Pastigo analyse le match du dimanche midipar Pastigo 01 October 2013 11 Par Pastigo, Sans aucun doute une affiche exceptionnelle, sauf pour le jeu. Car on en a inauguré des choses en ce doux dimanche de septembre. Déjà dimanche, c’est un peu fou. Chacun y va de son explication, le tout parfaitement hiérarchisé puisque plus on s’approche de la raison officielle plus c’est con. Commençons donc de ce fait par la plus belle : jouer le dimanche permet de limiter le problème des doublons. Parce que ce dimanche y avait doublon voyez-vous. On suppose que les joueurs de l’ASM ne souhaitaient pas se faire griller les meilleurs coins à champignons le samedi, et d’après nos sources Julien Malzieu avait une compet’ de pêche à La Rochelle. (Déconne pas Julien, ne signe pas là-bas. Demande à Canale !). Comprenez donc qu’on pouvait pas se permettre, c’est un peu plus grave qu’un déplacement du clan Novès à Hong-Kong. Pour d’autre c’est Canal+ qui avait doublon. On remarquera que samedi la chaine cryptée proposait un film de Gad Elmaleh, c’eut été dommage que les fans de rugby ratent ce chef-d’œuvre. Sachant que le créneau du dimanche midi n’offrait jusque-là rien d’aussi chiant que Turbo, Canal+ tenait là le renouveau du match du vendredi. C’est qu’il y a panique, le match du vendredi déçoit. Des essais, de belles équipes, aucun club basque, on se retrouve à défier les plus anciennes traditions en passant une bonne soirée. Et puis tout changement est l’occasion pour un club de pleurer un peu, et ça le rugby aime. Ca n’a pas raté, cet horaire fut l’occasion de larmes et de mines attristées, pour un peu on sombrait dans l’appel aux dons. « Il va falloir s’adapter à ces nouveaux horaires, c’est compliqué pour les joueurs de se lever un dimanche matin ». Bah oué, à 30.000 boules par mois c’est même scandaleux d’exiger un tel sacrifice réservé jusque-là aux étudiants nantis de chez Casto. Le choix de Clermont pour étrenner cette nouveauté est apparu comme une évidence, disposant des seuls supporters assez cons pour venir quand même. On ose à peine imaginer ce que ça va donner au Racing. Ils sont donc là, en pyjama et puant de la gueule. Et l’ambiance est aussi folle que… ben qu’un dimanche matin quoi. Une armée de zombies occupe donc le stade pour amortir le coût d’un abonnement représentant deux ans de salaire gabonais. Idéalement placé, le corps arbitral fera rarement appel à la vidéo. Mais revenons-en au match voulez-vous. Pas trop longtemps, puisqu’il n’y a pas grand-chose à retenir. De toute façon si vous avez lu ce compte-rendu sans image jusque-là c’est que vous avez probablement vu le match. Score branlesque pour une prestation bien moins érectile, la première mi-temps nous a même laissés croire que Clermont allait confirmer sa belle prestation de la semaine passée. Le déjà mythique « match du dimanche matin » est la parfaite alternative au match du vendredi soir à bout de souffle. Passes les yeux collés, appuis en pantoufles, transformations à 20 mètres des perches, la palette des experts avait de quoi éclipser le best-of des Guignols. On attendait un Bordeaux cherchant à conserver le ballon et un Clermont qui joue, on a eu un Bordeaux qui conserve le ballon et un Bordeaux qui joue. Et un Clermont qui regarde et commence le match en se prenant un essai bien mené. PSA pleure, ce week-end a vu plein de 9 et de 10 dont on ne connait pas les noms briller et autant de charnière à essayer pour les transformer en déchus dépressifs. C’est un peu la folie en tribune et le supporter en nuisette reprend un peu de Nesquick. Parti comme ça on se dit que Bordeaux peut briser le sceau d’invincibilité et enfin libérer Biarritz de sa malédiction, mais c’est sans compter QU’ON EST DIMANCHE ! Et oui, dimanche ce n’est pas qu’un horaire pourri, c’est aussi le dernier match de la journée. Et l’arbitre a la pression. Il a bien noté qu’une petite soixantaine de cartons ont été distribués la veille et qu’il va lui falloir faire fort pour être au niveau. Il remarque que l’Auvergnat n’est pas du matin et qu’il est quand même nombreux, alors comme il est tout puissant mais pas très musclé ce sera Bordeaux qui prendra à peu près tout dans le museau. Il sera cependant bien aidé par des joueurs qui n’ont d’autre alternative que la grosse mornifle dans la tronche pour se maintenir éveillés. Clermont en prendra un quand même, Parra ne pouvant résister à l’occasion unique d’un 3 contre 1 avec un Bordelais isolé et maintenu par deux camarades. On le comprend. Dans ce contexte la défense bordelaise s’étiole un peu, malgré un engagement plein de bonne volonté à 1 contre 4. Ce sera d’ailleurs l’occasion pour l’ASM de marquer les esprits d’un exploit unique, finir un match avec le bonus offensif sans réelle offensive. Guy Novès apprécie et montre les 3 points. Bref, comptablement excellent ce match reste assez décevant, voire inquiétant. Ce pourquoi nous ne nous y attarderons pas plus. La véritable dimension épique tenant au quotidien du Bordelais partant pour la campagne. Car Etcheto (il est sympa Etcheto, on l’aime tous. On a tous un pote à qui on en met plein la gueule et qui ne nous en veut jamais) avait annoncé se présenter à Clermont avec une équipe remaniée. Déjà « remaniée », quand on est à Toulon ou Toulouse c’est pas super classe, mais alors à Bordeaux ça fait carrément concert de sosie de Johnny dans une salle des fêtes bourguignonne. Mais en réalité il n’en est rien. L’ami Etcheto est bien parti avec l’intégralité de son effectif, des titulaires aux crabos, soient 67 joueurs de 14 à 53 ans. Il savait cependant que le parcours serait semé d’embûches, et gardait l’espoir d’arriver avec 15 joueurs valides en Auvergne. Car sur la route l’attendait le corps arbitral, cartons en main, le bourrelet moulé dans son maillot La Poste. Voici un compte-rendu non exhaustif du périple bordelais : Samedi, 16h. Les joueurs bordelais montent dans le bus. Aussitôt Monsieur Berdos surgit derrière un strapontin et hurle « 1 – 2 – 3 SOLEIL !!! ». Personne n’ayant visiblement bougé, il fait appel à la vidéo. 4 joueurs bordelais ont respiré et prennent un rouge, synonyme de descente immédiate. Berdos s’enfuit chier sur Toulon dans un cri. 18h, sur l’autoroute. Cardona double en smart le bus de l’équipe et jette frénétiquement des jaunes par la fenêtre. 6 bordelais sont blessés dont 3 à l’œil, ils doivent descendre 10 minutes. Le bus ne pouvant s’arrêter ils rentrent à pied. 19h. Un joueur bordelais malade passe à l’avant. En-avant volontaire, c’est un jaune. Alain Roland déguisé en fauteuil exige qu’il saute en marche. 21h. Sur une aire d’autoroute, en allant aux toilettes deux Bordelais croisent un groupe de vieux. C’EST UN MAUL ! Un arbitre de fédérale estime que les Bordelais ont fait tomber le regroupement. 2 jaunes de plus, et un rouge pour le fun à un type immatriculé 33. 22h. Le bus se gare devant l’hôtel. Les roues avant dépassant le marquage au sol, la 1ère moitié du bus est considérée hors-jeu. Ce sont 10 joueurs qui doivent à leur tour rentrer à pied. Et qui regrettent un peu de ne pas s’être fait chopper sur le 1-2-3 SOLEIL à 15 bornes de Bordeaux. Et voilà comment Etcheto se présente à Clermont avec une équipe mixte, faite de jeunes, de moins jeunes, et de types qui traînaient là pour compléter. Serge Blanco ne manquera pas de lui passer un coup de fil de soutien, arguant que toute cette machination tenait du complot mené contre le BO. Nous souhaitons aux Bordelais des jours meilleurs, et remercions l’ami Etcheto de garder le sourire. Ca peut presque paraître un peu con vu les circonstances mais c’est touchant.