Ovale de Grâce volontaire au Téléthon: les Bouchers ont du coeur
par Ovale de Grace

  • 09 December 2011
  • 7

Par Ovale de Grace,

 

La perspective de passer une journée dehors, quand la grippe te donne au réveil la tête de Roncero qui aurait passé la nuit avec Trevor Leota, est plutôt du genre vicié. Sauf que je m’étais donné une mission expiatoire à deux années de dérives bouchères, un but confessionnel à mon désir si peu rugbystiquement orthodoxe de voir le Stade Français faire au Racing le sort que Spartacus aurait dû infliger à Crassus. Ce 3 décembre, je ferai bouger le Stade de France pour la bonne cause, au rythme de 4 chiffres : 3637. Ce 3 décembre, je serai volontaire pour le Téléthon !

L’organisation (si l’on peut dire) du Téléthon, nous a donné rendez-vous à 11h30, quand le match est à 16h. Arrivée à l’heure (ou presque, j’ai une image de marque !),  j’attends presque une heure avec d’autres sémillants participants devant l’entrée du Stade de France. On se reconnaît facilement : on ne sait pas où on va, on n’a pas d’accréditation pour entrer et la sécurité n’est au courant de rien. Une fois dans le saint des saints, aucune indication de la salle où nous devons répéter le haka, c’est par hasard que nous retrouvons quelques 300 volontaires, pour les 2/3 venus des réseaux rugby de la  région, pour l’autre tiers des réseaux de l’AFM, dans une halle en sous-sol.  J’imagine que d’autres généreux malchanceux cherchent encore le salon et qu’on les retrouvera tout secs, dans quelques mois, dans les multiples recoins du Stade de France.

De malheureux et fort aimables bénévoles de l’AFM recueillent les questions de quelques présents inquiets de la suite des opérations, sans pouvoir fournir le moindre renseignement.
L’heure tourne, j’ai faim, la fièvre monte. Les ballons ovales sortent des sacs à dos, des équipes de poussins se forment et s’affrontent en piaillant joyeusement, les cadets rythment leurs chansons paillardes en tapant sur des containers, quelques juniors se mettent en short.  Je compte mes rides. Je vais faire un tour dehors, je contemple l’immensité… Pitin!

C’est grand!

Soudain, je réalise que je me suis engagée à faire le kéké, certes pour la bonne cause, mais devant 80.000 personnes. Je lance un appel sur Twitter pour qu’on m’apporte de la drogue, je cherche en vain les roadies de Johnny Hallyday réputés pour être solidement achalandés. La fièvre monte encore d’un cran.

De retour dans la salle, pour m’occuper, je fais de la pub pour la boucherie, tout le monde connaît. Je me présente, personne me connaît ; on me demande des nouvelles d’Ovale Masqué. Je boude, je décide de photographier des dos.

 

Certains viennent de loin:

Certains même semblent revêtir une orthodoxie bouchère :

3 paquets de mouchoirs plus tard, 15h15, près de 4 heures après l’heure théorique de notre convocation, on nous donne des maillots. Le jaune se mêle au pink avec une telle grâce qu’on ne peut pas s’empêcher d’y voir un radieux présage!

 

Les soldats de l’entraide peuvent enfin enfiler un uniforme, nous trouvons le sens de notre présence ; la fièvre monte encore d’un cran, mais elle est joyeuse et collective cette fois.

A 15h30, notre répétiteur apparaît, il s’agit du très joli Florent Peyre, qui a égayé le plateau de Laurent Ruquier notamment avec certains joueurs du Stade Français, et dont le décolleté n’est pas sans rappeler les arguments caritatifs d’Adriana Karembeu pour la Croix Rouge. Il est accompagné d’une chorégraphe, il faut dire que l’exercice est particulièrement compliqué pour des cerveaux ovales : taper 5 fois sur ses cuisses, lever les bras en l’air, retaper 5 fois sur ses cuisses, relever les bras… Nous souffrons, mais avec 5 bonnes minutes de travail acharné, nous assimilons les gestes!

Oubliées les heures d’attentes dans le silence, l’ennui, la faim, l’agacement, la grippe, nous avons une mission, les oripeaux de la conquête, la niaque de Lucien Harinordoquy allant défendre son faible fils attaqué par des meutes sanguinaires!
Le prof est content, pour le remercier, je le décore du Tranchoir d’Or du Grand Ordre Boucher, il en est manifestement très ému.

Nous pénétrons enfin dans le Stade de France qui se remplit, certains d’entre nous rejoignent la pelouse, d’autres, comme moi seront chargés de faire lever les tribunes. Tout le monde flippe, nous avons un peu peur du ridicule, quand l’extraordinaire se produit : à 16 heures pétantes, emmené par Florent Peyre, le stade entier se lève, près de 70.000 personnes répondent à l’appel et appellent les téléspectateurs à composer le 3637 ! Nous encourageons aussi nos lecteurs à le faire !

 

Tout le monde, sauf Ovale Masqué qui arrive à 16h05, avec le flegme du Supaire Héros imperméable aux contingences de ses contemporains. Le reste de mes cordes vocales venant s’échouer à ses tympans moribonds le ramènera rapidement aux réalités de ce monde, et plus particulièrement de l’enthousiasme pink  dans lequel il vient se plonger.
Pendant les deux heures qui suivent le coup d’envoi du match, le pauvre Supaire Héros subira les hurlements d’encouragements aux déraillements pas très harmonieux à l’attention successivement du Président Papé, du Président Guazzini -hululé soit son arbre généalogique sur 60 générations-, de peur du feu d’artifice, de douleur grippale.
Les porteurs de string ont terrassé les VRP en déo-cheap! Le bonheur est complet, le Stade Français touche le record, le Téléthon aussi!

La foule joyeuse se dirige vers le RER. Des hordes bigarrées de passagers heureux… enfin peut-être pas tous.