Les 3 jours où la France a envahi l’Irlande – Blitzkrieg de valeurs ©
par Ovale de Grace

  • 22 May 2013
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Par Ovale de Grâce
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J1 – Vendredi 17 mai 2013 – La France colonise l'Irlande – Saint Patrick, bienheureux
Pas d'heures pour les braves, 5h10, c'est autant l'enthousiasme de décoller vers chez les hommes verts (et roux) que le réveil qui poussent mes fesses de nymphes du matelas. J'ai donné ma démission hier, j'ai des places pour les deux finales, je retourne dans un pays dont le microclimat transformerait le plus zélé supporter de l'OM en un apôtre de Stéphane Bern… Bref, je suis d'un dynamisme et d'un enthousiasme à bukkaker un vestiaire argentin!
A la bétaillère de Beauvais, dès 7h30, de sympathiques (et bruyants) supporters toulonnais donnent un avant-goût à nos futurs hôtes
de ce qui les attend pendant les 3 prochains jours. Dans un coin, un autre se prépare à son immersion en révisant Flowers of Scotland. Pas de doute, on voyage en low-cost.

navion
10h30 heure locale – Arrivée à l'aéroport de Dublin. Je m'aperçois en sortant que j'ai dû laisser la tablette du boulot (vous savez, celui que j'ai quitté hier) dans les chiottes. Un passant attentif me guide vers le commissariat où elle m'attendait, rendue par des fonctionnaires de police souriants et aimables. Là, tu sais que t'es vraiment pas en France où il a fallu, il y a quelques semaines, que je dise aux flics qu'il y avait des photos de moi à poil dans l'ordinateur qui a été emporté dans mon cambriolage pour qu'ils acceptent de prendre ma plainte. En France, 1/4 d'heure, c'est largement plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour reformater et revendre l'objet. Là, il a été immédiatement porté au commissariat.
Check-in à l'hôtel en compagnie de mon adorable inviteur et un de ses collègues, déjeuner rapide dans un restaurant où on a comptabilisé contrit, notre attente. Quand tu viens de Paris, ces premières heures au milieu de personnes spontanément gentilles, joviales, polies, attentionnées… te donne une idée assez précise du choc que ressent Hibernatus à son réveil.
En allant racheter les produits d'hygiène détruits par les irascibles agents de l'aéroport de Beauvais (je me suis résolue finalement à ne pas honorer la réputation des Français quant à l'hygiène), je me rends rapidement compte à l'affluence de chapeaux à cornes et tresses factices de laine, que la population dublinoise a dû très significativement augmenter ces dernières heures et devrait doubler d'ici demain soir. Si on ne se fait pas tous cartonner avant

 

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17h, Temple Bar, le taux d'alcoolémie est à peu près celui de la rue des Canettes à 5h du matin. Un couple local, d'aspect corporel fortement influencé par l'absorption de houblon et de frites au gouda,  fait exactement ce qu'on fait à 2 grammes du matin quand on est très amoureux… Sauf qu'il fait jour, qu'on est dans la rue la plus grouillante de cette vivante cité et qu'ils ne sont pas sous une porte cochère. Des ados maquillées comme des Irlandaises les filment pour les cours de SVT sur la reproduction qu'elles n'ont probablement pas.
Militantisme
19h30 (heure locale) Arrivée au RDS pour Leinster – Stade Français. Les supporters du Leinster arrivent de toute part, submergeant ceux du Stade Français, comme une marée joyeuse et flegmatique , c'est d”ailleurs exactement ce que feront les joueurs.
Les stadefrancistes sont venus avec une bonne humeur inversement proportionnelle à leurs espoirs
supporterRDS
dans un stade ensoleillé, dont les gradins semblent avoir été conçus par l'architecte de Furiani, à l'époque où il jouait encore au Mécano.
MONTAGE TRIBUNES rds
Pour faire honneur au club invité, les organisateurs pensé pour l' avant-match à des filles en jupette et des garçons en collants
 pompom
L'ambiance est festive, les Leinstermen adorablement chambreurs et les quelques cris poussés par les Français en tribune font parfaitement honneur à notre réputation de voyageurs. Je décide alors de ne plus parler qu'en anglais bollywoodien pour ne pas avoir à assumer les superduponts d'exportation.
Je ne reviendrai pas sur le match tellement on se fait prendre prendre avec facilité, tellement affairés à la besogne qu'on en est besognables à merci. Avec le sourire et sans vaseline. L'atmosphère est telle qu'on le prend, aussi, avec le sourire.
Ceci n'est bien sûr pas une raison pour ne pas feindre le désespoir et trouver un prétexte pour se rabattre sur une orgasmique gastronomie locale:
gastronomie
J2 – samedi 18 mai 2013 – Saint Pilou Pilou, ni vierge ni martyr 
La ville est vraiment envahie par les Français qui semblent plutôt bien s'adapter aux coutumes locales. Les gens sourient, on s'aborde les uns les autres avec politesse et amabilité.Les Toulousains sont affables, les Toulonnais courtois, les Clermontois ont le sens du second degré (ce qui est loin de celui du breuvage qu'ils ingurgitent) et les Parisiens euh non, laisse tomber…
J'ai racheté de quoi me maquiller comme une Irlandaise (très aidée par les vendeuses locales qui ont un vrai sens des priorités “Ooooh they took your make-up bag? You must be devastated! It lasts a life to build one!” – Je vous aime les filles!).
Je me promène longtemps sans jamais réussir à me perdre, dès qu'on a un regard interrogatif, quelqu'un vient vous demander avec le sourire si on a besoin de quelque chose. Je vous jure que ça fait un drôle d'effet.
Partout dans les rues, des gens jouent de la musique, ce qui ajoute à l'atmosphère de grâce. Parce que la musique n'adoucit les mœurs que quand elle est bien jouée. Et elle l'est. J'échange n'importe quel mec accrédité par la RATP à grande force de casting contre n'importe quel musicien de rue irlandais!
16h: Il est temps d'aller chatnoiriser le RCT à l'Aviva dans mes oripeaux de deuil
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L'endroit est majestueux,
Aviva
on est évidemment accueillis par des gens charmants qui n'ont même pas l'idée de fouiller nos sacs. Leur sourire confiant restera le meilleur rempart contre le trublion mayolien qui se transforme pour l'occase en 1er de la classe.
Le public semble essentiellement constitué de supporters clermontois. D'ailleurs, si j'avais été cambrioleur, je serais allée faire un tour en Auvergne, il doit plus y en rester beaucoup (d'ailleurs, si tu es cambrioleur, je te conseille d'aimer les volcans le prochain WE, il y a transhumance dans le pays nantais)!
Vous avez tous vu le match, tendu comme le string d'Afida Turner, qui fut l'occasion pour moi de me faire 4 nouveaux meilleurs amis supplémentaires. Y compris un lecteur clermontois (quand je vous dis que cette ville tient du miracle).
Retour à Temple Bar, au Temple Bar d'ailleurs, qui fut le lieu des débuts de Thin Lizzy (c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup).
phil lynott

Dans les rues, la Yellow Army commence à affluer, penaude, résignée à son statut de Poulidor (et bleu) ovale. Dans le pub, un groupe reprend des classiques, ils sont beaux, suis en feu, je chante du Bon Jovi. Je me rends compte qu'après 2 bières, je comprends parfaitement l'anglo-gaélique du Connacht. Un dénommé Franck, aimable du Connacht, me demande en mariage, c'est le 3e aujourd'hui (les 2 premiers étaient, miracle encore, parfaitement sobres). J'aime ce pays!Plus la soirée avance, plus la joie monte. Les Français sont très sensibles à l'élégance subtile des filles locales dont la hauteur des talons n'est pas sans rappeler l'absence des échassiers basques de la compétition

chute de reins
Certains donnent des couleurs aux héros du cru
ToulonprendTemple
ou chambrent les perdants
MichCrevé

 il est pas joli mon index phosphorescent?

Dehors des Auvergnats font le haka du désespoir
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Un truc aussi chorégraphié que le kapa o'pongo

Le match se rejoue, à la voix cette fois


mais tout finit toujours dans ce sens d'appartenance à une même nation, conquérante et classieuse jusque dans ses moments les plus hépatiquement complexes. Mesdames et Messieurs, LA FRANCE!!

J3- Dimanche 19 mai 2013 – L'heure du départ – Sainte Citrate de Bétaïne, morte au combat
Le coeur gros et le foie lourd, il est temps de retourner à la maison. Dans les espaces d'attente, les officiels en Eden Park sont affalés sur les sièges avec l'oeil torve du punk à chien. Les derniers supporters à quitter les ville errent à la recherche des points d'eau où il pourront trouver fontaine rafraîchissante et canalisations dépuratives, quant à moi je trouve la porte de sortie,

départ

le temps de clamer:

ICH BIN EIN DÜBLINER!

Merci Laurent D (10 000 fois!), Wilfried T, Céline C, Guillaume, Mourad B, mon compagnon dans l'avion aller, les Toulousains de Grafftin Streets, les Clermontois du Burger King, mes voisins de l'Aviva, les vendeuses des parfumeries, les serveurs du Burger King, le whopper, la météo, la Yellow Army, le chanteur du Temple Bar (miaou)

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