La chronique de Romain Moitepar Dr Didge 17 March 2011 4 Romain Moite est un arbitre intègre qui va régulièrement nous éclairer sur les actions litigieuses du week-end avec son œil de lynx. Le seul problème, c’est qu’il ne connaît pas très bien les règles du rugby. D’ailleurs son idole est Franck Maciello. Son rêve ? Mettre un carton jaune à McCaw pour fautes à répétition ? Non, son rêve c’est d’être un jour l’arbitre-vidéo d’un match du Racing à Colombes. Pas pour voir Chabal de près, mais plutôt pour n’avoir rien d’autre à foutre que de boire des bières avec les techniciens de Canal+. Une belle journée de championnat Ce samedi, je me suis régalé. J’ai été l’arbitre de touche du match Perpignan-Bayonne. Un match viril et pas correct, comme je les aime. Je dois dire que j’ai pas été déçu. Comme d’habitude, ça allait trop vite pour voir ce qu’il se passait, j’ai d’ailleurs signalé aucune faute de la partie. Et puis, il faut aussi dire que c’est quand même super compliqué avec ces nouvelles règles. Déjà que les anciennes… D’ailleurs avec les copains, on en rigole beaucoup. Le gros Marcel dit souvent qu’elles sont de plus en plus incompréhensible et que la plupart du temps, il prend ses décisions au pif. Il a raison Marcel, moi je fais pareil. Mais bon, je crois qu’on fait tous comme ça de toute façon. Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu de générale comme celle-là en TOP14. Je me prenais à rêver d’être à la place de David Marty, tel un condor survolant un ruck pour allumer Remy Martin à coup d’uppercut. En plus, je ne peux pas le sentir ce grand blond. Il ne se passe pas un week-end sans qu’il vienne mettre sur le cul un de mes collègues dans cette fameuse « zone arbitre ». Le jour où je le vois arriver sur moi, je crois que je lui mets un placage cathédrale des familles dont il se souviendra longtemps. Enfin bref, j’ai quand même profité de la dernière générale pour lui glisser discrètement quelques gifles en faisant comme si je le séparais des Catalans. Personne ne m’a vu sur le moment, j’ai pas mal d’expérience maintenant. Par contre, j’étais tellement excité que j’ai complètement oublié que Canal+ filmait le match. Mais, apparemment, on ne me voit pas sur la vidéo. Un peu plus tard, j’ai croisé Thomas Lièvremont dans le couloir des vestiaires. Il est marrant avec sa sucette. Je suis allé le voir avec une petite idée derrière la tête. Je lui ai dit que Christophe Manas racontait à ses joueurs que son ancien coéquipier avait pour habitude de se cacher pendant les matchs à castagne. Ca n’a pas loupé, Thomas s’est emballé et il est immédiatement allé le brancher. Il ne supporte pas qu’on lui parle de ça. J’ai bien rigolé. Après cette belle après-midi, je suis allé retrouver les copains au pub en début de soirée. J’ai immédiatement remarqué un vieux clodo qui remettait des feuilles griffonnées à un mec masqué en collant violet. Il m’a semblé l’avoir déjà vu quelque part ce clodo, mais je ne me souviens plus très bien où. Franck était là, il venait d’arriver de Biarritz. On était tous déçus du match du XV de France mais il nous a vite remonté le moral en nous racontant comment il avait validé un essai avec deux en-avants successifs cet après midi. On a tous été épatés. Je crois que c’est le meilleur d’entre nous. Deux en-avants, c’est pas mal quand même, il a mis la barre bien haute cette fois encore. Après, il nous a raconté sa discussion avec Berbizier. A l’écouter, le nerveux de Colombes aurait été encore plus furieux contre lui que contre Christophe Berdos l’année dernière. Ce qui est certain, c’est qu’il sait bien raconter les histoires, Franck. C’est à ce moment-là que j’ai payé ma tournée. Plus tard dans la soirée, on a commencé à le chambrer sur sa condition physique. Franck, il est vite dans le rouge. Mais, à sa décharge, il faut bien avouer qu’il y a du rythme sur les matchs du TOP14. Et encore, on peut s’estimer heureux de ne pas arbitrer le Super 15. A la télé, ça ne se voit peut être pas trop, mais sur le terrain je peux vous dire qu’on n’arrive pas tout le temps à suivre. C’est pas évident pour nous, surtout qu’on n’est pas trop des sportifs à la base. En tout cas, j’ai bien dormi ce soir là. Et peut être un peu trop bu aussi, comme à chaque fois que je revois les collègues. Je crois même avoir rêvé de mettre un carton rouge à Remy Martin. C’était une belle journée de championnat. Romain Moite