Toulouse – Toulon vu par les bouchers
par La Boucherie

  • 06 December 2011
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Par le Stagiaire et Johnny WillKillSoon,

Samedi dernier à 14h, Ovale de Grace et Ovale Masqué n’ont pas pu regarder le choc entre Toulouse et Toulon, car ils étaient déjà entrain de se geler les miches au Stade de France, de peur de rater l’ahurissant show d’avant match post-Guazzinien du match Stade Français – Racing, et surtout l’apparition du légendaire Johnny Hallyday, qui est un peu le Aurélien Rougerie du rugby – ça fait 10 ans qu’on pense qu’il va crever et qu’il enchaîne les opérations, mais pourtant il revient toujours.

Heureusement, nos larbins sont là : notre fidèle Stagiaire, fervent supporter toulousain, a analysé le match pour vous. Mieux, Jonny WillKillSoon, notre spécialiste du Erceté (avec Pilou et Daniele Rairault, attention d’ailleurs, les toulonnais quand il y en a un ça va, mais quand il y en a plusieurs…) s’est également mis à l’ouvrage. Nous vous proposons donc un double compte rendu et un double point de vu, que vous pourrez lire en vous fumant un double feuille pour un double plaisir.

 

Le match vu par le Stagiaire :

Lors de cette douzième journée avait lieu un « choc » au stadium de Toulouse entre le champion de France en titre et leader actuel du championnat et le 4ème, Toulon. Comme pour nous rappeler la coupe du monde, le match était programmé en tout début de journée, vers 14h. Le réveil n’y aura rien fait, j’ai raté les 20 premières minutes. Et encore plus fort, malgré les commentaires d’Eric Bayle, j’ai quand même pu resituer le contexte.

Pour résumer, Mc Alister a raté une pénalité. Wilkinson a réussi une pénalité. Mc Alister a raté une pénalité. Genevois a foiré un lancer. Toulouse a fait un en avant. Poitrenaud s’est blessé. Médard est rentré. Novès a annoncé jouer le maintien. Elissalde a failli partir s’échauffer. Matanavu a marqué un essai. Wilkinson a réussi une pénalité. Toulouse a fait un en-avant. Genevois a foiré un lancer. Genevois s’est pris un carton jaune. Servat s’est dit que la concurrence ne serait pas trop un problème l’an prochain. Bref, c’est à ce moment là que j’ai allumé ma télé.

La partie avait débuté 23 minutes plus tôt et Toulouse menait 7 à 6. Les Toulousains ne profiteront pas vraiment de leur supériorité numérique puisque Mc Alister n’inscrira que deux pénalités durant les dix minutes qui suivront. Wilkinson, quant à lui, permettra à Toulon de coller au score avec l’ajout de six points avant la mi-temps.

A ce moment, les locaux virent donc en tête avec un tout petit point d’avance et ce malgré une domination plutôt nette. Mais leurs tentatives de jeux sont trop souvent avortées par un en-avant ou une passe mal ajustée. La présence de Florian Fritz au centre ayant beau réduire les risques sur ce dernier point, les Toulousains semblent, comme les semaines passées en coupe d’Europe, en manque de repères collectifs. Il faut dire qu’entre les blessés, les joueurs qui reviennent de blessure, les recrues à intégrer, les mecs qui rentrent de Nouvelle-Zélande, les petits jeunes qui ont besoin de temps de jeu et les éternelles doublures, c’est difficile de créer une équipe avec des automatismes. Soyons francs, un effectif comme ça, c’est pas la joie…

Les Toulonnais quant à eux développent un jeu un peu rasoir et misent par conséquent avant tout sur Wilkinson pour rester dans le match. (Ceci n’était pas un message publicitaire).

A la reprise, Luke Skywalister va rajouter deux nouvelles pénalités et permettre aux Toulousains de creuser l’écart, malgré l’expulsion temporaire de Johnston pour un très joli combo représentant tout ce qui est interdit dans le même plaquage : en retard, à la gorge, et juste avec l’avant bras. Juste après le retour de ce dernier, ils vont même inscrire un nouvel essai par l’intermédiaire de Jean Dridéal sur une passe au pied de Jauzion. On soupçonne d’ailleurs l’ailier toulousain d’avoir marqué pour rendre hommage à Shane Williams qui au même moment (à peu près), disputait le dernier match de sa carrière avec le Pays de Galles face à l’Australie au Millénium de Cardiff. Son équipe s’est inclinée 24-18 mais l’ailier de poche (à ne pas confondre avec cette grosse poche d’ailier qu’est Guildford) a inscrit sur la dernière action un ultime essai pour son pays, son 54ème en 87 sélections. Pour l’égaler, le toulousain devra tout de même marquer la bagatelle de 27 essais pour l’équipe de France dans les quatre prochaines années. Bonne chance.

Mais revenons-en à nos moutons. Non, pas les néo-zélandais. Nos taupes quoi. Il reste 20 minutes et les visiteurs ont 14 points de retard. La messe semble dite et c’est à partir de ce moment que le match se débride un peu. Les Toulonnais sont en effet motivés par l’espoir d’un point de bonus défensif et leurs adversaires par le troisième essai synonyme de bonus offensif. Mais encore une fois, les rouge et noirs enchainent les imprécisions et les erreurs de mains alors que les Toulonnais ont toujours autant de difficultés en touche.

C’est d’ailleurs après une énième touche perdue sur leur lancer que l’on va assister à un fait plutôt rare : un carton jaune pour Jean Bouilhou alias l’homme qui comptabilise à lui seul plus de matchs avec les rouges et noirs que l’ensemble des internationaux de cette même équipe réunie (doublon oblige). Une aubaine pour les toulonnais qui repartent à l’assaut du camp local. Mais ni leur détermination, ni l’expertise en matière de jeu offensif de leur entraîneur ne suffira à combler les erreurs grossières qui, comme leur adversaire, viennent constamment gâcher les intentions pourtant louables de l’équipe.

C’est finalement dans les dernières minutes, au terme d’une action aussi aléatoire et confuse que les décisions de l’arbitre tout au long de la partie, que Burgess intercepte une passe de Giteau pour aller inscrire le dernier essai du match. Cette action aura été l’occasion pour le centre australien de nous montrer qu’il était sur la pelouse cet après-midi là (ce qui n’était pas évident à deviner au premier coup d’œil) et pour son compatriote demi de mêlée, encore très bon, de montrer que certaines intégrations sont plus réussies que d’autres. Doussain, néo-meilleur espoir du championnat et tout juste rentré, se la pète en transformant en coin. Score final : 33-12.

On retiendra particulièrement :

  • La blessure de Poitrenaud (entorse de la cheville) qui devrait l’éloigner des terrains pendant trois semaines (soit jusqu’à la fin de la saison pour Lequipe.fr  Le point positif c’est qu’il aura plus que ça à foutre de faire notre questionnaire maintenant.
  • La très bonne performance de notre Pokémon préféré Pikamoles qui a bien travaillé son attaque-charge et qui ne devrait pas tarder à évoluer. Bon par contre, va falloir lui apprendre à réceptionner un renvoi.
  •   Le nouvel essai de Matanavu
  •   La réussite retrouvée de Wilko au pied (comme quoi c’était vraiment la faute des ballons)
  •   Le look toujours aussi…euh, je cherche l’adjectif là… de Gunther
  •   La suractivité de Armitage, LA bonne pioche du RCT sur ce début de saison
  • La coupe de cheveux so « Surfeur Australien » de Lapeyre
  •   La détente presque négative de Matthieu Bastareaud sous les chandelles.

 

Le match vu par Johnny WillKillSoon :

Le rugby est un sport qui se joue à XV contre XV avec plein d’arbitres, à la mi-temps il pleut et à la fin c’est le Stade Toulousain qui gagne. Je pourrais arrêter là mon compte-rendu du match mais je vous connais ça risque de ne pas vous suffire. Je vais vous faire un CR mais va falloir être indulgent car j’ai raté les dix premières minutes et je n’ai vu le match qu’une seule fois. Des tribunes. En latérale bas. Avec Ovalion devant moi. Sacré tignasse au passage !

On notera l’absence de Donguy côté stadiste et la présence de Bastareaud sur le banc des remplaçants, ce qui prouve que les deux équipes prenaient ce match très au sérieux. Le choc des Rouges et Noirs peut enfin commencer. On passe le premier quart d’heure, Toulon mène 3-0 et Clément « Twitter » Poitrenaud quitte ses partenaires, victime d’une entorse de la cheville. Lui qui s’excusait cette semaine de ne pas donner trop de nouvelles à cause de la charge de travail infligée par Guy Novès, aura désormais quelques semaines de temps libre pour se rattraper.

Poitrenaud sort, Médart entre. Mauvaise opération pour les Toulonnais qui sont loin de gagner au change. Et deux minutes plus tard, l’impensable va se produire. Fritz va prendre un intervalle, faire une pass…ah non au sol puis relais de Picamoles, point de fixation, libération rapide et essai de Matonav…Motanav…bref l’ailier fidjien du Stade. Cependant il n’y a pas photo entre la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat, les Toulonnais ayant décidé de se faire une petite après-midi air plaquage sur la pelouse du Stadium. En hommage au Téléthon, Genevois va également nous réaliser un air lancer en touche, d’après un concept très particulier qui consiste à ne pas lancer la balle afin de ne pas la perdre. Genevois qui réalisera le combo ultime en se prenant un carton jaune dans la foulée pour ne pas s’être replacé à 10m après une pénalité rapidement jouée.

Toulon a des problèmes de plaquages, de lancers en touche mais aussi de coups de pieds (pas Wilkinson rassurez-vous) puisque respectivement Smith, Loamanu et Palisson vont prendre un malin plaisir à dégager directement en touche hors de la zone légale autorisée. Dans leur camp, sous pression et en infériorité numérique, le RCT va plier mais ne pas (encore) rompre. La mi-temps est sifflée sur le score de 13 à 12 ce qui n’est pas cher payé pour les Rouges et Noirs de la Garonne.

Durant la pause, on revient sur les futures signatures au RCT et à Toulouse pour l’an prochain. Barcella pour remplacer vraisemblablement Emmanuelli et Lewis-Roberts sur le côté gauche de la mêlée. Tillous-Borde est content, il aura enfin un partenaire avec qui parler musculation à l’entraînement. Servat qui pourrait également rejoindre les bords de la rade l’an prochain. Il attend seulement le 24 décembre pour signer afin que le Var-Matin puisse titrer « Une Bûche pour Noël » (oui je peux aussi travailler à l’Equipe avec des jeux de mots aussi pourris…mais je ne veux pas). Si à Toulon, le menu est plutôt sucré, Toulouse se positionne sur du salé avec un excellent « Coq au vin » briviste élevé en Géorgie (VDM). Du coup les recruteurs stadistes ont eu pitié de lui mais pas trop puisque celui-ci va être prêté un an à … Brive. Dans le but de devenir JIFF et pour que les Toulousains puissent nous rabâcher les oreilles à nous dire qu’eux ont le mérite de recruter exclusivement français. Moué.

Début de la seconde période, la pluie fait son apparition. Census Johnston, en bon Samoan, tente une décapitation à l’épaule sur Loamanu, Samson se venge sur Jean Dridéal et Luke « Sky » Alister convertit la domination toulousaine en six nouveaux points qui permettent au Stade de faire un premier break (19-12 à la 50ème). Paradoxalement, la deuxième période va être plus équilibrée, mais les Toulousains sont très bien en place en défense. Les Toulonnais vont se heurter à un mur et s’exposer à de nombreux contres. Finalement ils concéderont deux essais plus ou moins casquettes que seul le Bého et l’USAP sont capables d’en prendre cette année. Le premier sur une relance suicidaire de Lavabo qui va perdre le ballon au contact et qui va se transformer 3 passes plus loin en un coup de pied lobé de Jauzion pour Jean Dridéal dans l’en-but. Il aura fallu attendre 35 ans pour voir enfin un coup de pied bien dosé de Jauzie. Vieux motard que jamais. En même temps ce n’est plus avec sa vitesse qu’il va créer des situations d’essais (non je ne suis pas aigri). Le second est un exploit personnel de Giteau qui préférera se prendre un essai sur interception afin d’éviter une touche et ainsi offrir le bonus offensif (toutefois largement mérité) aux Toulousains. Il était, de toute façon, écrit qu’il ne pouvait rien arriver aux Hauts-Garonnais ce samedi après-midi puisque Jean Dridéal, sûrement galvanisé par l’élection des Miss France le soir même, a enfin réussi son petit renvoi aux 22 en cachette pour lui-même (sans opposition toutefois) qui lui permit de réaliser une petite chevauchée bien cochonne sur une cinquantaine de mètres.

Le match se terminera par une Ola et des « Et ils sont où les Toulonnais ? ». Je ne réponds rien car je tiens à mon intégrité physique et m’éloigne du stade sous le crachin occitan.