Le talonneur d’un autre sièclepar Ovale Masque 20 January 2014 65 Vous n’avez pas pu échapper à ce fantastique combat de boxe inter-catégories. Poids lourd contre poids plume, une affiche aussi déséquilibrée qu’un match Nouvelle-Zélande – Namibie. Dans le coin droit, short bleu avec des éclairs rouges, le polyvalent Vincent Moscato, rugbyman, boxeur, animateur radio, philosophe et bien sûr acteur – personne n’aura oublié Ponpon, le personnage d’idiot du village qu’il interprétait dans le « Fils à Jo », assurément un grand rôle de composition pour lui. Dans le coin gauche, short jaune-moche marqué du logo de la Poste, Laurent Cardona, arbitre et vendeur de voitures. Tout a commencé il y a quelques semaines, lors du fameux « Moscato show », talk-show culturel diffusé sur la station de radio RMC. Après un match perdu par Toulon à domicile contre Grenoble, l’arbitrage de Laurent Cardona est pointé du doigt par le manager toulonnais Bernard Laporte. Il faut dire que ce dernier s’y connait en matière de justice, puisqu’il a pour habitude de slalommer entre les mises en examen avec au moins autant de talent d’un pilote de formule 1 germanique. Pour Laporte, il n’y aucune ambiguïté : Cardona est nul, tout simplement nul. C’est une « pipasse », un « incompétent », on en passe et des meilleures. C’est alors que Vincent Moscato, sorte de Frédéric Taddeï version Cochonou, entre en scène. Il va faire une grande faveur à Monsieur Cardona, et lui donner un droit de réponse dans son émission. C’est là un très beau cadeau qu’il lui fait puisqu’un arbitre est rappelons-le une sous-race, coincée quelque part entre le footballeur et l’Anglais sur l’échelle des valeurs du bipède de base. La moindre des choses, ce serait donc que l’Incompétent le remercie en acceptant poliment de baisser son pantalon et de se faire fouetter à coups de ceinture, en criant très fort « Oui Bernard Laporte a raison ! Je suis nul, oh oui, je suis très très nul ! Punissez-moi ! ». Mais non. Cardona a beau être un arbitre, ce con a quand même une âme ! Et même un peu d’esprit. Peut-être même un peu trop pour Moscato, qu’on imagine aisément en difficulté avec les mathématiques, et qui visiblement n’avait pas réalisé que les années 90 se situaient bien au XXème siècle. Dès sa prise d’antenne, l’homme en noir lâche donc ce que Moscato qualifierait de « saucisse ». Pour ceux qui l’ignorent, une saucisse c’est un peu comme une quenelle, mais encore plus pour les beaufs. Problème : le brave Vincent adore les distribuer, il s’en enorgueillit fréquemment dans son émission. Mais il accepte visiblement beaucoup moins d’en recevoir en retour. Dans la bouche de l’ancien talonneur, la pourtant modeste merguez de Cardona semble avoir le goût métallique d’un canon de revolver. La guerre est déclarée. Incapable de répondre avec les armes qui avaient fait de lui un joueur redouté lors du siècle dernier, c’est-à-dire principalement ses poings, Moscato perd son sang froid. La star de la radio frappe en dessous de la ceinture, le compare à un collabo « vous avez des directives… pendant la guerre, il y en a plein qui disaient qu’ils avaient des directives ». Il s’énerve, quoi. Et lorsqu’on veut « débattre » (je mets des guillemets parce que bon, on est quand même sur RMC, faut pas déconner) il y a une règle immuable : le premier qui s’énerve passe toujours pour un con. Manifestement, même Moscato a pu se rendre compte qu’il s’était fait prendre sur une feinte de passe comme un pauvre Crabos. Vexé comme un poux, il n’a pas voulu en rester là et a préparé sa contre-attaque. Avec la complicité de Canal + cette fois, qui lui a offert le premier et sans doute dernier premier rôle de sa vie dans la fameuse vignette « A ‘men’ donné ». C’est vrai quoi, le bonhomme n’occupe sans doute suffisamment pas assez l’espace médiatique, il avait besoin d’un bon coup de main ! Malheureusement, il aurait également eu besoin d’un bon auteur. Même soigneusement préparée et montée avec les doigts experts des monteurs de la chaîne cryptée, la vendetta tourne encore au vulgaire concours de bite : « Moi, j’ai gagné le Bouclier au moins ! » se vante l’interprète immortel de la Moscadance. C’est bien Vinnie ! Et donc, on fait comment maintenant ? On n’autorise que les vainqueurs du championnat de France à arbitrer des matchs de rugby professionnel ? Parce que si c’est ça, il risque d’il y avoir un paquet de gars qui ne seront pas légitimes dans ton esprit. Non sérieusement… et puis quoi encore ? On va pas demander à tous les acteurs d’avoir gagné un Molière pour obtenir le droit de tourner dans un navet. Sinon ta carrière cinématographique aurait tourné court. Pour finir, l’ancien cerveau des Lumières de Bègles s’enfonce définitivement et invoque la notion de « respect », partie intégrante des sacro-saintes Valeurs du rugby ©. Parce que « on est pas chez les Gitans » (après le point Godwin, on appréciera cette fois ce beau point Manuel Valls). Mais au fait, c’est quoi le respect ? C’est un truc auquel Laurent Cardona, qui rappelons-le est un arbitre et donc un sous-homme, n’a visiblement pas droit puisqu’il devrait supporter de se faire insulter encore et encore à l’antenne par des intellectuels comme Bernard Laporte et Vincent Moscato, sans jamais avoir le droit de se défendre. Cher talonneur d’un autre siècle. Tu ne me trouveras sans doute pas légitime, moi, chroniqueur anonyme caché derrière mon écran ©, pour oser venir te faire la morale sur un obscur site internet. C’est vrai quoi, je n’ai jamais remporté le Bouclier de Brennus, moi non plus ! Si l’on devait comparer nos virilités, j’imagine que ma knacki ball ne pourra jamais rivaliser avec ta grosse « saucisse » aussi huileuse et grasse que ton humour. Tant pis, je le fais quand même. Parce que putain, ça m’a fait du bien. Un peu comme une bonne grosse mandale bien gratuite envoyée à cette tête de con de talonneur adverse en plein match. Tu sais ce que c’est, je n’en doute pas. Amicalement, Ovale Masqué.