Les Hommes du Président
par l'Affreux Gnafron

  • 24 November 2012
  • 7

 

Par L’affreux Gnafron et Gregory le Mormeck

 

Une élection présidentielle, ce n’est jamais un long fleuve tranquille. Les campagnes sont plus animées que la Bigorre un samedi soir, les propos rivalisent d’une outrance qui ferait passer Pierre Salviac pour sympathique, les adversaires s’invectivent davantage que dans un Mayol surchauffé, on s’écharpe, on se dépouille lors des dépouillements. On conteste les résultats, on montre ses muscles, Et puis on se rassemble en disant que tout ceci n’était qu’une vaste blague, que le coup de tabac est passé, que l’union fait la farce et que des lendemains qui chantent approchent.

Il existe pourtant un pays où la blague continue, un pays merveilleux où les élections d’un président de club prennent des allures de tragi-comédie. Dans ce pays catalan, un parfait inconnu peut obtenir le poste alors qu’il passait juste dans le coin car il avait vu de la lumière et que le buffet sentait bon.

Ne reculant devant aucun sacrifice, la Boucherie Ovalie a pu pénétrer par effraction dans la Brasserie où avait lieu l’élection du président Usapiste jeudi soir. Ses agents infiltrés y ont déposé des micros et peuvent aujourd’hui vous faire part de leurs enregistrements. Les arcanes d’une élection présidentielle vous sont ainsi dévoilées. Machiavel n’a qu’à bien se tenir.

Actionnaire 1 : Bon, ben, Paul Goze ayant été appelé à de hautes responsabilités…

Actionnaire 2 : il a surtout été appelé par Blanco pour agir en sous-marin dans le marigot de la Ligue.

Actionnaire 1 : On dit sous-main. T’imagines la taille du marigot sinon ? Avec Blanco plus Goze..

Actionnaire 3 : C’est quoi un marigot ?

Actionnaire 4 : C’est pas un truc qui peut avoir plusieurs couleurs, que l’on mange en Aveyron et qui peut aussi être capitaine d’Agen ?

Daniel Besson : D’ailleurs, c’est quand qu’on passe à table ?

Actionnaire 1 : … Recentrons les débats. Nous sommes donc réunis ce soir pour élire un nouveau président à la tête de l’Usap. Qui est candidat ?

Actionnaire 2,3 et 4 (en même temps) : Moi !

Actionnaire 1 : Je m’en doutais. Devant la dispersion des suffrages, je propose une candidature de consensus, la mienne. Et ma première mesure sera de faire signer Daniel Carter !

Actionnaire 2,3 et 4 (en même temps) : Copieur !

Daniel Besson : C’est qui ce Daniel Carter dont tout le monde me parle ? Mon plombier m’assure lui retaper une baraque du coté de Collioure et la cousine de ma belle-sœur, institutrice au Boulou, a déjà inscrit ses gosses pour la rentrée prochaine.

Actionnaire 2 : Tu connais pas Daniel Carter? Mais d’ailleurs, on ne te connaît pas non plus.. Tu ne serais pas Ovale Masqué qui nous espionnerait sous cet habile déguisement de Gustave Parking?

Daniel Besson : Je ne connais pas non plus cet Ovale Masqué dont personne ne me parle. Mais qu’est-ce que je fais ici ? Et puis d’abord, c’est quand qu’on mange ?

Actionnaire 1 : Tout doux, bonhomme.

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C’est moi qui pose les questions. On va attaquer par le début. C’est quoi ton blase ? Et pourquoi tu traînes dans le coin ?

Daniel Besson : Je m’appelle Monsieur Besson,

Actionnaire 3 : Oh putain, le cinéaste ! Je suis un de vos plus grand fan, j’ai vu tous vos films. Vous pouvez me signer un autographe ?

Actionnaire 1 : Mais non, tu vois bien qu’il n’est pas obèse. Continuez monsieur Besson.

Daniel Besson : Donc il paraît que je suis actionnaire de l’Usap et ai à ce titre reçu un carton d’invitation pour un buffet offert ce soir, ici même. Comme les temps sont durs, je ne crache pas sur un repas assuré. Il faut bien vivre. Et puis il fait froid dans ma caravane en ce moment. Un peu de chaleur me fera du bien.

Actionnaire 2 : Tu es venu pour le poste ?

Daniel Besson : Non, de toutes façons je n’ai pas l’électricité dans ma caravane.

Actionnaire 3 et 4 : … C’est bon, tu peux rester.

Actionnaire 1 : Oui, tu peux aller faire un tour au buffet. Mais ne t’éloigne pas trop, on risque d’avoir besoin de toi pour les votes. 

 

Daniel Besson: avec un nom de magasin de chaussures, peut-on ne pas être une pompe ?

 

 

Trois heures plus tard, les négociations sont au point mort entre les actionnaires. Un embryon de prémices de début de compromis vient d’émerger au milieu des discussions courtoises mais enflammées.

Actionnaire 1 : On est donc d’accord sur le profil du bonhomme. Il nous faut un gestionnaire, un mec qui s’y connaît en thunes.

Actionnaire 3 : On pourrait rappeler Dagrenat.

Actionnaire 1, 2 et 4 : Jamais !

Actionnaire 3 : C’était pour détendre l’atmosphère. Je plaisantais.

Actionnaire 1 : J’ai peut être une idée. Hé, toi, le nouveau ! C’est quoi ton métier ?

Daniel Besson (la bouche pleine) : Ben là, je gère des placements.

Actionnaire 2 : Des placements financiers ?!!

Daniel Besson : Non. Dans un camping, les emplacements des campeurs.

Actionnaire 3 : Ah.

Daniel Besson : Je m’occupe aussi des arrivées et des départs. Je veille également à ce que les effectifs ne dépassent pas les capacités du site.

Actionnaire 2 : Oh la la, le mec est super compétent en matière de transferts et d’allègement de la masse salariale !

Actionnaire 1 : Et tu as beaucoup d’expérience dans ce domaine ?

Daniel Besson : Ben, pas trop vu qu’avant je bossais au Trésor Public.

Actionnaire 1,2,3 et 4 : Noooooooon ?!!

Actionnaire 3 (inquiet) : Qualifierais-tu ta gestion de celle d’un bon père de famille ?

Daniel Besson : Ben, j’ai deux enfants.

Actionnaire 1 : C’est trop beau ! Je n’ose y croire. T’as le profil parfait, le gestionnaire des deniers. Allez hop, t’es élu !

Actionnaire 3 : Euh, on attend pas le vote des frangins Taofifenua ?

Actionnaire 2 : Si le vote des Wallisiens changeait quoi que ce soit dans une élection présidentielle, ça se saurait non ?

Actionnaire 1 : Je prépare le communiqué. Sempre endavant ! Daniel, lâche ce buffet. Il faut que tu viennes signer tes objectifs.

Daniel Besson : Vous pensez qu’on peut accrocher la ligue des Champions, cette année ?

Actionnaire 2 : C’est du rugby, tête de botifare ! (méfiant) Dis-moi, tu vas pas nous faire comme ton frangin Eric, te barrer en cours de saison pour aller au foot. Ou pire, à Narbonne.

Daniel Besson : Non, non. Mais on est bons au rugby nous ?

Actionnaire 1 : T’occupe pas du sportif, c’est Sylvain Deroeux qui s’en charge. Bon là, on se trimbale en milieu de tableau et on est allé perdre à Grenoble et Bordeaux.

Daniel Besson : Ah oui, quand même… bon c’est bon. Moi vous savez les causes humanitaires j’aime bien ça et puis c’est déductible des impôts.

Actionnaire 1 : Mais on ne te demandait pas ton avis. Allez tu signes ici.

Daniel Besson : Vous croyez que je peux mettre une pancarte pour mon centre de vacances au stade ?

Actionnaire 1 : Evite, certains joueurs pourraient penser que le centre de vacances, c’est ici. On est pas Bayonne quand même.

Actionnaire 2 : Montre-nous ta carte d’identité, c’est pour les papiers. Aaaaaaaaah, c’est quoi ça? ‘Besson né à Besson’ ?

Daniel Besson : Oui, je suis né dans l’Allier.

Actionnaire 3 : Dans l’Allier, mais vous êtes fous les gars ! Jamais les supporters n’accepteront un président non catalan.

Actionnaire 1 : On est pressés, ce n’est pas grave. De toutes façons, c’est pas un vrai Président. Bon, mon petit Daniel, maintenant tu vas aller te couper les cheveux pour la photo officielle. Tu fais une risette et tu reviens demain. On t’expliquera quoi dire.

Et c’est ainsi que Daniel le bienheureux entra dans la fosse aux lions catalans.

Mai Morirem!