Confessions d’un homme dangereux
par Capitaine

  • 23 October 2011
  • 8

Un texte proposé par Capitaine

Bonjour.
Bonjour à tous et à toutes même. J’ai perdu l’habitude d’être poli avec le temps. C’est le métier qui veut ça. Enfin je crois.

A force qu’on me le demande, j’ai fini par craquer et par vous écrire. Mon parcours n’a rien de commun, je fais des envieux et des surpris. Voilà l’histoire de ma vie.

Je ne suis pas né sur votre continent mais ça n’a pas affecté ma vie pour autant. Je suis fier de ma famille, de mes frères et de ma sœur. Même si mes frères m’ont un peu entraîné dans le milieu finalement. Mon enfance n’a rien eu de spécial. Rien ne me prédestinait à faire ce que j’ai fait…

Mais c’est plutôt mon caractère qui m’a amené là où je suis.
Car j’étais assez turbulent au final étant gamin. Et là où j’ai grandi, le milieu se ramasse rapidement les hyperactifs et autres mouvementés comme moi. Bien sûr il y a aussi des gentils qui y arrivent, mais ceux là ils repartent assez vite…ou ils apprennent rapidement à devenir méchant.
Parce que je vais pas vous mentir. Si on veut réussir là dedans, faut savoir être méchant ou au moins compenser avec du vice. Les meilleurs ont les deux.

J’y suis arrivé assez tôt, trop tôt diront certains, pas assez diront d’autres. Qu’importe. Au début c’était pas évident, je dois l’avouer, mais on prend assez rapidement la main. C’est mes frères qui m’y ont amené moi… Après on s’y fait des copains, on fait des coups ensemble, on devient inséparable et voilà. Le milieu vous bouffe, vous n’en sortez plus jamais. Demandez à qui vous voudrez. Ceux qui y ont vraiment été ont toujours cette flamme en eux. Même si ils disent que c’est une époque révolue.

Moi j’ai fait mes classes et j’ai pris du galon comme on dit. J’en ai rapidement vécu et assez bien je dois le dire. Pas à me plaindre, pour moi c’était une vie super. J’aimais ça et c’était clairement de l’argent facile. Certains diront que ça m’a bouffé mon adolescence et que ça m’a rendu aigri. Mais vu là où j’en suis aujourd’hui, je n’ai aucun regret.
Attention, je ne dis pas que ça a été facile, plus d’un a essayé d’en faire autant sans jamais réussir quoique ce soit. Alors oui, c’était difficile, mais j’ai la tête dure.

Arrivé à un point de ma carrière, j’avais un précédent assez chargé mais je restais loin des meilleurs dans le domaine. Et ils étaient nombreux les meilleurs que moi.
Malgré tout, l’âge arrivant, on a fini par me confier des responsabilités (trop tôt l’équipe de mecs ?). L’ancien qui forme les jeunes quoi, un début de reconversion avant la retraite, s’il y en a une. Fallait expliquer, donner des consignes; j’y ai pris goût. J’ai eu des hauts et des bas avec ces gamins et j’m’en cache pas. Mais même si on était pas au niveau des plus grands, on a su faire parler de nous.

Tellement bien parlé de nous, qu’au moment où je m’y attendais le moins, en finissant mon fromage de tête, un vieux est venu me parler. Le gars, jamais vu sa tronche, mais quand il m’a dit son nom, j’ai fermé ma gueule et j’ai fini d’avaler mon fromage de tête.
Dans le milieu, le mec c’est presque Dieu le père. Il dirige, il ordonne. On écoute, on obéit. Au départ j’ai pensé que j’avais fait une grosse connerie, mais il n’en était rien. Le vieux était venu me filer une promotion.
Une promotion ! Vous vous rendez compte… Ouais, moi aussi j’ai été surpris.
Et moi, ni une pas deux, j’accepte. J’étais comme un gamin le jour de noël, comme un smicard qui gagne au PMU. J’avais plein pouvoir sur une bande de mectons déjà formés que je choisissais à travers tout l’hexagone. Je pouvais prendre les meilleurs, la crème des crèmes. Je pouvais leur faire faire ce que je voulais, des pires conneries au plus grands coups !
Bon évidemment, tel un dictateur qui prend le pouvoir, au début vous faites un peu de la merde pour vous marrer. Et puis j’étais loin d’être assez bon pour savoir quoi leur faire faire… Alors j’ai sûrement pas pris les meilleurs et j’ai sûrement pas fait les plus grands coups. Au final j’aurais réalisé plus de conneries que d’exploits ; mais il y en a eu quand même, des exploits…

Mais là je suis sur un gros gros coup. Un coup énorme même. Le casse du siècle. Le plus gros vol, de quoi rendre jaloux les Arsène Lupin du monde entier ! Je vais dérober la Coupe du Monde de rugby. Dans le milieu du rugby, on m’appelle Lapinou. Dans la vie, c’est Marc Lievremont. Je suis sélectionneur du XV de France et je vais tous vous niquer.