Bilan sanguin du premier tour, 1ère partiepar Ovale Masque 04 October 2011 % Voilà, le premier tour, c’est fini. C’est avec tristesse qu’on abandonne les vaillants samoans, les courageux namibiens, les intrépides canadiens, les valeureux géorgiens, les ovipares tonguiens (oui bon, on trouvait plus d’adjectifs) et surtout le plaisir incomparable de regarder des matchs de rugby en caleçon à 4h du mat’, une bière dans une main, un bol de chocapic dans l’autre. Maintenant que c’est fini, on peut le dire : c’était bien. Malgré le temps de merde, malgré les déséquilibres du calendrier, malgré les déséquilibrés sur les terrains, nous avons eu notre lot d’émotions et de beaux moments… voici donc pour vous, le bilan du meilleur (et du pire) de ce premier tour. Les meilleures équipes : Nouvelle Zélande Oui bah, forcément. Après un match d’ouverture poussif (notez bien que les Blacks sont les seuls au monde à faire des matchs poussifs en marquant 6 essais) les tout noirs sont montés en puissance, atomisant le Japon puis le Canada, et surtout la France pour leur premier vrai test du Mondial. Voilà, maintenant Carter n’est plus là, à nouveau touché par la malédiction catalane après avoir fait une passe décisive à Maxime Mermoz. Les moutons tremblent à travers le pays et on attend de voir comment Slade (ou Weepu) prendront la relève contre des argentins qui ne manqueront pas de leur mettre la pression. Irlande Tout le monde les voyait cramés après une campagne de préparation catastrophique (4 défaites). Il ne leur manquait finalement qu’un déclic pour se mettre à jouer façon Leinster/rouleau compresseur. Un pack de vieux briscards emmenés par les surpuissants Healy et O’Brien, une charnière interchangeable (Murray/Reddan/O’Gara/Sexton) une paire O’Driscoll/D’Arcy qui retrouve son niveau et un triangle arrière Bowe/Kearney/Earls qui a de la gueule. C’est maintenant ou jamais pour les irlandais qui ont les armes pour aller pour la première fois en demi-finale, voire plus loin (au mois jusqu’au pub en tout cas). Afrique du Sud Une équipe capable de gagner de gros matchs de façon très moche (contre les gallois et les samoans) c’est toujours bon signe en Coupe du Monde, surtout qu’ils ont montré aussi qu’ils pouvaient aussi pratiquer du beau jeu (Fidji & Namibie). Avec des joueurs cadres revenant en forme au bon moment (Burger, Spies, Brussow, Du Preez…) et quelques trouvailles comme Lambie ou Hougaard, les Boks paraissent enfin crédibles pour faire le doublé. Pays de Galles Souvent capables du meilleur (Grand Chelem 2005 & 2008) comme du pire (CDM2007, le dernier Tournoi) les sheep shaggers ont trouvé la bonne carburation depuis quelques semaines. A l’inverse des rouquemoutes, ils ont fait de bons matchs de préparation (victoires contre l’Angleterre et l’Argentine) et ont su rester sur cette dynamique. Une défaite d’un point contre les Boks (qui leur permet finalement d’éviter l’Australie), un match couperet gagné face aux Samoas et des démonstrations face à la Namibie et au Fidji : c’est solide et ça joue très bien derrière. Là aussi, les gallois ont un bon coup à jouer. Avant chaque match, Brian O’Driscoll se détend en regardant la vidéo des meilleurs plaquages d’Aurélien Rougerie. Les bonnes surprises Argentine Un peu à l’image des irlandais, on les annonçait vieillissants, ils ne sont finalement pas passés loin de finir premier de poule, leur défaite contre l’Angleterre pouvant être considérée comme injuste avec le carton jaune d’Agulla tiré par les cheveux dans les dernières minutes du match. Derrière, ça joue toujours aussi moche mais les gars ont toujours un mental de vietcong. Ils n’auront rien à perdre contre des Blacks privés de Carter… alors pourquoi pas ? Samoa On savait que ce serait les Pacific Islanders les plus dangereux, avec leur armada de joueurs de Premiership/Top14/Super 15. Pas de chance pour eux, ils sont tombés dans la poule de la mort, et sur un calendrier et un arbitrage ingrat. On aurait presque honte d’être qualifiés à leur place, mais bon… Eliota Sapolu, au moment où il se rend compte que l’IRB va lire toutes les conneries qu’il raconte sur Nigel Owens sur Twitter. Les joueurs : Ma’a Nonu On a beau préférer l’élégant Conrad Smith, qui a l’air d’être le fruit d’un paradoxe temporel tellement il ressemble à un trois quart centre des années 80 (coupe de cheveux comprise) l’homme fort de l’attaque All Blacks durant ce premier tour aura bien été Laure Ma’anonu. Il pète dans les défenses, prend des intervalles, joue toujours dans le bon timing et plaque à tour de bras. Et sur le banc, y’a Sonny Bill pour venir finir le boulot… Danie Roussow Le Springbok le plus constant et le plus impressionnant depuis le début avec Brussow. Met la tête dans les rucks, plaque comme un bûcheron et court comme un troisième ligne. Qui ça ? Bakkies Botha ? Connais pas. Mamuka Gorgodze La Géorgie aurait pu gagner la guerre contre la Russie si seulement ils avaient songé à envoyer Gorgodzilla contre les chars russes. Sean O’Brien L’Irlande aurait pu endiguer la crise économique si seulement… euh, bon, en tout cas il aurait pu tabasser quelques banquiers, ça fait toujours plaisir. Mo Schwalger Le charismatique leader du Sivi Tau jouait sans doute sa dernière Coupe du Monde à 32 piges, et il a été à la hauteur de l’évènement. Un joueur qu’on ne connait pas forcément beaucoup mais qui compte sa quarantaine de sélections et qui a bourlingué un peu partout (Highlanders, Hurricanes, Scarlets, Sale…) et à qui il fallait rendre hommage. Vincent Clerc Marquer 5 essais, quand on joue ailier dans une équipe à peine capable d’enchaîner 3 passes, c’est quand même pas mal… Chris Ashton Marquer 6 essais, quand on joue avec Tindall et Tuilagi au centre, c’est pas mal aussi. Sam Warburton Il a un nom avec “war” dedans, il a un profil à la Jules César, ce mec était donc né pour être un leader. Excellent flanker et capitaine incontestable, le tout à 22 ans, on dit respect. D’ailleurs on l’imagine très bien prononçant ‘Alea jacta est” après avoir fanchi le cap du premier tout. Sachez d’ailleurs qu’en vrai, après franchi le rubicon, César a juste dit “Bon ben, on verra bien” mais faut avouer que la version retenue dans les livres à plus de gueule. Berrick Barnes Barnes n’a joué que deux matchs, contre des nations mineures (USA & Russie) qui plus est, mais cela a suffit à voir qu’il n’avait rien perdu de sa grande classe. Avec un Genia un peu effacé pour le moment, et un Quade Cooper en roue libre, sa vision du jeu et sa cervelle fera du bien aux Wallabies. Peut être leur joueur clef avec Pocock pour affronter les Boks. Clerc, attentif au moment où Emile N’Tamack expose le nouveau lancement de jeu qu’il a créé ce midi à la cafet’. Les (re)découvertes : Paul Williams (Samoa) Passé par les Auckland Blues et Sale, Williams s’est fait remarquer dans cette Coupe du Monde grâce à son talent (homme du match contre les Fidji, entre autre) mais aussi pour ses cartons, jaune contre contre la Namibie et rouge contre les Boks. Il va sûrement bien s’entendre avec Roncero, Papé, Dupuy & cie au Stade Français. Todd Clever (USA) Une gueule et une mâchoire digne de Captain America, une coupe de cheveux à mi-chemin entre Le Rebelle et Conan le Barbare, des tampons monumentaux et une activité de tous les instants (vous noterez la phrase typique de journaliste, tous des vendus à la Boucherie) ont fait de lui le meilleur joueur américain de cette Coupe du Monde. M’enfin bon, on le connaissait déjà un peu quand même… Kahui/Dagg (Nouvelle-Zélande) Ok Kahui n’est pas une découverte, mais il ne s’était jamais imposé chez les Blacks, malgré des sélections régulières depuis 2008. Finalement, c’est en tant qu’ailier qu’il s’impose. Dagg n’était pas non plus un inconnu pour les suiveurs du Super 15, et tout le monde se souvient de ses débuts fracassants en 2010. Fallait-il encore confirmer et définitivement piquer la place de Muliaina et ses 99 sélections : apparemment, c’est fait. François Hougaard (Afrique du Sud) Le joueur des Bulls de 23 ans est un polyvalent encore plus fort que Damien Traille : ailier ou demi de mêlée, il semble se débrouiller aussi bien dans les deux rôles. Pour l’instant impact player précieux (il marque l’essai décisif contre les gallois) il ne devrait pas tarder à bouger un Habana qui a les articulations qui grincent. Conor Murray (Irlande) L’invité surprise de la Coupe du Monde, qui avait coiffé au poteau O’Leary et Murray sur les matchs de préparation, est en passe de devenir le titulaire du XV du Trèfle. Le joueur du Munster, 22 ans et une bonne gueule à se battre dans les allées derrière les pubs, éjecte bien les ballons, prend les trous et est bien casse couille comme il faut. Il semble promis à un bel avenir. George North Pas vraiment une découverte, mais après ses débuts tonitruants en sélection (doublé contre les Boks à Cardiff) il restait encore à confirmer son potentiel, un truc pas forcément instinctif du coté des gallois chez qui on a vu beaucoup d’étoiles filantes passer. Au bout de 10 sélections, il en est à 8 essais. En plus, il n’est pas un simple finisseur et peut faire également marquer les autres, comme on l’a vu contre les Fidji. Mention également à Rhys Priestland et Scott Williams, des jeunes qu’ils ont de l’avenir. Kahn Fotuali’i/Tusu Pisi (Samoa) Les habitués du Super 15 connaissaient déjà Fotuali’i, demi de mêlée des Crusaders, et les toulonnais se rappellent avec émotion de Tusu Pisi, un joueur qu’il était bien, en tout cas mieux que Sébastien Fauqué. Ils ont formé une des meilleurs charnières de la Coupe du Monde. Malheureusement, face au Pays de Galles, le drame se produit : blessé, Pisi a dû donner sa place à Tasesa Lavea, qui en 2011, arrive encore à faire croire à quelques naïfs qu’il est bien un joueur de rugby. A la Boucherie, nous ne sommes pas dupes. Malgré les tentatives d’interdiction de Christine Boutin, le festival Hellfest a encore été un succès cette année. La suite par ici.