Mais pourquoi sont-ils aussi forts?
par Capitaine

  • 08 January 2013
  • 20

Par Capitaine

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Grenoble, le club dont personne ne parle vraiment, qui a pris son temps en proD2 avant d’accéder cette année au top14, a fait sensation au cours de cette première partie de saison. Comment un promu peut-il rivaliser face aux grandes écuries du top14, après l’expérience du LOU ou encore plus récemment de Mont-de-Marsan, camarade promu qui se fait piétiner tous les week-ends ? La Boucherie répond à cette question mystérieuse.

“Alors c’est vrai, Laharrague il est nul. Merde.”

Fabrice Landreau et le FCG, c’est une courte histoire d’amour. Il y arrive en 92, appelé par Fouroux le fou, pour faire partie du pack dit des “Mammouths de Grenoble” avec de grands noms comme Brouzet ou Merle. Un 8 de devant surpuissant que Jacques Fouroux aurait composé pour faire chier tout le monde parait-il. Landreau occupe alors le poste de talonneur pour des mensurations qui impressionnent à l’époque (1m77 et sa centaine de kg). Il participe à la grande saison de Grenoble 92-93 mais se blesse avant les phases finales (le FCG perd en finale contre le CO, à cause d’un complot de tout le monde pour faire chier Fouroux parait-il). La saison suivante ils iront jusqu’en demi, battus par l’ASM.

Mais Fabrice, surnommé “Néné” pour des raisons inconnues, ne reviendra pas à son niveau. Il part donc en exil là où on fait rejouer les Français en baisse de niveau (Kayser, Dupuy, Chabal, Ibanez, Betsen…) : outre Manche. Puis une fin de saison de retour en terre française au Racing Club de France, puis le Stade Français où il revient en puissance et connait ses débuts internationaux.

Il passe une ou deux saisons à rien vraiment faire en fédérale 1 et deviendra coach des avants du SF quand Galthié est aux manettes, en 2004. Après 5 ans de service chez les artistes roses, Marc Chérèque, président de Grenoble, fait appel à lui pour venir entraîner le club qui l’a mis en selle au plus haut niveau. Alors en ProD2, Grenoble réalise en 2009-2010 sa meilleure saison depuis 3 ans à l’arrivée de son nouvel entraîneur. Coïncidence ? Je ne crois pas. En 2011, le FCG finira 2ème, battu en demi-finale d’accession, alors que tous les Grenoblois étaient d’accord sur le fait qu’il était trop tôt pour le top14. Coup de génie de Landreau qui préfère finir 2ème et perdre en phase finale que de subir une arrivée trop précoce chez les grands. Et c’est en 2012 que le FCG atteint le top14 en étant directement champion de ProD2, les Grenoblois sont mûrs pour les joutes de haut niveaux, Fabrice Landreau le sait et ne fera aucun cadeau durant la saison, le FCG finira tranquillement devant. Depuis l’arrivée du nouveau coach, chaque année, le club progresse et finit mieux que l’année précédente, alors en 2013, c’est sûr, ils se maintiendront, mais après ?

Mais un entraîneur ne fait jamais tout tout seul. A l’image de l’équipe de France où on distingue Lagisquet, Bru ou encore Jo Maso aux côté de PSA, Landreau n’est pas seul. Dans la pénombre de la tribune officielle, Sylvain Begon et Franck Corrihons opèrent pour aider le FCG à conquérir le monde.

Sylvain Begon, ancien talonneur, ancien joueur du FCG, est en charge des avants. Tandis que Franck Corrihons, également ancien du FCG, arrière polyvalent, s’administre la tâche difficile de faire jouer les trois-quarts. C’est ce trio d’anciens joueurs grenoblois, de l’ère presque glorieuse de Jacques Fouroux, qui fait renaître le Mammouth de ses cendres. Cherchant à mettre en difficulté son adversaire sur sa conquête et en soignant la sienne, les entraîneurs ont compris par où passerait la clé de leur ascension. Fort d’un effectif bien rôdé en ProD2, le FCG a su opter pour les bonnes stratégies à chaque match. Begon & Corrihons font le boulot en contrant les attaques adverses et en faisant jouer l’équipe dans le bon sens sous la tutelle de Landreau. Une dynamique qui a fait ses preuves, puisque Grenoble a fait déjouer les plus grands, comme Toulouse lors de la 13ème journée. Intraitable dans son rôle de promu, le FCG n'avait alors même pas concédé le bonus défensif face au champion en titre.

Depuis Tintin au Tibet, Chang Chang a pris un coup de vieux, mais il aime toujours le grand froid.

Mais comme toujours dans un match de rugby, ce qui compte, c’est la réalité du terrain. Celle que les entraîneurs ont parfois trop de mal à maîtriser, comme à Bayonne. Parce que sur le pré c’est les joueurs qui ont le destin du club dans les mains, comme à Clermont. Alors évidemment, au FCG, on fait attention à avoir un effectif qui peut prétendre à l’objectif de la saison : le maintien. Et on peut dire que les joueurs n’ont pas fait mentir les choix du staff. En s’appuyant sur une très bonne base de ProD2 et en recrutant quelques joueurs expérimentés aux joutes du Top14, le FCG a su trouver un équilibre pour gagner ses matchs. Dans la base de la ProD2, qui continue a peser dans le collectif grenoblois, on retrouve le centre Nigel Hunt, élu meilleur joueur de ProD2 l’année dernière. Mais aussi le capitaine Andrew Farley, les piliers Kenan Mutapcic et Dayna Edwards, l’infatiguable flanker Jonathan Best, le très bon Jonathan Pelissé ou encore la révélation Lucas Dupont.
 Pour le plus d’expérience, Grenoble a décidé de se munir de l’ancien numéro 8 de Toulouse et du Stade Français, Shaun Sowerby, ainsi que de Valentin Courrent, depuis une saison déjà, qui peut occuper le poste de 9 comme de 10 et qui a évolué à Toulouse, Biarritz ou encore Agen par le passé. D'autant qu'il est actuellement le meilleur buteur grenoblois. On notera également la présence de Vili Waqaseduadua à une aile, arrivé à Grenoble en provenance de Brive, ou encore Florian Faure, passé par Castres et Biarritz.

Et comme Biarritz a son Benoit Baby, Clermont son David Skrela, Grenoble s'est permis de faire signer Nicolas Laharrague, meilleur que son frère Julien, mais même.

Avec un staff qui a réussi à faire jouer ensemble ce melting-pot de bons joueurs, Grenoble a su prendre confiance par le pied de Valentin Courrent notamment, mais aussi sur de très bon résultats en touche depuis le début de saison.

YYYYYYYYAAAAAAAAAAAAAAAHHH!!!!!

Mais la réussite de Grenoble cette année, c’est surtout une forteresse dans les montagnes. Un stade de Lesdiguières ou des Alpes qui résiste aux venues des équipes du Top14, une dizaine de milliers de spectateurs qui assistent aux victoires du FCG sur sa pelouse. Pour le moment, personne n’est venu s’imposer en terre grenobloise. C’est surtout le Stade Français, Mont-de-Marsan, le Racing Métro, Perpignan, Biarritz, Bayonne, l’empire de Toulouse et tout récemment Castres qui ont subi le jeu grenoblois. Alors les questions se posent, comment le FCG réussit à mettre à mal autant d’équipe à domicile ?
La réponse est pourtant évidente, il ne s’agit pas seulement d’une ardeur particulière à domicile. Ce n’est pas seulement le coeur des joueurs qui ne peuvent rendre les armes devant leur public. Ce n’est pas seulement le courage d’un groupe qui s’est dit qu’à la maison, personne ne leur marcherait dessus. Non, c’est surtout les conditions climatiques. Imaginez, un pelé du Sud-Ouest qui arrive à Grenoble. Déjà le mec il sait pas où c’est Grenoble alors quand il se rend compte qu’il a jamais fait autant d’heure de bus pour se retrouver dans les Pyrénées… Les jambes engourdies, il sort du bus et là paf, les poumons éclatent, béh oui, le gars il se retrouve pris dans un nuage gris de pots d’échappement, il a pas l’habitude le garçon. En plus, l’air qu’il inhale est froid, même si la pollution réchauffe, là-bas dans la vallée, l’air reste autour de 0 toute l’année. Et oui. Alors forcement, l'équipe visiteuse joue en hypoxie, c'est plus facile à battre.

Et puis il y a aussi Buky ! Comment ça qui c’est Buky ? Buky c’est la mascotte voyons ! Alors que Grenoble fête sa remontée en ProD2, le club décide de mettre un SDF dans un costume de bouffon mouflon pour haranguer la foule. Buky participe au téléthon, aux séances de tirs au but mais surtout à tous les matchs ! Sur le bord du terrain, il lance la dynamique du public qui pousse son équipe. C’est indéniable, Buky pèse sur la balance à chaque rencontre et n’est pas étranger aux belles prestations à domiciles du FCG, non ?

Buky se tape Stephen Donald aussi.

 

Comme chaque fois maintenant, à tout grand club se doit what is misoprostol un richement consciencieux président pour gouverner l’état de plaisance. A l’image de Boudjelal à Toulon, de Fontès à Clermont ou encore d’Altrad à Montpel’, Grenoble a son chef, Marc Chérèque. Marc hein, pas François, son frère, leader syndical qui empêche les patrons d’exploiter tranquillement les serfs. Marc c’est plutôt la discretion et l’implantion de Grenoble à long terme dans le paysage rugbystique, passant bien évidemment par des finances saines et solides. Ainsi le FCG arrive à la dixième place des budgets du top14 (15M€), en ayant presque doublé pour sa montée avec +6M€. L’argent c’est le nerf de la guerre, ou presque, puisque, rappelons-le, les 35M€ de Toulouse sont venus s’échouer sur les Alpes comme le Titanic sur un iceberg.

Mais évidemment, pour jouer un match de rugby il faut être deux, alors le FCG remercie l’épouvantable début de saison de ses confrères de Bayonne, de Mont-de-Marsan, de Biarritz ou encore du Racing-Metro. Sans oublier l’UBB qui a permis à Grenoble de signer sa seule victoire à l’extérieur.

“Enculé.”

A l’heure du bilan de mi-saison (ndlr : ce texte a été écrit avant le match contre Castres), Grenoble se place dans les clous des barrages à 6 points du BO, 7ème. Alors le peuple des alpages se met à rêver…

FCG CHAMPION!

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