Le Lab'aux Roses analyse Stade Français Paris – Union Bordélo-Béglaise
par Ovale de Grace

  • 19 February 2013
  • 7

Par Ovale de Grace

Un samedi à Charléty, les rares supporters indéfectiblement fidèles malgré les branlées successives, l’absence du Président Papé solidaire des lombaires avec le disparu Felipe Contepomi (mais si, souvenez vous…) et l’installation du club dans un ventre mou sans enjeu national ou européen, se massent en petits groupes dans un stade aussi clairsemé que le crâne de Benjamin Lapeyre. Ce qui promet d’être un match du vendredi soir en différé, s’avérera probablement le match le plus WHAT THE FUCK de cette 18e journée, voire de la saison.

Le contexte :

Sur une pelouse digne de la flamboyance des champs de course de la Roumanie soviétique, deux équipes aux fortunes récentes diverses : le Stade Français Paris, lessivé, rincé, essoré à Castres, joue contre l’Union Bordeaux-Bègles, lessiveuse, rinceuse, essoreuse des prétentions toulonnaises.

Pour les premiers, il faut démontrer que le pink is vraiment not dead- et pas qu’à l’ échelle Ariel Sharon du terme -; pour les seconds, que leur cul est définitivement sorti des ronces.

Bordelais et Parisiens, arrêtés aux stands du classement, déjantés par les futurs barragistes n’intéressent plus grand monde. Mais le monde a rarement raison, contrairement à l’arbitre, Laurent Cardona (retenez bien son nom), incontestablement la star du match.

Le film du match:

C’est à Warwick qu’incombe de lancer les hostilités, côté Paris on veut montrer qui c’est Raoul ; dès la 3mn, Monsieur Cardona refuse un essai à David Attoub. S’ensuit une mêlée à 5 mètres que Julien Dupuy pousse de ses encouragements et de grands mouvements des bras, dans un style autoritaire et prophétique qui n’est pas sans rappeler Moïse écartant la Mer Rouge et poussant son peuple à la traverser groupé, galvanisé, uni. Et Parisse de porter le sésame en Terre Promise, derrière la ligne d’essai.

Dieu-go Dominguez irradie les tribunes de sa présence céleste (et satisfaite)

dieu

 

Le jeu s’arrête, Monsieur Cardona a des soucis de micro. On s’interroge. D’une part, le bruit des tribunes nécessite rarement qu’on ait un micro très performant, d’autre part, si on avait su, on aurait demandé au technicien de vérifier avant tout le sonotone de l’arbitre. Car

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peut-être que si il ne s’entend pas parler, c’est avant tout qu’il n’entend pas.

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Mais gardons ces considérations pour plus tard, pour le moment, le jeu reprend, et c’est au tour de l’UBB de capter le ballon et sans une erreur de Talebula, l’équipe filait à l’essai.

Warwick qui cale son pied depuis le début du match tente un machin qui finit en dropus interruptus. Nous ne boudons pas notre plaisir, ça joue, et ça joue bien.

C’est aussi pas mal disputé et Parisse est partout, à tous les postes, il avance dans le jeu et mène ses hommes avec la subtilité (et l’efficacité) d’un général russe de l’opération Danube. Il laisse un mort sur la pelouse, Sanchez exfiltré à la 20e au profit de Camille Lopez.
Toutes ces funérailles, les avants en sont friands, ça les inspire aussi. Aled De Malmanche file à l’essai dans la plus pure tradition de l’aquaplanning, Dupuy transforme.

Après le test « commotion cérébrale » où on le voit passer par toutes les nuances du vert, dont celle, approximative de la pelouse, Sanchez ressuscite ; ça n’a pas l’air d’impressionner les Parisiens qui ont assez l’habitude de cohabiter avec les morts (Blanche de Castille, Dalida, Corleto…).

Pendant ce temps, Parisse et Dupuy redéfinissent la notion de « charnière », le 8/9, ça fonctionne drôlement bien . Et ça enquille !

Bordeaux-Bègles ne lâche rien et ouvre son compteur à la 31e minute. 17- 3

Et là, se produit l’impensable :

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un carton rouge pour Saint Sergio Parisse. Monsieur Cardona (en forme) a entendu cet Italien hispanophone, vivant en France depuis 10 ans l’insulter en anglais.

L’incompréhension est générale, personne ne croit que ce héros au visage si doux puisse s’être commis dans un acte aussi soudain qu’incompréhensible (et inaudible). Pour ma part, j’hésite entre le doute, la peur de la possession ou la révélation du génie polyglotte. J’envoie le CV de l’impétrant-trublion aux Nations Unies en sifflant un verre d’eau bénite en prévision de mes prochaines sorties au stade.

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Pour le coup, Parisse est vraiment énervé, et s’en va sur le banc en se commettant dans un champ lexical extrêmement menaçant : « Vous faites oune gran’error » « ça c’est pa rrrrrrouby ». Flippant !

Monsieur Cardona, si tu me lis, cialis online j’ai les coordonnées de quelques Tchétchènes qui assureront ta protection contre une soupe chaude et quelques munitions à expédier à Grozny.

La confusion est générale et personne ne voit qu’un ramasseur de balle réintroduit un ballon qui profite à Turinui qui s’en va en loucedé à l’essai.

La sirène siffle sur ces invectives d’une rare violence de Vincent Etcheto « Mais c’est le ballon magique ! »

Les débordements lexicaux de ce match confortent les plus grands spécialistes du genre que le rugby se footballise, Anelka ne désavouerait pas le champ sémantique usité de part et d’autre du terrain !

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Le match reprend à 14 contre 15, et des rancoeurs égales à l’égard de l’arbitre. Pour autant, ce sont les Parisiens qui commencent à faire monter le score avant de se prendre un essai.

La deuxième mi-temps ressemble à la première, c’est à dire à ma chambre d’ado, l’odeur de produits qui modifient substantiellement les volets de la perception comprise :

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Les joueurs inventent des gestes techniques qui n’ont pas l’air dans le manuel, comme protéger de leur corps leur camarade porteur du ballon,on se plaque au cou (un vrai plaquage des cervicales, comme si on visait le cuissot), et Camara devient le sauveur du Stade, jouant tous les postes, du 8 au 15.

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Contre toute attente, l’UBB ne profite presque pas de la supériorité numérique et en fin de match, le Stade peut faire tourner du sang frais pour s’assurer une victoire très confortable, malgré la perte du bonus offensif.

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Les joueurs :
Côté parisien 
Julien Dupuy, solide, flamboyant, auteur d’un sans faute au pied. Je rêve du jour où on fera une compile de ses gestes en cinéma muet.
Sergio Parisse, auteur d’un demi-match parfait, qu’on remercie encore pour l’étendue de son vocabulaire « Il a aucoune personnalité ce mec ! »
Djibril Camara, en pleine rédemption après le purgatoire.
Aled De Malmanche qui a livré un match excellent, polyvalent, infatigable pour les uns, fatigant pour les autres.

Côté bordelo-béglais (en l’espèce, épithète idoine) :
Sanchez et Munro qui ont tenté de surfer sur la marée infligée à Toulon la semaine dernière. Connor pour ses gestes techniques dignes des plus luisants hachoirs.

Les déclas paranogènes du Docteur Jean-Pierre Elissalde

“Le contre-coup du carton c’est cette confusion, confusion qui profite aux parisiens” – Et peut-être bien qu’ils l’ont fait exprès de passer le match à 14, perfides stratèges!

“Les Parisiens vont faire le buzz avec la suspension de Parisse” –

Et surtout, prophétique, tout juste 2 minutes avant le fait du match de Laurent Soubirou Cardona « L’avantage à Charléty, c’est qu’on entend les joueurs parler »