Le Lab’Occitan analyse Bordeaux-Bègles – Toulouse (18-17)par Damien Try 28 March 2012 8 Par Damien Try Le contexte : Vendredi soir avait lieu le match retour du derby de la Garonne : Bordeaux-Bègles – Toulouse. J’ai pas bien compris comment deux villes séparées par 3h de route peuvent disputer un derby, mais bon… Vous me direz qu’elles partagent un fleuve, ok. Dans ce cas-là, Lyon-Marseille, c’est le derby du Rhône ? Et je ne parle pas du fameux derby de la Loire, St-Etienne-Nantes. Derby ou pas, ce déplacement chez le promu bordelo-béglais offrait une opportunité royale aux Toulousains leaders du championnat d’accroître leur avance. Le stade Chaban-Delmas avait fait le plein ou presque, et ce sont plus de 33 000 spectateurs qui étaient donc présents, soit deux fois plus que la même affiche chez les pousse-citrouilles, et la meilleure affluence de l’année pour le stade, ce qui a été lourdement répété, le rugby commençant à sentir le vent tourner et la possibilité de sortir ponctuellement au sport concurrent et méprisé que maintenant, c’est nous qu’on a la plus grosse (affluence). Ça, et les Valeurs bien sûr. Le Tournoi étant terminé, les internationaux toulousains étaient tous plus ou moins là, plutôt moins que plus d’ailleurs, certains joueurs-cadres tel que le gagnant du prix de consolation de meilleur joueur du monde notamment. Après les doublons, après les « faux-doublons » (pas un doublon car les joueurs n’ont pas le droit de jouer car ils ont trop enchaîné de matchs), une expression inventée par Guytou himself, je propose les faux-faux-doublons : les joueurs doivent se reposer car ils sont cramés. Avant la rencontre, le public est prié de respecter une minute de silence pour l’enterrement du niveau de l’Equipe de France, après des assises du rugby qui n’auront permis qu’à Jo Maso de faire son jubilé de fournisseur officiel du rugby français en petits fours. Le film de la rencontre : Les Bordelo-Béglais sont connus pour être les seuls du Top14 à y proposer du jeu (ce qui explique leurs difficultés à bien y figurer) et c’est ce qu’ils font dès le début de la rencontre. La première véritable action se passe à la 6ème minute, après la première touche de la soirée volée par les locaux, le centre Malei en profite pour percer plein centre sur une dizaine de mètres, au milieu de la défense qui se met à la faute à quelques mètres de la ligne. La pénalité est rapidement jouée, et David n’a pas d’autre solution pour éviter un essai que de plaquer le porteur de balle en étant complètement hors-jeu, ce qui lui vaudra logiquement un carton jaune. Mais peu importe, Camille Lopez rate la pénalité pourtant facile, et après quelques temps de jeu, Lionel Beauxis récupère une pénalité défensive à hauteur des 40 mètres, qu’il mettra bien 2 minutes à réussir, laissant le chrono tourner. Les Toulousains jouent peu, défendent, font des fautes, mais mènent 3 à rien à la 8ème minute de jeu. Le jeu se poursuit, cette gonzesse de Camille L. rate une nouvelle pénalité avant d’en réussir enfin une, et de passer un drop vraiment pas évident. Les Toulousains attendent et rendent les ballons au pied ou par des en-avants aux Aquitains qui ne demandent qu’à jouer. Après une faute de liaison de la mêlée unionaise qui s’est désunie, Beauxis rappelle à tout le monde son dernier tournoi des 6 Nations en manquant complètement son coup de pied de pénalité. Les fondamentaux toulousains (une grosse mêlée et le jeu au pied) ne parviennent pas à prendre de court le jeu bordélo-béglais, et on arrive à l’heure des citrons à 12-9, avec un seul fait marquant, le rire de Novès face au 4ème arbitre, je vous rassure, un rire tout à fait calculé pour attirer l’attention des hors-jeux sur les renvois : « Tout le monde nous regarde en riant, tellement c’est énorme ! » Les mi-temps durent désormais 15 minutes, mais les joueurs ont pu se ré-échauffer en traversant l’interminable tunnel qui sépare les vestiaires de la tribune. Il me semble que l’UBB emprunte pour les grandes affiche le stade Chaban-Delmas (à Bordeaux), mais n’a pas le droit d’y utiliser les vestiaires, qui restent donc à André Moga (Bègles). Un débordement de Matanavou plus tard et Beauxis permet à Toulouse de recoller au score. Les Toulousains conservent maintenant la balle, dans un match qui semble s’enliser. La mêlée toulousaine prend l’eau, le jeu au pied de Jauzion balbutie, et trop de ballons sont perdus dans les rucks. Le troisième ligne Chalmers réalise un exploit personnel et l’action se termine devant la ligne d’en-but rouge et noire. Devant, ou dedans ? Personne ne sait, pas même l’arbitre-vidéo après 50 ralentis sur lesquels on aperçoit jamais le ballon. Les commentateurs essayeront bien créer la polémique pour relever l’intérêt du match en jouant avec la question posée par l’arbitre, mais rien n’y fait, ce match m’endort. L’UBB se contente alors de réussir une pénalité qui leur redonne l’avantage. Les Toulousains sont aux abonnés absents dans tous les secteurs du jeu et la touche perd lancers sur lancers. Fritz à l’énergie redresse plusieurs fois la barre, amenant le jeu tout près de l’en-but adverse, mais un turn-over met encore une fois fin à la possession de balle haut-garonnaise. 18-12 à 10 minutes de la fin du match et rien à se mettre sous la dent, le doute s’installe enfin dans le camp toulousain, qui décide de faire rentrer l’impact-player Galan, aussi connu pour son caleçon porte-bonheur que pour ses entrées en fin de match, ayant notamment offert la victoire contre le Racing. Sur une pénalité tout à fait prenable en fin de rencontre, Novès ne montre pas trois doigts à la manière de Passe-Partout indiquant aux aventuriers de Fort-Boyard leur réussite, et le Stade va donc en touche jouer « la balle de match » ou « le tournant de la rencontre », comme on dit sur France2. Bien leur en prend, puisque Yves Donguy voit son 10ème essai de la saison validé à la vidéo, dans le coin gauche, après une phase de mauls. 18-17 avant la transformation, et l’on se dit que comme à Agen, Toulouse va venir prendre dans les derniers instants la victoire qui tendait les bras aux locaux. C’était sans compter notre ouvreur lémurien, qui manque « la balle de match », 2 minutes avant la sirène. Le renvoi est joué, et on assiste encore à plusieurs « tournants de la rencontre » avec la balle qui change de mains plusieurs fois, mais une pénalité vient sceller l’issue du match, une victoire inespérée pour l’UBB, qui gagne des points extrêmement précieux dans la course au maintien. Les joueurs : Toulouse : La sortie de Servat a été remarquée. L’entrée de Bregvadze, beaucoup moins. La mêlée a chargé, malgré de bons Johnston et Dan Human, remplaçant Steenkamp tôt dans la rencontre. La deuxième ligne a eu beaucoup de mal dans un match rempli de ballons perdus en touche et dans les rucks. Beau travail de Lamboley sur l’essai néanmoins. Bouilhou livre une performance digne de Dusautoir, mais dans un seul domaine. Dommage que ce domaine soit le charisme. Doussain enfin titulaire a réalisé une bonne partie, maintenant Nicolas « Qué ? » Vergallo sur le banc. Son compère Lionel à l’ouverture a attiré les projecteurs sur lui, ou plutôt les lignes de mire. Mais plutôt que de lui reprocher de n’avoir pas réussi une transformation en coin vraiment pas évidente, on pourrait regarder un peu ses maladresses et la superbe pénalité complètement manquée à la 25ème. Dusautoir a eu droit à une semaine de repos post-Tournoi, Bernardo aurait peut-être dû partir avec lui… McAlister n’a pas été transcendant, et a laissé sa place, légèrement touché, à un Florian Fritz en pleine bourre, percutant, raffûtant, et dont le placage offensif à la 79ème minute permet aux Toulousains de récupérer le ballon, le « tournant de la rencontre ». Un peu d’auto-satisfaction au passage, puisque mon lobbying à peine subtil réalisé dans la série « Le Choc des coffres » depuis le début de l’année a payé, Florian en sort grand vainqueur, ce qui lui a permis n’en doutons pas de retrouver l’équipe de France. Les ailiers Matanavou et Donguy ont tous deux sorti un très bon match. Jauzion, placé à l’arrière, rend une copie propre, malgré un coup de pied complètement foiré. Bordeaux-Bègles : Magnifique troisième ligne, avec notamment Chalmers et Clarkin, qui a récupéré beaucoup de ballons soit en turn-overs soit sur des pénalités. Lopez, malgré une mauvaise entame et 2 pénalités relativement faciles manquées, marque tous les points de son équipe et a su animer le jeu. O’Connor ou Connor (tous les ailiers « Justin Bieber » s’appellent comme ça) a bien bossé. Conclusion : Défaite bonifiée pour le Stade Toulousain qui garde la tête du Top14 avec un matelas de points suffisamment confortable sur la 3ème place synonyme des barrages tant abhorrés par le staff, mais qui va devoir arrêter de choisir ses matchs. La semaine prochaine, premier déplacement de fin d’année à Paris, merci au Stade Français de servir de « sparring-partners » pour le quart de finale de H-Cup à Edimbourg.