le Labot’Rose revient sur la demi-finale de l’Amlin Cup RCT/ Stade Françaispar Ovale de Grace 02 May 2012 5 Par Ovale de Grâce Le Labot’Rose était en grève depuis Stade Français/ SU Agen, fort de sa promesse de ne rendre compte que de ce qui l’arrangeait : des matchs explosifs, feudartifiques, contepomiques. Autant vous dire, compte-tenu de la feuille de match, que nous n’avions pas prévu de prendre le clavier à propos de celui-ci. Le contexte : Demi-finale de la Tourtel-cup D’un côté, les terrrrrrrrrrrrrrribles guerriers du pilou-pilou, dont les seuls noms font trrrrrembler de la première à la dernière ligne par delà les mers et les continents, coiffés de mohawk du plus effroyable effet, et de l’autre, des bleu-bites en pink, dont personne ne connaît grand chose de leur force d’occupation que celle qu’ils déploient sur les réseaux sociaux, et qui, de surcroît, ne parlent même pas argentin. Si on ajoute à ça le fait que ce soit un match à l’extérieur, que favoriser une victoire du RCT pourrait être une plus grande opportunité d’être en H-Cup l’an prochain que viser les phases finales, il y avait de très fortes chance que la taulière du Labot’ Rose ne passe son vendredi soir à creuser son énième ulcère. Et pourtant… Le film du match : Ce soir, ce n’est pas Canal qui retransmettra le match à ses abonnés nantis. Après le plateau des Spécialistes, les consultants sont renvoyés à leurs dictionnaire et Bescherelle à la suite de la bronca, vent debout, de Thomas Lombard qui s’indigne (à trois reprises) contre ceux qui « remettent en cause la partialité des arbitres », à moins que ce ne soit un grand cri d’amour à l’attention de Mourad Boudjellal qu’il assure subtilement de son soutien! C’est donc France 4 qui retransmet le match, par la voix du très roots Jérôme Cazalbou, et permet au plus grand nombre, les récipiendaires de la TNT, de bénéficier d’une compétition considérée comme mineure. Le changement de chaîne c’est maintenant ! Le changement de niveau aussi… Après le pilou-pilou (auquel on comprend rien, le mec semble avoir la bouche pleine de calamars) de rigueur, les joueurs prennent place sur le terrain. Côté invités, il semble clair qu’on a donné priorité au championnat : Georges Smith est positionné au centre, et un peu partout ailleurs c’est un habile mélange de vétérans et d’espoirs. Les Toulonnais ont sorti la grosse artillerie, et dès la 2è minute, sur un essai d’Armitage, on se dit que ça va ressembler à un All Blacks/ SA Trélissac. L’essai n’est pas transformé par le dieu Wilkinson qui n’a pas encore complètement réussi à dompter le Mistral. Ces premières minutes sont une véritable souffrance pour les Parisiens pris sous le rouleau compresseur toulonnais. Côté pink, on soutient ses petits venus apprendre dans la douleur la ferveur de Mayol. Côté rouge et noir, on jubile avec la retenue habituelle. Le RCT semble avoir trouvé un sparring partner de circonstance qui a plutôt du répondant et se permet un peu plus de jeu à la main, le grand vent n’étant pas propice aux soirées aux chandelles. Et quand on se détache de ses nœuds à l’estomac, c’est assez plaisant. 14e minute, le miracle arrive par Hugo Bonneval qui marque, servi par un Arias dont nous reparlerons plus tard; un joli essai de jeune, un essai avec des jambes alertes guidées par une insouciance appliquée. L’essai est transformé par Jules Plisson dont nous reparlerons aussi, et pas uniquement dans ce compte-rendu ! Une minute plus tard, Kubriashvili plaque Palmer 1m au dessus de la hauteur réglementaire et Plisson hérite d’une pénalité à 40m en coin, qu’il place pile entre les perches. On est à la 15e, on est à 5-10, la situation devient intéressante. A la 21e, alors que les Parisiens avancent dans le camp toulonnais menés par un étonnant Sackey, solide sur ses interminables jambes lisses et galbées comme les semi-divinités des statues antiques et surplombées d’une fascinante hypertrophie fessière… pardon, je m’égare. Les Parisiens donc offrent à Jules Plisson une occasion de drop qu’il ne manque pas, on est à la 21e, et on en est à 5-13, et je me félicite d’être une catastrophe du pronostic ! A la 26e, Plisson continue à creuser le score, 5-16 ; on commence à se dire que pour gagner à l’extérieur, il faut faire profiter du voyage à la jeunesse qui s’y forme. Malgré une pénalité passée par Wilkinson, les Toulonnais restent fébriles, à l’exemple de cette partie de trampoline d’Orioli et Tillous-Borde sur Burban qui reste, comme à son habitude, imperturbable. A la pause, le score est de 11 à 19 pour des Parisiens surprenants. Le match est agréable malgré un vent à décorner les bœufs mais qui laisse les joueurs capillairement intacts, enfin qui ne peut faire pire que l’œuvre des coiffeurs toulonnais d’un côté, de la pollution alopécique de l’autre. Jérôme Cazalbou profite de la mi-temps pour rappeler aux présidents de club que le marché aux esclaves transferts est ouvert et que les jeunes stadefrancistes sont excellents et encore à des niveaux de salaire acceptables. On se demande si il n’arrondit pas ses fins de mois à animer des ventes flashs dans des supermarchés. Bizarre… Sans surprise, à la reprise, les Toulonnais qui bénéficient maintenant du sens du vent se remettent dans le jeu. Il faut dire que Monsieur Rolland aide un peu en accordant une pénalité à la 42e sur une faute très très subtile de Benjamin Flanquart (mais subtile la faute hein!). Chaque point commence à compter, le vent est désormais favorable au RCT et Wilkinson qui a moyennement envie de se faire piquer la vedette par un bizuth règle son viseur et à la 50e, il a donné l’avantage à son équipe qui passe devant et mène même 23-19 à la 55e. Moins de fautes côté toulonnais, beaucoup plus côté parisien, la tendance semble inexorablement inversée. J’attaque la deuxième phalange. Et puis, l’espoir revient, à la 60e minute… TURINUIIII OUIII OUIIIIIIIIIIII vient planter un essai après une course un peu folle qui prend de court le RCT concentré de sa mêlée. L’essai est transformé. Deux pénalités plus tard, Wilkinson a redonné l’avantage à Toulon, c’est bientôt la fin. Mais Plisson est pas venu pour se faire traiter de morveux, il prend Wilko à son propre jeu, sur son terrain et claque le drop de l’égalisation extatique à la 69e, il est comme ça le minot, il craint dégun ! Monsieur Rolland, lui, est pas venu pour se retrouver au fond de la rade avec des chaussures en béton et signe le tournant du match en infligeant à Arias un carton pour avoir retenu Tillous-Borde par le maillot. Quand on vous dit que le rugby se footise, on prend même leurs cartons ! Les deux équipes sont à 10 mn de la fin à égalité mais le RCT est en supériorité numérique, les dés semblent jetés. Pour autant, ils n’en profitent pas et il faut attendre la presque 80e pour que Wilkinson, quelques secondes avant la sirène de fin, offre à son équipe la victoire la plus moche de l’histoire du rugby en claquant un drop libérateur qui ouvre les portes de la finale. Le Labot’rose ne perd pas de sa superbe de drama-queen en se drapant dans l’honneur à défaut de la victoire ! Les joueurs: RCT: – Le coiffeur qui a réussi à introduire une intéressante harmonie entre les joueurs – Wilkinson: toujours lui, auteur de pratiquement tous les points malgré 5 pénalités laissées en route SF: – La triplette de jeunes, Bonneval, Plisson, Flanquart qui jouent, parfois un peu trop, mais ouvrent le club vers un avenir plutôt prometteur.