode de belle façon sur le deuxième. Dommage qu’il soit un peu moins concerné par les tâches défensives. Maxime Médard est un joueur rare. Pendant la majeure partie du match, il peut être totalement transparent. Et là quand l’adversaire s’y attend le moins, il s’empare du ballon et… rien. Brice Dulin est toujours aussi solide dans tout ce qu’il fait, sans se montrer particulièrement brillant sur ce match. Notez qu’à chaque fois qu’il effectue une réception Fabien Galthié hurle « Oh, il les aime ces ballons ! ». Et le plus souvent, il tape une chandelle derrière. Coupable d’avoir marqué des essais pour l’équipe de France, Yoann Huget a été puni en étant obligé de participer à Stade 2. Le bilan : Décidément, le XV de France de Ouin-Ouin nous aura fait connaître tout un panel d’émotions inattendues. Aujourd’hui, il nous en offre même une tout à fait inédite : la honte d’avoir battu les Anglais. Bon, faut pas déconner non plus : ça fait quand même sacrément du bien, et on a tellement perdu de matchs où on a été bons contre les Anglais qu’on peut parfaitement trouver ça jouissif de les avoir entubés de la sorte. Mais en revoyant le match, l’évidence saute aux yeux : on s’est largement fait bouffer par une équipe de 25 ans de moyenne d’âge. Une équipe qui était venue gagner au Stade de France en 2012, et qui aurait logiquement dû remettre ça samedi dernier avec un peu plus de bouteille. Une équipe qui va grandir, et qui va voir la génération des champions du Monde des -20 ans arriver en renfort. Autant dire qu’il y a de quoi flipper pour les années à venir. De notre côté, le contenu a été pauvre, voire très pauvre, on peut même parler de nette régression par rapport aux matchs plutôt honorables de la dernière tournée d’automne. Même lors des trois branlées contre les All Blacks cet été, il y avait plus de consistance et plus de séquences intéressantes que sur ce match, qui était un vrai très gros match au niveau de l’intensité et du rythme. Il n’y a donc vraiment pas de quoi se la péter et on espère que Ouin-Ouin et son staff en seront bien conscients, ce dont on doute un peu après l’avoir vu fanfaronner en conférence de presse. Reste que cette victoire fera au moins du bien au moral des troupes après une année bien pourrie. Dans le Tournoi, tout est souvent une question de dynamique, et gagner un gros match d’entrée de jeu pourrait permettre aux Bleus de se lancer et surtout de se lâcher un peu plus. Elle pourrait aussi permettre de totalement nous planter contre les Italiens dès dimanche : c’est aussi ça, le French Flair. Au moins à la réception d’après-match, Pascal Papé a pu réaliser son rêve en rencontrant l’actrice principale du Fabuleux destin de Raphaël Poulain.