Retour sur Angleterre – Barbarians
par La Boucherie

  • 04 June 2011
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Encore un nouveau venu à la Boucherie. Il s’appelle Bébert et il est étudiant en Khâgne, ce qui fait très classe sur un CV mais n’aide pas beaucoup à choper les filles. Enfin ça, c’est Ovale Masqué qui le dit parce qu’il est jaloux. En attendant d’étaler son savoir dans une étude philosophique du rugby (à venir lundi) Bébert réalise son baptême du sang et revient pour nous sur le match du week end dernier entre l’Angleterre et les Barbarians…

En pleines phases finales de Top14, meilleur championnat du monde selon Dan Carter et compagnie (c’est vrai qu’au-delà d’un million par mois, le niveau importe peu, Muliaina a d’ailleurs eu l’honnêteté de dire que son séjour au Japon serait bénéfique pour sa famille, comprenons ce que nous voulons), ou deuxième division du monde pour les autres, un match pour le moins intéressant s’offrait à nous avec la confrontation Angleterre/Barbarians, avec un air de top14 qui n’était pas pour me déplaire. Il est vrai que tous les matchs des sujets de la reine voient en moi l’espoir d’une branlée pour ces rosbifs, que tout bon français ne peut supporter, hormis quelques joueurs qui n’ont pour seuls défaut d’être anglais, comme ce bon vieux Jonny Wilkinson, sauveur officiel du RCT depuis deux ans.

Au-delà de cet enjeux pour le moins subjectif, il y avait une confrontation très intéressante, entre joueurs sans cape internationale envoyés au casse pipe par Martin Johnson, et bannis des sélections européennes.

Il faut tout d’abord souligner la victoire de la LNR qui a brillamment revu à la hausse les droits TV, grâce auxquels nous devons maintenant regarder tous les matchs dans les bars (ce qui n’est pas pour déplaire une grande majorité d’entre nous). Hormis ceux qui ont canal et qui peuvent allègrement profiter de ces avantages non négligeables, les cas désespérés comme moi sont voués au piratage internet : allez convaincre le patron d’un bar de passer de Nadal flanquant (encore une fois) une branlée à Soderling, au match sans enjeu des britanniques contre les barbarians. Soit-dit en passant, Nadal devrait faire du rugby, il semble en effet qu’il ait beaucoup de hargne qu’un court de tennis ne puisse évacuer totalement. Au vu du rythme de ses « vamos », je proposerais une opposition Nadal-Gorgodze, ou Nadal-Cudmore, histoire de le calmer un peu ou d’évaluer son potentiel (j’opterais plutôt pour la première proposition). Bref, revenons à mes tentatives futiles pour trouver une chaîne pour ceux qui ne disposent pas de ce service crypté merveilleux (décidément à quand le rugby sport international ?!). Une fois ma défaite acceptée, je me résigne à regarder le lien d’une chaîne croato-yougoslave qui retransmet ce match en tamoul, ce qui a l’avantage de changer des commentaires de Lartot, et des baffes d’Ibanez.

Me voilà devant mon ordinateur, patientant avant le match (le tamoul c’est dur à comprendre quand même).

Petite précision que je me ferais le plaisir de développer ensuite : un tiers des anglais n’ont aucune sélection nationale, et les autres sont tous des bannis : ca ressemble un peu à la politique que Lapinou à mis en place depuis quatre belles années en équipe de France.

Amateur quelque peu désabusé parfois mais néanmoins toujours partant pour un bon vrai match de rugby, c’est avec curiosité et frénésie que j’attends le début de cette rencontre.

Ca y est ! Les joueurs entrent sur le terrain. Ils sont encore une fois accompagnés d’enfants, et pour Michalak, il semble difficile de dire qui de lui ou de l’enfant va rentrer sur le terrain. Il faut avouer que certains semblent ne pas avoir la carrure suffisante pour affronter ces rosbifs.

(Je passe sur la prononciation du nom des joueurs, je vous laisse rigoler en imaginant un tamoul essayant de dire Tillous-Bordes. Quoi que pour Geldenhuys, même un français s’y perdrait).

Je vous fais grâce des nombreux bugs de connexions qui m’ont coupé l’image systématiquement au beau milieu d’une action potable, ce qui ressemble étrangement à un boycott anglais.

Dès la deuxième minute, les anglais font ce qu’ils savent faire de mieux : pilonner dans l’axe, écarter, marquer. Heureusement que deux trois barbarians les ont laissé passer, mais jusque là rien de nouveau.

Quelques minutes plus tard, LA grande action de Sackey sur toute l’année : raffut – cadrage débordement, passe (si si je vous assure, il a eu du mal mais Bastareaud lui arraché la gonfle, il n’a pas pu la rendre à ses compatriotes du coup. Bien essayé quand même ! ), s’ensuit l’action standard de notre professionnel de la table de nuit, ce qu’il sait faire le mieux (aidé quand même de Parisse) : foncer dans le tas. Ensuite, point de fixation, ouverture, puis chose improbable : Michalak fait une magnifique passe après contact et Baby montre qu’il sait faire des choses sur un terrain de rugby. Moi qui croyais qu’il était cireur de banc, voilà qu’il se met à courir ! Il a même réussi à aplatir le ballon, et dans l’en-but en plus !

Dix minutes plus tard, les anglais, comme à leur habitude attendent la faute, profitent d’un placage manqué de Michalak pour passer le premier rideau défensif, et leur bonne étoile aidant, un anglais inconnu portant le numéro 11 aplatit la balle dans l’en-but. Même notre Berdos national n’a pas pu demander la vidéo tellement c’était facile. A ce moment-là le score est de 17 à 7, et Martin Johnson se tape une barre en douce pensant profiter d’un match pépère dont il pourrait tirer des conclusions positives, comme le tournoi des 6 nations cette année (positif ? On lui ou pas qu’on l’a laissé gagner pour qu’il croie avoir des chances à la coupe du monde ?).

Histoire de lui donner raison, Michalak à encore une fois donné la balle aux adversaires avec un coup de pied diabolique dont lui seul a le secret, ce qui permet aux Rosbifs de mener 24-7, et à la 25ème minute, on se dit que le match est plié. Seule la curiosité de voir entrer Mason me maintient devant le match (et une pinte de bière aussi il faut l’avouer).

Depuis-quand avez-vous vu Michalak bien jouer ? 2003 ? 2004 ? Moi je vous dirais depuis la trente-septième minute du match Barbarians-Angleterre du 29 Mai 2011. Je vous conseille de bien noter la date, elle est à graver dans l’historique de l’IRB, et pourrait même devenir une sacré colle à Question Pour Un Champion. Effectivement, Michalak à cet instant précis fait une interception digne d’un Yohan Huget ( Lapinou compte sur lui pour gagner le mondial, s’il en fait une par match ca peut quand même servir), mais en plus derrière il court, et vite s’il vous plaît, et il met un raffut digne de SBW ou Nalaga (au choix, comme vous voulez) qui le propulse derrière la ligne d’essai où il peut aplatir. Idéal, rien à redire !

A la pause les rosbifs mènent 24-14, mais ils ne vont plus faire grand-chose après. On pourrait même croire que le discours du Lord Johnson à été : « ok nikel les gars, maintenant donnez-leur la balle et faites les gagner on va pas trop se fouler quand même, ni laisser croire aux analystes qu’ils vont pouvoir décrypter notre jeu, faisons-leur croire que nous sommes mauvais ».

Moi je crois surtout que les Barbarians se sont dit : « bon ok les gars maintenant on arrête de leur faire croire qu’ils sont bon et on leur met leur piquette ».

Après une entame plutôt louable des sujets de sa majesté, le match tourne ainsi en faveur des Barbarians.

L’incroyable Smith marque en coin à la 56ème minute après un boulot de Sackey qui laisse penser que Boudjellal lui a fait une offre pour finalement rester au RCT. Un Van Niekerk des grands jours poursuit ce travail 100% toulonnais, ce qui fait quand même plaisir à voir d’ailleurs, et il alourdit le score : 31-27 pour les barbarians à la 60ème.

A la 63ème Bastareaud nous gratifie d’un habituel et néanmoins magnifique placage à retardement d’un délicat coup d’épaule-arrêt-buffet-retour en arrière qui fait plaisir, surtout sur un anglais d’ailleurs.

A la 71ème, les barbarians font un petit cadeau aux anglais pour les laisser croire qu’ils vont gagner (et surtout pour que Johnson puisse dire que le match était serré), et laissent un anglais aplatir. (Vous aurez noté que je ne nomme les rosbifs que par leur nationalité et non pas par leur nom, ce serait leur faire trop d’honneur, ils sont anglais quand même. D’accord ils nous ont aidé pendant la guerre, mais quand même cela ne justifie pas tout ! Pour l’exemple j’ai souvenir d’une jolie citation de ce grand Surcouf en dîner de prestige avec des amiraux anglais au 19ème siècle, dans lequel un amiral anglais (on s’en fout de son nom il est anglais) dit au capitaine français : « vous les français, vous battez pour l’argent, alors que nous les anglais nous battons pour l’honneur », et Surcouf de lui répondre : « chacun se bat pour ce qu’il n’a pas ! ». Je crois que la messe est dite ! )

Revenons au match : les Barbarians renvoient les rosbifs à l’école, avec un Tekori des grands jours qui décide d’arrêter là le débat, et un superbe relai de Joe Van Niekerk permet à un inconnu Hollandais prénommé Tim Visser d’aplatir dans l’en-but. (soit-dit en passant il mérite au moins d’essayer de courir avec Vincent Clerc, au moins pour lui permettre d’apercevoir le retard qu’il a et pour lui faire comprendre pourquoi il n’y a pas d’équipe nationale aux Pays-Bas.

Du coup Johnson rigole plus du tout et c’est sur le score de 38-32 qu’il se barre du stade. Il parait que sa maman lui a donné une fessée d’ailleurs. Sa doit faire mal une fessée de madame Johnson…

A noter la performance de Mason qui aura en quelque minute réussi à provoquer une crise cardiaque chez son nouveau président. Bon d’accord c’était son premier match à 15, mais on se demandait sérieusement ce qu’il foutait sur le terrain. Lui aussi d’ailleurs.

En tout cas la morale de cette histoire, c’est que Johnson teste des joueurs une fois avant la coupe du monde, alors que Lapinou à testé 80 joueurs sur 4 ans, ce qui laisse songeur… Laporte comme Martin Johnson avait fait ca : sa seul vraie branlée juste avant la coupe du monde avait permis d’essayer quelques joueurs. Quoi qu’on s’en serait bien passé, vu ce que Chabal donne depuis, et aussi quelques farces avaient été à l’ordre du jour, comme Durand à la mélée. L’avantage de Lapinou, c’est qu’il nous fait tous les jours la surprise du chef ! Du coup on se prend une branlée tous les trois matchs. Le pragmatique conviendra de l’opinion à conserver ! Mais bien sûr : nous sommes français avant tout et par-dessus tout.

Bébert.