La chronique de Pierre Salvioque, #1par Pierre Salvioque 26 March 2011 % Salut, les p’tits loups. Je me présente, bien que ce soit parfaitement inutile si vous avez plus de cinquante ans : Pierre Salvioque, le grand journaliste rugbystique du service public qui a égayé des années durant les matchs du XV de France par des commentaires tous plus pourris les uns que les autres. J’ai été un précurseur, renvoyant ce pauvre Couderc dans l’oubli, en agrémentant mes prestations par des statistiques toutes plus insipides les unes que les autres et dont tout le monde se foutait. Mais il fallait bien que j’existe auprès d’un gentleman comme Albalabarjo. Il faut dire qu’à part La Rochelle et la famille Elissalde, je ne connaissais pas grand-chose de l’Ovalie. Puis, peu à peu, j’ai grandi, devenant un grand professionnel qui n’hésitait pas à donner des coups de pied dans la fourmilière. Mais je dérangeais, je gênais la Mafia du rugby. J’ai donc été débarqué de Rance 2 et, après moult vicissitudes, j’ai chroniqué dans un blog. Las, mes lecteurs, peu au fait des scandales du rugby français, que je dénonçais sans crainte régulièrement, ne cessaient de m’insulter et de me brocarder pour des fôtes d’orthographe imaginaires. Je me préparais donc bien malgré moi à passer la main, moi, observateur incompris et courageux du lamentable spectacle du rugby professionnel français, quand j’entendis parler d’un blog de jeunes passionnés qui recherchait des chroniqueurs. Quelle chance pour eux : j’allais pouvoir transmettre ma science de ce sport à des geeks acnéiques, qui boiraient mes paroles comme du petit lait. Je pris rendez-vous auprès du webmaster (il paraît que c’est comme ça qu’ils appellent le patron) mais fus déçu par son manque d’enthousiasme. Il faut dire que le gars était bizarre : masqué, vêtu d’une combinaison en latex, accompagné d’une greluche en Louboutin qui ne cessait de psalmodier le nom de McCaw, il m’a paru complètement à l’ouest et d’une orientation sexuelle douteuse. Je lui ai expliqué à quel point mon expertise profiterait à sa publication, dont il faut bien dire que je ne comprenais pas la ligne éditoriale. La discussion se fit acharnée mais je réussis finalement à le convaincre de l’importance de ma contribution pour son site confidentiel. Nous sommes tombés d’accord : 200 € la chronique. Mais je dois les payer en espèces. J’interviendrai donc à l’avenir en fonction de l’actualité rugbystique et de l’état de mes finances. Je pense que mon premier billet sera consacré au malheureux Barcella qui, pour cause de blessure, ne pourra malheureusement pas participer à la Coupe du Monde. Et voilà comment le rugby moderne, avec ses rythmes effrénés, a cassé le meilleur pilier gauche du monde. Il faut dire que j’ai eu un petit contentieux avec Fabien, oh, rien de grave. Dans une de mes chroniques consacrée au scandale du dopage dans le rugby moderne (mais ça, personne n’en parle à part moi), j’ai cité son nom, mais sans l’accuser puisque je n’avais pas de preuve formelle. C’était juste un exemple qui m’était venu à l’esprit. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un message écrit sur mon téléphone (je ne sais plus comment on appelle ça, d’ailleurs c’est ma femme qui me l’a lu) : « A partir de dorénavant, quoique tu fasses, où que tu ailles, tu ne seras plus en sécurité. Signé : le Vengeur du Rocher de la Vierge ». Le lendemain, un soir de demi-lune à La Rochelle, un voyou qui ressemblait à Barcella vint à ma rencontre et le regard qu’il me jeta me fit baisser les yeux de trouille (j’ai des lettres hein, ça leur fera du bien, à ces geeks). Je me suis tout de suite réfugié dans le bar le plus proche. C’est là que j’ai décidé que mon prochain billet serait consacré au plus grand pilier gauche du monde. Même si ça doit me coûter 200 €. A bientôt, les p’tits loups.