Daniele Rairault nous présente l’effectif du RCTpar La Boucherie 05 August 2011 11 Vous le savez, depuis maintenant quelques semaines (en fait depuis toujours, mais personne était au courant apparemment…) la Boucherie ouvre ses portes à des contributeurs de tous horizons. Chaque jour, nous lisons donc tout un tas de cochonneries immondes qui auraient pu être griffonnées par le mioche illégitime qu’Ovale Masqué a eu avec une des filles de Guy Novès. Mais parfois, nous recevons des proses de qualité et c’est le cas de celle de Daniele Rairault, qui est supporter du RC Toulon et visiblement sain d’esprit. On le souligne car c’est pas toujours évident… Voici son texte. Amusez-vous bien. Chers Bouchers, Depuis ma plus tendre enfance, j’ai rêvé de faire un jour partie de votre belle profession. Pourtant, le service militaire m’a refusé ses honneurs – j’ai les pieds plats, comme Matt Henjack – et les centres de formation ont tous refusé ma candidature, des îles Fidji à l’Afrique du Sud, en passant par les Samoa. Tout ça parce que je suis trop petit pour maitriser l’art subtil de la cravate… Après tant d’injustice, c’est le coeur palpitant d’espoir que je me présente à vous. En plus des tares énumérées plus haut, je suis supporter du « ercété », comme ils écrivent sur rugbyrama parce que ça fait plus péquenot. J’ai besoin d’une bonne excuse pour regarder les matchs et la contribution à un site spécialisé correspondrait à merveille à ce que je recherche actuellement. En plus, j’ai mal au dos et mon rebouteux m’a conseillé de me défouler comme je peux. Alors que d’habitude, je suis le premier à crier « pilou pilou », faisant fi de toute notion de ridicule, je ne pourrais cette année assister aux matchs au stade Mayol, ce rectangle de pelouse que l’on a malencontreusement accolé au centre commercial du même nom. En effet, je pars vivre à l’étranger. Je tenterais malgré tout de voir le plus souvent possible les exploits des Messina, Suta, Henjack et consorts. Partant dans un pays peu au fait de la culture rugbystique, je vais tout de même essayer de me trouver une équipe de rugby pour jouer moi-même ce qui promet également des grands moments de folklore que je me ferais un plaisir de narrer. Je peux d’ailleurs vous faire part de quelques élucubrations névrosées, du fait de l’état de manque de matchs de rugby dans lequel je me trouve, concernant le recrutement du RCT – on arrête les conneries avec cette atrocité de graphie phonétique. Etre supporter pendant l’intersaison, c’est se rendre compte qu’une plage azuréenne ensoleillée n’a pas le même charme que le stade d’une bourgade perdue du sud-ouest une soirée humide de novembre. Bref, du coup, je réfléchis, je prends du recul. Et j’obtiens une analyse d’une pertinence inégalée. La voici. J’ai beau être une plume acerbe, je vais y aller doucement et parler du recrutement poste par poste. En plus, vous arriverez à suivre, tout le monde est content. – Les piliers gauche : Deux recrues pour remplacer un Néo-zélandais dont personne à Toulon n’est capable d’épeler le nom bien qu’il soit resté cinq ans au club (Saimone Taumoepeau). En même temps, peu d’entre nous savent épeler leur propre nom. La première (recrue), Romain Frou, (l’ordre est arbitraire) nous vient de La Rochelle et a donc joué le haut du tableau européen la saison dernière. Enfin non, mais parce qu’il a été blessé toute la saison. Le second, Efion Lewis-Roberts, est un pilier gallois en provenance de Sale et qui est connu par Youtube pour avoir enfoncé la mêlée canadienne lors de sa première cap. Il a également un prénom qui prête à énormément de jeux de mot sur la Rade, je ne m’abaisserais pas à les répéter. Bref, on est suréquipé. – Les talonneurs : Pas de changement notable, il parait que Genevois arrêtera de se prendre pour un footballeur italien (j’arrive à mettre deux insultes dans un seul groupe nominal) quand Szarzewski lui fera de l’oeil. – Les piliers droit : Le recrutement phare est bien sûr celui de Carl Hayman, meilleur droitier du monde. Certaines mauvaises langues affirment qu’il était au déjà au club l’an dernier et qu’il s’est fait tordre par les gauchers d’Agen, de La Rochelle, de Bourgoin. Nous ne saurions prêter foi à de telles balivernes, délires anisés d’aigris anti-Boudjellal. – Les deuxièmes lignes : Le recrutement de Bakkies Botha répond au souhait du président de « ne plus se faire marcher sur la gueule par ces cons d’irlandais ». Il est pourtant dur de croire que l’homme qui a reproché à ses joueurs d’être « cons » après la défaite à Montpellier ait fait signer BB. On dirait que Suta ne prend plus assez de cartons. Le club a également recruté un deuxième ligne îlien (je ne sais pas d’où il vient en fait) qui jouait à Aix-en-Provence l’an dernier. Du coup, je ne peux rien vous dire à son sujet à part que je l’ai croisé dans les rues d’Aix et qu’il est vraiment super grand. – Les troisièmes ligne aile, flanqueur ou avant-aile (comme dit le commentateurs du Tri-Nations sur Canal et lui seul) : Steffon Armitage, dit le « Georges Smith du pauvre de chez pauvre », est sans doute LA recrue phare à ce poste, dans la mesure où c’est la seule. Il a impressionné PSA avec les London Irish en H-cup et en plus, qualité très recherchée à Toulon, il est JIFF. Il parait qu’il est niçois, sachant que le dernier qui a joué au RCT (de mémoire, vraiment vite fait) était Jeff Tordo, ça ne peut pas être si mal que ça finalement. – Les numéro 8 : Jone Tawake , Encore un îlien de proD2, de Narbonne cette fois. Mais celui-ci est vachement plus bonnard (expression idiomatique toulonnaise, désolé). Alors qu’il était pressentit pour jouer la coupe du monde 2007 avec l’Australie, il n’a pas hésité à soigner une blessure au doigt en se coupant ladite extrémité. Résultat : un doigt en moins, pas de sélection en équipe d’Australie, et surtout une histoire qui le fait vraiment passer pour un con quand il doit la raconter. Encore un sacré fatigué, ou comme on peut entendre dans les travées de Mayol : « Enculé, ça c’est un joueur de ruby, con. » – Les demis-de-mêlées : Pierre Mignoni, ce génie, est intronisé entraineur des trois-quarts et remplacé par Sébastien Tillous-Bordes, dit le « Kelleher de celui qui a confié ces économies à Madoff ». Mais plus que les recrues, c’est concernant les joueurs déjà présents la saison dernière que le plus invraisemblable s’est produit : Matt Henjack est toujours là. Si, si, allez voir le site du club si vous ne me croyez pas. Parce qu’à Toulon, on a un coeur, on a préféré garder un mec sympa plutôt qu’acheter un demi-de-mêlée ou faire jouer un jeune. Non, je déconne, c’est le super pote de Giteau, c’est juste pour ça qu’il est toujours là. Au fait, j’ai remarqué que quand j’écris « Henjack », mon correcteur orthographique me propose « Harnack ». Ironique, non ? – Les ouvreurs : Dédé Pretorius arrive en tant que joker Coupe du Monde. Vu l’âge qu’il a l’air d’avoir, on espère tous qu’il ne nous quittera pas avant la fin de cette compétition, pécaïre. Je ne l’ai jamais vu jouer mais il est sud-africain, ce qui veut dire qu’il ne s’échappera pas au placage. Qui a dit : « Ce n’est pas forcément la qualité la plus importante d’un ouvreur ? » ? Julien Dumora a lui signé pour plus longtemps. Encore une star de Youtube, ce Juju. La vidéo dans laquelle il apparait le montre au centre de l’attaque de la section paloise. Il perfore le rideau défensif adverse après une combinaison impliquant au moins une feinte de passe. Du grand art. Bref, les Anglais peuvent garder Wilkinson (si Martin Johnson me lit, c’est du second degré, je blague). – Les trois-quarts centre : Certainement le plus gros chantier de la saison. PSA a enfin décidé d’arrêter le casting pour son prochain duo comique. Fini donc les paires Auela/Kefu, Messina/Contepomi. Non, maintenant on ne déconne plus. On a de la masse au centre du terrain. Willie Mason vient du XIII, d’un club anglais où, d’après mon enquête, personne n’a jamais entendu parler de lui. Mais il a aussi joué en Australie où il était réputé pour ses talents de boxeur. Le président rêve d’ailleurs d’organiser un combat de boxe contre Sonny Bill Williams (véridique). A son actif à XV, une belle action qui amena l’essai de Bastareaud avec les Barbarians, ni plus, ni moins. Matt Giteau est lui venu remplacer Felipe Contepomi, poste pour poste. Il tiendra donc le rôle du mec sur le banc qui casse l’ambiance et foire ses matchs quand il doit prendre la place de Wilko à l’ouverture. Il est aussi venu passer du temps avec son grand copain Matt Henjack dont j’ai fait l’éloge plus haut. Enfin, Mathieu Bastareaud est le recrutement qui a le plus fait couler d’encre, comme on dit dans le jargon. Du coup, ce serait un peu trop long à résumer ici. La seule chose que les toulonnais espèrent, c’est qu’il ne croise pas Pierre-André Gignac, de chez les voisins manchots. Ce dernier connait déjà tous les fast foods de la région et ça, Bastareaud ne peut pas se le permettre. – Les trois-quarts aile : Une seule recrue revendiquée : David Smith, en provenance de la Western Force. Il est censé faire oublier Rudy Wulf, un des seuls joueurs dont on n’a pas eu honte la saison dernière. Il a l’air plutôt doué. Un de ses essais a même eu l’honneur de passer sur rugbydump, c’est dire… A noter, une petite blague sur le site du RCT : Rory Lamont est positionné à l’aile dans l’effectif. Comme quoi, on a gardé notre sens de l’humour. – Les arrières : Le retour de Luke Rooney marque la reconnaissance par le staff de ses propres erreurs. Enfin, quand je parle d’erreur… Personne ne se rappelle vraiment de ce garçon, sosie des Rapetouts (ceux du dessin animé pas ceux de Bègles). Il parait qu’il rattrapait bien les chandelles. Il parait. La vraie recrue est Alexis Palisson. Déjà traité de toutes les insultes homophobes imaginables à l’heure de sa signature, il a commis le sacrilège de poser dans « Tétu ». Autant dire qu’il va falloir qu’il sorte la saison de sa vie, s’il veut pouvoir vivre sereinement à Toulon. La tolérance n’est le point fort des toulonnais que quand l’autre est comme nous. On peut donc dire que, comme l’an dernier on manquait de cohésion, on a changé la moitié de l’effectif. Petite nouveauté, cette année des internationaux français ont accepté de venir. Et des internationaux qui n’ont pas été formés à Toulon ! Enfin, il n’y a que Palisson qui soit toujours sélectionné, Bastareaud et Tillous-Bordes resteront chez nous pendant la coupe du monde. En même temps, être sélectionné n’est pas forcément gage de qualité. La preuve en est la présence de David Marty au pays du long nuage blanc. En tout cas, une chose est sûre, c’est que Toulon sera champion du monde cette année… Daniele Rairault