Top 14, la finale avant l’heurepar Ovale Masque 02 June 2011 4 La Boucherie Ovalie est fière de vous présenter un petit nouveau. Son nom, c’est Capitaine. Tout simplement. C’est sûr que vous se présenter en societé, ça claque. De lui on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il est un adepte de la mauvaise foi et qu’il ne supporte aucun club en particulier. Ce qui ne l’empêche pas de ne pas en aimer certains, comme le BO, ou encore Biarritz (dixit lui-même). Capitaine ne possède pas encore le scooter à remonter dans le temps d’Ovale Masqué, mais il a quelque chose de tout aussi puissant : le pouvoir de l’imagination. Enfin en l’occurrence, pas tant que ça puisque selon lui, la finale du Top 14 est déjà pliée. Il a déjà le film dans sa tête et comme il est sympa, il le fait partager à tout le monde, comme ça vous pourrez vous faire un ciné samedi soir… Nous y voilà enfin, après un Top 14 d’anthologie avec des équipes inattendues de la seconde à la 13ème place, une finale Toulouse – Montpellier voit le jour pour la première fois de l’Histoire. Alors que Toulouse a fait le boulot en prenant la première place à la fin de la phase régulière puis a éclaté les 22 vendeurs de chez Lidl en demi-finale, les montpellierains, eux, en ont chié. Un huitième face à un Toulon des mauvais jours : facile ; un quart contre le CO, l’arbitrage et la LNR en même temps, à Castres : mission impossible, mais pas pour François Thrin-Cruise : MHR 18 – 17 CO. Enfin, une demie face au Racing, l’ogre parisien, un pack surhumain, des internationaux à chaque poste, second de la phase régulière… Soyons clair, le MHR n’a rien fait, Wisniewski n’aime pas les gros matchs et le prouve, il fait même exprès d’expédier le drop de la gagne direct dans la friterie de Jeannot au lieu de viser entre les perches (se trouvant à 30m en face de lui). Bref, tout ça nous refile une finale en carton avec l’habitué Toulousain face à la révélation montpellieraine. Les « bleus », dans tous les sens du terme, vont en prendre 40… En pleine après-midi, la capitale est aux couleurs habituelles : le noir et rouge. Une teinte de bleu vient s’incruster dans la foule de Toulousains qui sont là comme si c’était chez eux. En fait c’est un peu chez eux, c’est l’équipe de rugby qui joue le plus au Stade de France de la saison finalement. On aperçoit un stand bleu-ciel et blanc où on peut acheter des milliers de place pas cher. Lorenzetti à la caisse, qui pleure encore. Peu à peu le Stade de France se remplit : côté supporter les chants toulousains commencent à se répandre, tandis que côté tribune officielle on aperçoit des maillots du Racing et de l’ASM prendre place. Les commentateurs s’installent et tout le monde pousse un soulagement quand Ibanez et Pelous prennent le micro. Ha non, c’est pas Pelous, c’est juste Lartot qui a pris des baffes… Les commentateurs lisent rapidement leurs fiches à la con avec leurs chiffres à la con dont on a rien à faire : « Et oui Raphael, Yannick Jauzion va jouer son 3256ème match de rugby ! C’est extra-ordinaire ! Pas vrai Raphael ? » « Oui. » « Je t’ai dit de fermer ta gueule pourtant non ? » Lartot ne peut s’empècher de continuer et aperçoit à l’écran Byron Kellher entrain de discuter avec Jacki Lorenzetti et Mourad Boudjellal. Rien de plus banale dans le monde de la criminalité rugbystique me direz vous. Alors que la composition des joueurs défilent, on note finalement l’absence de David Skrela, remplacé par le jeune Nicolas Bézy, 14 ans et demi. On notera aussi la titularisation au centre de papy Yannick et Florian Fritz, un duo d’expérience à Toulouse. Et puis il fallait bien que quelqu’un plaque les mecs que Yannick allait louper. A souligner, côté montpellierain, que c’est toujours la même équipe de Reichel. Il y a juste Ouedraogo qui est équipé d’une moufle. La caméra s’attarde sur Guy Novés, déjà accroupie sur le bord du terrain, puis Fabien Galthié en tribune. Le choc entre les deux grands Monsieur du rugby va être énorme ! Enfin non, on sait que Guy va ridiculiser Fabien : le premier vous exécute juste en vous regardant et l’autre pleur à chaque fin de match alors… Bref, alors que l’odeur de la saucisse/frite se fait plus forte, les joueurs arrivent sur le terrain, la mise en scène est pourrie et on voit rien des tribunes, mais on crie tous ensemble, on ne sait pas pourquoi. Ça y est, le coup d’envoi est donné, le match peut enfin commencer. Je ne vais pas vous faire un détail du match, inutile, on sait tous comment ça se passe, le MHR ne sait jouer qu’un style de jeu et Toulouse fait comme d’habitude. Mais bon, on va pas se passer de commenter les belles action du match, comme le retour intérieur de Bézy sur Thrin-Cruise pour se ramasser l’épaule de Gorgodze en plein sternum et manger 10m de pelouse dans la nuque. Ca c’était beau ! Merci Nico ! A la 12ème minute, Doussain, lancé comme… comme… bah non, pas lancé, départ au ras, évite la première ligne bleue, pose une charge sur Tomas, qui se fait enterrer, et le p’tit Doussain, 1m75 – 95kg, se jette à l’assaut de la ligne d’en-but mais est repris par Captain Courage à 5m ! Dommage ! C’est à la 25ème que Toulouse ouvre le score, Jauzion fait son classique : tout droit sur son vis-à-vis, lève les bras à 3m au dessus du sol et passe après contact pour… Fritzzz l’éclair. Lancé à deux milles, il n’essaye pas d’éviter le 15 adversaire, pour quoi faire, il préfère l’exploser et applatir après la percussion. Grandiose. Après quelques fautes de chaque côté : plaquage sans ballon pour Thrin-cruise, saut de l’ange dans le ruck pour Albacete, hors-jeu de l’intégralité de la ligne défensive de Montpellier… Les deux équipes se quittent à la pause sur le score de 16 à 9 pour Toulouse. Lartot ne peut s’empècher de prendre la parole : « Hé bien c’est un avantage aux Toulousains, mais la seconde mi-temps peut nous réserver des surprises ! Pas vrai Raphael ? » « Ben si par surprises t’entends des essais et des pénalités, ouai. » « Merci Raphael ! » Pendant les dix minutes d’abrutissement, France2 a pensé aux grands absents avec une pub pour Renault avec Gladianol, Parra et Marcochon. Suivie de celle avec les Racingmen, pour Dove ? Oui c’est ça. Au retour des vestiaires, les deux équipes sont comme neuves. Coup d’envoi long de Thrin-Cruise dans les bras de Vincent Clerc, il tente le cad’deb sur Nagusa qui arrive comme une flèche mais à 5m de l’ailier fidjien, le fils à Novès s’écroule. Après diagnostic des médecins : c’est les croisés ! Pauvre Vincent… encore une fin tragique. A dans 1 an. A sa place, ils font rentrer la boule, Caucaunibuca, la bave aux lèvres. Le jeu rebondit côté Montpellier et c’est Gorgodze qui trouve le trou entre Millo et Doussain, les deux mecs les plus denses du ST, allez comprendre… Après une course de 25m derrière la ligne de défense toulousaine, Gorgodze tente un petit coup de pied à suivre pour lui même mais envoie le ballon directement en tribune. Non décidément, un deuxième ligne reconverti en flanker ; ça va tout droit, ça joue pas au pied. On commençait à se faire un peu chier à regarder Bézy aligner les pénalités avec Moyano quand soudain : remplacement, Guy prend l’initiative tactiquement et fait rentrer Poitrenaud : papy Jauzi sort en déambulateur, puis Picamoles vient se placer en 8, Nyanga en 6 et Poux et Lecouls à la pile. Galthié fait pareil mais on les connaît pas les mecs, alors on s’en fout. Bref, le jeu commence à redevenir intéressant, du dynamisme et de la fraîcheur, on revoit un peu de combat. Un peu trop d’ailleurs, alors que Doussain tente une échappée au ras, il est plaqué, Millo et le grand géorgien du MHR vont au combat, l’un avec la tête, l’autre l’épaule. Les deux sortent, l’un sur carton jaune, l’autre sur K.O. On lui avait dit à Romain de faire attention… A partir de là c’est l’hécatombe au MHR, le n°9 se plaint du genou, Fulgence pleure en se tenant la main, les deux piliers restent sur les genoux après chaque contact… En même temps, c’est une équipe de Reichel. Alors forcement, les vieux briscards toulousains en profitent, Heymans fait son coup de génie de l’année, tant pis pour la Coupe du Monde, et dépose 7 adversaires avant d’aller marquer entre les perches. Cinq minutes plus tard, c’est au tour de Caucaunibuca de venir faire le show, en retour intérieur sur Fritz… Non le second centre n’a pas fait la passe, il a échappé la balle, nuance. Bref, Caucau lancé comme une twingo vient percuter le 15 de 80kg du MHR, se fait rattraper pour Ouedraogo et Moyano mais arrive à jeter la balle entre ses jambes pendant son salto avant pour Médard, qui n’a plus qu’à aller aplatir. Un essai à la Médard : les toulousains font le boulot et lui aplati, quel joueur ! Alors que les Noir et Rouges enfoncent les bleuets dans tous les domaines du jeu sur cette fin de partie, Thrin-Cruise a un éclair de génie : il raffute le minot Bézy et envoie une passe à Naguza arrivé à hauteur. Mais heureusement, le boucher toulousain des îles veille ! Et c’est avec grâce que Caucaunibuca attrape la glotte de l’ailier fidjien et le dépose à terre avec la douceur d’un CRS en temps de grève lycéenne. L’arbitre n’hésite pas à sortir un carton jaune. Mais là encore, les Toulousains s’en foutent. Même Elissalde se marre. C’est donc sur un score de 38 à 18 que Toulouse s’impose. Le stade est en feu, la Ville Rose aussi, tout le monde chantent et dansent. C’est super. Enfin non, les toulousains vont nous bassiner encore plus avec le rugby et continuer à dire que le ST est intouchable, au-dessus de tout le monde et blablabla. Un toulousain qui gagne un titre c’est comme un américain qui gagne une guerre… on a beau lui expliquer, il nous fait chier. Guy Novès reste accroupi et regarde au loin, Galthié pleure, comme d’habitude et les joueurs de Montpellier dansent avec les toulousains. Tout le monde est content finalement, les gagnants comme les perdants, il y a juste en tribune où l’on a l’impression d’avoir perdu la finale… côté tribune du Racing et de Clermont. C’est une belle fête du rugby encore une fois. Capitaine.