Le Rade’Labo analyse BO – Toulon (25-6)
par La Boucherie

  • 05 January 2012
  • 10

Par Daniele Rairault et Pilou (a.k.a Toulon Connection)

 

Le contexte

Le troisième du championnat se déplaçait chez une lanterne rouge qui avait beaucoup à se faire pardonner. Les supporters toulonnais, fidèles à leurs valeurs, ne doutaient pas une seconde de l’issue de la rencontre. Les forums de Rugbyrama (et leur indéniable précision sportive, doublée d’une franche honnêteté) résonnent encore des appels au bonus offensif, à un jeu ambitieux, à un destronchage dans les règles.
Bref, le 31 décembre 2011 devait consacrer le beau début de saison du RC Toulon et envoyer le BO en proD2. On prend une bière, on s’assoit avec les copains et on se prépare à savourer…
Que la vie est cruelle.

 

Le film du match

Les Toulonnais, comme d’habitude, se la pètent et décident de jouer contre le vent en première mi-temps. Le BO en profite et marque un essai d’entrée, après une cagade monumentale de Jone Tawake. Derrière, Yachvili et Bosch animent à merveille, faisant reculer les Toulonnais par un jeu au pied judicieux ; le parfait contraire des chandelles rétroactives que Sir Jonny a monté tout l’après-midi.
Même si les avants basques ne sont pas tous des lumières (suivez notre regard vers Jérôme Thion), ils ont rappelé aux téléspectateurs de Canal +, qui ne dormaient pas encore, que l’envie pouvait parfois suppléer le talent.
Mention spéciale pour la troisième ligne Lakafia-Lauret-Guyot, qui, sans être brillante, a été suffisamment efficace pour dominer tout le match.

La deuxième mi-temps est un peu plus équilibrée. Un peu plus chiante aussi. Lorsque Wilko a commencé à tenter les pénalités alors que le RC Toulon était mené 19 à 0, on a compris que le bonus défensif serait un moindre mal.
Pendant ce temps, le Yach’ et Bosch continuaient de faire rien qu’à embêter nos ailiers en jouant dans leur dos. La coupe étant pleine, nos terribles guerriers ont gardé leurs forces pour le Réveillon et se sont un peu laissés vivre.
En même temps, les Biarrots avaient l’air tellement contents à la fin…

 

Les joueurs du RCT

– La première ligne : Lewis-Roberts, Bruno et Kubri ont subit plus ou moins tout le match face à des Biarrots qu’on enterrait déjà. Des reculades à n’en plus finir en mêlée fermée, des impacts mal encaissés et une défense moins active que d’habitude ont, sans doute, poussé Bernie le Dingue à remplacer le trio en début de seconde mi-temps.
Si certains supporters saluaient la blessure de Genevois et la fermeture de la pizzeria qui allait avec ce dernier, il s’avère que Bruno puis Ivaldi ont envoyé autant de réginas et de calzones l’un que l’autre, même si le jeune talonneur de 20 ans s’est avéré un peu plus dynamique, lors de son entrée en jeu.
À droite, Carl Hayman n’a pas réglé les problèmes en mêlée mais a proposé des solutions dans le jeu. Lolo Emmanuelli n’a, lui, pas surclassé son partenaire gallois, peu présent, même dans le travail de l’ombre ; enfin ça c’est plus dur à voir.

– La deuxième ligne : on a beaucoup vu Simon Shaw au ruck, en défense, en touche. Des fois, on aurait préféré moins le voir (en touche), des fois il a vraiment apporté à l’équipe (en défense). De toute façon, on le voit beaucoup parce qu’il est grand. Dean Schofield a été tout à fait correct également, sans plus. La rentrée de Christophe Samson, aussi utile que la note du match proposée par Canal +, n’a pas fondamentalement changé la donne (on ne s’en était pas aperçu, pour être honnête).
L’événement fut le premier match de Bakkies Botha, qui n’a pas pris de carton en 10 minutes de jeu. Chapeau !

– La troisième ligne : Jone Tawake a multiplié les fautes de mains amenant notamment le premier essai des Radis. En même temps, il lui manque toujours un doigt. Captain Joe, qui n’est d’ailleurs plus capitaine, a passé un bon premier de l’An à la terrasse du Coji (les Toulonnais reconnaîtront). On nous indique qu’il aurait joué le match face au BO… Première nouvelle. Steffon Armitage a, par contre, surnagé. Omniprésent dans les rucks, il a aussi un peu participé en attaque. Bref, bien joué.

– La charnière : Quand Wilko loupe ses chandelles, on sait que c’est un match de merde. C’était un match de merde, même si s’acharner à monter des quilles contre le vent pendant une mi-temps relève plus de la bêtise que du courage.
Fabien Cibray, lui, a souffert une fois de plus. Il enchaine les prestations moyennes et le fait de retrouver ses anciens copains n’a pas dû aider (d’où la friction avec le Yach’). L’arrivée de Bernie a marqué chez lui une baisse de niveau notable. De plus, il se murmure à grands cris qu’il devrait partir à la fin de saison (on le dit prêt à accepter le poste laissé vacant par Michalak, chez les Lolos Noirs). Pas les meilleures conditions pour jouer derrière un pack qui recule. Peuchère.

– Les centres : Ils ont beaucoup tenté, peu réussi, mais toujours avec de l’envie. Gabi Lovobalavu et Mathieu Bastareaud ont l’air de bien s’entendre, ils sont complémentaires et pas mauvais défenseurs. Pas les pires, en somme.
Pendant ce temps, Messina commence à s’habituer à sa nouvelle place, sur le banc, et Willie Mason continue de gonfler le chiffre des bars et boîtes toulonnais.

– Les ailiers : Après nous avoir habitués aux relances du bout du monde, David Smith a fait valoir son jeu au pied, en tapant trois coups de pieds de diplodocus (contre le vent), offrant au BO trois touches dans les 22’ toulonnais. David n’est pas meilleur botteur que tacticien, ou chanteur. Il est également l’auteur d’un très beau plaquage, dit en porte de saloon, sur l’essai de Bosch.
Christian Loamanu n’a guère plus brillé. Bien pris par la défense (il faut dire que charger son vis-à-vis dans l’espoir de le tuer sur le coup, ça ne fonctionne que la première saison), il gratifia le public d’Aguilera d’une relance qui coûte trois points à son équipe après la cloche de la mi-temps. À la Boucherie, on recherche également des preuves indiquant que ce joueur a réussi une passe dans sa carrière. L’appel à témoins est ouvert.

– L’arrière : Benjamin Lapeyre, et sa coupe de moine surfeur, a fait du Lapeyre (y en a pas deux donc), pas mal sur le jeu au pied, moyen sous les ballons hauts et très aléatoire sur ses choix tactiques.

 

Les joueurs du BO

Dimitri Yachvili : Enorme. Le Yach’ a marqué la quasi-totalité des points de son équipe. Il a su temporiser et jouer au pied ; on parlerait presque de dépendance pour le BOBP. Retour gagnant pour l’international, au moment même où le comité de sélection pense et repense la composition du XV de France pour le prochain VI Nations.

Marcello « pampa boy » Bosch : Dans le sillage de son demi de mêlé. Marque un bel essai et tape un beau drop, permettant de plier le match à la mi-temps, avec un lourd 19-0. On le savait fantasque, il peut se révéler tacticien : il sait qu’on ne s’obstine pas à taper des chandelles contre le vent.

Damien Traille : « Couteau-suisse man » n’a pas fait de faute en défense, ni en attaque. Comme quoi, il a peut-être un poste de prédilection finalement…

Ian Balshaw : Ne s’est pas taillé en défense et se paie le luxe de couper en deux Wilko sur un gros plaquage.

Les avants : Ont montré beaucoup plus d’envie que leurs homologues toulonnais, et ce dès l’entame de la rencontre. Probablement la clef du match. Bons dans le jeu au près en seconde mi-temps. On pourra, tout de même, leur reprocher d’aller très nombreux au ruck, au contraire des Toulonnais. En même temps du coup, le BO a gardé ses ballons.

La troisième ligne : Même amputée du fi-fils à son papa, j’ai nommé ImaLol Hari-quelque chose, la troisième ligne basque a été performante. Sans grandes envolées, elle a su montrer sa force dans le travail obscur et surtout en défense.

Daniele Rairault et Pilou