Lettre ouverte aux All Blacks #2par Marcel Caumixe 22 October 2011 8 Les Blacks, terrorisés à l’annonce de la présence de Damien Traille sur le banc français. Engliche version hire Chers All Blacks, Le grand jour approche. Le jour que vous attendez depuis près d’un quart de siècle. Le jour de votre couronnement, le jour où nous vous accueillerons comme nos ténébreux maîtres. Nous voudrions vous remercier pour tout. Jo Maso, le grand organisateur de l’équipe, (ou, comme nous l’appelons, le G.O.) a déja renoncé à notre droit de porter le bleu, comme preuve de notre gratitude pour avoir daigné nous accueillir et nous permettre de jouer sur votre terre sacrée.Vous jouerez en noir et tout ira pour le mieux. À la base, on avait même prévu de ne pas porter nos maillots et de venir en habits civils, vu que cela ne vaut pas vraiment la peine de jouer le match, dans la mesure où vous nous surclasseriez outrageusement. Au lieu de cela, nous vous aurions serré la main, fait quelques embrassades chaleureuses pour vous dire au revoir, et contemplé un dernier haka avant de partir. Cela aurait aussi été l’occasion pour Jean-Marc Doussain de prendre de meilleures photos, et peut être d’avoir quelques autographes. Cependant, après réflexion, nous avons finalement décidé que c’était un plus grand signe de gratitude que de jouer le match et de vous donner la possibilité de nous humilier devant des millions de gens. Mais s’il vous plait, faites vite, on a un avion à prendre, et les joueurs doivent rejoindre leurs clubs respectifs dans notre championnat national. Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler, mais on l’appelle le “Top14”. Le niveau est celui de votre quatrième division UNSS, et il sert de maison de retraite à vos vieux joueurs dans le besoin. Rendons-nous à l’évidence : il y a un monde entre nous. Non seulement notre championnat est faiblard, mais notre équipe est honteuse. On a perdu contre l’Italie et les Tonga. Notre coach n’a que quelques années d’entraineur de deuxième division à faire valoir et perd complètement les pédales. Notre 10 est un 9 qui a passé la semaine avec une minerve, et pèse deux tiers du poids de son vis à vis. Notre paire de centres est trop occupée à compter les pâquerettes pour attaquer ou défendre. Il n’y a pas d’équipe type et c’est la seconde fois que celle ci-joue dans cette configuration. Et pour être honnête, on n’est pas capables d’aligner deux passes. Nos schémas d’attaque (si on arrive à en mettre en place d’ici dimanche) seront prévisibles, notre mêlée anémique, notre défense poreuse, et plus ou moins tout le monde est blessé. Pour couronner le tout, et pour garantir que l’équipe sera encore plus faible après la 60ème minute, Damien Traille est sur le banc. Un bookmaker irlandais est même déjà en train de payer les parieurs, avant même que le match ne soit joué. Lisez la clairvoyante et experte presse néo-zélandaise. Elle est unanime. Ainsi que le fut son homologue française avant qu’un patriotisme déplacé et l’abus de méthode Coué ne l’aveuglent. Et qu’avons nous en face? Graham Henry, aux commandes depuis un million d’années d’une armée de puissants guerriers musclés et tatoués qui jouent tels des magiciens et piétinent l’opposition comme un troupeau de mammouths en rut. Et par dessus le marché, l’IRB semble avoir adopté un amendement à la règle permettant à McCaw de gratter la balle dans n’importe quel ruck. Vous êtes virtuellement indestructibles. Qui sommes nous, misérables Français, pour oser considérer lutter contre une telle démonstration de puissance et de talent? Alors, nous implorons votre pitié. Retenez vos coups, ne nous infligez pas plus de 100 points. Notre pays est en plein dans les difficultés financières, pris dans des tourments moraux et politiques, et nous n’y survivrions pas. Au lieu de cela, pourquoi ne vous détendriez vous pas? Passez la fin de semaine en famille, buvez quelques bières, allez chez l’esthéticienne, commencez à célébrer votre victoire ! Vous nous battrez à plates coutures et vous avez eu un tournoi difficile. Allez-y, vous l’avez bien mérité. Pas besoin de pression supplémentaire, laissez-vous aller, vous avez d’ores et déjà fait le boulot. Ce n’est pas comme s’il y avait une chance que vous perdiez contre notre rugby honteux, restrictif et minimaliste, plongeant par là-même votre pays dans une crise sans précédent, poussant vos supporters à réduire le pays en cendres dans un excès de rage, pas vrai? Bien à vous,