Munster – Stade Toulousain, ou un samedi à la Fistinière
par Ovale Masque

  • 09 April 2014
  • 16

 

Par Ovale Masqué,

(@OvaleMasque)

 

Cela fait maintenant bien trois ans que la passion s’est éteinte. 3 ans que tu ne fais plus d’efforts pour me séduire. Que tu déambules tous les week-end dans ton ample jogging réussissant à peine à cacher tes bourrelets. Toi qui autrefois t’amusais d’un rien, toi qui semblais pleine de vie et d’allant, tu es devenue apathique, froide et molle comme une guichetière de la CAF. Et moi aussi, je l’avoue, je me suis éloigné de toi.

Je ne faisais plus l’effort de venir te voir à Ernest Wallon – faut dire que payer 25 euros pour 5 minutes de plaisir et 75 d’ennui faisait de toi une pute bien plus chère que toutes les maliennes de la rue Bayard. Je m’étais fait à l’idée que la flamme ne reviendrait plus, qu’il allait falloir vivre avec. Quand j’étais en manque, je me contentais tant bien que mal de quelques plaisirs médiocres – un essai d’Yves Donguy au ras d’un regroupement contre Bayonne. Une passe sur un pas de Clément Poitrenaud inutile – évidemment, Hosea Gear fera immédiatement un en-avant derrière – mais qui avait au moins le mérite de me rappeler un peu cette époque pas si lointaine où tu étais encore belle et fraîche, cette époque où tu me faisais encore rêver.

Alors que j’avais presque définitivement tourné la page, je me suis récemment remis à croire en la possibilité d’une embellie. Depuis plusieurs semaines, j’ai noté comme un changement chez toi. Tu t’es remise au sport. Tu as perdu tes kilos superflus. Et enfin, tu as troqué le t-shirt ridicule (« Castres Olympique champion de France », vraiment ?) que tu utilisais comme pyjama contre une nuisette bien plus sexy. Tu m’as redonné envie de venir te rendre visite, le soir, en cachette, comme ce soir où tu as collé une branlée aux Gitans de Perpignan.

Ca faisait longtemps, mais ce soir là, oui j’ai pris du plaisir. Comme avant, ou presque. J’ai également regardé avec fébrilité ta sextape « One night in Paris » ou après t’être fait prendre par tous les trous pendant 40 minutes, tu as baisé ces parisiens avec un panache rare. Même à Toulon, tu t’es bien défoulée contre cette horde de mercenaires de la Rade. Du coup, j’ai cru que tu en étais capable. Capable de te taper ces salauds d’Irlandais.

Et au final, une fois de plus, tu m’as déçue. Putain d’allumeuse.

 

Le contexte :

Une nouvelle fois victime de sa suffisance légendaire face aux modestes irlandais du Connacht lors des phases de poule (se faire battre à domicile par Dan Parks, bravo), le Stade Toulousain se retrouve contraint d’aller expier son pêché d’orgueil à Thomond Park, soit l’équivalent d’un bon gros week-end à la Fistinière. Le match sera arbitré d’ailleurs par l’expérimenté Nigel Owens, qui est venu avec ses gants en caoutchouc pour l’occasion.

Considéré comme le meilleur arbitre du monde par la majorité des observateurs (ou en tout cas, comme l’arbitre le moins incohérent du monde) il faut savoir que Nigel Owens est par contre toujours perçu comme l’ennemi public N°1 dans la Ville Rose (Statut qu’il avait perdu au profit de Mohammed Merah durant une petite semaine en 2012, avant un retour à la normale).

En effet, tous les supporters des Rouge et Noir ont encore en mémoire cette terrible finale de H Cup 2008, que les Munstermen avaient remportée non pas parce qu’ils étaient plus forts que leurs adversaires, mais tout simplement parce qu’ils étaient plus intelligents. Un constat bien évidemment impossible à faire pour un Toulousain, qui décidera bien logiquement d’imputer cette défaite à l’arbitre.

Vous l’aurez compris, il y a donc une petite odeur de revanche dans l’air, même si la plupart des acteurs de l’époque sont désormais à la retraite (William Servat, Omar Hasan, Fabien Pelous, Jean-Baptiste Elissalde, Cédric Heymans, Byron Kelleher, Maxime Médard, etc).

En net regain de forme en Top 14, le Stade donne l’impression de monter en puissance au meilleur des moments. De leur côté, les Irlandais ne sont pas fringants en Celtic League, et ils ont profité d’une poule de niveau Amlin pour décrocher leur ¼. L’exploit semblait donc possible. Cruelle désillusion.

 

La compo

Toulouse Munster

 

Le match

4ème : Tolofua a à peine le temps de rater son premier lancer en touche que la machine irlandaise se met en marche. Les vagues rouges viennent s’écraser contre une défense toulousaine bien en place. A défaut d’avoir des joueurs puissants, les Irlandais font un truc tout con : ils jouent au rugby, mettent du rythme et déplacent la la défense toulousaine. Après 17 phases de jeu (!), ça finit par craquer.

Keatley balance la balle au large, Zebo passe dans le bon timing avant de se faire découper et Keith Earls n’a plus qu’à aplatir en coin. On se demande un peu où était Yoann Huget, qui aurait parfaitement pu caser une interception de gros bâtard pour venir ruiner cette action magnifique. Les Valeurs de la French Chatte © se perdent.

8ème : Sans même avoir touché un seul ballon, les Toulousains obtiennent une pénalité après un en-avant repris devant un Irlandais sous un renvoi. Le réalisme Haut-Garonnais : McAlister passe 3 points avec ses grosses cuisses de nageuse est-allemande de l’ex-URSS.

15ème : Premier ballon porté d’une longue série pour le Munster. Devant la puissance et l’organisation des Irlandais, les Toulousains décident très logiquement de défendre à 3 puis de faire une faute. Keatley enquille, 10-3.

18ème : Blessé, Peter O’Mahony doit sortir du terrain et céder sa place à CJ Stander, un joueur que personne ne connaissait sauf SudRugby je suppose. Pas de chance : le recruteur du Munster est apparemment plus compétent que Jean-Michel Rancoule et ce joueur se révèle être une machine de guerre. 

Stander

Love me Stander, aime moi vrai. 

 

20ème : Connor Murray est en mode Mike Phillips et décide de charger au ras sur tous ses ballons. Il passe la ligne mais se fait retourner par Picamoles et Gear. Guy Novès appelle son fils pour savoir s’il ne peut pas lui refiler une place au conseil municipal de Balma.

22ème : Mêlée. Yohan Montès. 13-3.

30ème : Pénalité pour Toulouse, convertie par Big Mac.

34ème : Big Mac strikes again. 13-9. Le Stade s’en sort avec 4 points de retard à la mi-temps en ayant eu 40% de possession. C’est comme aller visiter le Cap d’Agde en ayant oublié ses capotes et en repartir sans MST : un véritable exploit.

42ème : Enième ballon porté des Munstermen qui emportent les Toulousains jusqu’à Cork. Murray tente d’y aller tout seul et se fait coffrer à quelques mètres de la ligne. Mais Kilcoyne finit par franchir l’en-but. 20-9, encore une entame de mi-temps parfaitement réussie pour les Rouge et Noir.

45ème : Médard dégage en urgence et trouve une touche aussi courte que la virilité du parisien qui lui a piqué sa place en équipe de France. Derrière, les Irlandais pilonnent encore. Stander va marquer en force. 27-9 et l’arbitre n’est même pas malhonnête : c’est forcément la faute des doublons !

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 Rassurez-vous supporters toulousains, selon nos informations, un riche investisseur qatari pourrait racheter le club sous peu. 

 

50ème : Yohan Montès prend un jaune. Jusque là rien d’anormal. Mais l’exploit, c’est que Kilcoyne en prend un également : Yoyo a donc réussi son match, il est parvenu à faire croire à l’arbitre que son vis-à-vis était aussi mauvais que lui en mêlée.

54ème : Galan, ce N°8 doté de mains (ça fait bizarre), réussit à passer au contact à Baille qui profite d’une légère obstruction d’Albacete sur O’Connell pour prendre le trou. Le jeune pilar sert parfaitement Gear, qui pour la première fois depuis un match contre Biarritz en septembre, hérite d’un ballon sans être complètement à l’arrêt. Et quand ça arrive, il est généralement difficile à arrêter : cad’deb sur Felix Jones et essai pour Toulouse qui reprend espoir, 27-16.

60ème : Florian Fritz se fait démonter la gueule mais le réalisateur irlandais n’a pas les images, trop occupé qu’il était à mettre la vidéo du match en ligne sur Youporn. Dans le doute, Nigel Owens aurait pu décider d’infliger un rouge à Fritz pour auto-mutilation volontaire. Il ne le fait pas, ce qui prouve qu’il est décidément très intègre.

62ème : Baille est déjà un très bon trois quart centre mais pas encore un très bon pilier. La mêlée toulousaine souffre et se fait pénaliser. Keatley rajoute 3 points, 30-16.

64ème : Déjà bordelais dans l’âme, Lionel Beauxis estime qu’une équipe qui joue aussi mal que Toulouse ne mérite pas de remporter ce match. Il nous délivre donc une de ses spécialités en tapant un coup de pied à suivre asthmatique pour personne sur un renvoi aux 22. Oui, c’est tellement con que seul lui pouvait y penser. Les Munster Munch récupèrent le ballon et se déplacent vers le large où il n’y a plus personne, et le futur Grenoblois Laulala marque l’essai du bonus offensant. 35-16.

72ème : Essai de Tekori après une action toulousaine bien construite. J’ai pas de vannes, cette phrase se suffit à elle seule. 35-23.

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Joe Tekori au moment où il a compris que pour gagner des titres, la meilleure option était de rester à Castres

 

75ème :

— Bonjour Monsieur Vermaak ! Comment allez-vous ?

— Très bien Monsieur Zebo, merci ! Oh excusez-moi, je suis sur votre passage peut-être ?

— Ce n’est pas grave, ne bougez pas, je vais simplement vous marcher dessus.

— Formidable. Faites-donc.

40-23.

80ème : L’insulte finale. Paul O’Connell marque son premier essai depuis sa saison en junior en 1878. 45-23. Une défaite tellement humiliante que finalement, même celle de Pierre Cohen à la mairie de Toulouse paraît honorable en comparaison.

 

Les joueurs :

Depuis 3 ans, mater le Stade Toulousain c’est un peu comme voir jouer le XV de France. Des mecs complètement perdus sur le terrain, donnant l’impression de jouer ensemble au rugby pour la première fois chaque week-end et qui s’en remettent désespérément à une charge de Louis Picamoles ou un coup de chatte de Yoann Huget pour espérer gratter une victoire dont même un Anglais aurait honte.

Cette étrange proximité est sans doute liée au fait que ces deux équipes ont au moins 10 joueurs en commun. Ce qui au passage me fait penser qu’il serait temps que Ouin-Ouin réalise que les meilleurs joueurs français ne jouent pas automatiquement à Toulouse – ça ce n’était valable que dans les années 90, il va falloir être un peu moins paresseux désormais.

Au rayon des nombreux joueurs qui auront déçu à Thomond Park, on peut citer Yoann Maestri, seconde ligne « guerrier », incapable de tenir un ballon et qui ne rattrape même pas son niveau technique dégueulasse par des bons gros coups de vice (il faut dire que malgré son visage de quarantenaire, il n’a que 25 ans). Pato Albacete, comme un symbole, la victime de ce rugby pro insensé, totalement vidé après avoir enchaîné 3 saisons à la suite depuis la Coupe du Monde 2011.

Yohan Montès, ce pilier australien né à Beauvais et qui a inexplicablement signé un contrat au Stade Toulousain – c’est un peu comme si moi j’arrivais à rentrer en boîte, c’est dire. Gurthrö Steenkamp, ce Kinder Surprise monté sur deux coton-tiges, qui restera à jamais l’homme d’une finale, et rien d’autre. Joe Tekori, 25 % seconde ligne, 25 % troisième ligne et 100% bourrin. Louis Picamoles, 50% bovin, 50% Sébasien Chabal épilé et 100% bourrin.

Maxime Médard, un joueur qui aurait sans doute fait une carrière dans l’anonymat le plus complet à Albi s’il n’avait pas eu un look rigolo et attirant les publicitaires. Jano Vermaak, un modèle d’intégration, tellement courtois et poli qu’il demande la permission à ses adversaires avant d’extraire un ballon. Luke McAlister, ce 13 qui se fait passer pour un 10. Florian Fritz, ce 7 qui se fait passer pour un 13 ou encore Yoann Huget, ce sourcil humain qui se fait passer pour un rugbyman.

Au rayon des rares satisfactions on peut tout de même citer Yacouba Camara, qui est peut-être le premier jeune joueur talentueux que Guy Novès ne réussira pas à enterrer depuis 5 ans. Le pilier Cyril Baille, qui a montré à Gaël Fickou comment devait jouait un vrai trois quart centre, c’est à dire pas comme une groupie écervelée de Wesley Fofana.

Clément Poitrenaud, qui ne méritait pas de débuter ce match sur le banc au vu de ses récentes performances au centre. Et enfin Lionel Beauxis, cet artiste incompris, qui aura globalement mieux distribué le jeu que McAlister et qui surtout aura eu le mérite de nous faire rire au moment où on commençait sérieusement à envisager la pendaison.

Yoyo2

Lionel, sache que je peux tout te pardonner. Sauf peut-être ta coupe de cheveux. 

 

Le Bilan :

La branlééééééééééée ©.

Un résultat finalement assez prévisible au vu de la saison, voire des dernières saisons. Malgré quelques belles promesses lors des trois derniers matchs de Top 14, le Stade est simplement trop limité pour rivaliser avec les meilleures écuries européennes. Le recrutement complètement raté depuis 3 ans s’est payé : Nyanga et Dusautoir blessés, les Rouge et Noir se sont retrouvés sans aucun troisième ligne capable de lutter contre ces saloperies de gratteurs irlandais.

Trop lourds, ils se sont fait balader sur des séquences à plus de 10 temps de jeu – ah forcément, quand on joue en Top 14 ça fait bizarre – ou sur les ballons portés irlandais. Le jeu au pied a été inexistant en première période malgré l’appui du vent. Pour le jeu de derrière, on va éviter d’en parler, une équipe dont le joueur le plus utilisé de la saison est Hosea Gear ne peut-être qu’une équipe qui attend qu’un miracle se produise.

Finalement, le mieux c’est de rester positif : vu son niveau, le Stade peut déjà estimer heureux d’avoir pu atteindre les ¼ de finale cette année. On a fait visiter Thomond Park à nos deux touristes préférés, Hosea et Jano. Les jeunes Camara, Tolofua et Baille auront pu se confronter à ce qui se fait de mieux en Europe et apprendre sur le tas.

Les supporters toulousains devant leur télé auront également découvert ce qu’est une vraie ambiance de stade de rugby. Bref, il n’y a que des choses positives à retirer. Et maintenant, en route pour le doublé : les Toulousains sont parfaitement capables de se faire sortir en ¼ en Top 14 également.

Nono

 Attention aux effets secondaires de la cigarette électronique : devenu totalement paranoïaque, cet homme voit des doublons partout.