Le Labo’ccitan analyse Stade Français – Stade Toulousain (18-22)
par Damien Try

  • 02 April 2012
  • 12

 

Par Damien Try,

 

Le contexte :

Le match Stade Français – Stade Toulousain, affiche de la 22ème journée de Taupe14, est toujours un évènement très attendu. Certains journalistes en manque d’inspiration le qualifient même de « classico », ce qui est peut-être un peu abusif étant donné le court historique de ces rencontres. C’est généralement un match-piège. Piège à cons, même, puisque c’est chaque année l’occasion pour Guy Novès de faire découvrir à son équipe des moins de 21 ans le niveau élite, de dépenser l’avance prise au classement, et de faire un joli bras d’honneur à Max Guazzini en « galvaudant le Stade de France ».

Mais cette année, c’est différent. Toulouse a bien un matelas confortable sur la troisième place, synonyme de barrages (honnis soient-ils). Les jeunes Galan et Tolofua sont bien alignés titulaires, se payant le luxe d’éclipser les Servat, Sowerby et Picamoles. Mais la semaine prochaine, c’est H-Cup ! Après la défaite cuisante à Bordeaux la semaine dernière, il s’agit de relancer l’équipe vers les standards européens. On notera au passage que dans l’analyse des « Spécialistes Rugby » de Canal +, à la question « Toulouse peut-il s’imposer au Stade de France ? », l’équipe parisienne n’est évoquée que tardivement et brièvement, parce que soyons sérieux, si Toulouse veut gagner, Toulouse gagne, et les danseuses en rose malabar n’ont pas leur mot à dire.
On se devra quand même de signaler que les spectateurs n’ont pas eu droit aux traditionnels nichons d’avant-match. Tout se perd.

Quand Florian Fritz associe niveau de jeu stratosphérique et élégance vestimentaire.

 

Le film du match :

Ce sont les Parisiens qui frappent les premiers. Par le coude de Camara, qui y trouve la seule occasion de l’après-midi pour lui de se faire remarquer. Heureusement pour Dusautoir qu’il y avait son nez, sinon il l’aurait pris en pleine gueule, comme disait l’ami Walter. Après quelques minutes de sortie sur saignement pour régler le problème (qui ne sera jamais réglé), le Stade Toulousain verra son capitaine en mode Imanol Harinordoquy pour le reste de la rencontre. Le Dark Destroyer qui fait du Gladiator, ça devient n’importe quoi ces animations au Stade de France… Œil pour œil, dent pour dent et nez pour nez dit le proverbe (même si Attoub est blessé et que les joueurs portent des protège-dents), Gurruchaga se fait offrir le même sort un peu plus tard, et passera le reste de la rencontre à se tripoter le nez, a priori cassé.

En récupérant une balle parisienne bien chaude, Fritz tombe au sol et se tape la tête. Il reste sonné pendant quelques minutes, ce qui démontre contre toute attente que oui, il a un cerveau. Ce qui était de toute façon optionnel pour ce match, puisque son vis-à-vis Paul Williams est lui aussi un grand intellectuel, rendu célèbre en octobre dernier par une gentille mandale main ouverte qui lui a valu le carton rouge, ce qui précipita la défaite samoane contre l’Afrique du Sud.

 

Ces deux garçons nous livreront un duel boucher de grande classe, ni l’un ni l’autre n’étant là pour trier les lentilles.
A la 15ème minute, Tolofua humilie le scintillant Felipe en perçant le premier rideau, et parcourt une quinzaine de mètres au sein de la défense parisienne. Il n’arrivera malheureusement pas à trouver Donguy qui commet un en-avant. Pendant ce temps-là, Contepomi et Beauxis échangent les pénalités réussies, et ce dernier profite du beau travail des avants sur la mêlée pour égaliser 6 partout.

Un bon travail en mêlée qui pèse sur les Parisiens et offre de bons ballons, à Galan puis Dusautoir par exemple qui s’échappent et amènent le jeu devant la ligne d’en-but parisienne. S’en suit l’action qui a beaucoup fait parler ce week-end, à tort selon moi.
La balle sort, les Rouge et Noirs sont bien placés, Fritz arrive lancé plein champ, avec David au soutien. Gurruchaga comprend que face à deux tanks, mieux vaut affronter celui qui n’a pas de munition et va plaquer David sans ballon, laissant Fritz amuser les défenseurs restants pour marquer entre les poteaux. Alors oui, je suis d’accord, il y a faute. C’est flagrant. Et oui ça change un peu le cours du match. Mais bon, sanctionner le placage sans ballon et offrir aux Toulousains une pénalité aux 50 mètres en plus de l’essai serait peut-être un peu dur, non ? Le débat reste ouvert, mais je ne comprends pas bien pourquoi ce sont les Parisiens qui râlent le plus, alors qu’ils se sont fait avantager par l’arbitre.

 
Les 10 dernières minutes de la première mi-temps ne feront pas évoluer le score qui reste à 9 à 13 pour les visiteurs, mais permettra de voir Doussain renverser Lyons, et Parisse rendre la pareille à Jauzion. La touche toulousaine s’applique à gâcher le travail de la mêlée, en perdant tous ses lancers.

Au retour de vestiaires, on pourra s’apercevoir que Galan n’a pas eu le temps de recoudre l’élastique de son short et profite ainsi de son passage à Paris pour effectuer son casting pour le calendrier 2013, en montrant son caleçon trop bas à tout bout de champ. Beauxis lui a du travailler les coups de pied depuis sa pénalité complètement foirée de la semaine dernière, puisqu’il gratifie le Stade de France d’un très joli drop des quarante mètres. J’ai dit très joli, je n’ai pas dit efficace, puisqu’il passe à droite des poteaux. Il continue tout de même son duel de buteurs avec un nouveau protagoniste en la personne de Dupuy, aka l’homme au masque à oxygène, ce qui porte le score à 12-16.

Les Toulousains ne veulent pas changer une formule qui marche, et sur la touche à 5m de l’en-but trouvée par el sexy doctor, se font contrer et perdent le ballon. Heureusement Doussain envoie le Parisien en touche, ce qui permet à son alignement de perdre une nouvelle fois le ballon par un en-avant. Après la mêlée et quelque temps de jeu, Gurrachaga agacé par le mur de défenseurs toulousains décide de faire un petit tour dans le camp toulousain, et de créer un intervalle en mettant Beauxis au sol, loin de tout ballon. Parisse remarque le bon travail de son centre, et s’engouffre dans l’espace pour marquer un essai logiquement invalidé après vidéo-arbitrage.

2 touches perdues pour Toulouse et une pénalité réussie de part et d’autre, Jauzion décide de se montrer dans un registre inattendu, la castagne. Dans l’autre camp, le présidentiable Papé ne dit jamais non à une partie de chipirons, et les deux joueurs s’échangeront quelques amabilités pendant que le jeu se poursuit. M. Poite les renvoie au vestiaire 10 minutes avant tout le monde, et revient à une pénalité parisienne qui ramène les roses et bleus à un point.

 
A la 74ème, la mêlée parisienne se fait concasser et Beauxis a l’occasion de tuer le suspense depuis les 55 mètres. Mais les joueurs sont des professionnels du spectacle, et la pénalité passe à côté. Gurruchaga décidemment fort en vue cet après-midi rate le renvoi aux 22 qui suit en bottant directement en touche, ce qui permet aux Toulousains de bénéficier d’une « mêlée intéressante ». Ils pilonnent la défense dans l’optique d’un drop assassin, mais Vergallo (sur le terrain depuis 10 minutes) rate la bonne fenêtre en se faisant reprendre bêtement par la défense. Un avant se dévoue pour finalement servir Beauxis, mais la passe de maçon qu’il reçoit l’oblige à taper du pied gauche. Comme le fera remarquer le commentateur, « n’est pas Wilkinson comme on le veut », et le drop est complètement foiré. Heureusement pour Toulouse, Paris se fait sanctionner rapidement, et la facile pénalité passe pour le lémurien, contre son ancien club. 4 points d’avance à 2 minutes de la fin, seul un drop de Contepomi pourrait faire basculer la partie !
Puisqu’on en est dans le n’importe quoi, Johnston tente un petit coup de pied par-dessus pour lui-même, malheureusement raté. Les cloches résonnent dans le stade et Toulouse vient reprendre l’avance perdue la semaine dernière. Maintenant, place à la H-Cup et au déplacement à Edimbourg !

L’histoire d’amour entre Beauxis et les drop continue, de même que celle entre Thomas Castaignède et la langue française.

 

Les joueurs :

Toulouse : On aurait pu s’attendre au pire sans les cadres Steenkamp, Botha et Servat, mais la mêlée s’est montrée monstrueuse. La copie en touche est à revoir en revanche. Il est facile d’incriminer le jeune Tolofua, mais le problème ne vient pas uniquement des lancers. Ce dernier s’est montré particulièrement bon dans le jeu, tout comme la Vénus de Millo-Chluski. Rien à signaler pour Dusautoir (ça veut dire qu’il a été excellent), et Galan s’est montré digne de la confiance accordée par Guytou. Doussain nous fait oublier chaque week-end un certain Luc Bougresse, ou un truc comme ça. Beauxis aura été au centre des attentions, avec du bon et du moins bon, mais livre encore un match solide. Enorme prestation de Fritz, en forme olympique ces derniers temps. C’est un Monsieur. Les ailiers n’ont pas eu leur mot à dire, et Jauzion a bien tenu son rôle de roue de secours à l’arrière.
14 Français sélectionnables sur le XV de départ, dont quelques jeunes (Doussain, Galan, Tolofua) à qui on reprochait un manque de temps de jeu et qui ont tenu toute la partie ou presque. Pas impossible qu’ils passent un peu temps en Argentine cet été.

Paris : Finalement, le joueur qui s’est mis le plus en avant sur ce match, c’est Attoub. Parisse livre encore et toujours une belle prestation, mais quelque chose ne doit pas aller pour lui, il a passé le match à pleurer au près de l’arbitre. Contepomi a fait ce qu’il a pu, surveillé comme le lait sur le feu et donc muselé par la défense toulousaine. Camara aux abonnés absents, aussi difficile pour les observateurs à trouver sur le terrain qu’en dehors du terrain pour les contrôleurs anti-dopage.

 
La décla :

Jauzion, en parlant de son altercation avec Papé : « Vous comprenez, dans mon club formateur on m’a appris les Valeurs », laissant entendre qu’il ne pouvait pas s’échapper et laisser ses mains dans les poches.