Serge Blanco, la bio interdite
par Ovale de Grace

  • 06 December 2011
  • 13

Par Ovale de Grace,

 

Du panama au ballon ovale

Serge Blanco est né en aout 1958 à Caracas, pendant les quelques mois de parenthèse démocratique d’un pays profondément marqué par l’affairisme et la dictature. Il restera par la suite résolument vénézuélien.
A la mort de son père, il arrive en France où il est scolarisé à Biarritz en internat religieux; ce lieu de vie clos et collectif où l’on se fait soigner – l’âme pour commencer- marque les prémices du goût du jeune Serge pour la thalassothérapie.
Fin et élancé, Serge Blanco commence par le football pour lequel il est particulièrement doué, on lui propose des (petits) ponts d’or. Malheureusement, à Biarritz, la terre n’est pas ronde et il lui faudrait encore s’exiler pour pousser des citrouilles en or; il renonce donc au profit du rugby pour une carrière de footballeur. A la carrière certes, mais pas très longtemps au salaire !

Blanco assure les arrières, il deviendra conquérant!

Le rugbyman

Rapidement, Serge Blanco s’avère être aussi doué au rugby qu’au football et après une formation à Saint-Jean-de-Luz, il signe dans le club de son choix, le Biarritz Olympique qui restera désormais son royaume.
Si le palmarès en club est assez chiche, Blanco explose en équipe nationale où ses cuisses de mouche font merveille !


Il devient même une des légendes du XV de France en 1980 en Afrique du Sud où il marque un essai d’anthologie, et il sera désormais indéboulonnable, comptant 93 sélections, jusqu’à ce qu’il raccroche définitivement les crampons en 1992. Il est nommé Meilleur joueur français en 1982, 1983, 1989, 1990, 1991 et 1992.

C’est l’ère Jacques Fouroux, plus qu’un taulier, un Seigneur, probablement la dernière personne devant laquelle Blanco courbera l’échine. Au lieu d’utiliser ses divins jarrets à la ruade, il préfère travailler son jeu de jambes, dont le galbe n’est pas sans rappeler les danseurs du Bolchoï et la rapidité rappelle invariablement la samba, il est alors surnommé « le Pelé du rugby »… 30 ans plus tard, il est surnommé « Smaïnos » : la tête de Smaïn sur le corps de Carlos.
Ces années marquent une espèce d’âge d’or du rugby, les joueurs écoutent le sélectionneur le petit doigt sur la couture du short, rêvent de faire partie du politburo fédéral en cherchant la légitimité à travers des trophées et des records. C’est également une époque bénie où l’on pense que Serge Blanco est une machine à marquer muette. Il marque 38 essais en équipe de France, une volubilité sur le terrain qui se confirmera par la suite devant les micros.

Blanco clôt sa carrière internationale sur un somptueux essai collectif dont il crée les conditions et qui reste un des 5 plus beaux de l’Histoire du XV… mais une défaite contre les Anglais. La parabole est criante, la coupe est pleine, mais perdue.

L’après rugby :

Serge Blanco est un cas exemplaire d’ascension au mérite, tourneur-fraiseur devenu homme d’affaire multi-activités dont les dividendes sont blanchis réinvestis dans le Biarritz Olympique dont il devient président en 1995.
La France du XV de l’après-Blanco joue au Blanco World Class Rugby, économise pour s’habiller en XV-Serge Blanco, pour rentrer dedans, rêve de pouvoir faire une cure au centre de Thalasso modestement appelé « Serge Blanco », cherche compulsivement sa moitié pour passer sa lune de miel à l’hôtel Serge Blanco, … Dans les 90’s, le firmament du luxe ovale se décline sur des variations en Blanco et la côte basque, d’Hendaye à Biarritz, se transforme en mégalopole siglée. La monnaie vénézuélienne est le sucre… Serge Blanco ramasse, il accumule et il prospère (youplaboum) aussi!

En parallèle, Blanco se lance dans la politique et conquiert la Présidence de la Ligue Nationale de Rugby en 1998, il quitte pour la forme la présidence du Bého. C’est à ce moment qu’on découvre chez lui un usage courant et très personnel de la parole, il devient un vrai concepteur de boîte à gifles. Il commence à alimenter les gazettes et sort des pages strictement sportives de la PQR qui découvre un vrai client qu’elle ne lâchera plus.

Il règnera pendant dix ans sur la naissante LNR. Dix ans de mandat pendant lesquels il est convenu de saluer un travail remarquable et un développement spectaculaire du rugby dont la ligue accompagne la professionnalisation.
Présidence d’autant plus remarquable que, lorsqu’il quitte la présidence de la LNR pour retourner à celle du Bého, Serge Blanco ne garde aucune accointance, aucune préséance.  C’est un hasard ABSOLU si le BO tombe toujours sur les équipes les plus faibles en H-Cup, d’ailleurs, c’est bien connu, Blanco est victime des médisances et des complots des individus malfaisants qui veulent -tentent vainement plutôt de- bâillonner (tiens tiens…) cet être pur au verbe de Vérité !

Victime aussi des affairistes locaux jaloux qui déclenchent un incendie providentiel entre deux porte pare-feu; à la saison creuse, parce que le pyromane n’est pas un criminel, et de manière assurantiellement efficace, parce que le pyromane n’est pas chien! Et puis, dans tous les hommes de pouvoir sommeille un Bob Roberts, et ça, le pyromane le sait. Serge Blanco est une victime, elle devient celle du pyromane qui annonce le futur de sa proie.

Serge Blanco a aujourd’hui tout réussi : une carrière rugbystique qui l’a inscrit dans la légende, un sens des affaires qui lui a valu le surnom de “Blancorleone”, un génie du management qui lui confère une présence spectrale sur tout ce qui prend de près ou de loin une forme ovale, des actions sur le moindre millimètre carré à 40 km à la ronde de Biarritz… Il ne reste plus qu’à se lancer dans la course à des élections “démocratiques” à Berlus-Blanco_ni pour parvenir au stade ultime de son Destin!