Le XV de France des invités surprises (1/2)
par Damien Try

  • 18 May 2015
  • 7

 

Par Damien Try,

Une fois élu, il est de coutume que le Président de la République française offre à son peuple une amnistie pour les petites contraventions routières. En rugby c’est l’inverse : le sélectionneur français, au crépuscule de son mandat, choisit un ou deux heureux élus un peu au pif et les amène à une Coupe du monde, pour ouvrir leur compteur de sélection. Si l’un de ces derniers perce, le sélectionneur devient le génie qui l’a découvert : on pourra notamment citer Thierry Dusautoir, rappelé de dernière minute dans le groupe de 2007 alors qu’il n’avait que 3 sélections. Mais si ce n’est pas le cas, ces anomalies capées seront vite oubliées dans le bilan. Mais les joueurs garderont chèrement une ou deux caps, d’autant plus qu’ils n’en auront pas d’autres… HISTORIQUE ?

Philippe Saint-André étant un sélectionneur particulièrement surprenant (cf notre PSA selection manager), on peut s’attendre à ce que ses surprises soient particulièrement… surprenantes ? Pour se préparer au pire et au plus débile, étant nous-mêmes plutôt pires et débiles, nous avons cherché qui nous aurions sélectionné… première partie aujourd’hui avec ceux qui feront honneur au French Flair, les arrières. 

 

N°15 : Lionel Beauxis

(choix d’Ovale Masqué)

Lorsque l’on parle de joueurs de rugby à la gestuelle élégante, on dit parfois d’eux qu’ils donnent l’impression de jouer dans un costard. Lionel Beauxis lui, fait plutôt partie de la catégorie des rugbymen qui donnent l’impression de jouer en pyjama. Quand Yoyo est sur le pré, on dirait toujours qu’il se fait un peu chier, qu’il vient de s’enfiler un bon gros cassoulet ou qu’il préférerait sûrement se mater une rediff de Friends sur la TNT en se grattant les couilles sur son canapé. Et c’est principalement ce côté nonchalant qui fait de lui une arme fatale.

Ne vous demandez plus pourquoi Lionel Beauxis parvient si souvent à prendre des intervalles et à casser les défenses adverses. Ce n’est certainement pas grâce à ses appuis ou à sa pointe de vitesse : c’est parce que personne ne s’attend à ce qu’il essaye. Totalement imprévisible, Lionel Beauxis, c’est un tueur au sang froid dans un corps de Métamorph, un tireur d’élite aux allures d’électeur de François Bayrou.

Les demi d’ouverture français sont trop souvent mis sous pression, hantés par le spectre du Grandisse © ? Lionel Beauxis n’en a rien à battre de la pression. Le type arbore toujours le même air mi-mou mi-benêt, qu’il joue contre la Rochelle ou contre les All Blacks. En 2007, il avait disputé les phases finales de la Coupe du monde et son coup de pied phénoménal avait rendu un grand service aux Bleus. Désormais plus mûr, plus expérimenté, libéré de l’influence castratrice de Guy Novès, il est peut-être celui qui peut emmener les Bleus vers le sacre mondial… d’ailleurs, champion du monde, Lionel Beauxis l’est déjà. Chez les -21 ans. Rappelons qu’il avait été élu meilleur joueur du mondial qui s’était tenu à Clermont en 2006. Oui vous avez bien lu, j’ai écrit Clermont et champion dans le même paragraphe, c’est dire le talent de ce jeune homme.

Enfin, atout non négligeable, Lionel peut également évoluer à l’arrière et ainsi délester notre 10 titulaire de la charge du jeu au pied, ce qui ne lui ferait pas de mal, surtout si c’est Camille Lopez. Bref, Philippe, n’hésite plus, au moment d’annoncer ta liste, appelle le nom de…

LIONEEEEEEEEEEEEEEEEL
BEAUXIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !

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Tant qu’à faire dans l’innovation, pourquoi ne pas constituer la première charnière mixte de l’histoire du rugby ?

 

N°14 : Christophe Dominici

(choix de Damien Try)

Si l’on songe à rappeler Bernard Laporte à la rescousse en équipe de France, il semble que l’un n’aille pas sans l’autre. Mais à 43 ans, ça a beau aller fort, très fort, la Coupe du monde risque d’être un peu difficile pour le papy des lignes arrières.

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Toujours en meilleure forme que Maxime Médard, diront les mauvaises langues.

 

N°13 : Félix le Bourhis

(choix de Capitaine A’men’donné)

Le plan du sélectionneur était parfait. Sachant qu’il ne sert à rien de dévoiler ses atouts trop tôt, il avait prévu dès le départ les sélectionnés-surprises. Néanmoins, comme la découverte d’un nouveau groupe et d’un niveau supérieur sont de nature à perturber les joueurs, il fallait que ceux-ci connaissent la sélection avant. Comment faire alors ? C’est aussi simple que tordu : la sélection de Le Bourhis à un poste qui n’est pas le sien fut ainsi une réussite totale. Perdu sur son aile, le Bordelais est complètement passé à côté de son match en Australie. Ainsi, aucun des adversaires du XV de France ne pourra se méfier de ce joueur qu’ils ne connaissent que par vidéo-gag.

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Félix Le Bourhis, c’est aussi un joueur qui porte la moustache avec la même classe qu’Andy Goode.

 

N°12 : Pottoka

(choix de Capitaine A’men’donné)

Avec l’imminence de la fusion Bayonne-Biarritz, le brave Pottoka va se retrouver purement et simplement licencié. Une honte au regard de ses années de bons et loyaux services. C’est vrai aussi pour l’Indien du BO, mais rappelons que celui-ci n’a pas la nationalité française, et que personne ne peut affirmer avec certitude que le BO joue au rugby. Alors que l’Aviron… Non, laissez tomber.

En tout cas, sous la pression de la SPA, PSA sera obligé d’accepter de sélectionner le plus poilu des Bayonnais (depuis le départ d’Huget en tout cas). Mais ce sera pour le mieux. En effet, quoi qu’il advienne, au vu des joueurs potentiels pour le poste, Saint-André ne pourra faire autrement que de faire jouer un bourrin. Et lui au moins, a une excellente excuse pour ne pas savoir se servir de ses mains, puisqu’il n’en a pas. Le plus dur sera de lui apprendre à lutter contre sa nature d’équidé et de ne pas se chier dessus pendant que joue la fanfare. Mais on peut en dire autant pour les Clermontois qui eux se chient dessus pendant les matchs, ce qui n’est pas plus ragoûtant.

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Discrètement, Pottoka fait déjà de l’œil au futur sélectionneur.

 

N°11 : Julien Caminati

(choix de Damien Try)

Regardons les choses en face : selon toute probabilité, si tout se passe normalement, les Français ne devraient pas aller très loin dans la compétition. Défions donc les probabilités et provoquons le chaos. Avec la Wild Card Caminator, tout peut arriver. En bien comme en mal d’ailleurs, mais foutu pour foutu autant qu’on rigole.

RUGBY/ FRENCH CHAMPIONSHIP / PRESENTATION BRIVE

À peine remise de l’affaire Tuilagi, l’Angleterre s’apprête à découvrir le vrai sens du mot “Bad boy”.

 

N°10 : Maxime Petitjean

(choix de Thomakaitaci)

Une éternité à chercher un Grandisse © alors que la perle rare est là, sous nos yeux – enfin à Aurillac, un peu cachée quand même. L’évidence a sauté aux yeux de tous, le 8 mars dernier, quand les Cantaliens ont étrillé le leader Pau dans son antre de Jean Alric. 34-25 ! Une orgie d’essais ! Non ! Un festival de pénalités. Petitjean termine à 29 points inscrits, 9 pénalités et 1 transformation. Imaginez le malheur que les Bleus vont répandre sur tous les terrains de la Coupe du monde : plus besoin de combinaisons complexes, on calque tout sur la stratégie aurillacoise. Tous les joueurs au diapason pour mettre l’adversaire à la faute et le coup de pied magique de Maxime fait le reste. Tant d’années gâchées, alors que tout semblait si évident…

Et puis, dans une logique de protection de la diversité, l’équipe de France se doit d’intégrer un homme à nez proéminent, pour venir compléter les quotas de minorités visibles aux côtés des labradors métrosexuels poilus, des roux grassouillets et autres maghrébins fashion-victims.

Bonus : si PSA s’accorde un hat-trick de surprises, associer le pied de Petitjean, les drops de 60 mètres de Beauxis et l’art du grattage de Armitage, et la France devient injouable.

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Tronche de guichetier à la poste, maillot moche et trop large : Maxime Petitjean est l’incarnation même du rugby vrai ©.

 

N°9 : Ludovic Radoslvjevivjcivjcvijc

(choix de Copareos)

Celui que l’on attendait plus. Lui qui a fait toute sa jeune carrière dans l’ombre de Morgan Parra l’indétrônable. Les seules chances qui lui ont été laissées en club, il les a toutes gâchées, et avec classe. Entre passes ratées et mauvais choix de jeu, le petit formé à l’ASM s’est mis toute l’Auvergne à dos. Et pourtant, quand il jouait, c’était pas le Leinster en face, là on parle plus de Bayonne, Mont-de-Marsan et autres Brive. Seulement voilà, au début du mois de mai, alors que Clermont était en train de perdre son énième finale, Rado a remplacé un Parra sans grandeur.

Et quelle ne fut pas notre surprise de voir Rado faire un bon match ! Le voici qui mettait du rythme, qui motivait ses partenaires. Il n’était pas pour rien dans la bonne forme de son équipe en deuxième mi-temps. Comme le dirait Fabien Galthié, ce match a été le tournant de sa carrière. C’est pourquoi Rado sera le neuf du XV de France pour la Coupe du monde. Et lui, au moins, il tiendra plus de dix minutes en finale. Enfin, espérons que la Serbie ne nous le vole pas d’ici deux semaines.

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Peut-être le seul terrain de jeu où Rado est un match winner.

La suite avec nos 8 avants surprise, dès qu’on a terminé de l’écrire (donc ça peut très bien être juste avant la Coupe du monde 2019).