Albala-Dijo prépare sa finale…par La Boucherie 04 June 2011 2 Demain, c’est jour de finale. Bordel. On y a le droit une seule fois par an, alors j’aime autant vous dire qu’on n’a pas intérêt à la louper. La finale, elle commence samedi matin. Voir un peu pendant la nuit chez les jeunes, qui répètent inlassablement les phases de picks-and-go et de percussion au ras (n’y voyez aucune allusion de ma part). D’un autre côté, il y aura toujours un ou deux petits lascars pour faire une Poitrenaud dans le lit, pardon dans l’en-but, c’est-à-dire lâcher le ballon un peu trop tôt, avant d’avoir aplatit. Mais, passons. Là n’est pas la question. Mon cœur bat la chamade rien que d’y penser. Toulouse, champion. Un 18ème Brennus, qu’est ce que ce serait beau. Pour fêter l’événement, j’ai décidé de sortir le grand jeu pour cette finale. Fini le temps où il fallait regarder les matchs assis sur le canapé avec pantoufles-clafoutis-bière (quand ce n’est pas tisane). Demain soir, je sors. Très loin. Je vais regarder le match dans un bar. Ou ça ? A Toulouse, évidemment. Un jeune ami du nom de Poteau Feu m’a conseillé un repère bien fréquenté. Je lui ai ri au nez. Avec toute l’équipe on va dans une arrière salle chez un vieil ami. Enfin je dis ami, il y a 40 piges on lui marchait sur la gueule. Avec les crampons aiguisés, forcément. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts… Bref, il faut se préparer hein. Après un bon repas, j’ai décidé d’aller m’acheter un petit truc pour m’habiller. Ma femme a voulu venir. Un désastre. Quatre boutiques en une après-midi, j’suis devenu fou. Du coup bin, je vais ressortir mon pantalon en velours et un beau polo qu’un maori de passage dans le village m’avait offert. Le type venait droit des Pacifiques. Tatouages de partout, muscles saillants, trapèzes qui descendaient directement des oreilles. On avait fait un match amical. Il jouait au centre, il a marqué cinq essais. Il a joué dix minutes, c’est pour vous dire. Je m’égare, je m’égare. Préparer une finale c’est jamais facile. Le stress monte comme le soleil aux aurores. J’ai joué une seule finale, j’avais 19 ans. On jouait la finale de la Coupe d’Automne. Un trophée pour seconds couteaux. Ca tournait pas rond chez Jacky, notre pilier droit. Il était blanc comme tout. Impossible de savoir ce qu’il avait… Il parlait plus. Pas un mot. Il nous a expliqué après la victoire. Dans sa famille et depuis trois générations, personne n’avait jamais perdu une finale. Son père le menaçait de le déshériter. Il en a pas dormi pendant trois nuits c’t’enflé. Vous comprenez son vieux avait trois baraques dans le Périgord noir et pas mal de terrain. Mais bon, ça s’est bien fini, alors tout le monde était content. On a fait une grosse bringue là-bas. Trois moutons ont été tués et un kangourou. Personne ne sait d’où il est sorti celui-ci, il parait que c’est un mythe. En tout cas, moi j’y crois. Tout ça pour dire quoi ? Que demain, il ne va pas falloir me faire chier. Je dis ça pour ma femme, mes gosses et les badeaux que j’vais croiser avant le match. Car je pars au quart de tour moi. Un jour de finale, c’est sacré. Allez Toulouse. A nos femmes, à Guy Novès, à nos chevaux et à ceux qui les montent.