Présentation Taupe 14 : SU Agenpar La Boucherie 11 January 2012 4 Écrit par Connard de Bernard, supporter objectif et chauvin, adepte du « c’était mieux avant, quand y’avait pas de pognon » car le club que je supporte n’en a jamais eu, et n’en aura probablement jamais. L’histoire : Le rugby s’est implanté dans l’agenais vers 1908 grâce à Alfred Armandie, un jeune lecteur anglais, et un compatriote dentiste. L’histoire ne nous dit pas si ce dernier était présent en prévision des futures joutes rugbystiques franco-anglaises organisées pour l’occasion. En revanche, ce qu’elle n’oublie pas de signaler, c’est qu’elle sera longue de plus d’un siècle et auréolée de nombreux titres, faisant du S.U.A un bastion historique du rugby français, encore aujourd’hui, et ce malgré l’exponentielle arrivée de ce fichu professionnalisme. Oui cela peut paraître ahurissant pour certains, mais Agen figure bel et bien en haut du palmarès du championnat de France, à côté de clubs comme Lourdes, Béziers, le Stade Bordelais, ou encore le Stade Français (clubs aujourd’hui tourbillonant dans les abysses professionnelles, voire plus profond encore). N’en déplaise aux anti-Ferrasse, frustrés de se voir volés battus par une équipe développant un jeu plus virevoltant, alternant jeu dans l’axe (on ne parlait pas de pick and go à l’époque) et grandes envolées. Les premiers titres arrivent dans les années 1930. Le début d’une longue série, achevée en 1992 avec un ultime Challenge Du Manoir. La classe. Mais le S.U.A, ce sont aussi 8 titres de champions de France. Si bien que cela attise les jalousies, et un immense complot réunissant tous les autres clubs, tente de salir l’image du club. Un plan diabolique dont le but est de faire croire à l’opinion publique qu’un président de la F.F.R aurait usé et abusé de son pouvoir pour soudoyer arbitres, contourner les règlements, et allant même jusqu’à influencer le sélectionneur de l’équipe de France : tout cela dans le but de faire du club d’Agen un incontournable. Avouons tout de même que cela n’est que trop gros pour être plausible. Mais à Agen, on n’y croit pas une seconde, et on continue à se battre corps et âme, glanant au passage moults frites (il faut ici comprendre moults titres). Alors à son apogée, le Sporting se permet même le luxe de sortir le plus grand centre que la terre ovale n’ait connu (en toute objectivité bien sur). N’en déplaise aux Toulonnais, il ne s’agit pas de Mathieu Bastareaud, mais bien de Philippe Sella. Ce dernier marquera de son emprunte la pelouse d’Armandie, et on attend toujours son digne successeur, car il faut dire que parfois on se fait un petit peu chier niveau jeu. Cette époque insouciante, joviale et ensanglantée est malheureusement terminée. L’avènement du professionnalisme est passé par là, et avec 33 245 habitants d’Agen même-dixit wikipedia-, l’avenir semble flou tant le bassin économique est relativement faible pour perdurer dans un Taupe 14 inhumain, dont l’estomac citadin n’est jamais rassasié de ruraux. Cependant un club aussi historique et culturel, partie entièrement prenante du paysage rugbystique français ne peut disparaître comme ça. Le talent ne peut se substituer à l’argent en masse. Ainsi, grâce à la gestion d’un gentil président, grand amoureux du rugby et des plaisirs de la vie (pléonasme ?), et le travail du duo d’entraineurs le plus talentueux de France (du monde ?), Agen persiste et parvient à exister dans un championnat où le pognon régit les lois. Nous y reviendrons cependant un peu plus tard, les temps changent disions-nous… La ville : Cataloguée ville moyenne par la haute aristocratie des cités environnantes, Agen se situe à un carrefour stratégique du Sud-Ouest. Entre Toulouse l’occitane, et Bordeaux la bourgeoise, il est un coin de France où le bonheur fleurit. On y connaît d’avance les joies du paradis. Ces joies là passent par la culture et l’économie du pruneau, dont la ville d’Agen se veut la capitale, même si la culture de la prune, le séchage, la production, et l’essentiel de son commerce ont lieu un peu partout sauf à Agen. Il est à noter que ce fruit ne fait pas grossir, mesdames vous pouvez donc y aller, aucun soucis pour les cuisses ! Il est conseillé de venir découvrir Agen la belle le dernier week-end d’août, durant le Grand Pruneau Show. Un remake inavoué et familial des férias, à la sauce locale (c’est à dire en plus petit et plus chiant). À noter qu’il s’agit de la seule période de l’année où les jeunes ont réellement une raison de prendre l’apéro en bord de Garonne, sur la péristyle du Gravier. L’attractivité de cet événement n’est plus à démontrer, les plus grandes stars de la chanson françaises et internationales se bousculent pour venir chanter sur la grande scène de la place de la mairie : Cali, Louis Chedid, Yannick Noah, , Zaz ou encore les Magic Systems…Bref des stars je vous disais. Mais Agen sait aussi fabriquer ses propres célébrités. Les plus grands philosophes se sont succédés dans les bibliothèques de la ville : Nostradamus, Montesquieu, Jasmin(le poète), et bien sûr Michel Serres. Agen terre d’inspiration intellectuelle et d’illumination. Le show-business n’est pas en reste puisque les cantatrices Uria-Monzon et Chimène Badi sont de la région. Mais comment ne pas parler d’Agen, sans parler de Francis Cabrel, l’artiste français de ces 100 dernières années. Il est même en passe de transfuger son exploit à l’international, depuis qu’une chanteuse colombienne à l’accent gascon a repris un de ses plus grands succès. Sportivement Agen, ce n’est pas que le rugby. L’autre sport local de haut niveau n’est autre que le kayak-polo, dont plusieurs joueurs sont des joueurs classés haut niveau sur les listes nationales. Il faut cependant avouer que le journal phare « le petit bleu » relate plus régulièrement les faits d’armes des rugbymens que des kayakistes-polistes. Je sais qu’on dit pas comme ca, désolé par avance. Pour finir, Agen est célèbre pour son pont-canal. Tout ça pour dire que la réputation de la ville d’Agen dans la France entière est bâtie sur le rugby, les pruneaux, et Françis Cabrel. Ça fait cliché, mais c’est si vrai. Les joueurs-Clés : Agen c’est avant tout un collectif, tant il est difficile de mettre en avant un joueur en particulier, tant on aime faire les choses avec patience et humilité à Agen. Mais puisqu’il faut le faire, allons-y. Commençons par celui qui marque la quasi-intégralité des points de l’équipe cette année. Meilleur marqueur du Taupe 14, devançant tous les cadors de la catégorie, j’ai nommé Conrad Barnard. Arrivé incognito en provenance de Toulon en janvier 2009 alors que le club était encore en pro D2, il est aujourd’hui passé au rang de leader de jeu et symbolise la remontée du club aux premières places du championnat. On remercie le « hair c’est T », fournisseur officiel de joueurs en colère et revanchards. Autre joueur d’envergure au sein de l’effectif, le funambule arrière Sylvère Tian dont la gentillesse et le talent n’ont d’égal que la largeur de ses cuisses. Arrivé lui aussi en cours de saison dernière comme joker médical, il n’a cependant pas tardé à devenir le lève-foule d’un stade Armandie, très amorphe devant les matchs de ping-pong que nous proposent les artilleurs de notre beau championnat, qui est le meilleur championnat du monde rappelons le. Devant, l’élément-clé, c’est le huit de devant. Véritable rampe de lancement du jeu à l’agenaise, il n’est pas rare de voir un avant intercalé dans un mouvement d’attaque rocambolesque, feinter la passe, et prolonger au pied. Non je déconne. Les avants agenais font du pick and go et des mauls. C’est tout. Dans ce noble art, on peut cependant relever des joueurs encore plus clés, comme Jean Monribot, pur produit de la formation agenaise. Cet infatigable plaqueur à la crinière blonde est peut-être le véritable chouchou du public d’Armandie. De toutes les plus grandes batailles de ces dernières années, Jean s’est battu corps et âme pour aider le club de son coeur à retrouver son lustre d’antan. Autres chouchous d’Armandie, je pourrais citer Jalil Narjissi, Lisiate Fa’Aoso, ou bien Dewald Senekal (ex-toulonnais, joueur en colère et revanchard), d’insatiables mangeurs de viandes, adeptes des tâches sombres. À Agen, on aime les taiseux, ce qui explique sûrement l’ambiance les jours de match. Les bouchers : À Agen, on n’a rien à envier à un Mamuka Gorgodze, un Jamie Cudmore ou au présidentiable Pascal Papé. À Agen, nous avons notre boucher, C.A.P mention Bien obtenu dès le plus jeune âge. Il s’agit de Jalil Narjissi, possédant la panoplie complète des gestes et techniques prompts à faire dégoupiller un Le Corvec. Malgré un physique atypique pour un talonneur contemporain, ce dernier ne compte pas pour rien sur un terrain. Souvent de tous les coups, il est intéressant de noter que ce dernier s’assagit avec l’âge, en atteste le peu de cartons reçus ces dernières saisons. D’autres pencheront plutôt sur une efficacité redoublée et bien planquée. Ce joueur s’évertuant à l’accomplissement des tâches sombres qui incombent aux joueurs de la première ligne, mériterait au passage, un peu plus de reconnaissance de la part de la boucherie ovale. À ce propos vous trouverez son c.v sur youtube. Le joueur au nom imprononçable, même que les journalistes se trompent tout le temps : Manu Ahotaeiloa. « De mémoire d’académicien, on n’a jamais vu autant de voyelles mises bout à bout dans un seul mot ». Cette phrase provient de Michel Serres (cf un peu plus haut pour savoir qui est-ce), estomaqué devant la diction du patronyme, par le milanais Thomas Lombard. Au club depuis 2004 (en dehors d’une parenthèse au Stade Toulousain entre 2008 et 2010, juste le temps de gagner un Brennus comme joker médical de Florian Fritz) le speaker local ne s’y fait toujours pas également. Le staff : Le staff est composé d’un triumvirat aussi talentueux que redoutable. Tels de bonnes fées, ils ont transformé tout ce qu’ils ont touché en or. Ils ont transformé des ânes en véritables chevaux de courses, pur-sangs arabes. Ils, ce sont Christian Lanta, en charge du paquet d’avants, Christophe Deylaud, à la charge des trois-quarts, et Alexis Desjardins, préparateur physique émérite. Depuis leur retour à la tête du sportif en 2008, ils ont mené le club à un titre de Pro D2, un maintien en élite acquis de haute lutte l’année suivante, et une probante actuelle place de prétendant aux phases finales. Avec des moyens limités financièrement comparativement aux grosses écuries du Taupe 14, c’est un boulot magistral qui a donc été effectué ici. Tant et si bien qu’en fin de contrat à la fin de la saison, ils seront logiquement non reconduits par le président Tingaud. Suite à de trop nombreux manques de communications entre le staff et le président, la meilleure paire d’entraineurs de France et de Navarre devra trouver un autre club pour exercer son talent. Quel sera l’avenir du S.U.A, futur orphelin ? Qui succèdera à ce duo magique ? La situation semble floue. Si certains pays se demandent comment vivre sans le triple A, les supporters agenais s’inquiètent de vivre sans le double C… Le scénario idéal : Après que les joueurs et le staff se soient promis de terminer de la plus belle des manières cette saison, le club termine à la sixième place après une haute lutte avec Toulon pour cette dernière place de barragiste. En quart de finale, Agen se déplace à Castres. Tétanisés par l’enjeu, les coéquipiers de Chris Masoe s’inclinent sur le fil, après que Tian et Vaka ne se soient fait un une-deux par dessus Teulet et Andreu. Sur la dernière attaque castraise, Tekori tente un coup de pied par dessus qui finit directement dans l’en-but après 12 minutes d’arrêts de jeu. Agen jouera donc les demi-finales au Stadium contre Clermont. Dans un magnifique duel de buteurs, Brock James et Conrad Barnard sont au coude à coude. À 62-63 pour Clermont (21 pénalités à 19) et alors qu’il ne reste plus qu’une minute à jouer Cudmore chausse Narjissi au sol. Barnard réussit la pénalité, les supporters agenais chantent alors. En finale, le Sporting affronte son meilleur ennemi, le Stade Toulousain. Le derby de la Garonne s’exporte sur la Seine. Malheureusement Barnard (qui finit meilleur marqueur du championnat avec 4758 points) ne pourra rien faire face à MacAlister qui, sur la dernière action traverse le terrain à cloche pied. Agen est finalement vice-champion de France, et Ferrasse n’y est cette fois-ci pour rien. Par la suite, Gifi rentre dans le capital du club, augmentant au passage le budget à 75 millions. Mourinho devient le nouveau coach et Agen remporte la League des Champions l’année suivante. La nouvelle postérité du club attire les investisseurs, et le club s’assure le bouclier de Brennus pour les 10 prochaines années. Le doublé étant impossible, il faudra cependant repasser. Le scénario catastrophe Après que les joueurs et le staff se soient promis de terminer de la plus belle des manières cette saison, l’inconscient reprend le dessus. Alors que la moitié de l’effectif a signé soit au Racing, soit à Bayonne, anticipant une éventuelle arrivée du duo Lanta-Deylaud, les joueurs sont détournés de la fin de la saison agenaise. Le spectre de la saison 2007 réapparait. Et comme prévu, lors de la dernière journée, Agen se retrouve en position de relégué. Le président Tingaud quitte alors le bateau à la dérive de la Pro D2, laissant au passage un déficit d’un million d’Euros. Le club est rétrogradé administrativement en Fédérale 1. Dans un contexte économique difficile, et dans un monde professionnel sans pitié ni cœur, Agen est condamné à périr dans les joutes de Fédérale pour toujours. Triste pour un club de ce standing. De plus, Lanta et Deylaud ont finalement arrêté d’entrainer, provoquant une dépression chez tous les joueurs partis sous d’autres cieux, cherchant à suivre les étoiles rugbystiques.