Le rugby français est malade ? La Boucherie a des solutions (à boire) pour le sauver.
par l'Affreux Gnafron

  • 26 October 2015
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Par l’Affreux Gnafron,
 

Pulvérisé par la horde néo-zélandaise, le rugby français se réveille péniblement, comme Florian Fritz après une énième commotion cérébrale. Bouche pâteuse et mal de crâne nous affectent tous, un peu comme toi juste avant d’aller faire la mise en place dominicale que ton entraîneur, ce stratège, a prévue pour ne pas que tu traînes en boîte jusqu’à 6h du matin (d’ailleurs, la conscience tranquille, tu as pris la peine de commander ton dernier baby-coca à 5h50 pour mieux le siroter au volant, sur la route du retour).

Ton boulanger, ce consultant blancidôlatre qui se découvre une âme de résistant de la 25ème heure, tel journaliste revenu d’entre les morts, ta charcutière, ton beau-frère supporter toulonnais (ou clermontois, ça dépend des matches), ces anciennes gloires auparavant mutiques qui attendaient un poste à la Fédé, tous se sentent investis de la parole divine et porteur de LA SOLUTION© pour sauver le malade.

Comme à la Boucherie, on n’est pas plus con que les autres (ou alors nous au moins on le fait exprès) et qu’il semble indispensable de participer à ce sport national, plongeons-nous dans la mêlée furieuse de ces donneurs d’avis et proposons nos solutions, seules à même de tirer le rugby français du marasme dans lequel LA BRRRANLEE subie face aux Blacks nous a plongé.

 

Partie 1 : Les joueurs

 

Dispositif n°1 : Faire encore plus de physique.

Philippe Saint-André voulait transformer ses joueurs en athlètes de l’ex-RDA ? Il n’est pas allé au bout de son idée en revenant à des entraînements avec ballon sur la fin de sa préparation. Mourir si près du but…

Dispositif n°2 : Soigner l’image des joueurs

Christina Cordula sera régulièrement consultée pour relooker les cas les plus difficiles (ou ceux souhaitant se lancer dans la vente de chemises trop chères et mal taillées à leurs noms). Une “jurisprudence Marler” sera également actée, empêchant tout suicide capillaire ou attentat visuel.

Dispositif n°3 : Modifier les règles

Le nombre de passes sera désormais limité à 3, et les passes en-avant seront autorisées, deux mesures prises en adéquation avec les capacités des 3/4 français. La ligne de hors-jeu sera matérialisée par un filet tendu sur la ligne médiane à 2,43m de hauteur pour éviter tous les contacts ainsi que la plupart des phases de conquête, et sur un terrain réduit à 18x9m pour limiter la longueur des courses et l’importance du jeu au pied. Et retour à un ballon rond, pour le bien de la santé mentale de Damien Traille. Nul doute que l’équipe de France retrouvera vite son statut de meilleure équipe d’Europe, voire mieux !

Dispositif n°4 : Supprimer les entraînements

Tout joueur de rugby vous le dira : « les entraînements ça va un moment », rien ne vaut le frisson du vrai match à enjeu pour s’étalonner réellement et acquérir de l’expérience. Supprimons donc les entraînements ! Et l’on arrivera en 2017 à ce Graal de 146 matches effectués par joueurs du XV de France.

Dispositif n°5 : Naturaliser les joueurs étrangers du Top14

Mais pas tous hein ? Par exemple, en lieu et place d’un Nakaitaci (sans doute un brave garçon) privilégions un Matt Giteau. Alors oui, ils ne jouent pas au même poste mais ce n’est pas grave. On prendra Bryan Habana au pire.

Dispositif n°6 : Développer les filières d’adoption du Pacifique

On profitera des filières clermontoises déjà sur place afin de sélectionner les gamins dans l’intérêt supérieur de la Nation. Samoans, Tonguiens ou autres Japonais viendront enrichir le vivier national. On prend aussi des Néo-Zélandais, mais uniquement s’ils ont dépassé les 16 ans et donc bénéficié d’une formation que l’on est bien en peine de leur offrir ici.

Dispositif n°7 : Restreindre le nombre de licenciés

Pays de Galles, Australie, Nouvelle-Zélande, Argentine, Ecosse. Tous ces pays disposent, à des degrés divers d’un vivier numériquement inférieur au rugby français et, jusqu’à preuve du contraire, une corrélation avec les performances des équipes nationales n’apparaît pas flagrante. Et si la solution était d’instaurer un numerus clausus, une sélection à l’entrée en licence de rugby ? Car, franchement, Kevin, ce petit gros qui voudrait tenter sa chance en benjamin sera-t-il à même de faire briller nos couleurs l’âge adulte venu ? Il aura déjà bien à faire à combattre son obésité (et son prénom) pour pouvoir aller batailler sur les prés.

Dispositif n°8 : Revoir la structure du championnat

Nombreux sont ceux qui ont évoqué le serpent de mer d’un championnat de provinces. C’est une erreur d’accord basique. Il faut évidemment comprendre “un championnat de Province”. Débarrassé des clubs franciliens, non seulement l’économie des clubs consacrée aux déplacements sera colossale, mais en plus, pour les joueurs, ce sera moins de temps perdu dans un bus ou un avion qu’ils pourront consacrer à la sacro-sainte MUSCUUU (voir dispositif n°1). Avec une telle proposition win-win, nul doute que la mesure emportera l’adhésion. Dans le doute de leur localisation, Oyonnax et Castres seront évidemment aussi bannis.

 

Partie 2 : l’administration

 

Dispositif n°9 : Étoffer l’organigramme des instances dirigeantes de la FFR

Il est bien trop facile aujourd’hui de désigner des responsables au fiasco actuel. Sélectionneur, président de la Fédé, Directeur Technique National ou Serge Blanco, chacun peut aisément être désigné à la vindicte populaire comme responsable du désastre. En diluant les responsabilités, en fragmentant la prise décisionnelle, on éviterait d’instaurer de la pression sur des hommes qui n’en restent pas moins faits de bonne chère et donc faillibles.

Dispositif n°10 : Instaurer un délit de dénigrement des compétitions domestiques, fleuron et orgueil national

Toute personne convaincue de dénigrer tout ou partie du rugby français (et notamment sa vitrine #LeMeilleurChampionatDuMonde) sera condamnée à lire l’intégralité de la production écrite de Richard Escot (articles et tweets). Face à un tel risque, on devrait s’arroger une grande période de sérénité, à même de favoriser la reconstruction paisible de nos mêlées écroulées.

Dispositif n°11 : Instaurer un quota de clubs catalans en top14

En effet, il est aujourd’hui évident que l’effondrement de l’équipe de France coïncide avec la chute de l’USAP. On ne sait pas pourquoi ni comment, mais le rugby français n’est plus le rugby français sans être un peu #LECATALAN. Afin de préserver l’équité sportive, un mini-championnat de Catalogne sera organisé afin de désigner l’heureux élu entre l’USAP, Lapinou-land (enfin, Argelès quoi), Céret, Le Boulou, Thuir et Saint-Pierre-et-Miquelon (on sait pas pourquoi ceux-ci sont #LESCATALANS, mais pourquoi pas).

Dispositif n°12 : Interdire Provale

Le bolchévique syndicat de joueurs qui lutte pour l’oisiveté des rugbymen. Comment pourrait-on atteindre le plus haut niveau avec une instance promouvant une limitation du nombre d’occasions pour les joueurs français de se perfectionner ? Ce n’est pas avec des réflexes corporatistes d’un autre âge que l’on va vers le progrès social et l’intérêt collectif.

Dispositif n°13 : Faire de TF1 le diffuseur unique du rugby français (clubs et sélections nationales)

Parce qu’au moins, si ça tourne mal, le ridicule ne sera pas uniquement sur le terrain (coucou Denis Brogniart).